jeudi 14 janvier 2010

Uriah Heep - Abominog

La fin des années 70 et le début des années 80 ont été pour le moins rudes pour Uriah Heep. A part le fidèle guitariste Mick Box, tout le monde a quitté le groupe. Au chant, cela s'est traduit notamment par le départ de David Byron, puis de John Lawton et celui de John Sloman. Aux claviers, l'éminent Ken Hensley n'a supporté ni la nouvelle direction musicale ni John Sloman et s'est tiré. Bob Daisley à la basse et Lee Kerslake à la batterie ont aussi mis les bouts parce qu'ils ne supprtaient plus le management. Bref, pour faire simple, Uriah Heep en 1982 avait pris l'eau de toutes parts. Il restait à Mick Box la possibilité de dissoudre le groupe (ce qui aurait été facile vu qu'il ne restait plus que lui!) ou recruter de nouveaux membres et continuer l'aventure Uriah Heep.

Etant donné que le ménage a été fait dans l'environnement du groupe, Box décide de rappeler Daisley et Kerslake, tout juste virés du groupe de Ozzy Osbourne. Il fallait trouver un musicien de qualité pour les claviers, étant donné que ceux-ci ont toujours été prépondérants au sein du groupe. L'heureux gagnant sera John Sinclair. Et au chant, Peter Goalby va décrocher la timbale.

Le résultat, du hard rock limite FM, inscrit dans son époque. La production et surtout les claviers y sont pour quelque chose. En ce qui me concerne, j'aime beaucoup le son qui, certes, a pris un coup de vieux, mais c'est aussi ce qui fait son charme. L'album contient 10 titres, dont 5 reprises et un titre réenregistré.

Les titres les plus puissants restent ceux écrits par le groupe: Too scared to run est un titre d'ouverture de toute beauté, où l'on comprend que le groupe renaissait de ses cendres et qu'il avait une envie furieuse d'en découdre. Des guitares tranchantes, un chant extrêmement puissant, des claviers discrets, un refrain rentre-dedans juste ce qu'il faut. Imparable!
Chasing shadows et Hot Persuasion sont de facture plus classique mais sont d'une rare efficacité. Si ça ce n'est pas du gros rock bien couillu, je ne sais pas ce qu'il vous faut. Et Sell your soul finit de nous convaincre qu'Uriah Heep est vivant plus que jamais, et que le stage de Daisley et Kerslake chez Ozzy leur a été plus que profitable. Quelle section rythmique du feu de dieu, mes enfants!!!

Pour achever tout le monde, il fallait des tubes accrocheurs. Ce sera du côté des reprises que l'on trouvera cela. On the rebound, typique des années 80, a été composé par Russ Ballard, songwriter hors-pair qui a écrit pour tous les grands nom du rock ou presque. Peter Goalby et John Sinclair sont parfaits dans cette reprise, les choeurs du refrain donnent vraiment envie de chanter avec le groupe. That's the way that it is est une reprise de Paul Bliss, chanteur obscur, est aussi d'une rare subtilité. Le titre, qui confirme que Goalby était l'homme de la situation, fera un malheur aux USA.
Hot night in a cold town et Prisoner sont dans la pure lignée des titres précédents, purement 80's, de bonnes pauses parmi tous ces morceaux d'anthologie. Running all night with the lions est une reprise du groupe Lions, dont faisait partie John Sinclair, le tout étant remis au goût du jour par le groupe.
Concernant Think it over, le titre réenregistré, cette version est nettement meilleure que la précédente, enregistrée sur le précédent album Conquest, album maudit s'il en est.

Un album cependant méconnu, les fans de rock se tournant plus volontiers vers des perles comme Look at yourself, The magician's birthday ou Demons and wizards. Et je les comprends, tant ces albums sont magnifiques. Mais oublier Abominog serait vraiment dommage, car c'est un album charnière, le type d'albums où se dit : "ça passe ou ça casse." L'enjeu, vous l'avez compris, était énorme et Mick Box aurait pu tout perdre. Heureusement, cela n'a pas été le cas et le groupe a été remis sur des rails. Uriah Heep a pu reprendre son bonhomme de chemin et continuer à nous fournir de bons albums, mais à mes yeux, Abominog reste la dernière tuerie que le groupe ait réussi à engendrer, justement à cause de cette rage de vaincre. A redécouvrir de toute urgence!

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