mercredi 25 juillet 2012

Slipknot - All hope is gone

Slipknot avait toujours été à mes yeux l'archétype du groupe calibré pour plaire aux djeun's. Pas par la musique, qui est plutôt brutale (encore qu'un peu trop sans queue ni tête par moments), mais par l'image des neuf musiciens qui le composent. Les masques de Slipknot, c'est un peu comme le maquillage de Kiss, c'est un élément fort pour être identifié, mais cela suffit-il pour pour faire de la bonne musique? Je vous laisse méditer sur le sujet...
Toujours est-il que j'ai écouté par hasard ce All hope is gone, paru en 2008, et que ce disque m'a mis sur le cul. Plus rien à voir avec le groupe qui me gavait avec son album éponyme ou Iowa... Comme quoi, on peut porter des masques de clown et savoir évoluer. Impressionnant, je vous dis!

Dès le début, on comprend que le groupe n'est pas venu pour plaisanter: on comprend vite que le neo-death d'antan a évolué. Je ne vais pas y aller par quatre chemins: les 6 premiers titres (je passe l'intro) sont des boucheries en puissance. Gematria (The killing name) nous montre un groupe au top de sa forme, les guitares sont salement puissantes et on y entend même un solo, chose plutôt rare pour le groupe de Des Moines. On enchaîne avec un Sulphur, lourd à souhait, avec des soli typés death metal de toute beauté que n'aurait pas renié Ralph Santolla (Deicide, Obituary).
Au niveau inspiration, le groupe ne s'arrête pas là, puisque des morceaux comme Psychosocial, Dead memories et Vendetta déchirent tout sur leur passage. De la pure sauvagerie, mais contrôlée. Contrairement à leurs opus précédents, il me semble qu'on comprend mieux où ils veulent en venir. Ils ont perdu le petit côté "chien fou" qui avait le don de m'agacer (c'était peut-être moi qui était déjà trop vieux, allez savoir...) Bref, 6 titres d'affilée qui me font changer d'avis sur un groupe qui, au mieux, m'indifférait, c'est plutôt pas mal.

C'est à partir de là que ça se corse un peu... Je trouve Butcher's hook fade, sans relief, reprenant les vieilles ficelles des albums précédents. Je retrouve le même défaut sur Wherein lies continue, sur lequel j'ai beaucoup de mal à accrocher. Je sais, je suis déjà un vieux con qui devrait retourner écouter Kiss... Ça s'améliore un peu avec Gehenna, bien que le chant de Corey Taylor, inspiré ici par celui de Mike Patton (Faith no more) m'énerve un peu à la longue.
Snuff est pour le moins incongru, une ballade au milieu de cet océan de brutalité. Après tout, pour quoi pas, le groupe avait déjà un peu adouci son propos sur son précédent album, Vol 3 The subliminal verses. Corey Taylor expliquait que cette chanson lui était très personnelle et que qui quiconque ne l'aimait pas avait un sérieux problème. Je n'irais pas jusqu'à dire que je n'aime pas ce titre, mais j'ai un peu de mal à le comprendre. Enfin, mon avis importe peu...
Et on conclut sur un All hope is gone brutal à souhait, efficace, aussi intéressant que les premiers titres évoqués ci-dessus. Une excellente conclusion à un album qui ne l'est pas moins.

Ce All hope is gone est une pure merveille, ce que je n'aurais jamais dit des précédents albums. En soi, c'est déjà une sacrée performance. Slipknot a su nous apporter la preuve qu'on peut évoluer intelligemment, tout en ne s'éloignant pas trop de son noyau dur de fans. Je pense que le passage de Corey Taylor chez Stone Sour a permis à ce dernier de mettre un peu plus de subtilité dans son propos, ce qui n'a pas nui à la cohérence de l'ensemble, bien au contraire. Et le travail fourni par le guitariste du groupe est monumental: on dirait presque qu'il a pris des cours de guitare pendant les quatre ans qui ont séparé cet album de son prédécesseur! Ce disque est de surcroît bien produit et nul doute qu'il ne subira pas les outrages du temps avant un moment.

De la bien belle ouvrage, et de très loin le meilleur album de Slipknot. Cet opus est pour moi l'un des meilleurs de 2008. S'il ne vous faut qu'un album de ce groupe, ce doit être absolument celui-ci.

mercredi 18 juillet 2012

Deep Purple - Come taste the band


1975. Deep Purple a tout prouvé. Prouvé qu'il était un groupe génial. Prouvé aussi qu'il était un groupe on ne peut plus instable. En effet, dès 1973 (je passe volontiers sur le Mk1) le chanteur Ian Gillan et le bassiste Roger Glover ont quitté (plus ou moins) volontairement le navire, remplacés respectivement par les non moins fameux David Coverdale et Glenn Hughes.
Ces derniers apportent un côté plus bluesy, mais aussi un caractère plus funky aux nouveaux titres. Ceci est flagrant sur l'album Stormbringer. Ritchie Blackmore, Guitariste et leader du combo, ne l'entendant pas de cette oreille, se casse pour fonder Rainbow avec la bande de Dio.

Que devait faire Deep Purple? Les deux membres historiques du groupe, Jon Lord (claviers) et Ian Paice (batterie) songent à stopper l'aventure, Coverdale et Hughes insistent pour continuer, aidés en cela par leur maison de disques. Des auditions sont organisées rapidement, and the winner is: Tommy Bolin, jeune guitariste américain.

Ce dernier apporte un vent de fraîcheur au groupe et cela se ressent au niveau des compositions. Les adjectifs qui qualifient le mieux les titres de Come taste the band sont: frais, dynamiques, funkys. Alors que Stormbringer pouvait vite lasser, le nouvel album apporte enthousiasme au groupe.

L'album débute par un Comin' home bien hard, ensuite viennent titres magnifiques, bien funky, où l'influence de Bolin et Hughes se remarque facilement, Lady Luck, Gettin Tighter, Love child, I need Love. Le Purple propose en prime deux titres que je qualifierais de "mélancoliques" avec This time around/Ode to G.
Cet album contient, je le concède, deux titres un peu plus faibles, mais demeurant néanmoins de qualité: Dealer et Drifter.

Il est évident que l'arrivée de Bolin a donné un second souffle, mais la suite ne s'est pas déroulée exactement comme les membres du groupe l'avaient souhaité.
Les fans regrettaient le départ de Blackmore et ne se gênaient pas pour le faire savoir en concert. Le groupe n'avait pas non plus réalisé que Tommy Bolin avait un sérieux problème d'addiction à l'héroïne. Ceci, ajouté aux problèmes de drogue de Hughes, allait ternir l'ambiance dans le groupe et la réputation de ce dernier en concert.
Les premières dates, en Asie, furent désastreuses, le niveau s'est quelque peu amélioré début 1976 lors de la tournée américaine du groupe (je vous conseille de poser une oreille sur le live On the wings of a Russian foxbat) mais cela reste largement en dessous de ce que le groupe pouvait proposer par le passé.

La qualité des musiciens n'est pas en cause, seulement les problèmes de drogue des deux membres sus-cités et les ambitions solos de tous les musiciens. Cela a conduit Jon Lord à annoncer la fin du groupe en mars 1976, après un concert désastreux à Liverpool. Chaque membre a continué à écrire l'histoire de la musique avec d'autres formations, mais cela, c'est une autre histoire...

Come taste the band a souffert pour toutes ces raisons d'un déficit d'image. C'est un album sous-estimé qui mérite toute votre attention, rien dessus n'est mauvais. C'est juste que pour de nombreux fans, Deep Purple sans Blackmore n'est plus Deep Purple.

Me concernant, j'ai toujours une sympathie pour les mal-aimés, surtout s'ils sont détestés pour de mauvaises raisons.

mercredi 11 juillet 2012

Marilyn Manson - Portrait of an American family

Pour beaucoup, Marilyn Manson représente le metal actuel. Ce n'est qu'une infime partie du style, popularisée par les excès et les provocations (qui a dit bouffonneries?) de son leader. Certes Manson a sorti quelques disques pas trop mal, mais ça ne sera pas vraiment le cas de ce premier opus, paru en 1994.

Il est évident que le style de Marilyn Manson, celui pour lequel tout le monde le connait n'est pas encore affirmé. On ressent clairement la patte de Trent Reznor sur cette œuvre. Ce dernier a tout appris au groupe: comment composer et surtout comment choquer et se faire connaître.

La leçon n'est pas trop mal retenue, mais on ne peut pas dire que ce soit une franche réussite. Tout n'est pas foncièrement mauvais, vous avez même quelques titres qui sortent du lot, comme Cake and sodomy, Lunchbox, Dope hat ou même en étant généreux Dogma, qui je dois le reconnaître, est plutôt bien ficelé. Sexe, drogue, religion, le cocktail gagnant pour faire chier les puritains américains est déjà là. Mais pour le reste, point de salut, les compositions, typées metal industriel, ne sont pas encore au point, le vrai Marilyn Manson est encore en gestation. On s'ennuie ferme, en dehors de ces 4 titres. Je vais peut-être me faire lyncher par les fans hardcore du groupe, mais il y a des fois où il est impossible de se voiler la face.

Pas grand chose à retenir de cet opus, si ce n'est qu'il reste aux membres du groupe un boulot immense à accomplir. Ce n'est pas le pire premier album que j'ai entendu car celui-ci est bien produit (rien à voir avec le premier Sepultura ou le premier Mayhem qui peuvent paraître effroyable de ce point de vue), mais pas franchement le plus recommandable au niveau de la qualité des morceaux.
Très personnellement, je préfère, et de loin, l'album du groupe de Trent Reznor, Nine Inch Nails, nommé The downward spiral, sorti également en 1994. Et si vous voulez du bon Manson, je vous conseille plutôt la trilogie Antichrist superstar, Mechanical animals ou Holy wood. Là vous trouverez de la qualité.
Portrait of an American family est donc un album dispensable, loin des trois albums précédemment cités. A ne recommander qu'aux fans hardcore de Manson. Pour les autres, à vous de voir...

mercredi 4 juillet 2012

Billy Idol - Rebel yell


Billy Idol est vu de nos jours comme un artiste ringard, notamment à cause de son look. Pourtant le rocker blond a pondu quelques albums qui ont largement résisté à l'épreuve du temps, ce dont nombre d'artistes des années 80 ne peuvent guère se vanter.
Après un premier album éponyme paru en 1982 plus que prometteur (un opus qui contenait entre autres les tueries White wedding et le fameux Dancing with myself), le rocker au look futuriste (du moins à l'époque!) se devait d'enfoncer le clou. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il a réussi son coup. Rebel yell, paru en 1984, est l'album de tous les succès.

Commençons par les titres qui sont passés à la postérité. Il y a tout d'abord Rebel yell, le titre éponyme qui fait bien plus qu'ouvrir l'album, c'est un véritable mot d'ordre. Le rock de Billy Idol est furieux et écrase toute la concurrence sans laisser à cette dernière la moindre chance de s'en remettre.
Le second titre phare de cet album, c'est Eyes without a face, un titre nettement plus calme qui permet de calmer le jeu. Un slow de toute beauté, bien que trop méconnu à mon humble avis. Flesh for fantasy est bien connu grâce à sa vidéo kitschissime, mais le titre en lui-même est vraiment excellent.

Il faut dire que Idol était particulièrement bien entouré: le guitariste Steve Stevens n'est sans doute pas célèbre et son nom n'évoque certainement rien au grand public, mais ce n'est absolument pas par manque de talent. L'homme est impeccable en rythmique et il innove sans cesse au cours de cet album.

Même les titres qui ne sont pas sortis en single auraient pu l'être, car tous sont des hits en puissance. Daytime Drama, Blue Highway, Catch my fall ou Stand in the shadow sont des titres véritablement excellents et les talents combinés de Stevens et de Idol sont font mouche à chaque fois. Crank call ou The dead next door sont les moments les plus faibles de ce disque, mais des morceaux moyens de ce calibre, beaucoup d'artistes s'en contenteraient et en feraient des titres majeurs!

L'avantage de la musique de Billy Idol, c'est qu'elle est assez brutale pour convaincre un public rock exigeant, mais l'aspect dansant de sa musique permet sans peine d'attirer un public mainstream. Bref, c'était le succès assuré pour Billy Idol et sa bande, et c'était plus que mérité. 28 ans plus tard, Rebel yell sonne encore frais et a très bien vieilli. Cela donne toujours envie de taper du pied. Passez Blue Highway ou Rebel yell dans une soirée et voyez si ça n'attire pas du monde sur la piste (sur le dancefloor comme disent maintenant les djeun's).

Le genre d'albums qu'il faut écouter le matin pour vous donner la pêche toute la journée. C'est peut-être pas original, mais dans le genre, c'est plutôt efficace. Et c'est déjà pas mal.