mardi 30 mars 2010

Nirvana - In utero

Après des débuts timides, Nirvana avait surpris son monde avec Nevermind, l'un des meilleurs albums que les 90's ont engendré. Mais pour les fans hardcore du groupe, ceux qui suivent les pérégrinations de la bande à Kurt Cobain, Cet album sonnait trop propre. C'était également l'avis du groupe qui a décidé du tout au tout avec ce nouvel album, paru en 1993.

Le moins que l'on puisse dire de cet album, c'est que c'est crade, sauvage, brut de décoffrage. Et il paraît que la maison de disques du groupe a demandé à avoir recours à un producteur pour revoir l'ensemble tant celui-ci était brouillon. Ça devait donner! Scott Albini sera l'heureux élu: ce dernier, tout en polissant les titres écrits par le groupe, va donner une âme à ce disque.

A l'instar de Nevermind, cet album regorge de titres mémorables. Heart-shaped box a été matraqué à sa sortie sur les ondes, à juste titre. La souffrance de Kurt Cobain, artiste déchiré (dans tous les sens du terme), est à son paroxysme. Non moins célèbre, Rape me enfonce le clou avec brio et simplicité. Dumb permet à l'auditeur de s'accorder une pause (enfin, tout est relatif, ce n'est pas non plus une ballade!).
Pennyroyal tea laisse éclater toute la détresse de Cobain, son chant et la mélodie de ce titre font comprendre que le chanteur/guitariste était particulièrement mal en point. Cela rend ce titre d'autant plus indispensable. All apologies est teinté d'une rare tristesse: c'est presque le message d'adieu de Cobain à son public et à ses proches. Beaucoup d'émotions, mais rien d'exagéré: nous n'avons pas non plus affaire ici à de la sensiblerie digne d'une émission de télé-réalité qui cherche à faire pleurnicher la ménagère de moins de 50 ans.

Mais en dehors de ces classiques intemporels, de nombreuses pépites sont cachées tout au long de cet In utero. Serve the servants, comme morceau d'introduction est une boucherie. On comprend très vite que l'état d'esprit de Cobain n'est pas au beau fixe: Teenage angst has paid off well, now I'm bored and old. Traduction: les colères adolescentes m'ont bien nourri, maintenant je suis vieux et fatigué. Autre moment de sauvagerie: Scentless apprentice laisse éclater la colère de l'emblématique leader de Nirvana au cours du refrain hurlé comme un dément. Very ape et son riff simpliste ont eu tôt fait de conquérir les foules, des titres comme tourette's ou Radio friendly unit shifter sont aussi des titres où la sauvagerie grunge s'exprime pleinement. Dommage que des titres un peu moins bons comme Frances farmer will have her revenge on Seattle ou Milk it s'intercalent entre deux tueries. Rien de bien grave, reconnaissons-le, mais pas de quoi s'en réveiller la nuit non plus.

In utero n'est certainement pas le disque consensuel que Geffen, la maison de disques attendait. Cela n'empêchera pas cet album de connaître un succès monumental, d'autant plus que cet album est le dernier album studio du groupe. Le suicide de Cobain l'année suivante renforcera la légende Nirvana: un phénomène qui, à l'instar de Jimi Hendrix, sera bref, mais marquera durablement l'histoire du rock. Inutile de dire que tous les produits (plus le temps passe et plus j'ai du mal à les qualifier d'albums) qui seront distillés au fil du temps seront des succès commerciaux retentissants malgré une qualité parfois sommaire (je pense au live From the muddy banks of wishkah).
Reste ce magnifique In utero qui, plus de quinze ans après sa sortie, n'a pas pris une ride. Un concentré de colère, le disque idéal pour faire ch*** ses parents!!!

vendredi 26 mars 2010

Def Leppard - On through the night

Le début des années 80 a été une période faste pour les groupes de la NWOBHM, la fameuse New wwave of British Heavy Metal. Ce mouvement comprenait de nombreux grands noms de la musique metal, comme Iron Maiden, Saxon, mais encore Def Leppard. Ce dernier n'était encore qu'un groupe débutant en 1980, année où est paru leur premier opus, On through the night.

On comprend très vite que cet album est celui d'un groupe débutant. N'y voyez rien de péjoratif, cela signifie que les compositions manquant encore de maturité et que leur style n'est pas encore bien défini, leur son était très proche de Judas Priest. Pas étonnant lorsque l'on sait qui a produit l'album. Il s'agit de Tom Allom qui a produit de nombreux albums du Prêtre de Judas.

En dehors de ces considérations, il n'y a rien de franchement négatif à redire sur ce premier essai qui nous propose des morceaux de hard rock honnêtes, peut-être pas les plus originaux qui soient, mais efficaces et catchy. Ce qui est déjà pas mal, tous les groupes ne peuvent pas se vanter d'avoir aussi bien débuté.

On through the night nous offre donc des morceaux bien pensés, comme Rock Brigade, It could be you (typiquement Priestien), Wasted, Rocks off, It don't matter ou Answer to the master.
Rien de franchement surprenant, mais c'est parfaitement interprété et ça ne dépareille pas avec le reste de la scène hard rock de l'époque. Non, en fait le seul reproche est d'être trop ostensiblement orienté vers Judas Priest. Mais c'est un défaut de jeunesse assez courant de se laisser influencer par son producteur, surtout lorsque celui-ci peut se targuer d'avoir travaillé avec des pointures.

Bien sûr, des albums comme Pyromania ou Hysteria restent à écrire. Un peu de patience, le succès va leur tendre les bras. Il est vrai que le groupe a toujours su bien s'entourer, puisqu'il aura affaire par la suite au producteur Robert "Mutt" Lange, qui a produit quelques pépites comme le mythique Back in black d'AC/DC. Rien que ça! Mais en attendant le succès, ce premier album n'a absolument pas de quoi faire rougir les membres du Léopard Sourd, même si ceux-ci ont toujours déclaré ne pas être satisfait du résultat final.

Sans doute pas le meilleur album de l'année 1980, Judas Priest avait sorti la même année British Steel, un incontournable du genre. Mais de bon augure pour le futur, sans aucun doute. Un album méconnu à redécouvrir de toute urgence.

vendredi 19 mars 2010

Deep Purple - Fireball

En ce début d'année 1971, les membres de Deep Purple se disent qu'il va falloir préparer un nouvel album pour succéder à l'impérial In rock paru un an auparavant. Ce ne sera pas une sinécure d'écrire des morceaux aussi bien troussés que Speed King, Child in time ou autres Black night. Inutile de dire que la pression et surtout l'attente sont énormes. Pour ce nouvel opus dénommé Fireball, le groupe a décidé de renouveler sa recette et d'expérimenter avec plus ou moins de bonheur.

On commence par un Fireball qui est sans doute le dernier héritier de la période In rock. On reste en territoire connu: le groupe est en parfaite symbiose: la batterie de Ian Paice claque plus que jamais, le chant de Ian Gillan est extrêmement puissant, Jon Lord à l'orgue et Ritchie Blackmore à la guitare se livrent à des duels d'anthologie. Bref, tout va bien dans le meilleur des mondes.
Sur les deux morceaux suivants, les classiques No, no, no et Demon's eye font preuve de moins de folie mais restent malgré tout redoutables. Le groupe est plus posé, preuve d'une certaine maturité dans le processus de composition. Des titres de facture classique qui ne surprendront pas grand-monde et qui ne seront pas joués tant que cela pendant les concerts dans les 70's, la faute à un Ritchie Blackmore insatisfait par le résultat final. Ces titres sortiront des archives après le départ du lunatique guitariste au début des années 90 et seront régulièrement joués devant un public à partir de cette période.
On arrive aux moments les plus expérimentaux. Anyone's daughter est une surprise complète. Ecrit par Blackmore, ce titre est le plus calme de l'album. Une ambiance country/western se dégage de ce morceau qui, au final, est loin d'être désagréable même s'il nécessite un temps d'adaptation.
The mule est un chef d'œuvre où les musiciens sont mis à rude épreuve. Hormis Gillan, qui n'intervient qu'en début de titre, les quatre autres membres du groupe ont accouché d'un monument de technicité. Lord impose une atmosphère pesante, aidé en cela par le bassiste Roger Glover. Blackmore nous balance des soli bien sentis comme lui seul en a le secret. Mais le plus impressionnant reste pour le coup Ian Paice qui tape sur ses fûts comme si sa vie en dépendait avec une technique incroyable. Franchement, les 70's ont vu l'éclosion de batteurs d'exception tels John Bonham ou Keith Moon, mais Ian Paice est largement à leur niveau. D'ailleurs The mule est régulièrement interprété en concert (on le retrouve sur le célébrissime Made in Japan) et c'est l'occasion pour Paice de se livrer à l'exercice périlleux du solo de batterie avec une maestria qui n'est plus à démontrer.
Fools est aussi ce qu'on appelle un morceau hors du commun. Le tout commence très doucement, le clavier, la batterie et la guitare ne sont là que pour distiller une ambiance particulière: celle du calme avant la tempête. Ian Gillan ne fait que susurrer quelques paroles. Puis lorsque le grand moment arrive, ce dernier est intenable: son chant est celui d'un fou furieux. Les paroles, qui traitent d'un certain dégoût pour l'espèce humaine, sont parfaitement crédibles dans la bouche de ce chanteur qui assène ces mots tels des coups de marteau. Le riff principal de guitare, bien que pas foncièrement original, renforce l'efficacité du morceau. Un grand moment, sans doute mon titre préféré de ce Fireball.
On conclut avec un No one came sensiblement plus classique que les trois morceaux précédents. Pas mauvais, mais dispensable. Un titre qui a connu la même destinée que Demon's eye et No, no, no.
A noter que le groupe avait écrit d'autres morceaux pendant les sessions d'enregistrement, comme Prostitute, que l'on retrouve dans la version remastérisée en CD de l'album. Un single a suivi la sorti de Fireball, Strange kind of woman, un titre essentiel dans l'histoire du groupe. Un classique que Deep Purple se doit de jouer chaque soir de concert.

D'approche moins conventionnelle, Fireball n'en reste pas moins un bon moment de hard rock que seuls ces pionniers pouvaient engendrer. Son principal défaut reste d'être coincé entre In rock et Machine head, album légendaire s'il en est. Sans doute moins percutant que son prédécesseur, ce disque nous offre plusieurs compositions qui ont le mérite de s'avérer originales. Fireball reste sans doute l'un des meilleurs album que l'association Blackmore-Gillan-Glover-Lord-Paice ait créé, un monument intemporel qui doit être écouté au moins une fois dans sa vie par tout fan de rock.

mardi 16 mars 2010

Rush - 2112

Au cours des années 1970, le rock progressif a été roi. Les meilleurs albums en la matière ont été élaborés au cours de cette décennie. Des groupes plus doués les uns que les autres, il y en a eu énormément: Genesis, King Crimson, Yes et j'en passe. Parmi eux, le trio canadien Rush. Ce groupe a sorti au cours de sa longue et prolifique carrière quelques pépites, dont ce 2112, paru en 1976.
Plantons brièvement le décor. Le chanteur/bassiste Geddy Lee est un musicien touche-à-tout des plus brillant. Son jeu de basse est d'une rare précision, son chant, aigu et puissant, aurait tendance à me faire penser à un mélange entre Rob Halford (Judas Priest) et Rick Davies (Supertramp). Côté guitares, nous sommes bien servis: Alex Lifeson, c'est plusieurs guitaristes en un seul homme. Tout au long de cet album, j'entends des plans qui pourraient me faire penser tantôt à David Gilmour, Steve Hackett ou Robert Fripp, tantôt à Brian May, Tony Iommi ou Ritchie Blackmore. Lifeson a su, encore heureux, digérer ces influences pour créer son propre jeu. Au niveau de la batterie, Neil Peart possède un jeu subtil, plein de nuances, adaptable à un contexte heavy ou atmosphérique. Une dream-team avant l'heure...

On commence avec un monolithe de plus de 20 minutes, 2112, qui s'inspire d'une œuvre du Russe Rand. Le concept, en gros, c'est l'histoire d'un type qui retrouve une guitare en l'an 2112, instrument disparu depuis longtemps; cette découverte va évidemment bouleverser la vie de cet homme. Musicalement parlant, ce morceau est composé de 7 parties, tantôt lourdes et heavy, tantôt atmosphériques et planantes. Difficile de vous décrire l'ensemble, il faut l'entendre pour le croire: retenez que c'est une tuerie. Dream Theater n'a rien inventé! Cette vingtaine de minutes passe à une vitesse incroyable et on n'a pas le temps de s'ennuyer une seconde. Ces trois musiciens sont des génies.

Evidemment, les cinq morceaux suivants, qui ne dépassent pas les 4 minutes chacun, paraissent bien fades à côté de ce monument. Rien de mauvais en soi, impossible que trois musiciens aussi doués génèrent de mauvais titres, mais rien de comparable non plus à ce morceau-titre.
Ceci étant, je retrouve de nombreux plans très inspirés sur des chansons comme A passage to Bangkok, Twilight zone (typique du hard européen de la fin des 70's) ou Something for Nothing qui conclut l'album sur une note positive. Même les calmes et inspirés Lessons et Tears ne parviennent pas entamer la haute estime que j'ai pour ce groupe.

Je relisais récemment une interview que le batteur Vinnie Paul (Pantera) avait donnée dans les 90's: il y affirmait que Rush était son groupe favori quand il était adolescent et que ses membres étaient ses héros de jeunesse. Pas mal comme compliment. Je n'aurais pas dit mieux!
Les Canadiens continuent encore à tourner de nos jours, mais il est certain que leur influence a grandement diminué. Les nouvelles générations ignorent l'existence de ce groupe et c'est bien dommage. En matière de hard rock progressif, Rush est un pionnier. Avec tout le respect que je dois à Dream Theater, ces derniers n'ont fait que reprendre les bases qu'avaient instaurées jadis Lee, Lifeson et Peart.
Inutile de préciser que 2112 est un grand album, probablement l'un des tous meilleurs des 70's et que Rush est un groupe extraordinaire qui a sorti de nombreux albums tous aussi intéressants les uns que les autres, tels Hemispheres ou Permanent waves. Ne pas (re)donner leur chance à ces albums, ce serait une ignominie!

vendredi 12 mars 2010

Gene Simmons - Asshole

Vous l'avez compris, je pense, j'aime Kiss. Pas pour son image à la limite du ridicule, pas pour son merchandising débile. Uniquement pour sa musique. L'un des instigateurs de la musique de ce groupe de légende, c'est Gene Simmons. Mais ce n'est pas parce qu'on s'appelle Gene Simmons qu'il faut tout se permettre. Avec cet album solo paru en 2004, on touche au fond du panier. C'est tout bonnement mauvais. Et je reste poli...

Sur les treize titres que contient cette insulte au bon goût, deux sont corrects (j'ai pas dit bons): Sweet & dirty love et Weapons of mass destruction. Les deux s'apparentent le plus à ce que l'on attend du bassiste de Kiss, à savoir du gros hard rock bien couillu.
Le reste? A oublier... et le plus vite possible. Gene Simmons a été capable d'illustrer à lui tout seul et en un seul album le mot "nul". La reprise de Firestarter de Prodigy a de quoi surprendre au premier abord, mais au bout de quelques secondes, ça devient gavant.
Le summum du ridicule, c'est sur Waiting for the morning light. Une production pourrie, un piano qui sonne comme un clavier Bontempi des années 80 (je suis gentil) et des paroles niaises. Là, difficile de faire pire. Il paraît que Bob Dylan a coécrit ce titre. Un moment d'égarement, je présume.
Beautiful, avec ses claviers ringards et ses chœurs féminins à deux balles sont à pleurer de rire. Asshole relève un poil le niveau, mais en fait ce n'est qu'un vulgaire morceau de punk-rock que ne renierait pas Sum41. Tout est dit.
Now that you're gone retombe dans ce que Simmons a sorti de plus consternant. C'est de la guimauve agrémentée de chœurs d'enfants. No comment!
Whatever turns you on est un petit rock teinté de reggae qui arrive à peine à me faire oublier l'horreur précédente. Dog, Carnival of souls et If I had a gun se laissent écouter sans susciter mon dégoût, mais il s'en faut de peu.
Black tongue? Difficile à décrire, un peu d'électro sur lequel Simmons intervient timidement. Re-bof. On conclut sur I dream a thousand dreams. Nullissime. De la guimauve. Même les titres diffusés dans un dancing réservés aux membres du troisième âge n'arrivent pas à m'exaspérer à ce point. Parce qu'au moins, dans ce genre de lieu, on sait à quoi s'attendre.

Quand Paul Stanley sort un album solo comme Live to win, ce n'est peut-être pas original mais ça reste bon. Idem avec les albums solo de Bruce Kulick ou Ace Frehley. Même certains albums solo de Peter Criss, qui n'est pourtant pas un compositeur de génie, loin de là, sont meilleurs que ce ravage. C'est une ode au mauvais goût, une insulte à la musique. Franchement, Gene Simmons aurait mieux fait de s'abstenir. C'est incroyablement mauvais. Sortir de telles horreurs, ça devrait être sanctionné par la loi. Gene, arrête ta carrière solo, ça vaudrait mieux pour tout le monde. Il y a assez de choses à faire avec Kiss pour ne pas avoir à sortir ce genre de bouses infâmes.

jeudi 11 mars 2010

MC5 - High time

MC5 est surtout connu pour son premier album live, Kick out the jams, que j'avais déjà évoqué dans ces lignes. Mais ne pas tenir de ses deux autres albums studio serait une grande erreur, tant ceux-ci font preuve d'une énergie incroyable et contiennent de grands moments. Ce High time, paru en 1971, prouve que les Américains étaient inspirés malgré la fin des sixties et du flower power.

Au niveau de la musique, on reste en terrain connu. Du gros rock à la Steppenwolf, comme il y en avait beaucoup à l'époque, beaucoup de contestation et surtout des titres percutants, qui vous prennent aux tripes en moins de temps qu'il ne faut pour le dire.
Les musiciens du MC5 ont composé avec une grande précision et une minutie inouïe 8 titres de haute volée. Au cas où certains en douteraient, MC5 était composé d'excellents musiciens doublés de fameux songwriters.

Sister Anne remplit correctement sa mission de morceau d'ouverture: il s'agit d'un morceau mêlant rock, blues et boogie, le solo est efficace et le tout est facilement mémorisable. Baby won't ya continue dans cette voie et je dois avouer que j'aime beaucoup le riff de guitareprincipal ainsi que le travail à la basse de Michael Davis, d'une grande précision et qui fait mouche sans trop de difficultés. Un des meilleurs morceaux de l'album.
Miss X est une simili-ballade qui, outre le fait qu'elle soit bien interprétée, n'apporte pas grand-chose de neuf à l'ensemble. Passons vite au morceau suivant, un gros rock/boogie, Gotta keep movin', qui donne instantanément envie de taper du pied. Sans être original, ce titre est indubitablement un de ceux qui atteignent leur cible dès la première écoute.
Future/now est un morceau qui ressemble au début à tout ce que le MC5 a pu faire depuis ses débuts, c'est à dire du gros typique début des 70's. Fred Smith et Wayne Kramer abattent un boulot incroyable aux guitares. Par contre, la seconde moitié du morceau voit l'ensemble se ralentir et proposer un passage planant, avec un effet de chorus aux guitares et la voix de Rob Tyner passée dans un filtre. Poison, repart sur des bases plus connues, les riffs de guitare se veulent plus acérés que jamais, tout comme le solo est l'un des meilleurs que le groupe ait enregistré.
Over and over est pour moi le meilleur moment de cet album. On commence par un riff simpliste mais presque sentencieux, qui fait deviner que le groupe va nous tenir un sérieux discours. Rob Tyner est comme habité par une force supérieure qui le pousse à donner tout ce qu'il peut. Gros travail des guitares et de la basse, encore une fois, qui mérite d'être salué. Le solo est magnifique et d'une précision redoutable. Tout ce que l'on a envie de faire en écoutant ce morceau, c'est hurler "Over and over" à en perdre la voix.
On conclut par Skunk (sonicly speaking) qui montre que le groupe dispose d'un batteur aussi talentueux que le reste de ses membres, Dennis Thompson. Le reste du titre aurait pu figurer sur Kick out the jams, le riff principal est aussi simple qu'entêtant, le chant de Tyner est toujours aussi enragé. Le tout se conclut par une partie de cuivre qui ne fait que rajouter de l'intensité à un morceau, voire même à un album qui n'en demandait pas tant.

MC5 était devenu en 1971 un groupe "carré", ses musiciens étant devenus de parfaits instrumentistes. Malgré d'excellentes critiques (et elles étaient méritées), cet album s'est particulièrement mal vendu. Pourtant le travail fourni par le groupe n'a jamais été aussi bon, et malgré quelques parties qui se veulent plutôt expérimentales, comme Miss X, il n'y a rien à redire sur ce High time. En ajoutant des divergences internes et des problèmes de drogue à des chiffres de vente faibles, vous obtenez la séparation d'un excellent groupe qui avait pourtant de longues années devant lui. High time est le dernier album d'un groupe légendaire qui ne demande qu'à être redécouvert. Les albums du MC5 sont trop bons pour que vous puissiez vous permettre de passer à côté.

mercredi 10 mars 2010

Led Zeppelin - II

Encore un pilier du hard rock, me direz-vous... Ben ouais, difficile de faire l'impasse sur ce monument de la musique qui a tout compris avant tous les autres. Auteur d'un premier album de haute volée en 1969, le groupe de Jimmy Page allait sortir la même année une suite non moins mémorable. Un an avant Black Sabbath et Deep Purple, Led Zeppelin publiait le disque qui allait donner ses premières lettres de noblesse au hard rock.

Mais cantonner le Zeppelin plombé au hard, cela revient à se limiter qu'à une partie de son œuvre. Led Zeppelin, c'est aussi du blues et quelques ballades acoustiques bien senties. Un travail d'une qualité rarement égalée.

On commence avec un nouveau classique, Whole lotta love, qui sans avoir l'air d'y toucher, délivre un message des plus salaces. Je vous en passerais volontiers les détails (vous trouverez ça facilement sur le Net), retenez juste que le riff d'intro est aussi simpliste qu'efficace et inoubliable, la partie centrale que je qualifierais d'orgasmique et un solo final d'anthologie. Rien que ça... Et ce n'est que le début! Soit dit en passant, les Anglais ont pillé une fois de plus une idée de riff du bluesman Willie Dixon

What is and what should never be se veut nettement plus calme, du moins pendant les couplets. Les refrains se veulent un peu plus énervés mais cela reste au fond du Led Zeppelin typique. Un bon morceau, toujours impeccablement interprété, mais pas le plus original du lot. The lemon song est un bijou du genre, la basse de John Paul Jones impose un lourdeur incroyable et Jimmy Page nous offre une fois de plus un solo impérial. Thank you se veut être la ballade de l'album, l'orgue de Jones rend le tout plus intimiste, à la croisée entre Babe I'm gonna leave you et Your time is gonna come du premier album. Sympathique, mais pas le morceau le plus indispensable.

On reprend avec un deuxième classique, Heartbreaker, un hard rock bien sanguinolent, où les Anglais montrent qu'ils sont en parfaite osmose. Le chant de Robert Plant est rageur, la rythmique de Jones et du batteur John Bonham fait des merveilles, la guitare de Page est ultra heavy et ce n'est pas le solo du milieu, qui tient plus de l'improvisation qu'autre chose, qui me fera dire le contraire. Du grand art. On continue avec le rock avec Living loving maid, de facture classique mais foutrement efficace, surtout en concert.

Ramble on est un nouveau classique, on commence à avoir l'habitude avec le Dirigeable. Des couplets qui font penser avec morceau de folk et des refrains purement rock comme le Zeppelin seul sait les créer. La basse de Jones y fait encore des prouesses. Moby Dick est une œuvre d'Herman Melville, mais on ne voit pas vraiment le lien avec le morceau de Led Zeppelin. Ce titre est surtout en prétexte pour entendre Bonham pratiquer, après une courte intervention de la guitare et de la basse, un solo de batterie de haute volée qui fait encore pâlir d'envie tous les batteurs en herbe. On conclut cet album avec un blues typique, Bring it on home, encore un emprunt à Willie Dixon. Cela devient une manie!

Fin 1969, les plus gros hits de Dirigeable, tels Stairway to heaven ou Kashmir restent à écrire, mais le groupe a su imposer avec ce deuxième opus un niveau de qualité incroyable. La leçon de chant, de guitare, de basse et de batterie vient juste d'être donnée. Inutile de préciser que ce disque est considéré, et à juste titre, comme une référence ultime pour tout fan de rock qui se respecte. C'est le genre d'album dont on ne peut se lasser et qui, même après plus de quarante ans de recul, délivre toujours la même intensité. De nombreux groupes actuels qui croient être au sommet de leur carrière feraient bien d'écouter ce chef d'œuvre qui les feraient tomber de leur piédestal. Décidément, en cette fabuleuse année 1969, la messe est dite...

mardi 9 mars 2010

Cradle of filth - Dusk and her embrace

Cradle of filth a toujours été le groupe controversé par excellence. Trop brutal, trop symphonique, trop commercial, moins bons que Dimmu Borgir. Toutes les excuses sont bonnes à prendre. Mais quand on y réfléchit bien qu'est-ce que Cradle of filth? Du black, symphonique certe, mais du black quand même. Et du bon en plus, à la hauteur de ses concurrents scandinaves. Auteurs d'un déjà magnifique The principle of evil made flesh, les Anglais vont enfoncer le clou en 1996 avec ce Dusk and her embrace.

Dani Filth, leader et chanteur du groupe, ne fait pas de manières dans le choix des thèmes de ses chansons. Sexe, sang, violence, serial killers, ésotérisme, tout y passe. Mais comme il s'agit de black symphonique, le tout se doit d'être abordé avec finesse. Bon, c'est pas de l'opéra, d'accord, mais tout de même...

Difficile de retenir un titre parmi les neuf proposés ici, tant la qualité de ces derniers est particulièrement élevée. Le groupe a su enlever les aspérités qui avaient tendance, à la longue, à gâcher leur premier opus. Les riffs de Stuart Anstis et John Piras sont toujours aussi inventifs, les claviers de Damien Gregori apportent une ambiance malsaine au possible, la section rythmique est ultra-carrée (il faut dire aussi que la batteur Nicholas Barker n'est pas le premier venu en la matière) et Dani Filth est fidèle à lui-même, polyvalent, enragé, éructant des vocaux que des porcins ne renieraient pas. Bref, vous l'avez compris, c'est magnifique. Tout simplement. Impossible de se lasser de cette cinquantaine de minutes de musique variée, sophistiquée effrayante et raffinée.

Cradle of filth confirmait, en l'an de grâce 1996, qu'il était un groupe sur lequel il fallait compter à l'avenir. Dusk and her embrace n'était qu'en fait le début d'une longue série d'albums plus majestueux et référentiels les uns que les autres. Cruelty and the beast, Midian, Damnation and a day, Nymphetamine sont des albums magnifiques et c'est sans conteste l'opus de 1996 qui a ouvert la voie. La concurrence avec les Norvégiens de Dimmu Borgir sera des plus saines, car elle permettra une parfaite émulation entre les deux groupes, l'avantage ne sera jamais clairement gagné par un camp ou par l'autre.

Dusk and her embrace, un grand moment de musique extrême à réécouter sans modération!

lundi 8 mars 2010

Lenny Kravitz - Circus

Après avoir sorti des albums aussi excellents que Let love rule et Mama said, il semblait que Kravitz avait tout dit. Pour de nombreux observateurs, le dernier album correct est Are you gonna go my way. Je trouve cette vision assez réductrice, car, même s'il lui a été assez difficile d'égaler ce dernier opus, Kravitz nous a offert par la suite de nombreux morceaux de qualité.
Ce Circus, publié en 1995, nous le prouve une fois encore.

J'admets que la pochette a, encore une fois, le don de m'exaspérer. Ce mec est on ne peut plus narcissique! Mais c'est un narcissique génial, et il le sait en plus...

D'entrée de jeu, Kravitz nous colle une rouste monumentale avec Rock and roll is dead, particulièrement entraînant, avec un riff aussi simple que mémorable, funky en diable. Kravitz n'a pas changé la recette qui a fait son succès: du gros rock à la Hendrix, un soupçon de funk, une voix magnifique, un solo de haute volée, le tout remis au goût du jour. Et c'est extrêmement efficace et accrocheur.
La suite se veut à l'image de la pochette, sombre. Circus est lourd, plutôt lent, sans que je puisse le qualifier de ballade. J'aime beaucoup les paroles de ce titre, particulièrement inspirées. Beyond the 7th sky est du même calibre, bien qu'un peu plus planant que son prédécesseur, en raison principalement du chant de Kravitz. Tunnel vision est funky à souhait, ce qui tranche clairement avec les titres sombres précédemment cités.
Autre tube: Can't get you off my mind, une ballade où Kravitz n'en fait pas des caisses. Quand on connaît la carrière de Kravitz, c'est assez rare pour être souligné. Magdalene se veut être un rock gentillet, sans prétention et le titre atteint son but sans trop de difficultés. Mais est-ce un morceau original? Non, pas vraiment. Thin Ice fait une nouvelle fois la part belle au funk, ce n'est pas l'usage récurrent de la wah-wah qui va me contredire. Un bon titre, bien construit, qui laisse deviner quelles sont les influences de Kravitz.
Don't go and put a bullet in your head laisse apparaître des influences rhythm'n'blues pas désagréables. Original, pour une fois. In my life today appelle plus ou moins les mêmes commentaires que Circus, j'adore les chœurs à la fin du morceau. Des émotions à la pelle,mais rien à voir avec les niaiseries refourguées par la Star Academy pendant des années.

En fait, sur ces 11 morceaux, deux me gênent: God is love et The resurrection. Pas qu'ils soient mauvais, pas à cause de leur message religieux. Je trouve que Kravitz a voulu faire une suite à Believe, un morceau génial que l'on trouvait sur Are you gonna go my way. Mais les morceaux s'intègrent mal à l'ensemble. Ces morceaux arrivent à faire perdre à eux seuls pas mal d'intensité, alors que cet album en dégageait à foison. Dommage.

Il était à peu près certain que Kravitz n'arriverait pas à égaler la qualité de Are you gonna go my way. Pour autant, cet opus vaut largement son pesant d'or. 2 tubes incontournables et 7 morceaux qui auraient pu le devenir, il y a bien pire comme constat. Le problème viendrait plutôt du fait que Kravitz commençait à être perçu comme un has-been. Comme je l'expliquais ci-dessus, les racines de sa musique sont plutôt anciennes. Ce n'est pas pour autant que sa musique soit démodée, bien au contraire.
A mon sens, Lenny Kravitz est l'un des meilleurs guitaristes de sa génération et l'un des artistes rock les plus inspirés des 90's. Je reconnais qu'il n'a pas toujours utilisé son talent à bon escient, mais à mon sens, ce n'est pas sur cet album qu'il faille faire les plus gros reproches, mais plutôt sur les deux suivants, 5 et Lenny.
Replongez-vous dans cet album relativement méconnu de celui que je qualifierais sans hésiter de Jimi Hendrix des 90's. Et tant que vous y êtes, procurez-vous tous ceux qui l'ont précédé.

vendredi 5 mars 2010

Scorpions - Blackout

Scorpions, vous l'aurez également compris, est un de mes groupes favoris. Près de 40 ans de carrière, quelques rares faux-pas, des albums légendaires, des tubes interplanétaires. Des musiciens talentueux, un chanteur reconnaissable entre mille. Voilà, je pense avoir correctement planté le décor pour vous présenter ce Blackout, paru en 1982.

Rien qu'à la pochette, on a compris que les Germains étaient revenus pour tout casser. Il s'en est fallu de peu que Klaus Meine, le chanteur, perde ses cordes vocales. Après plusieurs opérations et semaines de convalescence, celui-ci peut repasser derrière le micro. Ouf, on a eu chaud, on aurait pu avoir Don Dokken à la place...

Le groupe, en cette année 1982, est au pic de sa forme. Tous les titres, je dis bien tous les titres, sont excellents. Plutôt pas mal. Des classiques à perte de vue. On commence avec un Black out qui prouve que le groupe va tout détruire sur son passage, comme le prouve Klaus Meine et ses cris en fin de morceau. On enchaîne sur un premier hit, Can't live without you, avec son refrain mémorable. Excellent. la suite n'est pas mal non plus: No one like you, et son riff d'anthologie, est un des plus grands tubes des Allemands. Un incontournable. Le genre de morceau qui doit être joué à chacun de leurs concerts sous peine de créer une émeute.
La suite est sans doute un peu moins connue que ces deux morceaux de bravoure, mais tout de même, dire qu'ils sont efficaces et inspirés relève d'un doux euphémisme. You give me all I need commence tel une ballade, puis on continue avec un grand riff comme seul la bande à Rudolf Schenker sait les pondre. Now!, Dynamite et Arizona sont de facture plus classique, mais pas moins impressionnants pour autant. Près de 28 ans plus tard, ça le fait toujours grave. Du grand art, ni plus ni moins...
China white innove quelque peu, c'est le morceau le moins calibré pour la radio, de par sa longueur (7 minutes) et son côté oppressant, lourd, qui ne ressemble en rien à du Scorpions typique. Un grand riff, bien lourd, que n'aurait pas renié Black Sabbath, la voix de Klaus Meine apporte un côté épique pas désagréable. Un morceau qui a peut-être moins marqué les esprits, alors qu'il ne dépareille pas par rapport à certains des chefs d'œuvre conçus par Iron Maiden ou Judas Priest à la même époque.
Scorpions a toujours glissé dans ses albums au moins une ballade, et ce sera cette fois-ci When the smoke is going down. Un morceau brillant, de toute beauté. Scorpions a toujours été le roi du slow qui tue, et ce titre ne déroge pas à la règle. Si tous les groupes qui se plient à cet exercice pouvaient être aussi bons que Scorpions, je ne m'en plaindrais pas...

En ce début de décennie, Scorpions est LE groupe du moment, qui a su conquérir le public sans ramollir son propos. Une véritable prouesse, s'il en est. Produit par leur mentor Dieter Dierks, ce bijou est toujours à la hauteur en termes de production et on ne devine absolument pas que ce grand cru date de 1982. Tous les musiciens sont au top, et j'aimerais également souligner, outre la performance des guitares, le rythme infernal qu'apporte le batteur Herman Rarebell.

Et dire que ce n'est pas fini... Love at first sting et Savage amusement vont, une fois de plus, enfoncer le clou. Les 80's auront vraiment été une décennie magnifique pour les Allemands qui vont cumuler succès critique et commercial.

jeudi 4 mars 2010

Kraftwerk - Trans-Europe Express

1977: une année cruciale pour la musique. Alors qu'en Angleterre, des fous furieux qui se prétendent punks veulent tout exploser sur leur passage, en Allemagne, un petit groupe de Düsseldorf s'apprête à établir les standards de la musique électronique, inspirant au passage tous les plus grands groupes de la décennie suivante. Ce groupe, que j'avais évoqué il y a quelques temps sur ce blog, c'est Kraftwerk. Autobahn, paru en 1974, était certes novateur mais quelque peu répétitif. Ce Trans-Europe Express, sorti en 1977, va proposer une musique bien plus innovante et efficace, un travail qui est considéré encore par beaucoup comme leur meilleur opus.

Les membres de Kraftwerk se sont toujours sentis très éloignés du mouvement punk: c'est entre autres pourquoi ils ont décidé s'afficher sur la pochette en costard cravate et propres sur eux. Ah, cette rigueur allemande! Mais ce travail permanent va leur permettre d'accoucher de leur meilleur album.
On commence avec un Europe Endless qui donne tout de suite le ton: l'originalité est de rigueur. Les claviers se veulent plus inventifs que jamais. Bien sûr, le tout peut sembler daté, mais c'est ce côté suranné qui donne du charme à cet album. Certaines des sonorités se retrouvent quelques années plus tard sur des albums comme Speak and spell de Depeche Mode. Les paroles désenchantées de Florian Schneider laissent deviner un sérieux scepticisme quant à l'avenir de l'Europe en tant qu'institution. Là aussi, Kraftwerk serait-il un groupe visionnaire? A méditer...
On continue avec un Hall of mirrors, lent, lourd, sentencieux, à la froideur et à la rigueur toute germanique. Encore une réflexion sur l'Homme et son image. Showroom dummies aurait pu facilement passer à la radio, ces quelques notes de synthétiseur avaient largement de quoi attirer l'attention du grand public. Des idiots en vitrine? Certaines personnes sont superficielles à un point que cela en devient ridicule. En tous cas, la mélodie et la sonorité de ce titre ne seront pas oubliés par les groupes de new wave des 80's.
Nous arrivons sur la partie la plus intéressante de l'album: Trans-Europe Express couplé à Metal on metal. Le thème du train qui traverse l'Europe (Paris, Düsseldorf et Vienne sont cités). Düsseldorf seraient d'après l'étape idéale pour rencontrer Iggy Pop et David Bowie. Ce dernier avait sorti en 1976 Station to station (de gares en gares) qui a amplement influencé Ralf Hütter et Florian Schneider et leur a donné l'idée du thème de l'album. Ce Trans-Europe Express va influencer à son tour Bowie qui rendra hommage à Schneider sur son album Heroes. On passe directement de TEE à Metal on metal sans coupure nette; Metal on metal reprend le thème principal de TEE et on y entend Karl Bartos imposer ses percussions qui donnent véritablement l'impression d'être sur une voie de chemin de fer.
Les deux derniers titres, Franz Schubert et Endless endless reprennent le premier thème employé dans Europe endless et y rajoutent quelques variations supplémentaires. Sympathiques, mais pas en mesure de concurrencer Showroom Dummies, Trans Europe-Express et Metal on metal.

Kraftwerk laisse en 1977 exploser son talent à la face du monde. Inutile de dire que cet album est considéré comme une référence ultime par tous ceux qui se prétendent fans de musique électronique. Tous ceux qui ont fait de la musique électronique pendant les deux décennies suivantes ont été influencés par cet album: ceux qui prétendent le contraire sont des fieffés menteurs. Après Autobahn, Trans-Europe Express est le deuxième coup de maître de Kraftwerk. Histoire de mettre tout le monde à genoux, les Allemands vont sortir d'autres pépites, tels The man machine et Computer world. La musique électronique en tant que style vient de trouver ses premières références et il sera difficile par la suite de faire aussi bien que ces précurseurs.

mercredi 3 mars 2010

Whitesnake - Slide it in

Whitesnake a toujours été perçu comme étant le meilleur groupe qui ait émergé de la dissolution de Deep Purple en 1976. Il faut dire que plusieurs membres de ce derniers ont continué à collaborer au sein du Serpent Blanc: le leader du groupe n'est autre que le chanteur David Coverdale, le claviériste Jon Lord et le batteur Ian Paice y ont continué leurs carrières. En 1984, année où est sorti ce Slide it in, le big rock est à l'honneur. Des groupes comme Van Halen sont à leur apogée. Le rock teinté de blues des premiers albums de Whitesnake ne satisfait plus son leader. Afin d'assurer la pérennité de son groupe, Coverdale décide de l'orienter vers des voies plus commerciales, tout en ne reniant pas son passé. La première mission de Slide it in sera d'assurer une transition en douceur.

Le groupe, outre Coverdale et Lord, n'est composé que de musiciens aguerris. On y retrouve les fidèles Micky Moody et Mel Galley aux guitares, le vétéran Cozy Powell à la batterie et Colin Hodgkinson à la basse. Pas les musiciens les moins doués du marché! Des professionnels qui sauront s'adapter à la nouvelle orientation de Coverdale.
Et le moins que l'on puisse dire, c'est que ça marche du feu de dieu. On retrouve un hard rock certes conventionnel, mais extrêmement pêchu, le mimétisme avec le Van Halen période Sammy hagar est flagrant. Les gros riffs rock sont là, tout comme la voix caractéristique de Coverdale, toute en puissance. Les claviers typés 80's sont également présents, même si ce n'est pas toujours de très bon goût. Je pense à un titre comme Gambler qui laisse plus que d'habitude Jon Lord s'exprimer: le tout sonne incroyablement daté.
Quant aux autres morceaux, impossible de retrouver à redire: c'est particulièrement bien fait, ça donne envie de taper du pied et c'est bien produit. Du travail d'orfèvre, calibré pour cartonner dans des stades. Guilty of love, All or nothing, Hungry for Love, Slow an'easy ont clairement été conçus pour plaire aux fans de hard rock de l'époque, mais les anciens fans de Deep Purple et des premiers albums du Serpent Blanc peuvent s'y retrouver. La coupure est nette, mais malgré tout, l'aspect bluesy, surtout au niveau des guitares, demeure toujours présent. Bref, prise de risques minimum pour David Coverdale et sa bande.

Un grand album pour Whitesnake en 1984, comme d'habitude. Le changement d'orientation musicale s'est fait en douceur et Slide it in a connu un succès énorme, ce qui n'est pas démérité. Le groupe pouvait envisager l'avenir avec sérénité, et ce n'est pas avec les albums suivants comme 1987 et Slip of the tongue que Coverdale & Co allait se vautrer. Le début d'une grande série qui allait faire oublier la période bluesy du groupe, ce qui est dommage car des albums comme Ready an'willing, ou Saints and sinners sont franchement intéressants. Je ne peux que vous inciter à redécouvrir ces trésors oubliés qui vous feront penser aux grandes heures de Led Zeppelin ou Deep Purple.

mardi 2 mars 2010

Iron Maiden - A matter of life and death

Que peut-on encore sur Iron Maiden qui n'ait pas encore été dit sur ce groupe anglais de légende? Que pour un vieux groupe, ils sont encore très inspirés? Oui, sans aucun doute... Pas pour rien qu'ils sont considérés comme étant le meilleur groupe de heavy metal au monde. C'est vrai que A matter of life and death, paru en 2006 est l'un des meilleurs de la bande à Steve Harris. Mais à vrai dire, rien de surprenant à cela, leurs albums studios sortis dans les années 2000 sont tous des petits bijoux.

Bien sûr, il y aura toujours des râleurs pour dire qu'ils sont devenus chiants avec l'âge. Toujours prévisibles. Je leur dirais qu'ils ont acquis un savoir-faire et une maturité que seul un groupe aussi expérimenté peut avoir. Et de mon point de vue, ils sont certainement plus originaux et inspirés que 98% de la scène heavy metal actuelle.

Au niveau des compositions? Rien à jeter, tout y est excellent. J'ai bien du mal à départager les morceaux, tant ceux-ci sont magnifiques et incroyablement bien interprétés. Les trois guitaristes se sont admirablement bien partagés leurs rôles. Les interventions en solo de chacun des gratteux est calibrée à la seconde près, la cohésion est à son paroxysme. Du grand art.
Steve Harris se fait plus discret que d'ordinaire, mais ce n'est pas pour autant qu'il est moins impliqué: il a en effet contribué à l'écriture des 10 morceaux. Et que dire sur Bruce Dickinson, si ce n'est qu'il semble que le temps n'a aucunement altéré sa voix, toujours aussi percutante... Le travail d'écriture de ce dernier n'est pas moins impressionnant: le thème principal de cet opus, la guerre, a été formidablement bien traité.

J'ai malgré tout mes petits préférés, comme These colours don't run ou Brighter than a thousand suns, qui montrent, si c'est encore nécessaire, que les Anglais ont encore énormément de choses à dire. Et je ne résiste pas non plus à des compositions aussi extraordinaires que The Pilgrim ou au premier single, The reincarnation of Benjamin Breeg.
Pour avoir eu l'occasion d'écouter plusieurs albums pirates enregistrés lors de la tournée qui a suivi cet album, les nouveaux titres ne sont pas moins efficaces par rapport aux plus anciens et ne déplaisent pas aux fans. Alors, ils sont toujours chiants, les vieux?

Iron Maiden nous délivre, une fois de plus, un disque de haute volée qui ne révolutionnera sans doute pas le genre, mais qui s'avère efficace. Si vous avez aimé dans les 80's un album comme Seventh son of a seventh son, le plus progressif des albums de Maiden, alors ce A matter of life and death est fait pour vous. Au fond, quand un groupe avec un tel passé continue à nous procurer autant de bons moments, que peut-on lui reprocher?

Un disque dans la plus pure lignée de Brave new world et Dance of death, qui va ravir les fans du groupe et qui pourra satisfaire les plus curieux qui ne sont pas encore allergiques au metal. Les autres... tant pis pour eux!

lundi 1 mars 2010

ZZ Top - Fandango

Un curieux groupe que ZZ Top. Pratiquant depuis leurs débuts un hard boogie teinté de blues inspiré, leur succès ne s'est jamais démenti, et pas seulement qu'auprès des rednecks du Texas. C'est le genre de musique qui vous donne presque instantanément envie de taper du pied.
Au niveau évolution, ce Fandango, publié en 1975, ne change en rien la voie empruntée par les Texans, à ceci près qu'il nous propose 3 titres live et 6 titres originaux enregistrés en studio.
Disséquons la trentaine de minutes de musique que contient ce disque pour voir de quoi il en retourne...

On commence par un Thunderbird, de facture on ne peut plus classique. Du gros boogie en introduction, pour faire plaisir à un public qui ne demande que ça, il n'y a rien de tel. A noter qu'à l'origine, ce n'est pas ZZ Top qui a écrit ce titre, mais un groupe d'adolescents nommé les Nightcaps. Comme ils n'avaient pas fait enregistrés les droits, ZZ Top s'est accaparé ce titre qui leur va comme un gant. Franchement, on ne se doute pas un seul instant qu'il ne s'agit pas d'une composition du groupe.
On enchaîne avec une reprise (là, ça être difficile de dire que c'est un de leurs titres!): il ne s'agit rien de moins que du Jailhouse rock, qu'un certain Elvis Presley avait popularisé dans les 50's. En tous cas, cette version sur-vitaminée donne la pêche en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Des trois titres live, c'est de loin le meilleur.
Backdoor medley est, comme le nom l'indique, un pot-pourri de plusieurs titres de ZZ Top et une reprise d'un bluesman célèbre, Wilie Dixon (connu pour avoir été pillé à maintes reprises par Led Zeppelin). Parmi les titres originaux, on trouve Backdoor love affair qui figurait sur leur premier album des Texans, ainsi qu'un nouveau titre, Long distance boogie. Un medley sympa, mais qui a tendance à traîner à longueur.

Passons aux titres studio, pour moi les plus intéressants de cet album. On commence avec un Nasty dogs and funky kings, où l'on voit le groupe débouler avec un riff bien gras et une petite pointe funk pas désagréable. Le solo de Billy Gibbons est toujours bon à prendre. Dommage que ce titre soit aussi court. Puis on enchaîne avec un blues poignant, comme ZZ Top sait les écrire, Blue Jean Blues. Comme quoi, même les rockers blancs savent écrire de bons titres de blues quand ils le veulent. Pas que je veuille entrer entrer dans une quelconque polémique entre Blancs et Noirs - je ne mange pas de ce pain là - mais c'est un fait, les premiers bluesmen étaient Noirs.
Balinese est un titre de boogie de facture classique. Je l'imagine bien interprété par le groupe dans un tripot crasseux dans un coin perdu du Texas. Rien de mauvais, mais pas franchement de quoi s'en relever la nuit. Mexican Blackbird est bluesy à souhait, et là encore je m'imagine facilement être dans un bar miteux juste à la frontière mexicaine, en train de regarder s'écouler le Rio Grande. Sympathique, à défaut d'être foncièrement original.
Maintenant on commence les choses sérieuses. Heard it on the X est un morceau ultra-entraînant, efficace, au riff aussi simpliste que sympathique. Le solo de Billy Gibbons est l'un des meilleurs qu'il ait jamais interprété. Le refrain toujours aussi simpliste, donne largement envie de chanter pendant les concert du groupe. Pas étonnant que Pantera, durant ses jeunes années, reprenait régulièrement ce titre. On conclut avec un Tush d'anthologie. Un riff ultra classique et simpliste et un solo magnifique ont rapidement fait de ce titre un classique, un de ceux que le groupe ne peut pas se permettre de ne pas jouer.

Un bon album, sympathique, même si je ne le considère pas come un de mes préférés. Mais ZZ Top n'a jamais sorti de véritablement de bouses. J'ai toujours eu un faible pour leurs premiers albums avec leur production légèrement cradingue qui restitue fidèlement une ambiance au Texas des 70's. Je préfère des albums comme Rio Grande mud, Tres hombres ou Degüello, qui à eux seuls contiennent un lot de classiques impressionnants.
Le rock de ZZ Top n'a jamais fait preuve d'originalité et, l'instar de groupes comme Kiss ou AC/DC, ce n'est pas franchement ce qu'on leur demande. Aucun mal à cela, bien au contraire. C'est leur marque de fabrique et c'est ce que le public veut entendre, donc aucune raison de s'en priver.
Fandango est l'un de leurs albums les plus vendus à ce jour et ce n'est pas immérité. Replongez-vous dans l'ambiance moite des troquets miteux du Texas de l'époque, et tant que vous y êtes, repassez-vous toute la discographie des 70's de ce groupe de légende. Ces albums sont capables de remonter le moral à n'importe qui, mieux que n'importe quel antidépresseur.