mercredi 29 septembre 2010

Scorpions - Sting in the tail


La nouvelle annonçant que Scorpions, après plus de 30 ans de carrière, allait raccrocher les guitares a largement fait l'effet d'une bombe. Le groupe allemand est un pionnier du heavy metal et à ce titre paraissait indéboulonnable, malgré plusieurs faux-pas qui ont émaillé sa carrière. Le groupe a expliqué qu'il préférait tirer sa révérence sur une bonne note plutôt que décliner à petit feu. Intention louable... Le groupe devrait s'arrêter après la tournée qui suit la sortie de leur tout dernier album, Sting in the tail. Alors que dire de ce nouvel opus, sorti en 2010, sans tomber dans l'émotion et restant objectif?

On peut dire tout simplement que l'on ne risquera pas d'être surpris. Dans l'ensemble, les titres sont sympathiques et peuvent plaire aux fans de la première heure tout comme au quidam lambda et à la ménégère de plus de 40 ans...

Je m'explique: dans l'ensemble, Meine, Schenker and Co nous proposent plusieurs titres assez énervés pour plaire à la frange la plus agressive du groupe (dont je fais indubitablement partie), mais continuent à nous proposer quelques compositions plus calme. Je vous l'avais dit, pas de surprise à ce niveau-là. Ce n'est pas après avoir sorti autant d'albums que l'on va changer leurs habitudes, d'autant plus qu'il y a bien pire dans le genre.

On commence avec Raised on rock et Sting in the tail, des titres bien troussés, bien rentre-dedans (enfin, ça reste du Scorpions, les Allemands ne se sont pas mis à faire du thrash, hein!) et on se dit que la renaissance engagée quelques années plus tôt avec l'album Unbreakable est désormais acquise. Une sensation facilement confirmée à l'écoute de titres comme Rock zone, Let's rock ou No limit.

La suite est du même calibre et il n'y vraiment pas de quoi être étonné ni déçu outre-mesure. Scorpions fait bel et bien du Scorpions, et on ne s'en plaindra pas. C'est au niveau des titres plus calmes que l'on peut chercher la petite bête. Lorelei, la première ballade, me laisse dubitatif. Les allemands ont fait bien pire, mais à part rameuter un public plus mainstream, je ne vois pas l'intérêt. The good die young, où figure l'ex-chanteuse de Nightwish Tarja Turunen, me donne la même impression. De même, Sly, soit l'acronyme de Still loving you, me laisse pantois: quand on veut rendre hommage à un tel titre, il faut au minimum s'assurer de la qualité de ce que l'on propose. Mais là, c'est un morceau fadasse qui nous est servi, et c'est vraiment le seul sur lequel je peux dire m'être carrément ennuyé.

Le titre final, The best is yet to come, avec son refrain et ses choeurs, tombent dans facilité, mais c'est un titre sympa. J'ai cependant connu des morceaux concluant des albums de Scorpions bien plus intéressants, je pense notamment à Holiday sur Lovedrive, ou à When the smoke is going down sur Blackout. Bah, je dois déjà être un vieux con qui ne fait que ressasser le passé...

Les trois autres morceaux, Slave me, Turn you on ou Spirit of rock, laisse entrevoir de bonnes idées, mais ces dernières ne me semblent pas totalement abouties. Le résultat? Des titres inégaux, qui auraient pu s'avérer excellents avec un peu plus de travail.

Le bilan de cet album, c'est que Scorpions, après autant de temps en studio et sur scène, reste globalement performant. L'ensemble reste inégal, et le bon côtoie le gnan-gnan, mais si cet opus devait réellement être le chant du cygne de ce groupe de légende, autant vous dire qu'il me laissera une bonne impression. Je me répète, le groupe a sorti des bien meilleurs albums dans les années 70 et 80, mais la qualité de celui-ci reste plus qu'acceptable, surtout en comparaison d'albums pourris comme Eyes II eyes.

Elles sont vraiment coriaces, ces bêtes à pince...

mercredi 22 septembre 2010

Mike Oldfield - Ommadawn


Un grand mystère ce Mike Oldfield... Je n'aurais jamais parié sur le succès immédiat de ce multi-instrumentiste et compositeur de génie. Imaginez: ces premiers albums sont composés de 2 titres (un par face) et sont particulièrement longs, avec des parties extrêmement complexes. Pas la meilleure approche qui soit pour captiver un public... Et pourtant, Tubular bells a été un succès foudroyant (grâce à l'utilisation de la musique pour le film l'exorciste). Le second album, Hergest Ride, déjà chroniqué en ces lignes, a également fait un tabac. Le troisième album devait confirmer que le phénomène Mike Oldfield n'était pas qu'un feu de paille. Le troisième opus, Ommadawn, paru en 1975, va montrer que le génie avait encore énormément de choses à dire.

La musique sur les premiers albums d'Oldfield, c'est la grandiloquence du rock progressif associée à l'aspect planant de la musique new age alors naissante et de la world music. L'avantage avec la musique d'Oldfield, c'est qu'il n'y pas besoin d'avions pour voyager: écoutez cet Ommadawn et vous vous retrouverez tantôt quelque part en Afrique, tantôt dans la campagne galloise ou écossaise.

Oldfield a su se réinventer sans toutefois trop changer sa marque de fabrique. Je m'explique: là où Tubular bells ou Hergest Ridge pouvait agacer par une certaine répétitivité, autant Ommadawn est varié. Bien sûr, les parties sont toujours aussi complexes et Oldfield aime les étirer jusqu'à plus soif, mais ici, cela passe comme une lettre à la Poste un jour sans grève. En fait, je pense que le fait que ce disque soit plus court que ses prédécesseurs aide grandement à sa cohérence et à son homogénéité.

Franchement, pour un type qui n'avait que 22 ans à l'époque, on peut se demander où il allait chercher toutes ses idées. C'est tout bonnement brillant, le disque fait preuve d'une rare maturité. Il n'y a pas à dire, Oldfield, en ce milieu de cette géniale décennie, était l'homme en forme.

Inutile de préciser que le tout est parfaitement produit et que l'album n'a pas trop souffert de l'épreuve du temps. Cela se laisse toujours écouter avec autant de plaisir, même 35 ans après sa sortie. Il est vraiment trop fort, ce type! Et le pire, c'est qu'il a l'air de composer et de jouer avec une facilité déconcertante. Certaines parties de guitares peuvent rendre dingues certains apprentis guitaristes, tant c'est joué avec une précision et un feeling incroyable.

A vrai dire, les titres des trois premiers albums ont rarement, à ma connaissance, été repris. Seul Oldfield semble capable de jouer parfaitement sa musique et d'y insuffler suffisamment de conviction. C'est toute la personnalité d'Oldfield qui transpire le long de ces 36 minutes de musique, celle d'un génie, d'un artiste avec un grand A. Je pense qu'il serait sans nul doute courageux, mais suicidaire d'essayer de se frotter à de telles compositions. Ce mec est un fou, mais un fou bourré de talent et si vous ne me croyez, réécoutez cet Ommadawn. Et tant que vous y êtes, redécouvrez Tubular bells et Hergest Ridge.
Oldfield est indubitablement la rencontre entre le talent, la fraîcheur et l'authenticité.

mercredi 15 septembre 2010

Kiss - Kiss


Kiss: l'un des plus grands groupes de rock. Sans aucun doute. Des hits à n'en plus finir, des moments de bravoure qui resteront gravés à jamais dans la mémoire collective. Et il n'a pas fallu bien longtemps au groupe pour s'imposer, artistiquement parlant. Dès 1974, Kiss s'imposait avec son album éponyme, l'un des meilleurs qu'il ait sorti et clairement l'un des meilleurs des années 70. Il n'y a vraiment pas grand chose à redire sur cet album sur lequel peu de gens auraient parié un kopeck.

Le guitariste Paul Stanley et Gene Simmmons (basse) faisaient partie d'un obscur combo, Wicked Lester. Après le split de celui-ci, les deux compères ont décidé de ne pas se laisser abattre et de fonder l'un des groupes au jeu de scène les plus impressionnants du monde. Après avor recruté un jeune guitariste, Ace Frehley, et un batteur (Peter Criss), le groupe de rock le plus connu de New York compose de nouveaux titres très rapidement. Ces derniers sont tout simplement des tueries. Rien de moins.

Imaginez un premier album composé de 10 titres dont 7 des classiques ultimes. Impossible de trouver à critiquer des monuments tels que Strutter, Cold gin (qui prouve qu'Ace Frehley était aussi doué à la gratte qu'au chant), Deuce (le titre qui va ouvrir les concerts pharaoniques du groupes pendant de nombreuses années), 100.000 years ou Firehouse. Plus de 30 après leur sortie, ces titres sont régulièrement demandés en concert, à juste titre. C'est juste du bon gros rock, certes pas très original avec plusieurs décennies de recul), mais c'est foutrement efficace, ça donne envie de taper du pied comme un dément.

Bon, on peut toujours chipoter sur la pertinence de titres comme Let know, l'instrumental Love theme ou la reprise de Kissin'time (un titre des années 50 écrit par un obscur pionnier du rock américain), mais ces titres font plus figure de respiration entre deux moments forts plus que de tâche.

Incroyable que le disque ait connu un faible succès d'estime, car autant de qualités sur un seul album, ça ne se trouvait pas si facilement, même au cours des prolifiques et magiques années 70. Leur manager, Bill Aucoin, ne devait pas cependant pas se faire trop de mauvais sang: le succès allait finir par pointer le bout de son nez. Cela prendra du temps, mais les efforts ont fini par payer. Avec de nombreuse années de recul, ce premier opus est considéré comme un classique.

Un classique de surcroît très bien produit et qui n'a pas du tout vieilli, ce que l'on n'a pas toujours pu dire au sujet d'autres albums de Kiss. Les titres ont pris toute leur envergure au moment de monter sur une scène, ce qu'a prouvé Alive!, l'album live sorti en 1975.

Un must, une brochette de hits les uns à la suite des autres. Un best-of à presque lui tout seul. Pour un coup d'essai, c'est un coup de maître. Un album brillant que tout fan de rock se doit au moins de connaître.

mercredi 8 septembre 2010

Gary Moore - Back on the streets


Jusqu'au milieu des 70's, Gary Moore était plus connu pour son implication dans Thin Lizzy. Sauf que le sieur a voulu se lancer en solo pour de bon (un premier effort solo paru en 1973 est resté somme toute confidentiel). Et là, je peux tuer le suspense en affirmant que la seconde tentative a été la bonne, tout comme l'illustre ce Back on the streets publié en 1979.

La volonté de se démarquer de Thin Lizzy n'est pas flagrante, je vous l'accorde. Trois titres sur huit sont signés Phil Lynott (mythique bassiste et chanteur de Thin Lizzy pour les plus incultes d'entre vous),lequel joue d'ailleurs sur quatre titres, tout comme Brian Downey (le batteur de.. Thin Lizzy, dans le mille!) Pour le reste, Moore s'est entouré de pointures, dont le fameux clavier Don Airey (actuel Deep Purple) ou le batteur Simon Phillips (qui a entre autres joué avec Mike Oldfield).

L'album débute un tonitruant Back on the streets, magnifique, plein de force, idéal pour ouvrir un concert. Gary Moore provue une fois de plus qu'il est un guitariste sur lequel il faudra compter au cours de la décennie à venir. Il est cependant curieux que le monde du rock a plus retenu le nom de Van Halen ou de Malmsteen et que celui de Moore reste à l'écart...
Un titre génial qui rend les deux titres suivants signés Lynott bien fades... Don't believe a word et Fanatical fascists sentent Thin Lizzy à plein nez, mais ce n'est clairement pas les morceaux les plus inspirés qu'ait écrit Lynott. Je préfère pour ma part passer à Flight of the snow moose, un instrumental péchu et funky, qui me fait invariablement penser au Blow by blow de Jeff Beck. Moore serait un fieffé menteur s'il déclarait ne jamais avoir écouté cet album au moment de la composition de Back on the streets...

Une recette convaincante que l'on retrouve avec toujours autant de plaisir sur Hurricane. Mince, ce mec a dix doigts à chaque main!!! Ce n'est pas humain de jouer aussi vite et surtout aussi bien. Un grand moment qui nous fait oublier Song for Donna, une ballade bluesy trop mielleuse pour me satisfaire... Heureusement que suit un troisième instrumental (trois instrumentaux sur huit, ça fait beaucoup, non? Moore aurait-il eu peur de ne pas être assez talentueux au chant?), toujours aussi agréable à écouter...

Le dernier titre est devenu un incontournable de Gary Moore, à tel point que je croyais que c'était lui qui l'avait écrit. J'ai été presque déçu de m'apercevoir que c'est Phil Lynott qui avait écrit le phénoménal Parisienne Walkways. Une ballade pour le coup hautement inspirée qui transpire le Thin Lizzy par tous les pores. Autant dire que Lynott avait fait là un superbe cadeau à Moore. Indubitablement ce sont Back on the streets et surtout Parisienne walkways qui ont fait connaître à sa juste valeur Gary Moore.

La carrière solo de ce dernier était lancée, il ne restait plus qu'à concrétiser, ce que ce grand artiste a fait au cours des années 80, avec des titres non moins formidables comme Empty room, Over the hills and far away, pour ne citer que les plus "commerciaux" (je déteste cet adjectif hypocrite: je ne connais aucun musicien qui refuserait que ses disques se vendent bien et lui rapportent plein d'argent!)
Une carrière fructueuse allait débuter, et c'est clairement cet album, certes pas dénué de défauts, mais attachant, qui en était le point de départ.

vendredi 3 septembre 2010

Deep Purple - California Jamming


Deep Purple est à ma connaissance le groupe qui a sorti le plus d'albums live au cours de sa carrière. Certains sont devenus des légendes (Made in Japan), d'autres sont sortis dans l'anonymat le plus complet malgré de bons moments (On the wings of Russian foxbat)ou à juste titre (In the absence of pink).
Ce California Jamming, publié en 1996 fait partie de ces disques quasiment inconnus du grand public que seuls les fans acharnés du Pourpre profond, dont je fais partie, prennent le temps d'écouter et d'analyser chaque moment.

Rien que le contexte du festival California Jam, qui s'est tenu le 6 avril 1974 est rock'n'roll. Il y a le rock, le vrai, et il y a tout ce qui s'est passé en coulisses. Je pense notamment au colérique Ritchie Blackmore qui refuse de monter sur scène en avance et qui, in extremis, s'est ravisé... non sans être furieux envers les organisateurs. Blackmore en profitera pour éclater tout ce qu'il y avait sur scène à la fin du show, dont une caméra de télévision venue filmer la prestation du groupe!

La musique, parlons-en: le groupe, malgré un changement de line-up survenu un an auparavant, avait sorti un album extraordinaire, Burn, et les nouveaux venus, David Coverdale au chant et Glenn Hughes à la basse et au chant, n'avaient rien à envier leurs prédécesseurs, que ce soit en studio ou sur une scène. Le groupe semblait plus frais et plus jeune que jamais et cela s'entend: Deep Purple délivre une prestation du feu de dieu. Je vous l'accorde, la qualité du son n'est pas ce qu'il y a de mieux sur cet album (mais c'est déjà nettement mieux que les bootlegs sortis auparavant) mais cela suffit amplement pour comprendre que le groupe était toujours au sommet de son art et qu'il savait tenir une scène mieux que quiconque.

Les titres interprétés sont des classiques archi-connus, mais on ne s'en lasse pas: Burn est bien représenté avec pas moins de 5 titres, dont les fameux Burn, Might just take your life et Mistreated. Ce dernier est gorgé de feeling: la voix de Coverdale y est plus magnifique que jamais. Difficile de rester de marbre devant tant de talent...
Deep Purple a aussi choisi de piocher dans la période Mk2, pour compléter le track-listing de ce concert de légende. On a le droit à l'incontournable Smoke on the water (difficile d'y échapper), le morceau à rallonge The mule (autrement dit une occasion de montrer les prouesses de Ian Paice à la batterie et de procéder à une jam devant plus de 150000 spectateurs, rien de moins!) et le fameux Space Truckin'.
Il faut dire que le groupe a étiré ce titre plus que jamais, et il est intéressant d'entendre Ritchie Blackmore éclater toutes ses guitares sur le matériel, dont la fameuse caméra et un ampli auquel il a littéralement mis le feu! Bref, ce mec était un fou furieux... Vous trouverez facilement les images sur Internet.

California Jamming est donc un album incontournable pour tout fan du Pourpre profond qui se respecte, mais qui mériterait d'être bien plus connu qu'il ne l'est actuellement, notamment pour entendre Blackmore se déchaîner sur le matériel. Une scène tellement culte que le groupe a décidé de publier un DVD du concert, et là je peux vous dire que les fans se sont régalés...
Un grand moment de rock comme on n'en trouve plus beaucoup, à une époque où la rage du rock est trop contenue par des medias durs de la feuille et des maisons de disques trop timorées...