jeudi 25 février 2010

Overkill - WFO

Pour beaucoup, Overkill, c'est la seconde division du thrash. Vision quelque peu réductrice s'il en est, car ce groupe, même s'il n'a jamais atteint les plus hautes sphères comme Metallica ou Slayer, ne démérite pas pour autant. Les New-Yorkais n'ont jamais sorti d'albums pourris, ce qui est déjà un exploit. Difficile de dire ce qu'il leur a manqué pour pouvoir véritablement s'imposer. Je vous propose de revenir aujourd'hui sur ce WFO, publié en 1994, un des meilleurs opus de ce groupe injustement sous-estimé.

WFO, c'est l'abréviation Wide Fuckin' open. En gros, on nous demande d'ouvrir grands nos oreilles. Et franchement, ça serait bien dommage de s'en priver. Dès les premières secondes de Where it hurts, le morceau d'ouverture, on comprend que ça va cogner sévère. Je suis scotché par le son de la basse de DD Verni, que je trouve magnifique. Les guitares semblent être un poil sous-mixées, mais je peux vous assurer que les riffs sont d'une rare intensité, à défaut d'être franchement originaux. La voix de Bobby Ellsworth n'a jamais semblé aussi puissante: ce dernier éructe des vocaux impressionnants qui nous confirment que le groupe ne plaisante plus.
Et on enchaîne avec un Fast Junkie qui met tout le monde d'accord: quel déferlement de puissance et de sauvagerie pour un groupe que l'on disait has-been en 1994. A noter le travail impressionnant du batteur Tim Mallare, qui n'hésite pas à user régulièrement de la double pédale. Et surtout quel solo de gratte, mes enfants... Alex Skolnick de Testament en serait presque jaloux.
Des tueries, il y en a d'autres au cours de cette album de haute volée. Je pourrais vous citer The wait/New high in lows, They eat their young, Under one ou Bastard nation qui valent très largement le détour. Les autres morceaux? Intéressants, même si légèrement moins accrocheurs. Mais en aucun cas il ne s'agit de mauvais titres. C'est juste qu'il est très difficile d'aligner des morceaux de la trempe de Where it hurts en permanence.

Le problème de cet album, et j'irais jusqu'à généraliser en disant le problème d'Overkill, c'est qu'il a manqué à ce groupe une véritable personnalité. Je m'explique: on entend régulièrement des références à Metallica, à Iron Maiden au cours des morceaux. Le problème est moindre sur cet album, mais c'était nettement plus flagrant sur les albums précédents. C'est un peu dommage, car les musiciens ont largement le talent nécessaire pour imposer au public leurs vues. Maintenant, je n'irais pas jusqu'à dire qu'ils carrément "pompé" les groupes que je viens de citer, ce serait exagéré, mais il est difficile de nier cet état de fait.

Overkill nous a pondu en 1994 un album à l'efficacité redoutable, terriblement bien produit, au son compact. Le rendu final est époustouflant et la qualité des titres plutôt homogène. Je l'ai déjà dit et je me répète: j'adore le jeu de basse de DD Verni, particulièrement à l'honneur sur ce disque. Un disque qui a été capable de les faire passer à un échelon supérieur, et ce n'est que justice. De tous les groupes de thrash US, celui-ci est sans doute l'un de ceux qui a le moins connu le succès et c'est injuste. Je vous recommande de vous mettre au goût du jour en réécoutant ce WFO et en savourant plusieurs autres albums, tels Bloodletting, Killbox 13 ou le petit dernier, Ironbound, qui valent largement leur pesant d'or. Ils le méritent amplement.

mercredi 24 février 2010

Obituary - Slowly we rot

Un autre monument de la scène death metal que ce premier album d'Obituary, paru en 1989. Le créneau était déjà bien occupé à l'époque, notamment par Death et Morbid Angel. Pas forcément évident de venir chercher les maîtres du genre sur leur terrain. Et pourtant, Obituary, avec ce Slowly we rot, a su s'imposer avec brio. Il faut bien dire aussi que lorsqu'on est les géniteurs d'un album aussi violent, cru et lourd, difficile de rester inaperçu.

C'est effectivement ce qu'il y a de plus marquant sur cet album, la lourdeur. Prenez le titre éponyme. L'intro elle-même est représentative de tout le reste de l'album. Lorsque le rythme s'accélère, c'est du brutal. Une musique d'hommes... La production est brute de décoffrage, cela peut être perçu comme un défaut, mais en ce qui me concerne, je trouve que cela apporte plus de force aux compositions. Ce qui me marque le plus, c'est le chant de John Tardy, si toutefois on peut appeler cela du chant. On pourrait hésiter avec le qualificatif "cri inhumain". La voix est ici utilisée comme toute autre instrument, une approche du chant plutôt originale.

Les compositions en elles-mêmes sont toujours inspirées et efficaces, même plus de 20 plus tard. C'est plus rageur que jamais. Difficile d'en retenir une plus que les autres, mais en toute honnêteté, aucun des 12 titres figurant ici n'est à jeter, ce qui est déjà pas mal pour un premier opus. Bien sûr, j'ai toujours un petit faible pour des titres comme le sus-nommé Slowly we rot (le premier que j'ai entendu du groupe floridien), 'til death, Internal Bleeding ou Suffocation. Impossible de résister à la force de ces morceaux.

Il faut bien reconnaître qu'Obituary avait créé une nouvelle voie avec son death metal plus sombre et lourd que jamais. Il avait réussi à se différencier des pionniers du style, et je pense que c'est ce qui a fait sa gloire et surtout sa marque de fabrique. Pas mal pour un seul album. Il fallait se dire en 1989 que ce n'était que le début. D'autres pépites allaient suivre, tout comme le fabuleux Cause of death l'année suivante, The end complete en 1992 ou, plus proches de nous Frozen in time (2005) ou Darkest day (2009).

Les lecteurs réguliers de ce blog savent maintenant que je suis un grand fan de ces groupes pionniers qui ont su donner ses lettres de noblesse à la musique extrême. Obituary en fait incontestablement partie, et Slowly we rot est indubitablement un de ces albums fondateurs, un de ceux sans lesquels la musique extrême actuelle serait radicalement différente. Un statut légendaire amplement mérité car étant donné le contexte de l'époque, il n'était pas évident de sortir une telle œuvre. Je ne peux que vous conseiller de vous procurer ce premier opus au caractère historique ainsi que tous les autres albums d'Obituary que je vous ai cités tout au long de cette chronique.

lundi 22 février 2010

Guns'n'roses - Chinese democracy

Ce Chinese Democracy, on peut dire qu'il était attendu de pied ferme. La dernière sortie d'un album studio des Guns'n'roses remonte à 1993 et le moyen The spaghetti incident. Il était presque inespéré de voir dans les bacs ce disque, tant de fois annoncé et autant de fois repoussé.
Et en novembre 2008, il est enfin là... Pour quel résultat? Je serais poli en disant: "tout ça pour ça!"

Déjà, quand j'ai vu la pochette, je craignais le pire. Si le contenu est à l'image du contenant, ça ne va pas être fameux... Finalement, la pochette ne sera pas la pire chose sur cet album.
Les titres? On passe du moyen au médiocre. J'ai même du mal à dire qu'on y trouve de bons titres. C'est tout dire. je précise que cette chronique n'émane pas d'une personne qui détestait farouchement les Guns. Sans être un de leurs fans acharnés, j'aime bien m'écouter de temps à autre un Appetite for destruction.
On commence par les meilleurs titres (oui, je sais, tout est relatif!): Chinese democracy est assez pêchu, mais on ne peut pas dire non plus qu'il atteint des sommets, ce morceau d'ouverture. Rien à voir avec Welcome to the jungle... Pas de quoi fouetter un chat... Better, comme le titre l'indique, annonce un léger (!) mieux. Là, aussi, je ne peux pas dire un futur hymne... Le meilleur titre, de mon point de vue, c'est IRS. Nettement plus inspiré que tout le reste de cet album, il ne manque plus qu'un petit quelque chose pour en faire un titre à la hauteur de la réputation de Guns'n'roses. En étant grand seigneur, j'admets que les ambiances dégagées par Madagascar sont sympathiques, sans plus.
Shackler's revenge, Riad'n the bedouins, If the world ou Scraped se laissent écouter, sans plus. Pas de quoi s'en relever la nuit, mais pas de quoi susciter mon dégoût non plus. Non, le problème, ce sont les autres titres... C'est effrayant de nullité! Les Street of dreams, There was a time, Catcher in the rye, Sorry, Prostitute et This is love. Je n'arrive pas à comprendre où Axl Rose veut en venir. Je peux comprendre que ses goûts personnels en musique aient changé, mais pas à ce point. Ce n'est pas tant le changement d'orientation musicale qui me désole le plus, c'est la vacuité de ces morceaux. Axl Rose a réussi à remplir un album avec du vide... Jamais je ne m'aurais cru capable de dire une chose pareille...

Autant de temps et d'argent pour un résultat aussi indigent... 8 titres potables et 6 titres vides de sens et franchement inutiles, c'est le maigre bilan de ce Chinese democracy. Je n'avais rien entendu d'aussi décevant depuis l'album solo de Gene Simmons de 2004, Asshole, ou alors Eye to eye,l'album que Scorpions a sorti en 1999. Slash, Duff, Izzy, vous pourriez aider Axl à refaire de la vraie bonne musique? Parce qu'à ce rythme-là, Axl va couvrir de honte le nom de Guns'n'roses. Ce disque a réussi à me mettre en colère, c'est une insulte envers ceux qui attendaient impatiemment cet album. Rose a mis en cause par le passé les qualités d'instrumentistes de ses ex-petits camarades, mais seul, il n'a pas fait mieux que ces derniers. Vivement la reformation...

mercredi 17 février 2010

Black Label Society - Shot to hell

Zakk Wylde, guitariste de génie, réputé pour avoir joué pendant plus de 20 ans avec Ozzy Osbourne, qui a toujours eu du bol quand il s'agit de trouver des gratteux d'exception. Mais surtout Zakk Wylde, géniteur du génial projet solo Black Label Society. Un projet varié, capable d'alterner la brutalité pure, avec des albums comme Stronger than death, ou la douceur, comme Hangover music vol VI. Ce Shot to hell, dernier rejeton du père Wylde, paru en 2006, est un bon compromis entre ces deux mondes.

La sauvagerie, Zakk Wylde en a fait largement le tour au cours de ses quatre premiers opus. Les ballades de Hangover Music, qui toutefois ne manquent pas de charme, n'ont pas complètement convaincu les metalleux purs et durs. Pour satisfaire tout le monde, on prend sept titres bien couillus dans la plus pure veine de Black Label Society, et 6 titres très calmes, comme Zakk Wylde sait aussi les pondre.

Commençons par les morceaux bruts de décoffrage... On est ici en terrain connu, Zak Wylde n'innove en rien, mais comme c'est du bon, on lui pardonne volontiers. Il serait dommage de se priver de morceaux comme Concrete Jungle (qui aurait pu cependant avoir un succès à la radio), Black mass reverends, Give yourself to me et Devil's dime. Du gros rock bien lourd à la Pantera, mais on sent aussi que les pionniers fondateurs tels Black Sabbath ne sont pas bien loin. Et quels son de guitares, mes enfants... Unique, reconnaissable entre mille, ce dernier donne envie, plus que jamais, de taper du pied.

Le souci vient plutôt des ballades. Pas qu'elles soient mauvaises en soi, mais six titres, sur un album qui en comporte treize, ça fait beaucoup. Et je fais partie de ceux qui pensent que ce n'est pas vraiment l'élément de prédilection du génial Zakk. Dans l'histoire du rock, il y a eu des ballades extraordinaires et d'autres impressionnantes de mièvrerie. Celles de Black Label Society font malheureusement partie de la seconde catégorie. Autant, il y en avait sur Hangover music qui étaient plutôt sympathiques (même si j'ai toujours autant de mal avec cet album) - je pense à la reprise de Procol Harum A whiter shade of pale - autant celles qui figurent sur Shot to hell m'agacent. Je ne sais pas pourquoi, j'ai toujours autant de difficultés à imaginer Zakk Wylde à chialer sur l'épaule de sa femme. Non, plus sérieusement, je sais bien qu'il en faut pour tous les goûts, mais le père Zakk a tendance à se gaufrer avec ces morceaux sirupeux à souhait.

Ce Shot to hell nous offre de grands moments comme nous n'en avions pas eu de la part de Black Label Society depuis un moment. Le problème, vous l'avez compris, vient des ballades qui, à mon sens, freinent un album qui était bien parti pour cartonner auprès des metalleux. Je me répète, rien de catastrophique en soi, mais je persiste à croire que ce n'est absolument pas l'exercice dans lequel Zakk Wylde excelle le plus. Ce n'est franchement pas ce que j'attends d'un album de Black Label Society. Pour moi, cela doit être de la musique de bûcherons pour les bûcherons, pas de la musique à faire pleurer un grizzly affamé.

Un album recommandable, mais pas le plus indispensable. Après,tout dépend de votre humeur: si vous voulez du costaud, ruez-vous sur Sonic Brew, ou The blessed hellride. Si vous préférez le Black Label Society version soft, Shot to hell, de par sa diversité, vous plaira. Vous aurez facilement compris où je me situe.

Shot to hell, c'est un peu le genre de disques où on peut dire à des non-initiés :"Ah, tu vois ces rockers sont aussi des personnes sensibles!" Mais ce n'est définitivement pas ce que j'attends de ce groupe...

lundi 15 février 2010

Bethzaida - LXXVIII

Relativement méconnu, Bethzaida, le groupe de black norvégien, mérite qu'on s'y attarde. Lorsque je dis black, je devrais plutôt dire black teinté de death et de folk metal. Cette nuance permet de deviner que le groupe n'officie pas du tout dans le même registre que Marduk par exemple et qu'il est capable d'insuffler un minimum d'originalité et de subtilité dans ce monde de brutes. Leur deuxième LP, paru en 1998, laisse place à des ambiances plus diversifiées.

Comme je l'indiquais précédemment, ici, ça ne blaste pas à tout va. L'ambiance est plutôt lourde, mélancolique. Presque un appel du pied à un passé révolu. La flûte du chanteur Lars Ruben Hirsch ajoute un côté médiéval pas du tout désagréable. La voix est caverneuse, les rythmes plombés, le jeu du batteur Terje Myhre Krabol, à défaut d'être particulièrement abouti, est d'une très grande efficacité, et les guitaristes Brian III et Andre Svee sont capables de distiller différents types d'atmosphères. Constat plutôt flatteur, à première vue.
Et que penser des titres de LXXVIII? Parfaitement exécutés, excellente production qui rend justice aux morceaux. Là où le bât blesse, c'est qu'on a parfois du mal à différencier l'un ou l'autre morceau. L'originalité n'est pas ici ce qui prime, on mise plutôt sur l'efficacité et la lourdeur. Quand je dis lourdeur, ce n'est pas du doom non plus... Les titres sont éminemment sympathiques, tels The Blasphemer, Wolf's desire, No regrets before death ou leur premier coup d'éclat, Sumarian Rebirth. Sympathique est vraiment le mot qui convient, je ne peux pas dire transcendant. Et c'est bien dommage, car je suis sûr qu'il ne fallait plus grand chose à Bethzaida pour passer à l'échelon supérieur.

Bethzaida reste condamné à l'underground et a même malheureusement tendance à sombrer dans l'oubli. Plutôt injuste, car il y a bien pire que ce groupe dans le genre. Ce LXXVIII a tout de l'album sympathique, mais cela ne le rend pas indispensable pour autant. Autant dire qu'il s'adresse surtout aux plus curieux d'entre nous. Ce disque allait être leur chant du cygne, puisque peu de temps après la sortie de cet opus, le groupe allait se séparer, faute aux traditionnelles divergences musicales.

Un disque donc recommandable, mais pas de quoi le citer non plus comme une référence ultime.

jeudi 11 février 2010

Black Sabbath - Born again

Black Sabbath, je ne ferais plus l'injure de vous les présenter, j'ai déjà eu l'occasion d'en parler plusieurs fois sur ce blog. Vous avez pu comprendre que j'en suis un fan acharné, au point de posséder et aimer les albums les plus obscurs. A vrai dire, je prends plaisir à vous faire partager ma passion pour ces albums maudits. Des chroniques sur Paranoid ou Black sabbath, c'est facile à trouver. Mais des chroniques sur Seventh star ou ce Born again, c'est déjà beaucoup plus rare.
Pourtant, Born Again, paru en 1983, mérite qu'on s'y attarde, et ce pour de multiples raisons que je vais m'empresser de vous exposer.

Déjà, Born again marque le retour du fils prodigue, le batteur Bill Ward, qui avait quitté le groupe fin 1980 pour raisons de santé. Un nouveau chanteur fait son apparition. Ce n'est pas un parfait inconnu puisqu'il s'agit de Ian Gillan, chanteur mythique de Deep Purple. Un choix qui a stupéfait tout le monde, sachant que Black Sabbath et Deep Purple étaient rivaux dans les 70's. De plus, Gillan n'a jamais été par le côté occulte des chansons de Black Sabbath et a imposé que le groupe joue à chaque concert Smoke on the Water, hymne du Pourpre profond. Hérésie pour les fans hardcore du groupe, qui, pour le coup, a été affublé du sobriquet de Black Purple ou Deep Sabbath. Très subtil...

Pourtant, Gillan possède un organe fort intéressant capable de satisfaire les fans les plus exigeants. Et ses talents de songwriter ne sont plus à démontrer.

Lorsque cet album a été publié, il y a eu de quoi avoir peur: si le contenu est à l'image de la pochette, il y a du souci à se faire. Et la première écoute ne rassure pas: c'est quoi ce son pourri, brut de décoffrage?

Cet album mérite pourtant plusieurs écoutes et là, lorsqu'on découvre la substantifique moelle, c'est un régal. Black Sabbath new look n'a rien perdu de sa puissance. Peut-être un peu moins subtil que la période avec Dio, mais terriblement efficace. Prenez des titres comme Thrashed, Digital bitch ou Hot line. Ce serait de la mauvaise foi de dire que ces titres sont pourris. Ils ne dénotent en rien avec le répertoire passé. C'est bien conçu, des riffs accrocheurs, des soli de Tony Iommi qui bonifient avec les années. Et le chant de Ian Gillan rend le tout encore plus crédible. A vrai dire, je ne vois personne d'autre que lui pour chanter de tels titres.

Et même les titres un peu plus calmes, Disturbing the priest, Zero the hero, Born again ou Keep it warm sont des bombes à retardement: c'est lourd, très lourd, ça ne dépareille pas avec tout ce que Sabbath a pu écrire par le passé. Avec des titres comme ceux-ci, on s'aperçoit que la production colle bien: une production plus propre aurait sans doute réduit à néant le côté sombre que le groupe voulait donner à sa musique.

Les concerts donnés par la nouvelle formation n'ont peut-être pas été les meilleurs que le groupe ait donné, mais pour posséder une bonne quantité d'enregistrements pirates de l'époque, on ne peut pas dire que les membres du groupes y ont mis de la mauvaise volonté. Bon, j'avoue que Smoke on the water par Sabbath, ça fait bizarre, mais après tout, si Tony Iommi et Geezer Butler ont accepté, c'est leur problème.
Ian Gillan, malgré tout, aura du mal à accepter l'album: écœuré par la laideur de la pochette et par la production qu'il juge indigne d'un groupe aussi établi que Black Sabbath, Gillan préfère quitter ce dernier pour reformer Deep Purple et sortir un autre album génial, Perfect strangers.
La suite pour Black Sabbath, j'en ai déjà parlé par le passé, c'est Seventh stars et toute une période d'instabilité chronique.

Je ne connais pas beaucoup de fans de Black Sabbath qui avouera aimer cet album. Et pourtant, c'est l'album qui s'est le mieux vendu depuis Sabbath bloody sabbath sorti dix ans plus tôt. Curieux! En tous cas, c'est pour moi un grand album qui fera le bonheur de fans de groupes actuels tels que Spiritual beggars ou Firebird.

Un grand moment de hard rock à l'ancienne. Avouez que ce serait dommage de s'en priver!

mardi 9 février 2010

Deep Purple - On the wings of a Russian foxbat

Deep Purple, vous avez compris que j'en étais un fan absolu. Je ne vais pas non plus vous présenter le groupe, j'en ai déjà parlé plus à plusieurs reprises sur ce blog. Deep Purple a sorti au cours de sa carrière une quantité impressionnante d'albums en public, de plus ou moins bonne facture. J'aurais pu vous parler du mythique Made in Japan, une référence parmi les albums live, mais je préfère évoquer un album peu connu mais pourtant terriblement jouissif.

Ce On the wings of a Russian foxbat est un enregistrement datant de 1976, mais paru seulement en 1995. Cette année là, le groupe réalisait là sa treizième tournée américaine et c'est au cours de ces dates que les titres de cet album ont été enregistrés. Deep Purple faisait la promotion de l'album Come taste the band, le guitariste du groupe était le génial Tommy Bolin, et le son se voulait funky.

D'ailleurs, pas moins de 4 titres du dernier album sont présents, et pas des moindres: Lady luck est toujours aussi efficace, et je préfère même cette version à l'originale, le solo de Tommy Bolin est adapté à la scène et rend le tout sautillant. Getting tighter sent le funk à plein nez, et je ne vais pas m'en plaindre. Le riff d'intro me fait toujours un effet monstrueux, et en on entend que Deep Purple sait tenir une scène. Love child continue dans cette voie, le titre est rallongé pour que le public puisse profiter de la forme de ces monstres sacrés du rock. Enfin, This time around est toujours autant gorgé de feeling, une bonne pause, tant sur album qu'en live. Glenn Hughes, le chanteur/bassiste y est impérial.

Et pour les autres titres? Burn, en morceau d'ouverture, est ultra-efficace, bien meilleur que l'originale qui est déjà incroyable. Tommy Bolin a su parfaitement s'approprier le morceau et on pourrait croire, pour un peu, qu'il en est le géniteur. Smoke on the water, plus bondissant que jamais, est suivi d'une reprise de Ray Charles, Georgia on my mind, où Glenn Hughes réalise quelques vocalises. Lazy est peut être le morceau du line-up mythique qui me plait le moins. A vrai, je n'en ai jamais été fan car je trouve qu'il est trop laborieux, et cette version ne déroge pas à la règle. Stormbringer est rendu plus funky, rallongé de plusieurs minutes où le groupe remercie ses fans d'être venus assister à la prestation hors-norme de cette légende de la musique. Le morceau final, Highway star, est accéléré, mais reste plutôt fidèle à l'original. Efficace, parfait pour clore un concert et ne pas laisser un public sur sa faim.

A noter aussi que le groupe joue un morceau de l'album solo de Tommy Bolin. Ce morceau, The grind, ne dénote pas avec le reste et est extrêmement funky. Un grand moment de cet album live. Et la reprise de Don Nix, bluesman de Memphis, intitulée Going down est tout aussi excellente, un grand standard du blues rock repris brillamment par un Deep Purple au sommet de son art.

Deep Purple a connu quelques difficultés avec Hughes et Bolin, toxicomanes notoires à l'époque. Les premiers concerts avec cette formation ont été désastreux, notamment ceux en Indonésie et au Japon. Mais le groupe a eu un éclair de génie au cours de cette tournée américaine et ce serait de la mauvaise foi de dire que cet album est nul uniquement parce que le guitariste d'origine, Ritchie Blackmore, n'en faisait plus partie. Un éclair de génie qui malheureusement ne devait pas durer, puisque que moins de deux semaines après la fin de la tournée américaine, Deep Purple annonçait sa séparation, lassé par les problèmes de drogue, les rivalités internes et les ambitions solo de chaque membre.

Cet album est donc un chant du cygne pour le Purple des années 70's, mais si toutes les fins de carrière pouvaient être aussi brillantes, je ne saurais m'en plaindre! Un album grandiose, certes différent du pachydermique Made in Japan, mais pas moins intéressant pour autant. Un album qui prouve également que Purple sans Ritchie Blackmore n'était pas perdu, loin de là.

lundi 8 février 2010

Exciter - Violence & force

A l'instar d'Annihilator, Exciter est un groupe canadien. Le second a sans doute influencé le premier, étant donné qu'Exciter jouait à ses débuts un speed-thrash bien couillu. Leur premier album, Heavy metal maniac, sorti en 1983, constituait une des premières références du thrash, à l'instar de Matallica et Slayer. Face à ce début de succès, Exciter se devait d'enfoncer le clou, il s'en est chargé avec sérieux avec l'efficace Violence & force, paru en 1984.

Au niveau de la musique, les musiciens ont gardé la même recette, du thrash fortement teinté de heavy, une voix aiguë, des riffs de bûcherons, une production légèrement crade. Tout juste peut-on remarquer sur certains titres un léger ralentissement, mais celui-ci n'est pas consécutif à un manque d'inspiration, au contraire. Le tout n'est certainement pas très original, surtout avec plus de 20 ans de recul, mais je n'ai aucun doute sur l'effet que cet album devait faire sur les metalleux de l'époque.

Une entrée en matière parfaitement exécutée, des morceaux rentre-dedans comme Violence & force, Evil sinner ou Destructor, des titres un poil plus calmes tels les fabuleux Scream in the night, Pounding metal ou l'entêtant War is hell composent cet album malheureusement peu connu. Plus généralement, il faut bien reconnaître qu'Exciter possède l'image de ce groupe maudit, kitsch. J'avoue que c'est l'image que j'en avais, moi aussi. Et pourtant, j'ai dû me résoudre à jeter mes préjugés aux oubliettes, car cet album et son prédécesseur sont tout sauf mollasson et peu inspiré.

Reconnaissons aussi que les musiciens ne sont pas mauvais non plus. Admirez un peu: Dan Beehler au chant et à la batterie est le principal compositeur. Sa voix n'est peut-être pas la meilleure du circuit, mais elle fait passer le message à la perfection et le jeu de batterie est extrêmement percutant et convaincant. John Ricci est sans conteste le meilleur instrumetiste du groupe: ses riffs sont très inventifs et ses soli plus qu'inspirés. Et le bassiste Allan Johnson a un jeu d'une grande qualité, même si trop discret par moments.

Ce Violence & force est un album de première ordre, sans prétention, mais qui fait mouche sans trop de difficultés. Avec une meilleure production, il aurait peut-être pu connaître le succès de ses glorieux contemporains, ce qui n'aurait pas été immérité. A mon sens, cet album est le dernier véritablement intéressant que ce groupe ait créé, malgré quelques disques honnêtes, sans plus. Un potentiel gâché par des tensions internes, des choix de carrières hasardeux. Dommage.

En tous cas, je ne peux que vous recommander de vous replonger dans les deux premiers albums de ce groupe culte. Les années 80 débordaient de groupes cultes peu connus dont vous ne soupçonniez ni le talent, ni l'existence. En voici la preuve.

vendredi 5 février 2010

Bulldozer - The day of wrath

Bulldozer, un nom qui ne doit pas vous dire grand-chose. Ce groupe italien est toujours resté dans le seconde division du thrash, mais est considéré par les initiés comme un des fondateurs du metal extrême. Certains qualifieront leur style de proto-black metal, d'autres diront que c'est du speed-thrash. Les deux points de vue se valent. Ce premier album, paru en 1985, est toujours resté dans l'ombre de ses illustres contemporains. Il est grand temps de l'en sortir.

Le gros défaut de ce groupe, c'est sa nationalité. Sortir le manuel du petit sataniste en Italie, pays catholique par excellence, c'est loin d'être évident à assumer. La pochette est clairement une allusion à la religion qui est omniprésente dans ce pays.

Du point de vue musical, on n'est pas en terrain inconnu. L'ombre de Venom n'est loin du tout. La musique des groupes se ressemble à s'y méprendre. On y retrouve les mêmes thèmes (religion, alcool), le même son, les mêmes riffs. Donc pour l'originalité, vous repasserez plus tard.
Cela fait-il de cet album un mauvais disque pour autant? Non. Il y a bien pire comme référence. Certains titres sont franchement pas mal du tout et, à peu de choses près, on pourrait dire que le disciple dépasse le maître. Ecoutez par exemple Cut-throat ou The great deceiver. C'est bien plus couillu et inspiré que du Venom. D'autres titres sont plus kitsch, comme le titre d'ouverture, The exorcism, où l'on entend un prêtre pratiquer en latin un exorcisme, puis la bête se réveille avec une guitare assourdissante. Pas mauvais, mais cela sent le réchauffé. Dans le même ordre d'idée, j'ai l'impression que les deux derniers titres, Welcome Death et Endless Funeral, ont été bâclés. Cela donne l'impression désagréable de déjà-entendu.

Sur les 9 titres de cet albums, 2 sont exceptionnels, 4 fort sympathiques, 1 kitschissime et deux pas terribles. Pas forcément évident d'attirer le chaland avec cela. Mais je trouve absolument scandaleux que ce groupe ait été à ce point plongé dans l'oubli. Peut-être pas le plus essentiel de tous les groupes fondateurs, tels Venom, Sodom, Bathory ou Possessed, mais cela reste malgré tout un album culte que tout metalleux curieux se doit d'avoir écouté. D'autant plus que cela n'a pas trop mal vieilli et que l'ensemble est correctement interprété, ce qui n'a pas toujours été le cas avec les premiers Venom. Le chateur/bassiste AC Wild, le guitariste Andy Panigada et le batteur Don Andras n'étaient pas sans potentiel, loin s'en faut. Il leur manquait peut-être un peu de maturité au niveau de l'écriture.

Ce disque n'est pas forcément des plus faciles à vous procurer, mais à mon sens, il vaut largement la peine qu'on s'y attarde. Vous me comprendrez aisément une fois le disque sur votre platine...

jeudi 4 février 2010

Mayhem - Grand declaration of war

Mayhem est un groupe de black metal norvégien qui, dès sa formation, n'a pas cessé de faire parler de lui en alimentant la controverse, que ce soit au point de vue extra-musical (affaires de meurtre, suicide, églises brûlées) ou strictement musical, avec des albums déroutant beaucoup de monde, même les plus grands fans du groupe. Je ne vais pas revenir sur toutes ces histoires sordides, vous trouverez tout ce qu'il vaut faut sur le Net, mais je souhaiterais m'attarder plus longuement sur Grand Declaration of war, album paru en 2000.

Mayhem avait annoncé avant la sorti de ce disque un album surprenant, et ils n'ont pas menti, les bougres. Déjà, la meilleure formation s'est regroupée pour pouvoir accoucher du meilleur album possible: Maniac au chant, Blasphemer à la guitare, Necrobutcher à la basse et le génial Hellhammer à la batterie. Rien de moins. Ça ne pouvait laisser présager que de bonnes choses.

Comme d'habitude, le son est froid, glacial. Normal pour un groupe de black norvégien. Mais dès les premières notes, on comprend que le groupe a évolué, est devenu plus technique. Le morceau d'ouverture, A grand declaration of war avec son riff d'anthologie et sa batterie martiale est impressionnant, le chant est soit hurlé, soit scandé avec une voix claire. Ça, c'est pour le moins surprenant. Le tout nous donne une atmosphère glauque à souhait.
In the lies upon you lay et A time to die sont tout aussi magistraux, Hellhammer y est impérial, Blasphémer est bluffant, le chant scandé de Maniac continue à être étonnant. Pas que ce soit mauvais, mais ce n'est pas non plus le type de chant qu'on attendait de Mayhem.
Puis viennent les deux parties de View from nihil, où Hellhammer écrase littérallement la concurrence avec es roulements de tambour. On revient en terrain connu, le chant de Maniac est à nouveau hurlé, l'apocalypse n'est pas loin. La seconde partie est plus calme, comme annonciatrice d'un changement.
A bloodsword and a colder sun, également en deux parties est surprenant à plus d'un titre. On commence par un texte murmuré par Maniac, puis, lorsque la musique arrive, on entend quelque chose de synthétique, électronique, froid, très calme. Comme si Marilyn Manson était dans les parages. Curieux. Déroutant surtout.
Heureusement, Crystalized pain in deconstruction remet les choses à leur place. Rien à redire sur ce titre, très puissant, de facture plus classique.
Completion in science of agony part I se veut très sombre, par moments on pense au titre Black Sabbath, issus du groupe du même nom. Lourd, très lourd. Pas mauvais, mais glauque, pas dans les habitudes de Mayhem.
To Daimonion est un titre décomposé en 2 parties assez curieuses. La première est assez classique, mais la seconde représente 5 minutes de silence. Drôle de concept...
L'album se conclut par un instrumental, Completion in science of agony part II, pas mauvais en soi mais sans véritable originalité. Cela nous permet de nous remettre de tous ces moments de sauvagerie pure, de dépression, et de ces minutes de silence.

Comme je l'avais indiqué auparavant, Grand declaration of war a été un album décrié par de nombreux fans qui s'attendaient à une resucée de De Mysteriis Dom Sathanas. Autant le dire tout de suite, les deux albums sont radicalement différents, avec leurs qualités et leurs défauts respectifs. Il faut juste avoir l'esprit très ouvert et le cœur bien accroché pour apprécier Grand Declaration of war. Une fois l'album parfaitement assimilé, ce dernier vous procurera beaucoup de satisfaction. Par contre, si vous êtes assez obtus, passez votre chemin.

Inutile de vous préciser que j'adore ce disque, même si paradoxalement, je ne l'écoute que trois ou quatre fois dans une année. Il faut avoir une humeur particulière pour apprécier ce concentré de haine, et cette humeur, encore heureux pour moi, je ne l'ai pas tous les jours!

Je trouve cet album génial, un des meilleurs de la scène extrême paru au cours de cette décennie. D'autres le trouveront carrément merdique. Choisissez votre camp, mais faites au moins l'effort de l'écouter plusieurs fois avant de vous faire une opinion tranchée.

mercredi 3 février 2010

Dimmu Borgir - Stormblast


Dimmu Borgir est actuellement le fer de lance de la scène black metal. Ce groupe norvégien a cependant démarré d'assez bas, lorsqu'on considère leur premier album For all tid (que j'aime pourtant beaucoup). Le groupe n'avait pas encore un personnalité très affirmé, et surtout des moyens assez faibles. Heureusement pour eux, la suite allait être nettement plus glorieuse. Leur second album, Stormblast, paru en 1996, nous montre un groupe qui a su se remettre en cause.

Leurs débuts étaient sans doute bien moins symphoniques et beaucoup plus atmosphériques. On sent tout au long de l'album que la mélancolie n'est pas loin. C'est, selon moi, ce qui fait son charme. Etant donné les faibles moyens dont les membres du groupe disposaient, on peut considérer que Stormblast est bien produit et très bien arrangé, quoiqu'en pensent leurs géniteurs.

La mélancolie et le froid norvégien se ressentent dès les premières notes du magnifique Alt lys er svunnet hen. Les claviers, au début, se font particulièrement raffinés et classieux, et lorsque les guitares déboulent, c'est l'apothéose. J'adore ce titre, un mélange très subtil de force et de finesse. Et la suite est du même acabit: Broderskapets ring suit exactement le même schéma, et je ne vais pas m'en plaindre. Le titre Sorgens kammer est également splendide, undes meilleurs morceaux de toute la carrière de Dimmu Borgir.
A noter que le groupe s'est fendu de deux morceaux plus agressifs que tout le reste: Antikrist et Dodsferd est nettement plus colériques que dépressifs, et ce changement nous fait le plus grand bien.

Dès le deuxième album, Dimmu Borgir a su affiner sa technique de composition et cela fait une très grande différence avec For all tid. Shagrath a su affirmer sa personnalité au chant, c'était là l'écueil le plus marquant de leur premier album. A la batterie, Tjodalv abat un boulot formidable: ce dernier est pour moi le meilleur batteur que le groupe ait eu, et pourtant des mecs incroyables derrière les fûts, il y en a eu beaucoup (Remarquez, je ne considère pas Hellhammer comme un membre permanent, du moins pour l'instant).

Un grand album, qui en a appelé bien d'autres, comme Enthrone darkness triumphant, Spiritual black dimensions ou Deathcult Armageddon. Notez que Stormblast a été réenregistré en 2005 car Shagrath et Silenoz, respectivement chanteur et guitariste, avaient toujours trouvé cet album mal produit. Je ne suis pas franchement d'accord avec eux et préfère le charme de la version originale.

Stormblast reste un grand album et je vous le recommande, celui-ci fait partie de mes albums de black préférés des 90's. Et je vous recommande les autres albums que j'ai pu vous citer au cours de cette chronique, tant ceux-ci s'avèrent essentiels. Tout simplement.

lundi 1 février 2010

Suicidal Tendencies - The art of rebellion

Suicidal tendencies a su se montrer d'emblée très persuasif et accrocheur, avec des albums majeurs tels que Join the army (que j'avais déjà évoqué dans ce blog) ou le monstrueux Lights Camera Suicidal. Ce dernier avait littéralement conquis les fans de metal. Au moment de composer un nouvel album, Suicidal Tendencies a dû avoir en tête le souci de réitérer le formidable impact de cet album. Et le mieux, c'est qu'ils vont y parvenir plutôt facilement, avec ce The art of rebellion, publié en 1992.

La formation se composait à l'époque de l'incontournable chanteur Mike Muir, dont la voix se fait plus claire et posée mais toujours aussi efficace. Aux guitares, on retrouve la fantastique paire Rocky George (à la lead) et Mike Clark (à la rythmique). La basse est tenue par un certain Robert Trujillo (futur Metallica), et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'est pas sous-employé. Et aux fûts, on retrouve Josh Freese, un musicien de session fort connu pour avoir joué avec bon nombre de groupes réputés, Guns'n'roses et Nine Inch Nails entre autres. Bref, une dream team...

Et les compositions s'en ressentent. Le groupe se trouve dans une forme olympique et nous le fait savoir. Aucun des 12 titres composant The art of rebellion n'est mauvais, ce qui est déjà une prouesse remarquable en soi. Le tout est du Suicidal Tendencies typique, mais le groupe y a rajouté de la subtilité, ce qui fait que l'album doit être écouté plusieurs fois pour être apprivoisé.

Prenez le titre d'ouverture, Can't stop. Tout est dit: une intro tout en douceur, où la basse de Trujillo et la voix de Muir font des merveilles, puis interviennent des guitares rageuses. On aboutit à un solo bref mais dantesque pour conclure de même manière que cela avait commencé: tout en sobriété. Décrire tous les titres serait fastidieux, mais je ne peux qu'être admiratif devant le travail accompli par tous les musiciens. Je vous recommande en particulier des titres furieux comme Monopoly on sorrow (tout en finesse, mais puissant à la fois), We call this mutha revenge (rageur comme il se doit, magnifique travail de Trujillo), et la triplette I'll hate you better, Which way to free?, It's going down, où la créativité des musiciens se révèle à son paroxysme.

L'entente au sein du groupe est parfaite et cela s'entend. C'est parfaitement composé, et le jeu de chaque musicien est impeccable. C'est la première fois que j'entendais Robert Trujillo, et je me suis immédiatement dit: "Mais pourquoi ce type n'est pas plus connu?", tant sa prestation m'avait laissé sur le cul. Mike Muir est moins agressif, mais ce qu'il perd en force, il le regagne en subtilité, et ce n'est pas un mal. Idem, les guitares sont certainement moins tranchantes que par le passé, mais les capacités de George et Clark ont été décuplées.

Un des meilleurs albums parus au cours de cette décennie. Un album tout bonnement incroyable. Le meilleur album des Suicidal Tendencies, indubitablement. Je ne peux guère faire plus élogieux. Messieurs, chapeau bas...

Pour paraphraser une réplique de Wayne's world, film cher pour bon nombre de metalleux, à côté de cet album, on se dit: "on est tout petit, on le mérite pas!"