mercredi 25 mai 2011

Lenny Kravitz - 5


Après les succès de Are you gonna go my way et de Circus, il était indéniable que Lenny Kravitz était l'un des artistes les plus en vogue du moment. Inutile de préciser que l'album à venir était attendu au tournant. La question que l'on pouvait légitimement se poser était la suivante: allait-il sortir un disque dans la même veine que ses prédécesseurs ou allait-il nous surprendre? 5, nommé ainsi car il s'agissait du cinquième album de l'Américain, a effectivement réussi à surprendre son public. Retour en 1998.

Là où pensait que Kravitz allait poursuivre dans une veine rock à la Jimi Hendrix, on trouve plutôt des ambiances funk. Et dans ce domaine (comme dans tout autre style musical, me direz-vous), il y a à boire et à manger. Là encore, Kravitz s'est inspiré, tant qu'à faire, des meilleurs. Live, le titre d'introduction, donne le ton: c'est du funk, avec des riffs de guitare et de basse très inspiré par ce courant musical, et on retrouve même des cuivres, utilisés avec intelligence. Le schéma de ce morceau, on le retrouve à plusieurs reprises sur cet album dans différents morceaux, avec autant de bonheur: je pense notamment à Supersoulfighter, à It's your life ou à l'instrumental de haute volée, Straight cold player. Sur ce dernier, la guitare n'est là que pour l'ambiance, ce sont clairement la basse et les cuivres qui prennent leurs aises.

Comme d'habitude, Kravitz a su nous pondre des tubes dont lui seul a le secret: le sympathique Black velveteen, la ballade If you can't say no (je me rappelle que Kravitz avait à l'époque joué sur ce morceau sur le plateau de Nulle part ailleurs, dont l'émission couvrait le Festival de Cannes). Kravitz m'avait bluffé car celui-ci, qui jouait du synthé, est passé sans coup férir à la guitare avec la même maestria. Balèze! Bien entendu, la postérité a retenu le splendide I belong to you (Kravitz a du en conquérir des filles avec ce titre) et surtout Fly away, magnifique, avec un riff très inspiré et diablement efficace. Le genre de morceau que vous écoutez une fois le matin et qui ne vous quitte plus pendant la journée.

Le reste, ce sont des titres calmes à mid-tempo, qui ont moins marqué les esprits, certains à juste titre, comme Can't we find a reason, Take time ou Thinking of you, pour d'autres c'est moins évident, tels les sympathiques You're my flavor ou Little girl's eyes.

Cet album n'a toutefois pas su captiver les critiques, Kravitz se prenant cette fois-ci une volée de bois vert. Pas grave, le public a suivi et c'est plutôt mérité. Je pense que 5 est sans doute un cran au-dessous de ses deux géniaux prédécesseurs, principalement à cause de titres comme Take time, mais le reste est franchement intéressant. Evidemment, si on s'attendait à retrouver ce qui faisait le charme des deux albums précédents, on est loin du compte. Mais un artiste comme Kravitz est obligé d'évoluer sous risque de lasser rapidement.

Kravitz a annoncé à maintes reprises qu'il avait l'intention de sortir un album de funk. Pour moi, il a déjà accompli la moitié de cette tâche, avec brio de surcroît. 5 reste un bon album, plus qu'honnête, et il mérite plusieurs écoutes attentives pour pouvoir être apprivoisé.

mercredi 18 mai 2011

The Knack - Get the knack


The Knack. Le groupe d'un seul titre, My Sharona. Et pourtant, ce groupe américain, qui a débuté sa carrière à la fin des 70's, en a sorti des albums, et pas des moindres. Difficile de comprendre ce qu'il leur a manqué pour égaler les plus grands. Publié en 1979, Get the knack, le premier opus de ce combo sous-estimé, reste de loin leur meilleur.

Pourtant, quand un album contient un titre aussi bon que le sus-nommé My Sharona, on peut penser que l'on va décrocher la timbale. Certes, l'album a connu un succès d'estime, mais rien de comparable par rapport au potentiel de ce combo. En fait, My Sharona a en quelque sorte fait le malheur du groupe, car il a focalisé l'attention du public sur ce titre, et le même public a superbement ignoré le reste.

Car le reste, ce sont des chansons bien rock, bien écrites, bien produites (cela ne sonne jamais daté et le son des instruments, spécifique, fait le charme du groupe) et bien interprétées par un groupe au sommet de son art. La paire Doug Fieger (chant guitare) et Berton Averre (guitare lead) constitue une fameuse paire de songwriters difficilement égalable. D'ailleurs, après la séparation du groupe, les deux musiciens ont été régulièrement sollicités pour écrire des chansons pour d'autres artistes.

La force de The Knack, c'est de savoir écrire des titres rock tout en finesse mais qui conservent suffisamment de gnaque pour pouvoir intéresser les fans de rock plus couillu. Malheureusement, cela n'a pas suffi.

Difficile, en toute bonne foi, de retrouver quelque chose à critiquer sur la qualité intrinsèque de ces titres, si ce n'est qu'ils donnent vraiment l'impression de tous sortir du même moule. Mais c'est en fait le style Knack: du rock à la limite de la pop, des titres tournant autour des trois minutes en moyenne qui peuvent plaire à tout amateur de rock qui se respecte.

Reste le cas My Sharona. "Un riff tellement simple qu'il en est crétin [...] ça fonctionne très bien, c'est accrocheur et bien fait et le solo de guitare est superbe." (Kirk Hammett, Metallica). Je n'aurais pas mieux dit. Tout y est, pas la peine d'en rajouter!

Get the Knack reste un album qui mérite toute l'attention qui lui est due, et non pas seulement à cause de My Sharona. Cet exploit, The Knack n'a jamais su le reproduire sur les albums suivants: pourtant, un disque comme But the little girls understand n'est pas moins bien réalisé que ce premier opus. Vraiment, il y a des injustices que je n'arrive pas à comprendre. Si vous vous prétendez fans de rock et que vous disposez de deux oreilles en état de marche, réécoutez les disques de The Knack, ils ne vous décevront en aucune manière.

mercredi 4 mai 2011

Kraftwerk - Radio-Activity


Après un Autobahn de haute volée, il était entendu pour Kraftwerk qu'il fallait réitérer la performance, à savoir être innovant et original. Pour cet OVNI musical (du moins à l'époque c'était un OVNI),le pari était loin d'être gagné. Difficile de susciter un intérêt auprès du public avec une musique qui à l'époque était considérée comme des plus expérimentales. Mais c'est avec ce genre d'artistes que le monde de la musique progresse et explore de nouveaux horizons.
Pour Radio-Activity, publié en 1975, Kraftwerk décide d'aborder les thèmes de la radioactivité, des ondes radio et de l'électricité. Des thèmes en rapport avec le nom du groupe: Kraftwerk signifiant pour les moins germanophones d'entre vous "centrale électrique." Des thèmes abordés avec un peu d'humour, comme en témoignent les jeux de mots sur plusieurs titres, mais avec beaucoup de noirceur, à l'image de la pochette du disque.

Franchement, je n'aurais pas aimé être chargé la promotion de ce disque. Pas évident à défendre. Par rapport à Autobahn, qui avait un thème somme toute accrocheur même si répété jusqu'à l'écœurement, Radio-activity est un album particulièrement difficile d'accès. Kraftwerk va pousser le concept jusqu'au bout en incluant une introduction et des intermèdes aux noms parfaitement évocateurs (Geiger counter, Intermission, News, Uranium ou Transistor). C'est la noirceur qui prédomine, mais on ne peut nier que le duo Ralf Hütter/Florian Schneider a peaufiné jusqu'au plus petit détail pour illustrer en musique les thèmes qu'il a décidé d'aborder.

Heureusement que les titres chantés arrivent à faire oublier ce côté sombre. Je pense à des titres comme Radioactivity, Radioland, Ohm sweet ohm (oh, le beau jeu de mots) et surtout à Airwaves. Grâce à quelques notes de claviers et quelques mots en anglais et en allemand, on arrive à créer une chanson très inspirée et extrêmement accrocheuse. Comme quoi, le sage n'a pas besoin de déblatérer pendant des heures,
quelques mots seulement suffisent! Airwaves est une bouffée d'oxygène très appréciable car, il faut bien le reconnaître, cette noirceur devient oppressante, presque malsaine. Je ne sais pas si des groupes gothiques se sont déjà inspirés de cet album, mais si ce n'est pas le cas, ils devraient s'y intéresser fortement!

Le défaut de cet album, en dehors du fait qu'il est particulièrement sombre, c'est qu'il est coincé entre deux pavés du genre, Autobahn et Trans-Europe Express. Ce n'est pas que Radio-Activity soit mauvais, très loin de là, mais il lui est très difficile de rivaliser avec ces deux monuments de la musique électronique. La recherche sonore y bat son plein et, étant les moyens mis à leur disposition à l'époque, Ralf Hütter et Florian Schneider ont su encore une fois innover, quitte à sortir une fois de plus des sentiers battus. Et rien que cela mérite d'être salué tant ce genre de démarche est trop rare de nos jours.

Le duo de Düsseldorf est indubitablement un pionnier de la musique électronique et il est évident qu'un nombre incalculable de groupes de la décennie suivante leur doit beaucoup. Alors même si ce Radio-activity est tout sauf facile d'accès, il mérite incontestablement son statut de classique et il convient de le respecter comme tel.