mercredi 25 avril 2012

Slade - Alive!

Slade, pour beaucoup de gens, c'est le glam. Ce n'est pas entièrement faux, mais malheureusement pour moi, j'ai un peu de mal à classer ce groupe dans cette catégorie, contrairement à T.Rex ou Roxy Music. En ce qui me concerne, Slade, c'est du rock, ni plus ni moins. Les influences du groupe sont rock, le groupe a l'attitude rock, donc pas la peine de chipoter... D'ailleurs, du rock qui a pour unique but l'entertainment. Ici, le plan, c'est : on arrive, on joue à fond et on laisse tout le monde sur le cul. Tel Hannibal Smith de l'Agence tous risques, j'adore qu'un plan se déroule sans accrocs. Et il n'y aura pas de problème, Slade étant un groupe taillé pour la scène.

Ce Slade Alive! nous montre un groupe dans ses meilleurs moments, et en pleine forme, et nous fait partager ses influences. 8 titres, dont 4 reprises. Du Ten years after (le groupe qui a interprété I'm going home), du Lovin'spoonful, du Bobby Marchan (un pionnier du rock des 50's) et du Steppenwolf.
On commence par la reprise de Ten years after, Hear me calling, parfaite en morceau d'introduction. Ten years after aurait mérité d'avoir plus de succès, et cette version leur rend justice. In like a shot from my gun montre que Slade est un excellent groupe qui n'est pas doué sur scène qu'avec les chansons des autres. Darling be home, reprise de Lovin' Spoonful constitue le véritable point noir de cet album. Une petite ballade qui n'apporte rien avec sa mièvrerie et qui a eu le don de m'ennuyer dès la première écoute. Dommage.
Know who you are et Keep on rocking nous montrent qu'il fallait compter sur Slade et que ces derniers étaient capables de nous composer des petites bombes, fortement inspirées par le rock des 50's et 60's. Du rock, il en sera encore question avec Get down with it, la reprise de Bobby Marchan. Un des meilleurs moments de ce disque en public, où le chanteur Noddy Holder est en pleine osmose avec le public.
Mais l'apothéose, c'est assurément avec Born to be wild, reprise de Steppenwolf. L'originale est déjà magnifique, la version live sur Steppenwolf Live est aussi fabuleuse, mais Slade a réussi le tour de force de la rendre encore plus sauvage et vicieuse. Ce sont huit minutes de bonheur à l'état pur. Après un titre comme celui-ci, j'imagine que le public doit être assommé par une telle démonstration de puissance et de talent.

Ce live, publié en 1972, est considéré comme l'un des tous meilleurs jamais sortis. Et c'est mérité. Peu d'albums live ont réussi à me coller une telle rouste, peut-être moins de dix ça c'est certain.
J'admets que Slade n'a sans doute rien inventé,ça ne vole pas haut, mais venant de la part d'un groupe de rock, ce n'est pas ce qu'on demande. On veut juste du rock, le reste on s'en fout.

Inutile de dire qu'avec ce Slade Alive, vous allez être servis!

mercredi 18 avril 2012

David Bowie - Let's dance

David Bowie est tout de même un sacré génie. Il aura abordé tous les styles avec classe, que ce soit le rock, avec The man who sold the world, le glam avec Ziggy Stardust, le funk avec Young Americans ou la musique électronique avec Heroes. Mais il faut reconnaître que Bowie, en comparaison avec ce qu'il a apporté à la musique, est un nain commercial (tout est relatif, je vous l'accorde). Il fallait un album qui puisse rapprocher Bowie avec le public, lui qui n'a pas trop adhéré à la trilogie berlinoise, pourtant de grande valeur.

Ce disque, ce sera Let's dance. Ce dernier comprend trois titres très connus qui, même s'ils ne font pas partie de ceux les plus élaborés, restent de grande classe. Parmi ces tubes, on trouve le fameux Modern Love, en premier lieu, une mélodie entraînante, facilement mémorisable, taillée pour passer dans les discothèques de l'époque. China Girl est une nouvelle version de la chanson coécrite avec Iggy Pop pour l'album The idiot de ce dernier. Je vous laisse libre de choisir la version que vous préférez, la question fait débat depuis longtemps, et chaque camp a des arguments valables.
Et enfin, le titre qui a imposé Bowie, le tube interplanétaire Let's dance. Impossible que vous ne l'ayez jamais entendu. Plus de 20 ans après, ce titre reste l'un des préférés des programmateurs de radio et, il faut bien le reconnaître, a plutôt bien vieilli.

Le bât blesse au niveau des 5 autres titres, qui me donnent l'impression d'être des chutes de studio. J'imagine bien Bowie se dire: "Je n'aime pas ces prises de Let's dance, Modern Love et China Girl. Mais je pense qu'en modifiant les paroles, le rythme de telle ou telle partie, en modulant ma voix, je pourrais donner le change." Bref, sans être mauvaises, ces chansons sont inférieures au répertoire sophistiqué de Bowie. Malheureusement, nous arrivons dans sa période commerciale, et on ne peut pas dire que ce soit la meilleure phase de sa carrière. L'album suivant, Tonight, me conforte dans cette idée, et il faudra attendra les 90's pour que Bowie ressorte un disque de bonne qualité.

Bref, le dernier bon album de Bowie des années 80. Dommage qu'il se soit contenté d'un album avec trois hits et 5 titres de remplissage. Si vous souhaitez du bon Bowie, vous pouvez vous ruer sur les disques cités ci-dessus. Ma préférence va tout de même pour Young Americans ou The man who sold the world, mais globalement, il n'y a pas d'albums maudits pour David Bowie en cette décennie 70.

mercredi 11 avril 2012

Uriah Heep - Very 'eavy, very 'umble

La fin des sixties a démontré, avec des groupes comme Led Zeppelin, qu'une révolution était en marche et qu'un son plus dur allait régner sur la décennie suivante. Et c'est effectivement ce qui est arrivé dès 1970, avec la publication d'albums tels que l'album éponyme de Black Sabbath ou In rock, de Deep Purple. Pour son premier album, Uriah Heep s'est quelque peu inspiré du Pourpre profond.

La légende veut en effet que les salles de répétition des deux groupes étaient attenantes, et le moins que l'on puisse dire, c'est que les murs ne devaient pas être bien épais! On y retrouve, au niveau du son, un orgue omniprésent et des guitares tranchantes savamment distillées au long de cet album, paru lui auss en 1970.

Malgré tout, ce groupe a une personnalité propre. Les influences sont plutôt évidentes, mais pour un premier album, ce n'est pas trop anormal. Après tout, le premier album de Deep Purple n'était-il pas largement influencé par Vanilla Fudge et ne comportait-il pas trois reprises? Alors, oui, Uriah heep a peut-être piqué des idées de riffs ou de mélodies à Blackmore, Lord et Cie, mais emprunter des idées, ça ne suffit pas pour faire un bon album. Faut aussi du talent...

Et les musiciens de Uriah Heep n'en manquent pas. David Byron, le chanteur, possède un organe aussi puissant que Ian Gillan, le côté théâtral en plus. L'orgue est manipulé par Ken Hensley, musicien talentueux malheureusement sous-estimé, qui n'a rien à envier à Jon Lord ou Don Airey (respectivement ex et actuels organistes de Deep Purple), par exemple. Hensley contribue également aux guitares, mais c'est surtout au génial Mick Box que l'on doit de nombreux moments de bravoure.

Et on ne peut pas dire que les musiciens du Heep soient radins en bons moments, car ce disque est truffé de pépites rock. On commence par un Gypsy, avec l'orgue de Hensley, saturé au maximum, qui occupe une place prépondérante (quel solo!) et qui sert parfaitement David Byron, avec des paroles plutôt simplistes mais efficaces.
Un autre morceau que j'aime beaucoup, c'est Dreammare, malgré le fait qu'il n'ait pas attiré l'attention des critiques. Une intro à l'orgue, un riff repris par la guitare acérée de Mick Box, le tout est formidablement bien exécuté et nous donne un grand morceau.
Walking in your shadow, Real Turned on, I'll keep on trying et Wake up (set your sights) persévèrent dans cette voie et l'on peut constater que la dextérité des musiciens a contribué à créer une pierre angulaire du rock progressif. Bien sûr, ce n'est pas Yes ou Genesis, ou encore King Crimson, mais on s'en rapproche et le dernier morceau cité ne me fera pas mentir.
Le seul faux pas, je trouve, se situe au niveau de la reprise d'une chanson d'Harry Belafonte datant de 1957, Come away Melinda. Je ne supporte pas cette chanson trop mièvre, avec ses textes qui feraient pleurer un pitbull affamé et la flûte digne de Bonne nuit les petits... Drôle d'idée d'avoir repris ce qui était à l'origine une berceuse...

Ce premier essai n'a pas eu la promotion qu'il fallait et nombreux étaient les détracteurs du groupe au moment de sa sortie. Bouillie sonore disaient certains, vilains copieurs affirmaient d'autres... Pour ce qui est du plagiat, en écoutant sérieusement le disque, le groupe a tout de même su insuffler suffisamment de personnalité pour comprendre qu'il s'agit là de plus que de chutes studio du Purple.

Uriah Heep a toujours été vu comme la dernière roue du carrosse, et c'est bien dommage. Des quatre groupes fondateurs, Uriah Heep n'a pas été celui qui a proposé le plus mauvais premier album. Ce Very 'eavy, very 'umble le démontre aisément. Et pour ce léger manque de personnalité, les albums qui sont sortis dans les deux ans qui ont suivi ont largement prouvé que ce n'était là qu'une erreur de jeunesse. Ecoutez Salisbury ou Look at yourself et vous comprendrez.

Si vous voulez retrouver les racines du rock dur, ainsi qu'un album qui a influencé nombre de groupes de progressif, ce premier opus est fait pour vous. Et pour les autres, c'est bien dommage, vous passez à côté d'un album très intéressant...

mardi 3 avril 2012

The Police - Outlandos d'Amour

1978. Nous en sommes en plein dans la vague punk. Les Sex Pistols, les Clash et Cie tirent à boulets rouges sur ce qu'ils appellent les dinosaures du Rock. Toujours la même année, un trio inconnu déboule d'on ne sait où et fait cohabiter sur un même album punk, rock, influences jazz et reggae. Ce trio, composé de Sting (chant basse), Andy Summers (Guitare) et Stewart Copeland (batterie) surprendra son monde avec un premier album de haute volée, Outlandos d'Amour.

Imaginez un premier album où figurent des titres phares comme Can't stand losing you, So Lonely et surtout Roxanne... ça fait rêver, non? Plus d'un groupe aurait aimé avoir des débuts aussi tonitruants! C'est facilement assimilable par le grand public, c'est dans l'air du temps. Mais en même temps c'est d'une très grande richesse car, cela gâche rien, nos trois compères sont tout sauf une équipe de bras cassés. Andy Summers fait passer énormément d'émotions avec sa six-cordes, Sting est un chanteur à la voix très puissante et unique, Copeland martèle ses fûts comme personne.

D'autres titres distillent un punk rock bien saignant, notamment le titre d'ouverture Next to you et Truth hits everybody. Efficace, de bonne facture, rien à redire, si ce n'est qu'ils auraient mérité d'avoir plus de succès. Born in the 50's fait office de bon vieux rock, qui ne dépareillerait pas dans une compil de Cliff Richards ou Chuck Berry. A redécouvrir...

Nous parlions d'influences reggae... là aussi le trio anglais excelle dans ce domaine. Hole in my life et Masoko Tanga en sont la parfaite illustration. Sting, en particulier, sait ce qu'est le reggae et comment on le joue. Très en verve, le bassiste nous administre un jeu de basse énorme et sa voix se prête bien à l'exercice. Nombre de groupes de rock s'y sont essayés et se sont cassés la figure. Mais The police est le groupe en forme du moment.

Même quand ils incluent du jazz dans un morceau plutôt rock à l'origine, Peanuts, ça le fait bien. C'est le style de prédilection de Sting, et Summers n'est pas en reste. Les soli de gratte dératés y sont pour beaucoup, encore une réussite... ça devient énervant pour les autres!

Coup d'essai, coup de maître. Rien à jeter sur ce premier opus, ce qui est déjà formidable en soi. Mais en plus, inclure trois tubes imparables, joué par toutes les radios plus de 20 ans plus tard, c'est carrément du prodige! D'autant plus que la production a très bien vieilli, et l'amateur lambda ne peut se douter qu'il s'agit de titres enregistrés en 1978.

Un supergroupe était né, et Sting et sa bande allaient le confirmer tout au long de leur carrière. Un groupe qui connaîtra une ascension fulgurante et qui aura malheureusement une fin bâtarde...