mercredi 27 juin 2012

Firebird - No.3

J'ai rarement vu une pochette aussi sobre. A vrai dire, ça colle plutôt bien à la musique du groupe. Du rock bien couillu, sans fioritures. Quelque part entre Humble Pie, Black Sabbath et Deep Purple, avec une pointe de modernité. Ce troisième album, paru en 2003, confirme tous les espoirs placés en lui.

Firebird n'est pas qu'un de ces nouveaux groupes qui essaient de faire revival, de faire croire qu'ils ont connu les années 70, en enregistrant des albums qui fleurent bon les 70's avec du matériel analogique comme on le faisait dans les 70's.
Firebird, c'est avant tout le nouveau bébé de Bill Steer, guitariste connu pour avoir officié chez Carcass, groupe de grind légendaire. Inutile de dire que Steer a adouci le propos: la guitare est typique hard rock, la voix de Steer est douce et on sent un léger manque d'assurance derrière le micro.

Steer a bien su s'entourer, George Atlagic à la batterie et Roger Nilsson à la basse ont la technique nécessaire pour accompagner Steer, tout en sachant s'effacer derrière leur leader. Et le résultat, le moins que l'on puisse dire, est efficace.

No.3 c'est 10 titres de hard rock, dans la plus pure tradition. Il y a des gros riffs, une légèrement coloration blues, comme sur Stoned believer ou Station. C'est technique, mais pas trop, ça envoie le bois comme il faut et ce ne sont pas des morceaux comme Cross the line ou End of the day qui me feront dire le contraire.

Bien sûr, je concède volontiers qu'il n'y a rien de franchement original, d'autres ont proposé des choses similaires par le passé. Je ne cache pas non plus qu'il y a une certaine nostalgie pour les groupes en question et ça fait du bien d'entendre un album où on trouve des titres comme
Tumbling down ou Hard Hearted, des titres comme on n'en fait plus.

Je concède également le fait que vers la fin, l'album s'essouffle et que les deux derniers titres sont dispensables, sans être fondamentalement mauvais. Comme quoi, le retour vers le passé a ses limites.

Bref un bon album, du hard sans prétention mais efficace, comme on en trouve que trop rarement. Si vous voulez du hard rock typique 70's et que vous en avez assez de vous taper les disques des pionniers du genre, ce No.3 est fait pour vous. Je vous recommande également l'album suivant, Hot wings, qui ne vous décevra pas.
Quelques groupes ont réussi le voyage dans le temps, tels Spiritual Beggars ou Orange Goblin, et je ne manquerai pas de vous en parler dans le futur.

mercredi 20 juin 2012

Gillan - Mr Universe

Mr Ian Gillan n'est pas un parfait inconnu pour tout amateur de hard rock qui se respecte. C'est avant tout LE vocaliste de référence de Deep Purple. Evincé de manière peu élégante en 1973, Ian décide de se lancer dans son propre projet. D'abord, le Ian Gillan Band, pour lequel il ne connaîtra qu'un succès d'estime, les influences jazzy ayant dérouté les fans. Il décide de revenir à l'essentiel en 1979, sous le nom de Gillan. Et là, ça ne rigole plus.

La première chose à faire dans la situation où se trouvait Gillan est de se trouver des musiciens talentueux pour pouvoir soutenir la comparaison avec son ancien groupe. Bernie Tormé, à la guitare, est peut-être un peu moins subtil que Ritchie Blackmore, mais ça reste un as de la six-cordes. Colin Towns aux claviers est au moins aussi doué que Jon Lord, et la section rythmique, composée de John Mc Coy (basse) et Mick Underwood (batterie) n'a rien à prouver non plus.

Mr Universe contient - je ne ferai pas durer le suspense - 10 titres monumentaux. J'avoue que le titre d'intro, composé par Towns m'a fait peur, tant le son du clavier a très mal vieilli... Mais dès le vrai premier titre, ça ne rigole plus. Secret of the dance est énorme! On a affaire ici à du très lourd, Tormé s'affirme ici en tant que guitariste et ça vaut très largement un Deep Purple ou un Rainbow. La claque! De la part d'un groupe dont on disait que le leader n'était rien sans Purple, c'est une très bonne surprise.
Et au rayons grosses baffes, ce n'est pas fini, Mr Universe, Vengeance, Message in a bottle mettent tout le monde d'accord: Ian Gillan et son groupe sont des fous furieux! Jamais le hard rock ne s'était fait aussi furieux. Il n'y a que Motorhead ou dans une moindre mesure Ted Nugent, dans ses meilleures années, qui arrivent à rivaliser au niveau intensité. Des titres indubitablement taillés pour la scène...
Les titres s'enchainent trop vite, aucun n'est décevant, et on arrive très rapidement à Fighting man, le morceau final qui, une fois de plus, dépasse de la tête et des épaules une bonne partie des productions de cette année-là. C'est un titre superbe où Ian Gillan montre l'étendue de ses talents de chanteur, et le registre du monsieur est pour le moins impressionnant, les hurlements à la fin de la chanson nous rappellent des Child in time ou des Thrashed... Ni plus ni moins!

Très étonnant que la carrière solo de Ian Gillan ne soit pas reconnue à sa juste valeur, parce qu'avec des albums comme celui-ci, on se prend une gifle magistrale. Par rapport au Rainbow de la même époque, il n'y a pas de comparaisons possibles: j'ai l'impression que Down to earth, sorti également en 1979, est mou par rapport à l'album de Gillan. Il faut bien dire que le chanteur avait une revanche à prendre et que ses musiciens, relativement peu connus à l'époque, avaient faim de succès.

Inutile de vous dire que vous devez courir chez votre fournisseur de disque habituel vous procurer cet album magique trop injustement oublié. Et tant que vous y êtes, vous pouvez aussi ramener chez vous plusieurs albums du groupe, comme Glory road ou Magic, qui sont au moins aussi bons que Mr Universe, tout en montrant un groupe plus expérimenté et plus mûr.

En 1979, Ian Gillan avait encore beaucoup de choses à dire, et il ne s'en est pas privé. Et avec la manière, qui plus est...

mercredi 13 juin 2012

Rainbow - Straight between the eyes

Du temps où Ronnie James Dio faisait partie de Rainbow, ce groupe mythique fondé par le guitariste Ritchie Blackmore était synonyme de hard rock aux accents néoclassiques, avec des soli du feu de dieu, des hymnes monumentaux figuraient sur chaque album. Puis un jour sa Majesté Blackmore a décidé de prendre une orientation plus commerciale (ne voyez rien de péjoratif dans ce mot, les artistes ont le droit de gagner leur vie, tant qu'il demeure une intégrité artistique). Orientation qui n'a pas plu, on s'en doute, à l'elfe Dio. Graham Bonnet, puis Joe Lynn Turner lui ont succédé, avec plus ou moins de réussite. Les puristes considèrent que l'âge d'or du groupe se fit avec Dio. Ce serait réducteur, car les albums post-Dio valent leur pesant de cacahuètes, comme le prouve ce Straight between the eyes publié en 1982.

Joe Lynn Turner possède un organe nettement plus orienté que ses prédécesseurs vers le rock FM. J'en vois déjà qui frémissent rien qu'à l'évocation de ce style. Je peux comprendre, j'ai eu la même réaction, surtout quand j'ai vu la jaquette du disque. Blackmore et compagnie maquillés, faisant attention à leur look, coiffés comme des caniches... ça fait froid dans le dos.
Mais fondamentalement, rien n'a changé. Blackmore possède toujours son mordant, et les morceaux se veulent foncièrement rock dans l'esprit. Ce n'est pas des titres comme Death Alley Driver, Power ou Bring on the night qui vont me faire dire le contraire. C'est rageur, bien construit, les soli d'influence néoclassique sont encore là, bref le groupe est encore particulièrement compétent et a encore de la ressource.
Au niveau du chant, là aussi un important travail a été réalisé par Turner, la voix de ce dernier est extrêmement puissante et les paroles sont plus élaborées que la plupart des groupes en vogue à l'époque. Je pense notamment à un titre comme Tite Squeeze Pas de minauderies, pas de niaiseries. C'est du rock, du vrai, joué par des musiciens expérimentés qui n'ont plus rien à prouver.
Même les titres plus calmes comme le single Stone cold, Tearin' out my heart ou Miss mistreated
tirent facilement leur épingle du jeu et ne tombent pas dans la facilité de la sensiblerie à deux balles.

Quand on y pense, le titre de cet album et l'artwork sont plutôt révélateurs du contenu. Droit dans les yeux, ça signifie du rock, direct, sans fioritures. L'ensemble est particulièrement bien ficelé et a de plus bien vieilli. Pas étonnant lorsqu'on sait qui a produit le disque: il ne s'agit rien de moins que du bassiste du groupe, qui est devenu avec le temps un producteur respecté, Roger Glover. Un ex-Deep Purple, comme Blackmore. 28 ans plus tard, les neuf titres qui composent Straight between the eyes sont toujours aussi bons. Cela aussi, ce n'est pas un mince exploit.

Un grand disque à réécouter encore et encore. Un disque qui prouve que l'on peut emprunter une voie plus commerciale tout en maintenant un niveau de qualité élevé. Le genre de disque qui n'a pas fait passer la décennies des 80's pour une décennie ringarde, contrairement à certains groupes de glam de cette période. A redécouvrir.

mardi 5 juin 2012

Sodom - In the sign of evil


Les années 1980 ont vu l'éclosion de nombreux courant musicaux. Le metal n'y a pas fait exception, des styles comme le black, le thrash ou le death sont apparus au cours de cette décennie.
Lors de l'émergence de tout nouveau style de musique, il y a toujours des pionniers, des albums références. Ce premier EP de Sodom en fait partie, sans aucun doute possible.

En 1984, tout restait à faire en matière de black metal. Certes, Venom avait sorti deux auparavant LE disque fondateur, justement nommé Black metal, mais celui-ci, avec le recul du temps, semble plus inspiré par Motorhead qu'autre chose. Non, définitivement, il fallait quelque chose de plus agressif. Bathory et Sodom ont apporté le son et l'imagerie.

In the sign of evil est bourré de sauvagerie. La référence au grand maître du mal y est permanente, les trois musiciens (Tom Angelripper à la basse et au chant, Witchhunter (RIP) à la batterie et Grave Violator à la 6 cordes) ne sont pas là pour plaisanter.

Alors, oui, les paroles sont simplistes, les riffs ne le sont pas moins, la grosse voix caverneuse pendant les interludes est à se rouler par terre, le son est crade et les poses que prennent les musicos sur les photos de la pochettes sont risibles. Oui, mais il fallait bien commencer par quelque chose. Et ce petit quelque chose a influencé pas moins que toute une scène à venir. Cet album est un incontournable pour tout fan de galettes brutales qui se respecte.
Les 5 titres de ce mini album ont tous été repris par des grands du style (exemple qui me revient en tête: Burst command til war repris par Impaled Nazarene) et continuent à être joués par Sodom lui-même, en particulier le titre Outbreak of evil.

Sodom est passé au thrash par la suite, mais a réussi son pari en sortant cette année là un album magistral. Etant donné les conditions dans lesquelles il a été composé, enregistré, et promu, c'est un véritable exploit. Tout le monde ne peut pas en dire autant et rien que ça, ça mérite le respect.

Un must, à n'en point douter...