mercredi 5 juin 2013

Kiss - Ace Frehley

En 1978, Kiss connaît ses premières crises internes. Le guitariste Ace Frehley et le batteur Peter Criss ont l'impression de n'être que les faire-valoir de la paire Stanley/Simmons. Afin de désamorcer tout conflit qui tuerait la poule aux œufs d'or, le manager du groupe propose une solution pour le moins originale: chaque membre du groupe pourra sortir au cours de cette année-là un album solo tout en apposant le nom Kiss sur la pochette. Ainsi, chacun pourra laisser s'exprimer sa créativité comme bon lui semble. A ce petit jeu, qui ressemble à "que le meilleur gagne", c'est Ace Frehley qui tire son épingle du jeu.

Ace Frehley est, il faut bien le reconnaître, un guitariste particulièrement doué, un compositeur inspiré et doté d'une voix pas désagréable. Frehley, à l'instar de Paul Stanley, est celui qui a toujours proposé les compositions les plus couillues, et débarrassé de tous ses complexes, va sortir un album inspiré. Rien de bien original en soi, il s'agit ici d'un bon hard des familles, comme il y en avait beaucoup dans les 70's. Mais du rock aussi bien troussé, il n'y en avait pas tant que cela.

Ici, c'est l'efficacité qui prime à défaut de l'originalité, et c'est tant mieux. La triplette d'introduction, Rip it out/Speedin' back to my baby/Snow blind est l'une des meilleures que je connaisse. Et les titres suivants ne sont pas en reste: Ozone, Wiped-out et What's on your mind nous offrent des riffs de qualité et des soli qui ne le sont pas moins. Sans être particulièrement mauvais, des titres comme Fractured mirror, New York groove ou I'm in need of love ont moins résisté aux outrages du temps et me semblent moins élaborés que les autres morceaux.

Les autres membres de Kiss ont pu s'apercevoir qu'ils sous-employaient leur guitariste. En fait, cette idée d'album solo, au lieu d'arranger les choses, a amplifié les problèmes de jalousie entre les membres du groupes. Paul Stanley et Gene Simmons, bien qu'ayant fourni des albums solo honnêtes, ont été bien incapables d'égaler ce disque.
Les choses reprendront leur cours et Kiss sortira par la suite des albums au succès commercial incontestable (comme Dynasty), une voie qui ne satisfera pas Frehley qui se réfugiera de plus en plus dans l'alcool.
C'est tout de même assez incompréhensible de ne pas avoir su tirer profit d'une telle dextérité, car Frehley avait beaucoup de choses à dire. L'idée de l'album solo l'a très largement démontré, puisque Frehley en a profité pour humilier ses compagnons d'armes.

Le show business est particulièrement injuste, mais le duo Paul Stanley/Gene Simmons est encore pire, pourrait-on dire. Parce que franchement, pour le pas exploiter un tel potentiel, il faut avoir les oreilles bouchées et des œillères, ou alors un égo sur-dimensionné. Sur ce dernier point, je n'ai pas trop de doutes... Réparez cette injustice, et redécouvrez ce premier effort solo d'Ace Frehley. Tant qu'à faire, écoutez celui des trois autres membres du groupe et vous verrez bien qui a été le meilleur dans cet exercice.