lundi 31 décembre 2012

L'année 2012 se termine...

Et viennent toujours les bilans de l'année écoulée. En ce qui me concerne, l'année 2012 a été riche au niveau personnel (j'ai eu l'immense bonheur de devenir papa pour la première fois!), beaucoup plus pauvre au niveau musical (du moins par rapport aux années précédentes.) Cette année, je n'ai en effet acheté que 7 disques et un seul DVD musical. Très peu par rapport aux années précédentes. Mais j'ai eu du mal à trouver mon bonheur. Voici mon top 5 de l'année écoulée: 1/ Van Halen: A different Kind of truth Je l'ai attendu le successeur du moyen Van Halen III. Mais ça valait la peine d'attendre! Ce disque est un bijou de hard rock comme Van Halen savait en faire à ses débuts. Et c'est avec plaisir que l'on retrouve David Lee Roth derrière le micro. 2/ Kiss: Monster Sonic boom était pas mal du tout mais il manquait un je-ne-sais-quoi qui ne permettait pas d'égaler les plus grands albums du groupe. Ce manque a été comblé par ce nouvel opus. Un grand moment de rock, en toute simplicité. Pas mal, pour un groupe que l'on qualifie volontiers de ringard. 3/ AC/DC: Live at River Plate Rien de bien original par rapport au DVD sorti l'année précédente. Juste un groupe au sommet de son art. Les Australiens peuvent en remontrer aux petits jeunes! 4/ Led Zeppelin: Celebration day De nombreuses spéculations ont précédé l'arrivée de ce disque en public enregistré par la légende britannique. Point de tournées, juste ce disque bien sympathique qui permet de faire découvrir aux jeunes génération ce qu'était le Dirigeable le plus connu de la galaxie rock. 5/ Testament: Dark roots of earth Les Américains nous ont livré un album de haute volée, le meilleur depuis The Gathering. Et en plus, ils se permettent de reprendre du Queen, Du Iron Maiden ou du Scorpions avec une rare maestria. La déception de l'année: Le décès de Jon Lord, membre fondateur de Deep Purple. Merde, ce genre de mec nous semblait immortel. Plus dure est la chute. La redécouverte de l'année: Gary Moore... J'avais oublié qu'il avait sorti autant de bons disques: G-Force, Corridors of power, Victims of the future, Dirty fingers, pour ne citer que ceux-là. Quelles baffes! Pour conclure cette année 2012, je vous présente mes meilleurs vœux pour 2013. Espérons que l'année à venir sera toutefois plus riche musicalement que 2012.

mercredi 19 décembre 2012

Tommy Bolin - Private eyes

Comment? Vous ne connaissez toujours pas Tommy Bolin? Honte à vous! Pour les retardataires, sachez que ce musicien est l'un des chanteurs,compositeurs et guitaristes les plus sous-estimés et les plus méconnus des 70's, malgré le fait qu'il ait joué avec Deep Purple sur l'album Come taste the band. Bolin avait déjà sorti en 1975 son premier effort solo, Teaser. Alors que le Pourpre profond s'éteignait pour une petite décennie, il décidait de se remettre à composer un nouvel album solo. Ce serait Private eyes et lui-même ignorait que ce serait le dernier de son vivant... C'était en 1976.

En effet, le père Bolin était accro aux substances et ceci lui avait déjà joué bien des tours par le passé. Rien qu'à voir la pochette de l'album, on voit bien qu'il n'était pas au sommet de sa forme. Mais musicalement, rien à voir, Tommy Bolin était très inspiré. Pas de changements majeurs par rapport à Teaser, sa musique est toujours un mélange de rock, de funk, de folk et de blues.

Du funk, il y en a pas mal sur cet album. Mais ici c'est du bon, et ce n'est pas des morceaux comme Bustin' out for Rosie qui me contrediront. Shake for the devil aurait pu, si on avait enlevé les cuivres, être un morceau morceau de Deep Purple tant l'atmosphère qui se dégage de ce morceau rappelle Come Taste the band. Du funk, on en retrouve sur le morceau final You told me that you loved me. Le folk, ce sera pour Gypsy soul et Hello, again. Du rock sans prétention, on en entend sur Sweet Burgundy. Bolin a pensé à tout en incluant la petite ballade qui va bien: Someday will bring our love home.

Des morceaux sympathiques pour découvrir le génie qui sommeillait en Tommy Bolin. Mais il y a un morceau que je n'ai pas évoqué et qui dépasse, et de très loin ce que ce génie de la six cordes a pu créer: Post toastee. Un riff de basse qui rappelle vaguement Cocaïne de Clapton, des parties de basse de folie, des soli de guitares au milieu et à la fin du morceau qui dépassent tout ce qu'il a pu faire par le passé. La parfaite osmose entre rock et funk. ça donne envie de taper furieusement du pied pendant 9 minutes. Une réussite totale qui prouve que Tommy Bolin n'avait rien à envier à d'autres grands guitaristes de cette décennie, notamment à Ritchie Blackmore pour ne citer que lui.

Ce dernier avait déclaré au moment où il quittait Deep Purple qu'il voyait mal ses ex petits camarades continuer sans lui. Non seulement Bolin lui a donné tort mais il est à l'origine de l'un des meilleurs albums du groupe. Et en solo, Tommy Bolin a su se révéler tout aussi brillant. Private eyes est sans doute un peu moins inspiré que Teaser, mais rien qu'avec une perle comme Post Toastee, le niveau de l'album grimpe en flèche. Tommy Bolin avait tant à nous proposer qu'il est d'autant plus regrettable qu'il soit décédé le 4 décembre 1976, en pleine tournée, pour promouvoir cet album. Saloperies de drogues... Procurez-vous d'urgence les albums où Tommy Bolin a officié, vous ne serez aucunement déçus. Un tel génie ne peut pas vous décevoir.

mercredi 12 décembre 2012

Led Zeppelin - Presence


Led Zeppelin a eu ce que l'on appelle un début de carrière bien tranquille. Pensez donc: des albums excellents et référentiels, des tournées sold-out. Bref, un succès artistique et commercial amplement mérité. Et pourtant... toutes les bonnes choses ont une fin. En 1975, Robert Plant, le vocaliste sans qui Led Zep ne serait pas Led Zep, a un grave accident de voiture et échappe de justesse à la mort. Ne se déplaçant les premiers temps qu'en fauteuil roulant, le chanteur décide courageusement de mettre boîte le successeur de Physical Graffiti, un excellent opus qui contenait entre autres le mythique Kashmir. Pour le reste du groupe, l'ambiance n'est pas au top: le guitariste Jimmy Page et le batteur John Bonham usent et abusent de toutes sortes de substances.

Etant donné le contexte, pas évident d'écrire et d'interpréter un album à la hauteur de ces illustres prédécesseurs. Là encore, Le Dirigeable va accomplir une prouesse que peu de combos auraient réussi à leur place dans ces circonstances: écrire un album qui n' a rien à envier aux précédents.
Lorsque l'on sait de plus que le groupe a dû travailler d'arrache-pied pour venir à bout de cet album, on ne peut être qu'admiratif. Led Zeppelin n'a eu en effet que trois semaines pour composer et mettre en boîte Presence, qui allait sortir en mars 1976.

La musique est largement du niveau de Led Zeppelin, à savoir technique, inspirée. On sent que la période est sombre pour le Dirigeable, pas de fioritures, juste un hard rock teinté de blues. Pas d'expérimentations comme sur Houses of the holy ou Physical Graffiti, pas de claviers, juste un chanteur, un guitariste, un bassiste et un batteur.
Les sept titres qui composent Presence montrent un groupe qui avait encore énormément de choses à dire. Cet album contient entre autres deux pépites qui sont passées à la postérité: Achilles last stand et Nobody's fault but mine. Si ça ce n'est pas un chef-d'oeuvre de hard rock, je ne m'y connais pas. Ces titres ne sont peut être pas aussi connus que Whole lotta love, Stairway to heaven ou Kashmir, mais ils n'ont rien à leur envier. C'est bien fichu, et on ne devine pas à leur écoute que le groupe anglais traversait une mauvaise passe.

Mais les cinq autres titres ne sont pas en reste: For your life et Hots on for nowhere sont des bons moments de rock, les Britanniques tâtent à nouveau du funk sur Royal Orleans, Candy store rock donne furieusement envie de taper du pied. Bref, que du solide, pas moyen de s'ennuyer avec ce Presence.
Tea for one, le titre final, laisse par contre transparaître le malaise qui régnait au sein du groupe. Un mal-être qui s'apparenterait presque à un mal du pays: le groupe vivait depuis un moment aux USA pour raisons fiscales (notre Johnny national n'a rien inventé!) mais la Grande-Bretagne leur manquait énormément. Si vous aviez déjà le cafard avant d'écouter ce titre, ça ne va pas s'arranger.

Injustement, ce disque est celui qui se sera le plus mal vendu (bien que tout est relatif, nous sommes bien d'accord. C'est totalement injustifié, surtout quand on compare Presence à son successeur, In through the outdoor, ou à un gadget comme Coda. Le talent était au rendez-vous et le groupe offrait encore des prestations dignes de son statut.

Le groupe allait retrouver au cours de la tournée qui a suivi sa motivation, jusqu'à ce que le sort frappe à nouveau Robert Plant, qui allait perdre son fils, décédé d'une mystérieuse infection virale foudroyante. La tournée allait dès lors naturellement s'arrêter. Ce coup du destin allait avoir avec le recul un fort impact sur le futur de Led Zeppelin. Les membres du groupe allaient s'enfoncer de plus belle dans les excès alors que Plant, dévoré par le chagrin, n'allait plus donner signe de vie pendant un long moment.
Lorsque le groupe se retrouvera en 1979 pour enregistrer ce qui allait être l'ultime album studio du groupe, In through the outdoor, mais l'esprit n'y était plus. Le décès de John Bonham allait définitivement enterrer Led Zeppelin.

Presence est pour moi le dernier album studio valable de Led Zeppelin, le chant du cygne de ce groupe de légende. Il n'y a rien à jeter, ce qui ne sera pas le cas sur successeur. Personnellement, ce disque fait partie de mes préférés des années 70. Le seul conseil que je puisse vous adresser est de poser au plus vite une oreille sur ce disque car il mérite véritablement d'être redécouvert.

mercredi 5 décembre 2012

AC/DC - Live

J'ai déjà évoqué en ces lignes des albums live de Deep Purple relativement méconnu. Ce n'est absolument pas le cas de ce disque. En gros, imaginez un groupe de légende au pic de sa forme, nous servant sur un plateau ses meilleurs titres en public, le tout avec une production dantesque. C'est tout simple: je suis fou de ce disque. A vrai dire, c'est le premier apparenté hard rock/metal que j'ai acheté. Il aura toujours une place particulière dans mon cœur, forcément. Les rockers sont des petites créatures sensibles, que voulez-vous...

Franchement, que peut-on reprocher à ce disque sorti en 1992? AC/DC, c'est comme le cochon, tout y est bon! Il est vrai qu'AC/DC n'a pas sorti beaucoup d'albums en public, mais ce live y remédie sans problème. Le précédent, If you want blood, qui était déjà magnifique, remontait quand même à 1979. Bon Scott (on est tout petit, on le mérite pas!) était encore de ce monde. Mais les choses ont bien changé depuis son décès en 1980. Scott parti picoler au paradis des rockers, c'est Brian Johnson qui le remplace: le groupe a sorti avec lui le fabuleux Back in black et une tripotée d'autres albums plus moyens. Qu'importe, AC/DC sur des planches ça le fait toujours.

En plus, là où ce disque met tout le monde d'accord, c'est au niveau du son. D'habitude, les avis sont partagés en la matière, mais là, la production est nickel. AC/DC a les moyens de sortir quelque chose d'excellente qualité et ne s'en est pas privé. Et remastérisé, c'est encore mieux! Là, on entend les amplificateurs à lampes poussés dans leurs derniers retranchements et le public en redemande. Comme je les comprends ces petits veinards...
Quand, en plus, on a des titres aussi exceptionnels que Thunderstruck, Shoot to thrill, Back in Black, Hells bells, Whole lotta Rosie, Highway to hell ou encore TNT (et je n'ai cité que les plus connus), on ne peut pas, soyons sérieux, obtenir quelque chose de fondamentalement mauvais. Franchement, AC/DC a-t-il déjà sorti un mauvais disque? Ma réponse est sans ambages: NON.
En plus, quand on voit la pochette du disque, on comprend qu'Angus Young & Co n'est pas venu pour plaisanter. C'est plus rageur que jamais. En forme, les vieux rockers.

Voilà, je crois que tout est dit, si je continue à être aussi élogieux, on va accuser le management des Australiens de m'avoir fourni une somme d'argent importante. Pas besoin de ça (mais bon les mecs, si vous voulez, vous pouvez toujours me faire un chèque!!!), le groupe a sorti un live d'anthologie, du même acabit que le Made in Japan de Deep Purple. Rien de moins.

Vous ne connaissez pas encore AC/DC? Passez-vous Hells bells, mettez-vous à genoux dès que vous entendez les cloches, bande de païens, fermez les yeux et headbanguez comme des malades. Le pouvoir d'Angus te force à céder!!! Vous aurez compris qu'en ce qui me concerne, j'ai déjà succombé depuis bien longtemps...

mercredi 28 novembre 2012

King Diamond - Abigail II : The revenge

Un drôle de sire, ce King Diamond. Un chant hors du commun, une palette vocale qui peut aller du très aigu au très grave. On aime ou on déteste, mais ça ne laisse pas indifférent. Pour rappel, King Diamond a été le chanteur du mythique groupe danois Mercyful Fate, qui a influencé plus d'un groupe, dont Metallica ou Machine Head pour ne citer qu'eux. En solo, King Diamond a sorti une tripotée d'albums, toujours de qualité.
En 1987 était sorti le premier volet d'Abigail, un album concept traitant d'une sordide et imaginaire affaire de famille au XIXème siècle qui se termine dans le drame. Un album qui a été considéré par ses contemporains comme une pièce majeure. En 2002, le King a décidé de remettre le couvert. Bien lui en a pris, car la suite est largement à la hauteur.

Il faut bien dire que le King ne s'est jamais véritablement planté. Dès le début, il a su s'entourer de bons musiciens dont l'incontournable Andy Larocque, véritable génie de la six-cordes, malheureusement trop peu connu. Heureusement que Chuck Schuldiner (Death) a su l'exploiter à sa juste valeur dans Individual Thought Pattern. Mais je m'égare, revenons à Abigail II...

Ce disque est un monument du heavy metal, un style qui a la particularité d'être d'ordinaire très peu original. Mais ici, King Diamond (le groupe) établit de nouveaux standards. Les 13 titres (dont une intro et une outro) sont magnifiques. Tout au plus, on peut déceler une infime perte de vitesse avec les titres Spirits ou Mommy. Mais c'est très largement compensé avec des titres comme The storm, Mansion in sorrow, The Crypt, The wheelchair ou Little one... King Diamond nous offre un chant démentiel, le temps ne semble pas avoir d'emprise sur lui.
Et que dire des guitares de Larocque et Mike Wead? Si ce n'est que c'est l'une des plus belles paires de gratteux qui m'ait été donné d'entendre en matière de heavy-metal. Leurs passes d'armes sont magnifiques et franchement, plus d'un groupe allemand de speed metal ferait mieux de s'en inspirer plutôt que nous rabâcher les mêmes riffs depuis 20 ans.

Décidément le millésime 2002 de King Diamond est un grand cru, et ce serait plus que dommage de passer à côté tant cet album est grandiose. A mon humble avis, King Diamond n'a pas fait mieux depuis cet album. Difficile d'égaler ou de surpasser un tel chef d'œuvre, il faut bien le reconnaître. Malheureusement, je pense que King Diamond, en tant que groupe, n'arrivera jamais à obtenir plus que le succès d'estime dont il jouit actuellement, car le groupe mériterait tellement mieux.

Réparez cette injustice en vous procurant quelques albums de King Diamond, dont les deux volets d'Abigail, auxquels vous pourrez rajouter sans problèmes des albums comme Fatal portrait ou Them qui sont eux aussi des petits bijoux. Là vous aurez du heavy bien original et franchement très inspiré. Ça manquait, ces derniers temps.

mercredi 21 novembre 2012

Gary Moore - Dirty fingers


Gary Moore était quand même l'un des plus grands artistes des années 80, un guitar hero qui n'avait rien à envier aux plus grands et qui, à de nombreux points de vue, était même un précurseur. Après des débuts hésitants, Moore a su imposer son hard rock furieux mais inspiré. Nombreux ont été les albums de qualité, tous les nommer prendrait un temps fou et pour faire simple, vous pouvez tous les écouter (même ceux de la période blues) et vous n'en trouverez aucun qui soit à chier.

Ce Dirty finger, paru en 1984 (en 1983 au Japon où Moore était une superstar digne des Beatles), est resté relativement méconnu par rapport à son prédécesseur, Victims of the future, car franchement il n'y a rien, absolument rien à redire. Toutes les qualités de Victims..., on les retrouve ici. Il n'y a peut être pas d'hymnes comme Empty rooms, mais l'ensemble, très couillu, n'en reste pas moins de qualité.

On se prend des baffes mémorables avec des titres comme Hiroshima ou Nuclear Attack (désolé, ça ne s'invente pas), l'instrumental Dirty fingers a dû écœurer plus d'un guitariste en herbe, Really gonna rock et Lonely nights font plus que maintenir le niveau et même les moments plus calmes tels Kidnapped, Don't let me be misunderstood ou le mélancolique Rest in peace sont tout bonnement excellents. Alors oui, des albums sans hit majeur comme celui-ci, j'en veux encore et encore!

Assez étonnant d'ailleurs que le succès n'ait pas été autant au rendez-vous (je ne parle pas du pays du Soleil Levant), car je trouve ce disque au moins aussi bon que Corridors of power ou Victims of the future. Il y a parfois des mystères qui relèvent presque de l'injustice. Après, on s'étonne qu'il y ait des musiciens qui jettent l'éponge!

Une fois de plus, Gary Moore avait pris soin de bien s'entourer: on retrouve entre autres Don Airey (actuel Deep Purple) aux claviers, Tommy Aldridge (qui a joué entre autres pour Ozzy Osbourne et Whitesnake) à la batterie et Jimmy Bain (Dio) à la basse. Que du beau monde pour épauler ce guitariste surdoué qu'était Gary Moore.

Bref un bon album de la part de ce dernier. Encore un, oui. Mais il y a des habitudes qui ne lasseront jamais. C'est pour cela qu'il d'autant plus regrettable qu'un artiste de cette trempe tire sa révérence si tôt, comme il l'a fait au cours de cette journée funeste du 6 février 2011. On peut se consoler en se disant qu'il a laissé derrière lui une discographie plus qu'enviable, dont cet excellent Dirty fingers qui mérite d'être redécouvert.

mercredi 24 octobre 2012

Herman Rarebell - Nip in the bud

Herman Rarebell, pour ceux à qui ce nom n'évoque rien, c'est l'ex batteur de Scorpions, qui a joué avec eux de 1977 à 1995. C'est aussi un songwriter talentueux, qui a écrit entre autres Another piece of meat, Passion rules the game en entier, et les paroles de plusieurs titres comme Make it real ou Rock you like a hurricane. Plutôt pas mal pour un batteur!
Profitant de la pause forcée de Scorpions, due aux problèmes de voix de Klaus Meine, le père Rarebell décide de s'accorder une escapade solo. Il s'accompagne du guitariste DH Cooper et du bassiste-vocaliste George Philips et se lance dans la production de Nip in the bud, paru en 1981, le seul album solo qu'un membre de Scorpions se soit permis de publier tant qu'il faisait partie du groupe.

Le contenu? Je le définirais comme un bon mix de Scorpions et Dokken. Rien de surprenant à cela en fait... Des titres comme Messing around, Do it ou Two-timer sont du Scorpions pur jus, de même que Rock your balls (où Rarebell fait montre de ses capacités de batteur, si on en doutait encore). Comme dans tout album de la bête à pinces, il y a des ballades, et Herman the German ne s'est pas gêné pour en glisser deux: Having a good time et I'll say goodbye. Pas mauvaises, mais pas transcendantes non plus. L'instrumental Pancake est aussi bien troussé, et n'aurait pas dépareillé sur un album de Scorpions. Le seul point noir, c'est Junk Funk, un pseudo-funk peu inspiré qui n'apporte rien à l'album.

Les musiciens que Rarebell a recruté sont loin d'être des incapables, DH Cooper est un bon guitariste qui n'a rien à envier à George Lynch ou Rudolf Schenker, George Philips est le compromis idéal entre les voix de Klaus Meine et Don Dokken. D'ailleurs les voix de ces derniers sont proches et il a même été question que Dokken remplace Meine si celui-ci était dans l'incapacité de chanter à nouveau.
Le seul hic, c'est le manque d'originalité. On a parfois l'impression qu'on a affaire à des morceaux écrits par Herman Rarebell que Scorpions aurait refusé. Je vais peut-être me faire tuer, mais pour moi, Dokken, c'est du sous-Scorpions. Rarebell a su exploiter au maximum le potentiel de ces titres, mais il faut bien reconnaître que leur intérêt est limité quand on les compare avec ceux qu'il a écrit pour Scorpions.

D'ailleurs, l'album n'a pas connu un grand succès, non pas parce qu'il est foncièrement mauvais, loin de là, mais quitte à écouter du bon heavy metal en ce début de décennie, autant écouter directement Scorpions...

A réécouter, pour comprendre que Herman Rarebell était un génie de la batterie et un compositeur doué, qui a sans nul doute fortement contribué au succès mondial de Scorpions, certainement plus que ce que l'on a bien voulu dire. Un bon album, certes pas essentiel, mais un bon album tout de même.

mercredi 17 octobre 2012

Motley Crüe - Too fast for love

De Motley Crue, l'image que l'on retient le plus, c'est ce groupe fringué comme des gonzesses, maquillé comme une voiture volée. Ou encore les déboires du batteur Tommy Lee avec la cruche siliconée Pamela Anderson. Dommage, car ce groupe vaut bien mieux que ça. J'aurais pu vous parler du magnifique Shout at the devil, mais j'ai pensé que ce serait trop facile. J'ai préféré me concentrer sur leur premier album publié en 1982, Too fast for love. Une nouvelle preuve que le combo américain vaut plus que ce que l'on a pu lire dans la presse people...

Mottley Crue, c'est avant tout du gros rock, pas fin pour deux sous, mais du rock. Le look de ceux qui le jouent, on s'en fiche pas mal après tout. Et ce serait bien dommage de s'en priver, car ce premier opus est une merveille. Du hard comme on l'aime, furibard, rageur, de la part d'un groupe qui avait à l'époque la dalle.
Impossible de résister à des tueries comme Live wire (rien à voir avec AC/DC, sauf le nom). Rien que ce titre donne envie de taper du pied comme si sa propre vie en dépendait. Mick Mars est vraiment un excellent guitariste, le fait d'être tout le temps resté en retrait par rapport à Tommy Lee ou au bassiste Nikki Sixx mérite tout mon respect: pendant ce temps il a pu peaufiner un jeu de guitare inspiré qui a fait la réputation du groupe. Ceci étant, Sixx est un sacré compositeur, et ce n'est pas des titres comme Piece of your action ou Take me to the Top qui me feront prétendre le contraire. Ce sont des titres bien torchés, d'une efficacité sans pareille, qui ne demandent qu'à exploser devant un public.
Aucun morceau proposé ici n'est à jeter, c'est déjà une bonne performance pour un premier album issu d'une bande hétéroclite (a motley crew) pour laquelle personne n'aurait parié un dollar. Starry action, Too fast for love ou On with the show (quel soli de guitare!!! Vince Neil chante comme un dieu sur ce titre) confirment que le groupe a un potentiel énorme. Là aussi, ce sont des tueries sur scène.
On pourrait trouver à redire sur la qualité de morceaux comme Come on & dance ou Public enemy #1, mais ce serait uniquement pour chipoter. Le seul gros point noir que je remarque, c'est la production faiblarde. C'est pourtant Michael Wagener qui a produit ce disque, ce dernier nous a habitué à beaucoup mieux que ça. Le budget alloué pour cet album devait être certainement ridicule, je ne vois que cela comme explication.

Motley Crue nous proposait en cette bonne année 1982 un album de hard rock sans prétention mais diablement efficace. J'avoue que je ne m'y suis intéressé que sur le tard, notamment à cause de la réputation sulfureuse que le groupe traînait. Autant dire de mauvaises raisons. J'adore ce disque qui nous révèle un futur grand de la scène hard et Shout at the devil allait le confirmer. Ce qui est vraiment dommage, c'est que les membres du groupe se soient sentis obligés d'en faire des caisses. La musique suffisait amplement.
Un classique des années 80's, un must, impossible de résister au talent des ces quatre mecs qui avaient alors envie de bouffer le monde. Dommage que le succès les ait pourris à ce point...

mercredi 10 octobre 2012

Metallica - Death Magnetic

Death Magnetic était l'ultime chance de Metallica de prouver qu'il était encore capable d'écrire de bonnes chansons. Il faut bien dire qu'avec les expériences Load/Reload, les fans ont été quelque peu désappointés, même si, de mon point de vue, je les trouve bons bien qu'imparfaits.
St Anger en 2003 a également bouleversé la donne: on retourne à du metal brut de décoffrage, mais avec un son pourri, sans soli, et influencé par la scène neo-metal. Bref, les puristes ont largement eu de quoi maudire Metallica. (Presque) Tout est rentré dans l'ordre avec ce Death Magnetic de haute volée, paru en 2008.

Le groupe a pris la décision de congédier leur fidèle producteur Bob Rock et de recruter Rick Rubin, qui a entre autres collaboré avec AC/DC et Slayer. Rien que ça! Et ça s'entend, certains titres se posent comme étant un retour aux sources.

That was just your life, avec un battement de coeur en intro, puis un riff sombre, ouvrent le bal. Et c'est un titre phénoménal Un grand moment de thrash, bien construit. Pour moi, c'est l'équivalent de Blackened, titre d'introduction de l'album And justice for all. D'ailleurs, il faut bien le reconnaître, ils ont dû écouter leur quatrième album en boucle, tant on a une impression de déjà-entendu...

The end of the line et Broken, beat & scarred sont toujours aussi efficaces, ça faisait longtemps que Metallica ne nous avait pas servi des titres aussi bons. Et surtout, qu'on avait plus entendu un chant aussi rageur de James Hetfield et une guitare solo aussi présente. Encore que pour la dernière, Kirk Hammett nous a déjà proposé mieux dans le passé, et on a parfois le sentiment qu'il s'emmêle les pinceaux. Mais bon, Metallica est Metallica, avec ses défauts et ses qualités, l'une des moindres étant de ne pas fournir à ses fans des albums pourris.

The day that never comes est nettement plus calme (du moins au début), quelque part entre One et The Unforgiven. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils aiment bien Thin Lizzy. L'influence du groupe irlandais est évidente... Et ce calme avant la tempête fait un bien fou à nos conduits auditifs, déjà bien malmenés par cet album.

All nightmare long est pour moi l'un des titres les plus énervés. Des riffs bien thrash, l'ombre de Slayer n'est pas loin. Si Metallica avait pondu des morceaux de ce genre dans les 90's, nul doute qu'ils ne se seraient pas fait traiter de vendus!

Cyanide est un morceau de bonne facture, mais un peu déconcertant. Pour avoir vu le groupe en concert en 2008, avant que l'album ne sorte, je me suis dit que Cyanide n'était pas un mauvais titre, mais qu'il fallait un temps pour s'y habituer. Clairement pas le meilleur titre de l'album, malgré un final des plus efficaces.

Tiens, The unforgiven III... Le premier volet était exceptionnel, le second était particulièrement médiocre... et celui-ci est entre les deux. J'ai eu un peur par l'intro, aux arrangements classiques. Mais une fois que ça démarre, ça n'a plus rien à voir: les grosses guitares reprennent le dessus et la mélodie vocale est magnifique. La bonne surprise de ce Death Magnetic!

The Judas Kiss est de facture classique, un ton en deça par rapport au reste des morceaux, de même que l'instrumental Suicide & redemption. Pour ce dernier, concurrencer un titre comme To live is to die (toujours sur And justice for all) n'est pas une mince affaire, et le groupe l'a compris à ses dépends...

Last but not least, My apocalypse conclut le tout sur un morceau des plus rageurs et rentre-dedans. Ça faisait bien 20 ans, et le titre Dyers Eve, que je n'avais rien entendu de tel sur un album de Metallica. La brutalité à l'état pur, bref j'adore!

Vous l'aurez compris, Metallica est revenu à ses fondamentaux, à savoir du gros thrash bien couillu, et l'influence de l'album And Justice for all est omniprésente. Pas le pire référence, me direz-vous... et c'est tant mieux. Ce que l'album perd en personnalité, il le gagne en efficacité. De la part d'un groupe dont la majorité n'attendait plus rien, c'est une gifle magistrale.

Pour moi, l'un des meilleurs albums de 2008. Ce n'est peut-être pas un choix original, je vous l'accorde, mais en cette période de médiocrité ambiante, Metallica s'extrait sans problème du lot et nous montre un groupe au sommet de son art. Et ce n'était pas gagné d'avance.

mercredi 3 octobre 2012

Krokus - Metal Rendez-vous

Krokus est un groupe de hard rock suisse, typiquement dans la veine d'AC/DC. Ce Metal rendez-vous, paru en 1980, voit l'arrivée du chanteur Marc Storace. Ce dernier possède un organe très proche de Bon Scott, le chanteur d'AC/DC décédé peu de temps avant la sortie de l'album.
Ce mimétisme vocal possède un avantage, c'est qu'il a poussé un public conséquent à s'intéresser à la musique des Helvètes. Le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est à partir de ce disque que les choses ont commencé à bien marcher pour eux.

Je reconnais qu'au niveau originalité, ce n'est pas là qu'il faut chercher. L'ombre d'AC/DC n'est pas loin, mais le groupe possède sa propre personnalité. On commence par un Heatstrokes tout en force, fleurant bon les 70's: le public européen ne s'est pas trompé et ce titre est arrivé en tête des charts anglais. Pas mal pour un groupe sorti d'un coin perdu en Suisse. Bedside radio fait taper du pied comme jamais et montre que Krokus sait composer des hits et Come on n'est pas en reste. Ces trois titres donnent les mêmes symptômes que lorsqu'on écoute du AC/DC: une envie irrépressible de taper du pied, de jouer de l'air-guitar et de remuer de la tête. C'est grave docteur?
Streamer nous permet de nous accorder une pause: après trois titres tout en sauvagerie, il faut bien ça pour s'en remettre... Plus calme que les morceaux précédents, Streamer nous montre que Marc Storace n'est pas qu'une pâle copie de Bon Scott. Shy kid reprend les choses à leur rythme et une fois de plus, on se dit que les bougres ne peuvent pas prétendre ne jamais avoir écouté Angus Young and Co.
Tokyo Nights a une influence reggae qui me fait penser au titre Is there anybody there? de Scorpions (paru sur l'album Lovedrive en 1979), sympathique sans être essentiel. Lady double dealer n'est pas une reprise de Deep Purple, mais il sent les 70's à plein nez: un hard rock râpeux à souhait, teinté de blues, avec un chanteur déchaîné. Rien d'original, mais diablement efficace. Et la suite est du même tonneau: Fire, No way et Back Seat rock'n'roll sont l'incarnation même du hard rock, au sens dans lequel on l'entend aujourd'hui. Pour ce dernier titre, certains riffs me font penser à Girls got rhythm d'AC/DC (album Highway to hell, paru en 1979).

Je le répète, Krokus ne prétend pas avoir inventé le fil à couper le beurre, mais il n'y a pas à dire, c'est d'une rare efficacité. Arrivé plus tard qu'AC/DC, Krokus n'aura jamais autant de popularité que les Australiens, même si cet album leur a ouvert de nombreuses portes: ils ont pu ouvrir à de nombreuses reprises pour des groupes plus réputés, ce qui leur a permis de se faire connaître à l'échelon mondial.

Bref, du bon hard, que je recommanderais volontiers à tous les fans de hard rock typé 70's en général, aux fans d'AC/DC en particulier, et plus précisément aux inconditionnels de la période Bon Scott allergiques à la voix de Brian Johnson. Une alternative plus que crédible, sans prétention mais tout aussi intéressante.

mercredi 26 septembre 2012

Lenny Kravitz - Baptism


Lenny Kravitz, c'est un grand nom de la musique pop et rock de ces 20 dernières années.
Des tubes et encore des tubes: Are you gonna go my way, Fly away, Rock'n"roll is dead, Believe et j'en passe... Kravitz a cependant sorti des disques moyens entre la fin des 90's et le début des années 2000. Je pense notamment à 5 ou Lenny.

Ce multi-instrumentiste et parolier génial ne pouvait se contenter de contenter d'une pop mielleuse et se devait de réagir. C'est ce qu'il a fait avec Baptism, du moins en partie. Je m'explique:

Sur les 13 titres, je lui aurais conseillé d'en virer 4. Trois ballades gnan-gnan (comme Calling all angels,quelle plaie!) et un morceau avec le rappeur Jay-Z, qui n'apporte rien au schmilblick.

Par contre, Kravitz a su faire preuve de génie en écrivant des titres comme Lady, California ou Where are we runnin'? Des mid-tempo bien couillus, juste ce qu'il faut, bien calibrés pour une diffusion en radio sans avoir l'air d'y toucher. Le funky, Sistamamalover, le sentencieux Minister of rock'n'roll, le calme I don't want to be a star font également mouche.
Même la ballade poignante Baptism arrive à me convaincre. Ce n'était pas du tout gagné, car c'est un exercice de style que j'appréhende, surtout de la part de Kravitz. Je n'aime pas qu'on me refourgue de l'émotion à deux balles, du genre "Rétrospective d'une émission de télé réalité lorsque celle-ci touche à la fin et que les candidats plus débiles les uns que les autres se mettent à chialer."

Le meilleur album de Lenny Kravitz depuis Circus? Sans aucun doute. Un album exempt de défauts? Certainement pas. C'est mignon tout plein, mais sans les titres faiblards sus-mentionnés, ce serait mieux. Et par pitié, plus de pochettes comme celle-ci, c'est d'un narcissisme à toute épreuve!

mercredi 19 septembre 2012

Trust - Marche ou crève

Trust a confirmé avec ses deux premiers albums qu'il était une valeur sûre du hard rock. Il a même réussi à taper dans l'œil de groupes ou promoteurs étrangers. C'est dire!
Il faut bien dire qu'une hargne comme la leur, on n'en a pas vu beaucoup en France. Un braillard comme Bernie Bonvoisin et un guitariste comme Norbert Krief sont malheureusement trop rares dans notre beau pays. Complété par Moho Shemlek à la guitare, Yves Brusco à la basse et par Nicko Mc Brain (futur Iron Maiden) à la batterie, Trust tient là, et de loin, sa plus belle formation.

Et ça se ressent tout de suite, la musique est carrée, aucune aspérité ne dépasse. C'est clair, net et sans bavure. Aucune trace, à part le chant de Bernie, ne montre que le groupe est français. Ils ont tout fait comme les professionnels étrangers. Ce qui faisait le charme franchouillard sur les deux albums précédents n'est plus, et franchement c'est tant mieux!

Au niveau du discours, pas de grands changements: revendications sociales, critique de la politique et de ses dérives (la grande illusion), haine des extrémismes de gauche (Les brutes)comme de droite (la junte). On a même un hommage à Bon Scott, vocaliste d'AC/DC décédé un an auparavant. (Ton dernier acte)

Ce disque, publié en 1981, est le plus radical que Trust ait sorti, que ce soit au niveau de la musique ou des paroles. On remarquera qu'il n'y a pas d'arrangement de piano ou de cuivre. Et cela ne fait que rendre Trust plus crédible. Il n'y a aucun temps, la seule chose qu'on puisse lui reprocher est qu'il n'y a pas vraiment d'hymne fédérateur, comme Préfabriqués ou Antisocial sur les deux albums précédents. Mais à la place, on se prend un pavé d'une quarantaine de minutes dans la tronche! Croyez-moi, on n'y perd pas au change!

Cette absence d'hymne ôtera malheureusement de la visibilité à un album qui le mérite. Une telle baffe de la part d'un groupe français, cela aurait dû s'apprécier à sa juste valeur. Ce n'est en aucun cas la qualité des compositions ou la valeur des musiciens (Nicko Mc Brain sera d'ailleurs par la suite débauché par Iron Maiden tant les Anglais ont été impressionnés par cet album) qui est en cause, c'est juste qu'il est arrivé, je suppose, au mauvais moment au mauvais endroit.

Dommage... Mais vous pouvez réparer cette injustice et apprécier Marche ou Crève à sa juste valeur, il est encore temps...

mercredi 12 septembre 2012

Annihilator - Remains

Annihilator est l'archétype du groupe instable. A ce jeu, même Deep Purple ou Black Sabbath font office de petits bras! En 1997, année où est paru ce Remains, le leader d'Annihilator, Jeff Waters, est au fond du trou. En instance de divorce, luttant contre l'alcool, tous les membres de son groupe ont claqué la porte. Que faire? A l'instar de Mick Box (Uriah Heep) à l'époque où ce dernier a décidé de relancer son groupe, Jeff Waters décide de réécrire un album. Mais là où il fera fort, c'est qu'il le fera seul, sans même un batteur, avec une boîte à rythmes. Idée originale, mais pas véritablement payante.

Annihilator est un groupe de thrash. C'est l'évidence même. Cette boîte à rythmes va le transformer en un groupe de pseudo indus. Un peu comme les premiers Marilyn Manson. C'est vous dire l'étendue des dégâts. On entend clairement que c'est Waters l'instigateur de tout ça, mais aussi génial soit-il, il ne parvient pas à sauver les apparences.

Bien sûr, tout n'est pas fondamentalement mauvais. Là où ça choque le plus, c'est au niveau des sonorités. On s'attend à du thrash et on nous sert autre chose. C'est ça le malaise. Bon, quand on entend un titre comme Tricks and traps, on se dit qu'il ne faut désespérer de l'avenir. Personnellement, c'est pour moi l'un des meilleurs titres de thrash que je connaisse, rien de moins.
Les trois premiers titres, Murder, Sexecution et No love nous font comprendre qu'Annihilator a changé, pas forcément en mal. C'est après que ça se corse: la semi-ballade Wind n'est pas mal du et en étant magnanime, I want est correct, mais les autres titres sont carrément mauvais. Ça m'ennuie de dire cela d'un album d'Annihilator, groupe que je respecte au plus haut point, mais il faut appeler un chat un chat. Autant du mauvais indus, cela a toujours été plus ou moins le fond de commerce de Marilyn Manson, autant là avec Annihilator, je ne saurais faire preuve d'indulgence. Never, Humain Remains, Dead wrong, Reaction et Bastiage font vraiment partie des plus mauvaises chansons composées par Jeff Waters. On sent bien que ce dernier est mal dans sa peau et qu'il est en manque d'inspiration. J'en pleurerais presque! D'autant plus dommage qu'il a réalisé un excellent travail de production et que le tout a un son magnifique!
Le CD récemment réédité comprend deux bonus tracks, It's you, une ballade qui parvient en partie à m'ôter ce mauvais goût dans la bouche, et un baratin de Jeff Waters qui explique la gestation de cet album.

Remains en anglais signifie Restes. Là on pourrait croire que ce sont des chutes de studio de King of the kill ou de Refresh the demon, albums honnêtes mais pas non plus les meilleurs d'Annihilator. Encore heureux que quelques titres comme Tricks and traps sauvent Remains du marasme le plus complet...

Un album à réserver aux plus grands fans du groupe. Je le possède, donc vous comprendrez par là que j'en fait partie. Mais cela ne veut pas dire pour autant que j'ai perdu mon esprit critique. Sur les 13 pistes, je compte une tuerie, 5 bons morceaux, le reste mieux vaut l'oublier.
Heureusement, il n'agissait là d'une mauvaise passe transitoire, Annihilator revenant deux ans plus tard avec le même line-up que sur le légendaire Alice in hell pour nous refourguer un magnifique Criteria for a black widow.

mercredi 5 septembre 2012

Roger Taylor - Strange frontier


Roger Taylor est pour ceux qui auraient passé les trente dernières années coupés de toute civilisation le fameux batteur du légendaire groupe anglais Queen. Un cogneur doué doté d'une voix fort sympathique et d'une plume plutôt inspirée. N'oublions pas que c'est lui qui a écrit des titres aussi imparables que superbes tels que Sheer heart attack, Love of my life, Radio Ga Ga ou A kind of magic, entre autres. Il était donc intéressant de voir Taylor se lancer dans une carrière solo. Malheureusement, le résultat fut inférieur à nos espérances, comme le prouve ce Strange frontier publié en 1984.

Musicalement, Roger Taylor en solo, ça donne quelque chose entre Queen (forcément!), David Bowie et Bruce Springsteen. On sent bien que le travail de songwriting a été conséquent et que Roger Taylor n'a pas ménagé ses efforts en la matière. Mais la sauce ne prend pas: c'est plat... Bon, ce n'est pas un album solo de Gene Simmons, mais quelle déception!
Je me doutais bien que Taylor seul n'allait pas pratiquer un rock couillu comme Queen savait en jouer à ses débuts, mais ici on a grand peine à taper du pied sur les compositions originales. Rien à faire, c'est insipide. Seul le titre éponyme et Man on fire arrivent à attirer un peu mon attention.Cela me laisse complètement indifférent... Et les reprises, bof... Masters of war de Bob Dylan et Racing in the street de Bruce Springsteen sont méconnaissables et franchement, je préfère, et de loin, les titres d'origine.
Et surtout, cette production typique des années 80 signée David Richards est vraiment infâme. Plus de 25 ans plus tard, je me demande comment des artistes reconnus ont pu laisser massacrer leurs compositions de la sorte.Bien sûr que Roger Taylor n'est pas le seul à avoir subi les caprices d'un producteur (je pense entre autres à Santana sur l'album Freedom, complètement ruiné par une production calamiteuse), mais le son pourri n'excuse pas tout,loin de là. Les compositions sont faibles, et ce n'est pas la présence de quelques invités de renom tels Rick Parfitt (Status Quo) qui change la donne. C'est mollasson de bout en bout et on s'ennuie ferme.

Un groupe ne vaut que par la somme de ses individualités, serait-on tenté d'affirmer à l'écoute de ce Strange frontier ô combien décevant. Si vous voulez un bon album où jouait Roger Taylor en 1984, ruez-vous en toute confiance sur The works de Queen. Strange frontier est, vous l'aurez compris, un disque à réserver aux fans ultimes de la Reine. Quant aux autres, passez votre chemin, vous trouverez facilement plus intéressant ailleurs.

mercredi 29 août 2012

Kiss - Music from the elder

Pour beaucoup, Kiss, c'est le groupe des quatre blaireaux peinturlurés. Du hard rock sans prétention, juste du divertissement. Pour d'autres, ce sont les poses kitsch, et des titres qui ne le sont pas moins. Prenez un titre comme I was made for loving you: il y a un côté risible qui n'échappe à personne. (Notez que je me suis surpris à chanter dessus un jour où j'étais coincé dans les bouchons. Honte à moi!)
Heureusement pour eux, Kiss, ce n'est pas que ça : c'est aussi des classiques à la pelle: Cold gin, Strutter, Rock'n'roll all nite, Shout it out loud, Love gun pour ne citer que les meilleurs.
Mais en ce début de décennie, l'ambiance est déjà nettement moins à la fête. Le batteur originel a été remplacé pour raisons de divergences musicales par Eric Carr (et on ne perd pas au change). Le guitariste Ace Frehley supporte de moins en moins le leadership de Paul Stanley et Gene Simmons et sombre dans l'alcool. Musicalement, le groupe ne sait plus trop ce qu'il doit faire, notamment après l'échec de l'album précédent, Unmasked. Kiss décide de s'acoquiner à nouveau avec le producteur qui avait œuvré sur Destroyer, album formidable s'il en est.

Ce producteur, c'est Bob Ezrin, connu pour avoir travaillé entre autres sur School's out d'Alice Cooper et The wall de Pink Floyd. Pas mal comme CV. Mais Ezrin reste trop influencé par son travail avec David Gilmour and Co et a eu tendance à vouloir appliquer la même recette avec Kiss. Quand on y réfléchit bien, Kiss faisant un album concept, c'est quelque peu contre-nature. Kiss, c'est du rock pas prise de tête. Si on lui demande d'avoir des considérations métaphysiques, on va droit dans le mur. Et c'est ce qui s'est passé, du moins en partie.

Le concept de cet album, paru en 1981, le voici: un gamin doit combattre des forces maléfiques au cours d'une longue aventure et il est aidé pour cela par les Eldars. Légèrement tirée par les cheveux, cette histoire...
Tout ou presque sent le concept album et la patte de Bob Ezrin sur cette galette. La production est nettement différente des albums précédent, un peu comme si Kiss rencontrait Pink Floyd...
Heureusement, quelques titres sortent du lot: le titre d'ouverture, The oath, n'est pas mal du tout, Dark Light (seul titre chanté par Frehley) et Only you sont du Kiss typique, franc du collier. J'adore notamment le solo de gratte de Frehley sur Dark light. Certainement un de ses meilleurs.
D'autres morceaux sont sympas, sans plus, comme Mr Blackwell, plutôt convenu, de même que l'instrumental Escape from the island ou la premier partie du morceau final I.
Là où j'ai le plus de mal, c'est avec les titres plus calmes. Just a boy, Under the rose, A world without heroes et Odyssey ne sont pas des titres de Kiss pour moi. J'ai l'impression que ce sont des chutes de studio de Pink Floyd, réarrangées par Kiss, Ezrin et par le songwriter de luxe Lou Reed (oui, le type à l'origine du fameux Walk on the wild side) et interprétées par Kiss. Attention, je ne dis pas que c'est mauvais, loin s'en faut, mais pour moi c'est très loin du Kiss habituel. Original, oui, brillant, non. Kiss semble se forcer et le terme qui revient, c'est contre-nature...

Vous l'aurez compris, Kiss était perdu, Kiss a essayé de se refaire une santé, mais ce ne sera pas avec cet album. Personnellement je l'aime bien, malgré tout, pour les morceaux The oath et Dark light principalement. Mais il me faut bien reconnaître que la collaboration entre Bob Ezrin et le groupe est une alliance contre-nature qui pouvait en déstabiliser plus d'un fan. D'ailleurs, le disque a été un flop et aucune tournée n'a permis de défendre cet album devant un public. Dommage... Ceci perturbera encore plus Ace Frehley qui, moralement, n'en pouvait plus.
Heureusement, le sursaut ne va plus trop se faire attendre, avec les deux albums suivants: Creatures of the night (pour moi l'album de Kiss le plus heavy qui soit) et Lick it up. Mais ceci est une autre histoire...

En attendant, si vous êtes ouvert d'esprit et que vous avez une sympathie pour les losers, cet album devrait vous plaire. Pour les autres, Kiss a sorti de nombreux autres disques et il serait étonnant que vous n'en trouviez pas un qui vous plaise.

mercredi 22 août 2012

Can - Can


Can, c'est le groupe de Krautrock qui a proliféré dans les années 70, innovant avec des albums majeurs tels que Ege Bamyasi ou Tago Mago. Krautrock, car ce groupe est allemand et qu'il fait partie d'un mouvement musical jamais vu en Allemagne depuis 1945. Innovant, car il apporte des sonorités jamais entendues jusqu'alors, avec des rythmes répétitifs, le tout étant considéré comme fondateur de la musique électronique, à l'instar de leurs compatriotes Tangerine Dream ou Kraftwerk.

Je vous l'accorde, il faut être dans un état d'esprit particulier pour aimer ce groupe. Passez n'importe lequel de leurs disques à un auditeur lambda et je suis sûr à 99% qu'il ne comprendra pas où ils veulent en venir. L'originalité et l'ouverture d'esprit sont ici de rigueur, bien que ce soit ici le disque le plus simple d'accès, à mon avis. 8 titres, un peu moins de 40 minutes de musique, c'est amplement suffisant, plus de titres auraient rendu l'album difficile à écouter d'une traite.

On commence par un All Gates Open, de toute beauté, avec une basse de Rosko Gee qui donne plus que jamais le rythme, presque reggae, des soli et des vocaux de Michael Karoli très inventifs, des claviers très majestueux, limite planants d'Irmin Schmidt. Un grand moment de musique.
Safe est le deuxième bon moment de la galette, on est toujours dans les cieux, la batterie de Jaki Liebezeit martèle un tempo efficace, les paroles de Karoli sont chantées, limite parlées ou murmurées, les guitares permettent de s'imaginer dans les airs, les claviers s'y font plus discrets mais renforcent un côté oppressant.
Le titre suivant, Sunday jam, aurait pu passer en discothèque à l'époque. A la limite du disco, ce titre, bien construit, n'est pas un morceau majeur de l'album. De même que Sodom, qui est sombre et toujours planant, que j'aurais bien vu pour la bande originale d'un obscur film noir allemand des années 70.
On retourne à une musique plus enlevée et dansante avec Aspectacle, qui s'inscrit bien dans son époque, marquée par le disco. Ce titre est bien plus inspiré que Sunday Jam et donne vraiment envie de taper du pied.
EFS No. 99 Can Can est une reprise sauce Can d'Orphée aux enfers de Jacques Offenbach, titre plus connu sous le nom de French Cancan. Ça surprend de prime abord, mais franchement, ça le fait grave, et on s'y croit vraiment. Michel Karoli est une fois de plus impérial à la guitare, et Schmidt apporte quelques bidouillages avec ses synthétiseurs qui rendent le tout plus moderne.
Ping Pong, ce sont des bruitages du jeu Pong, paru dans les années 70, un bon interlude avec ce qui suit, mais pas de quoi deviser là-dessus toute une journée. Can be, reprend le thème du French Cancan, du moins en partie, sur le même rythme, et le groupe innove une fois de plus à coups de guitares dératées et de synthétiseurs vengeurs.

Un bon album du groupe, qui n'atteint peut-être pas les sommets des albums nommés ci-dessus, mais qui vaut son pesant de cacahuètes. Dommage que le bassiste originel du groupe, Holger Czukay, n'ait pas joué dessus et qu'il se soit limité à un petite rôle dans la production de l'album. Il aurait pu rajouter le petit grain de folie qui aurait transformé ce bon album en grand album. Mais on ne peut réécrire l'histoire et il n'y a pas trop de regrets à avoir, car Can est un excellent album.

Dommage aussi que cet album, paru en 1979, soit le dernier avant une reformation 10 ans plus tard, et qu'il ait moins les faveurs des fans, principalement en raison de l'absence de Czukay.

Vous pouvez vous jeter dessus, c'est de la bonne musique, et avec un peu de chance et dans les bonnes circonstances, vous passerez peut-être pour un intellectuel! C'est l'album qu'il vous faut pour débuter doucement avec Can, avant de poursuivre avec les chefs-d'œuvres du calibre de Tago Mago.

mercredi 15 août 2012

Winger - Winger


Encore un groupe de glam, vous allez dire. Ben ouais. Mais à mon avis, celui-ci est l'un des plus intéressants des années 80. Arrivé vers la fin des 80's, Winger s'est voulu d'entrée de jeu plus élaboré que la plupart des groupes de glam. On est en effet loin de la simplicité de Poison dont j'ai déjà parlé par le passé. Le premier effort de Winger, et également le meilleur, publié en 1988, est en ce qui me concerne à classer à côté de fameux albums du genre tels Shout at the devil ou Appetite for destruction.

Bon, il est clair que l'on n'échappe pas à l'esthétique propre aux groupes de hard US de cette décennie. Mais on s'en fiche pas mal, let the music do the talking, comme on dit.
Et là, on s'aperçoit très rapidement que l'on a affaire à des musiciens particulièrement talentueux. Kip Winger, chanteur et bassiste, possède un grain de voix qui n'est pas sans me rappeler celle de Tony Martin, chanteur de Black Sabbath à la même période. Reb Beach est un dieu de la guitare qui n'a rien à envier à Mick Mars, Vito Bratta ou Warren DeMartini. Ses soli laissent pantois tout apprenti guitariste et ses rythmiques sont d'une efficacité à toute épreuve. Les deux autres membres, Rod Morgenstein (batterie) et Paul Taylor (claviers) sont aussi brillants que leurs deux collègues, ce qui n'augure que du bon pour la suite.

Et effectivement, c'est bien ce qui ressort à l'écoute de ce premier opus éponyme. Cela reste du hard US, comme beaucoup de groupes en faisaient en ce temps-là, mais avec un je-ne-sais-quoi qui fait la différence. Leur arrivée discographique tardive laisse à supposer que le groupe a pris le temps de bien faire les choses: en ressort une maturité incroyable, en tous cas bien supérieure à celle de la majorité des groupes du même style de l'époque.
En fait, il me vient à l'esprit un nom pour qualifier le son et l'ambiance de cet album: le Black Sabbath de l'époque Headless cross/Tyr. Notamment à cause du chant de Kip Winger et de la grande présence des claviers, je pense. C'est particulièrement évident avec des titres comme Hungry.
A vrai dire, on a affaire ici à du grand hard rock avec un petite pointe d'AOR. C'est du grand art et il est difficile de faire la fine bouche tant les morceaux proposés sont de premier choix. La triplette d'ouverture Madalaine, Hungry et Seventeen est d'une rare efficacité et d'une maturité impressionnante. Mais les autres titres ne demeurent pas en reste, loin de là: la reprise de Jimi Hendrix, Purple Haze, est interprétée avec conviction et le groupe n'hésite pas à y rajouter un soupçon d'originalité. Reb Beach y confirme plus que jamais qu'il est un grand guitariste.

Non, il est difficile de trouver à redire sur ce disque. Je veux bien admettre qu'un titre comme Without the night est une ballade sirupeuse dégoulinant de bons sentiments (qui a dit gnan-gnan?) et que Headed for a heartbreak a mal vieilli et fait preuve de longueurs. Mais de la part d'un groupe débutant à l'époque, deux fausses notes sur un ensemble de 11 titres, c'est plutôt pas mal. Tous les groupes ne peuvent pas se vanter d'un tel pourcentage de réussite.

Une réussite que le groupe n'arrivera pas à réitérer, cependant. La suite de leur carrière, sans être foncièrement mauvaise, ne parviendra pas à conquérir le public rock. Il faut bien dire que l'émergence du grunge n'a pas aidé non plus Winger à se frayer un chemin tranquille dans le monde du rock étant donné qu'il était de bon ton de tirer à boulets rouges sur les groupes de glam.

Reste un premier opus plus que convaincant, qui parviendra sans problème à attirer votre attention et à vous intéresser sur le long terme, à condition que vous lui laissiez sa chance.

mercredi 8 août 2012

Kraftwerk - Autobahn

Une récente découverte que ce disque. Moi qui suis habituellement captivé par des grosses guitares bien saturées, je suis tombé sous le charme de cette œuvre majeure, une référence pour tout fan de musique électronique qui se respecte.

Bien sûr, les Allemands de Kraftwerk ne sont pas les premiers à avoir créé de la musique rien qu'avec des synthétiseurs. Leurs compatriotes de Tangerine Dream, ou dans une moindre mesure, Can, ont ouvert la voie. Mais là où les membres de Kraftwerk, Florian Schneider et Ralf Hütter ont fait fort, c'est que cet album a eu du succès.

Autobahn se compose de cinq titres, une plage éponyme de plus de 22 minutes, et 4 autres titres compris entre 3 et 6 minutes. C'est bien sûr le thème principal, Autobahn, qui a le plus mes faveurs. Moi qui suis un germanophile convaincu, je ferme les yeux, j'écoute le disque et je me retrouve dans mes rêves sur une autoroute allemande. (Au fait, pour les non-germanophones, en allemand, autoroute se dit Autobahn...) De longues étendues de macadam à perte de vue, des paysages magnifiques à ma gauche et à ma droite...

Ce titre peut paraître traîner en longueur, mais c'est aussi ce côté hypnotique et monotone qui fait son charme. Les sons sont révolutionnaires pour l'époque et franchement, c'est une pure réussite. J'estime que la bonne musique doit faire rêver et rester intemporelle. Pari gagné à 200%

Les autres titres, face à ce monument, paraissent quelque peu anecdotiques. Cependant, ils font preuve d'une grande qualité et sont très bien construit. Là aussi, la musique rend compte fidèlement du thème abordé: l'espace (Kometenmelodie 1 et 2), l'obscurité (Mitternacht) et la campagne (Morgenspaziergang).

Une fois cet album sorti, la musique électronique a gagné ses lettres de noblesse et l'avenir a donné raison à ces deux gars de Düsseldorf, qui font aujourd'hui figure de pionniers. D'ailleurs, Kraftwerk a sorti par la suite d'autres pépites (Trans-Europe Express ou The Man Machine). D'autres artistes ont suivi la voie tracée par le duo allemand, je pense notamment à Jean-Michel Jarre.

Très fort. Tout simplement. "Fahr'n fahr'n fahr'n auf der Autobahn!"

mercredi 1 août 2012

Aerosmith - Aerosmith

Aerosmith, encore un nom qui a marqué la musique rock des 70's. Très inspirés par le rock des Rolling Stones et par le blues du Delta, les Américains ont écrit une des plus belles pages de la musique de cette décennie. La recette de leur succès tient en quelques mots: un chanteur doué et des hymnes facilement mémorisables. Leur premier album, paru en 1973, en est la parfaite illustration. Retour sur les débuts d'un géant du rock.

Aerosmith n'avait clairement pas les mêmes moyens qu'actuellement. Rien qu'à regarder la pochette, on comprend que ça va être cru, sale. Des adjectifs qui s'appliquent également à la production de cet album. On est encore très loin des moyens déployés sur Pump ou Nine lives. Pourtant, la pochette indique aussi une fraîcheur et une envie certaine d'en découdre qui se confirme tout au long de cet album.

Bien sûr, avec plus de 35 ans de recul, cet album n'a plus du tout la même saveur. Mais à l'époque, ce dernier affichait les ambitions de ce groupe en devenir. Ce premier montre comment on faisait du rock'n'roll. Il faut pour cela des riffs efficaces qui sentent bon la sueur. Prenez le titre d'ouverture, c'est basique, mais c'est efficace. On entend les amplis à lampe poussés dans leurs derniers retranchements. Du bon blues rock sérieusement malmené. tout simplement.
Somebody suit le même schéma, impossible de ne pas avoir envie de taper du pied. A noter le travail d'orfèvre que réalisent les guitaristes Joe Perry et Brad Whitford. Le chanteur Steven Tyler est omniprésent, son chant rageur ne fait qu'intensifier la force des compositions de ce disque.
Premier tube, Dream on. Une ballade au message optimiste, qui incite à se battre pour réaliser ses rêves. Excellent titre malheureusement gâché par une production vieillotte. Pire encore, un rappeur américain s'est emparé de cette chanson il y a quelques années. Aucun respect...
One-way street est un blues rock qui fleure bon le Delta. L'harmonica est de sortie. Titre éminemment sympathique, mais pas le plus mémorable. Tyler y fait cependant preuve d'une rare conviction. Mama kin est l'un des autres titres les plus connus d'Aerosmith. Le riff principal est génial, on sent qu'il y a de la gniaque, le groupe a vraiment envie de bouffer le monde. Un grand moment de rock, assurément.
Write me est un rock on ne peut plus classique. Extrêmement basique, ce morceau est selon moi le plus faible de cet album. On ne peut pas dire nul, loin de là (ce n'est Gene Simmons en solo non plus!) mais rien de particulier à signaler non plus.
Movin' out nous montre une nouvelle fois un duo de six-cordistes qui abat un travail énorme. Perry et Whitford nous livrent des riffs ciselés à la perfection. Le solo est magnifique, Joe Perry était clairement que l'on allait pas oublier de sitôt. Le batteur Joey Kramer et le bassiste Tom Hamilton, certes plus en retrait, sont néanmoins excellents. Sans eux, l'album n'aurait pas eu la même classe. Un titre qui n'a rien d'un classique, mais qui aurait dû le devenir. Il en avait largement le potentiel, en tous cas.
On conclut avec un Walkin' the dog, une reprise du bluesman Rufus Thomas. Au début, ce morceau paraît sombre, mais plus les secondes passent et plus on a affaire à du Aerosmith pur jus. A noter un refrain excellent mis en valeur par un Steven Tyler plus remonté que jamais.

Aerosmith a pâti d'une production moyenne pour son premier album, mais les titres de qualité sont déjà au rendez-vous. En un album, Aerosmith avait posé les bases du hard rock à l'américaine. Belle performance. Et ce n'était là que le début. Le groupe allait mettre le monde à genoux avec des albums comme Get your wings, Toys in the attic (qui contient le célèbre Walk this way) ou Rocks.

Mais ceci, c'est une tout autre histoire que j'évoquerai prochainement. En attendant, redécouvrez cet album qui dégage une puissance hors-norme.

mercredi 25 juillet 2012

Slipknot - All hope is gone

Slipknot avait toujours été à mes yeux l'archétype du groupe calibré pour plaire aux djeun's. Pas par la musique, qui est plutôt brutale (encore qu'un peu trop sans queue ni tête par moments), mais par l'image des neuf musiciens qui le composent. Les masques de Slipknot, c'est un peu comme le maquillage de Kiss, c'est un élément fort pour être identifié, mais cela suffit-il pour pour faire de la bonne musique? Je vous laisse méditer sur le sujet...
Toujours est-il que j'ai écouté par hasard ce All hope is gone, paru en 2008, et que ce disque m'a mis sur le cul. Plus rien à voir avec le groupe qui me gavait avec son album éponyme ou Iowa... Comme quoi, on peut porter des masques de clown et savoir évoluer. Impressionnant, je vous dis!

Dès le début, on comprend que le groupe n'est pas venu pour plaisanter: on comprend vite que le neo-death d'antan a évolué. Je ne vais pas y aller par quatre chemins: les 6 premiers titres (je passe l'intro) sont des boucheries en puissance. Gematria (The killing name) nous montre un groupe au top de sa forme, les guitares sont salement puissantes et on y entend même un solo, chose plutôt rare pour le groupe de Des Moines. On enchaîne avec un Sulphur, lourd à souhait, avec des soli typés death metal de toute beauté que n'aurait pas renié Ralph Santolla (Deicide, Obituary).
Au niveau inspiration, le groupe ne s'arrête pas là, puisque des morceaux comme Psychosocial, Dead memories et Vendetta déchirent tout sur leur passage. De la pure sauvagerie, mais contrôlée. Contrairement à leurs opus précédents, il me semble qu'on comprend mieux où ils veulent en venir. Ils ont perdu le petit côté "chien fou" qui avait le don de m'agacer (c'était peut-être moi qui était déjà trop vieux, allez savoir...) Bref, 6 titres d'affilée qui me font changer d'avis sur un groupe qui, au mieux, m'indifférait, c'est plutôt pas mal.

C'est à partir de là que ça se corse un peu... Je trouve Butcher's hook fade, sans relief, reprenant les vieilles ficelles des albums précédents. Je retrouve le même défaut sur Wherein lies continue, sur lequel j'ai beaucoup de mal à accrocher. Je sais, je suis déjà un vieux con qui devrait retourner écouter Kiss... Ça s'améliore un peu avec Gehenna, bien que le chant de Corey Taylor, inspiré ici par celui de Mike Patton (Faith no more) m'énerve un peu à la longue.
Snuff est pour le moins incongru, une ballade au milieu de cet océan de brutalité. Après tout, pour quoi pas, le groupe avait déjà un peu adouci son propos sur son précédent album, Vol 3 The subliminal verses. Corey Taylor expliquait que cette chanson lui était très personnelle et que qui quiconque ne l'aimait pas avait un sérieux problème. Je n'irais pas jusqu'à dire que je n'aime pas ce titre, mais j'ai un peu de mal à le comprendre. Enfin, mon avis importe peu...
Et on conclut sur un All hope is gone brutal à souhait, efficace, aussi intéressant que les premiers titres évoqués ci-dessus. Une excellente conclusion à un album qui ne l'est pas moins.

Ce All hope is gone est une pure merveille, ce que je n'aurais jamais dit des précédents albums. En soi, c'est déjà une sacrée performance. Slipknot a su nous apporter la preuve qu'on peut évoluer intelligemment, tout en ne s'éloignant pas trop de son noyau dur de fans. Je pense que le passage de Corey Taylor chez Stone Sour a permis à ce dernier de mettre un peu plus de subtilité dans son propos, ce qui n'a pas nui à la cohérence de l'ensemble, bien au contraire. Et le travail fourni par le guitariste du groupe est monumental: on dirait presque qu'il a pris des cours de guitare pendant les quatre ans qui ont séparé cet album de son prédécesseur! Ce disque est de surcroît bien produit et nul doute qu'il ne subira pas les outrages du temps avant un moment.

De la bien belle ouvrage, et de très loin le meilleur album de Slipknot. Cet opus est pour moi l'un des meilleurs de 2008. S'il ne vous faut qu'un album de ce groupe, ce doit être absolument celui-ci.

mercredi 18 juillet 2012

Deep Purple - Come taste the band


1975. Deep Purple a tout prouvé. Prouvé qu'il était un groupe génial. Prouvé aussi qu'il était un groupe on ne peut plus instable. En effet, dès 1973 (je passe volontiers sur le Mk1) le chanteur Ian Gillan et le bassiste Roger Glover ont quitté (plus ou moins) volontairement le navire, remplacés respectivement par les non moins fameux David Coverdale et Glenn Hughes.
Ces derniers apportent un côté plus bluesy, mais aussi un caractère plus funky aux nouveaux titres. Ceci est flagrant sur l'album Stormbringer. Ritchie Blackmore, Guitariste et leader du combo, ne l'entendant pas de cette oreille, se casse pour fonder Rainbow avec la bande de Dio.

Que devait faire Deep Purple? Les deux membres historiques du groupe, Jon Lord (claviers) et Ian Paice (batterie) songent à stopper l'aventure, Coverdale et Hughes insistent pour continuer, aidés en cela par leur maison de disques. Des auditions sont organisées rapidement, and the winner is: Tommy Bolin, jeune guitariste américain.

Ce dernier apporte un vent de fraîcheur au groupe et cela se ressent au niveau des compositions. Les adjectifs qui qualifient le mieux les titres de Come taste the band sont: frais, dynamiques, funkys. Alors que Stormbringer pouvait vite lasser, le nouvel album apporte enthousiasme au groupe.

L'album débute par un Comin' home bien hard, ensuite viennent titres magnifiques, bien funky, où l'influence de Bolin et Hughes se remarque facilement, Lady Luck, Gettin Tighter, Love child, I need Love. Le Purple propose en prime deux titres que je qualifierais de "mélancoliques" avec This time around/Ode to G.
Cet album contient, je le concède, deux titres un peu plus faibles, mais demeurant néanmoins de qualité: Dealer et Drifter.

Il est évident que l'arrivée de Bolin a donné un second souffle, mais la suite ne s'est pas déroulée exactement comme les membres du groupe l'avaient souhaité.
Les fans regrettaient le départ de Blackmore et ne se gênaient pas pour le faire savoir en concert. Le groupe n'avait pas non plus réalisé que Tommy Bolin avait un sérieux problème d'addiction à l'héroïne. Ceci, ajouté aux problèmes de drogue de Hughes, allait ternir l'ambiance dans le groupe et la réputation de ce dernier en concert.
Les premières dates, en Asie, furent désastreuses, le niveau s'est quelque peu amélioré début 1976 lors de la tournée américaine du groupe (je vous conseille de poser une oreille sur le live On the wings of a Russian foxbat) mais cela reste largement en dessous de ce que le groupe pouvait proposer par le passé.

La qualité des musiciens n'est pas en cause, seulement les problèmes de drogue des deux membres sus-cités et les ambitions solos de tous les musiciens. Cela a conduit Jon Lord à annoncer la fin du groupe en mars 1976, après un concert désastreux à Liverpool. Chaque membre a continué à écrire l'histoire de la musique avec d'autres formations, mais cela, c'est une autre histoire...

Come taste the band a souffert pour toutes ces raisons d'un déficit d'image. C'est un album sous-estimé qui mérite toute votre attention, rien dessus n'est mauvais. C'est juste que pour de nombreux fans, Deep Purple sans Blackmore n'est plus Deep Purple.

Me concernant, j'ai toujours une sympathie pour les mal-aimés, surtout s'ils sont détestés pour de mauvaises raisons.

mercredi 11 juillet 2012

Marilyn Manson - Portrait of an American family

Pour beaucoup, Marilyn Manson représente le metal actuel. Ce n'est qu'une infime partie du style, popularisée par les excès et les provocations (qui a dit bouffonneries?) de son leader. Certes Manson a sorti quelques disques pas trop mal, mais ça ne sera pas vraiment le cas de ce premier opus, paru en 1994.

Il est évident que le style de Marilyn Manson, celui pour lequel tout le monde le connait n'est pas encore affirmé. On ressent clairement la patte de Trent Reznor sur cette œuvre. Ce dernier a tout appris au groupe: comment composer et surtout comment choquer et se faire connaître.

La leçon n'est pas trop mal retenue, mais on ne peut pas dire que ce soit une franche réussite. Tout n'est pas foncièrement mauvais, vous avez même quelques titres qui sortent du lot, comme Cake and sodomy, Lunchbox, Dope hat ou même en étant généreux Dogma, qui je dois le reconnaître, est plutôt bien ficelé. Sexe, drogue, religion, le cocktail gagnant pour faire chier les puritains américains est déjà là. Mais pour le reste, point de salut, les compositions, typées metal industriel, ne sont pas encore au point, le vrai Marilyn Manson est encore en gestation. On s'ennuie ferme, en dehors de ces 4 titres. Je vais peut-être me faire lyncher par les fans hardcore du groupe, mais il y a des fois où il est impossible de se voiler la face.

Pas grand chose à retenir de cet opus, si ce n'est qu'il reste aux membres du groupe un boulot immense à accomplir. Ce n'est pas le pire premier album que j'ai entendu car celui-ci est bien produit (rien à voir avec le premier Sepultura ou le premier Mayhem qui peuvent paraître effroyable de ce point de vue), mais pas franchement le plus recommandable au niveau de la qualité des morceaux.
Très personnellement, je préfère, et de loin, l'album du groupe de Trent Reznor, Nine Inch Nails, nommé The downward spiral, sorti également en 1994. Et si vous voulez du bon Manson, je vous conseille plutôt la trilogie Antichrist superstar, Mechanical animals ou Holy wood. Là vous trouverez de la qualité.
Portrait of an American family est donc un album dispensable, loin des trois albums précédemment cités. A ne recommander qu'aux fans hardcore de Manson. Pour les autres, à vous de voir...

mercredi 4 juillet 2012

Billy Idol - Rebel yell


Billy Idol est vu de nos jours comme un artiste ringard, notamment à cause de son look. Pourtant le rocker blond a pondu quelques albums qui ont largement résisté à l'épreuve du temps, ce dont nombre d'artistes des années 80 ne peuvent guère se vanter.
Après un premier album éponyme paru en 1982 plus que prometteur (un opus qui contenait entre autres les tueries White wedding et le fameux Dancing with myself), le rocker au look futuriste (du moins à l'époque!) se devait d'enfoncer le clou. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il a réussi son coup. Rebel yell, paru en 1984, est l'album de tous les succès.

Commençons par les titres qui sont passés à la postérité. Il y a tout d'abord Rebel yell, le titre éponyme qui fait bien plus qu'ouvrir l'album, c'est un véritable mot d'ordre. Le rock de Billy Idol est furieux et écrase toute la concurrence sans laisser à cette dernière la moindre chance de s'en remettre.
Le second titre phare de cet album, c'est Eyes without a face, un titre nettement plus calme qui permet de calmer le jeu. Un slow de toute beauté, bien que trop méconnu à mon humble avis. Flesh for fantasy est bien connu grâce à sa vidéo kitschissime, mais le titre en lui-même est vraiment excellent.

Il faut dire que Idol était particulièrement bien entouré: le guitariste Steve Stevens n'est sans doute pas célèbre et son nom n'évoque certainement rien au grand public, mais ce n'est absolument pas par manque de talent. L'homme est impeccable en rythmique et il innove sans cesse au cours de cet album.

Même les titres qui ne sont pas sortis en single auraient pu l'être, car tous sont des hits en puissance. Daytime Drama, Blue Highway, Catch my fall ou Stand in the shadow sont des titres véritablement excellents et les talents combinés de Stevens et de Idol sont font mouche à chaque fois. Crank call ou The dead next door sont les moments les plus faibles de ce disque, mais des morceaux moyens de ce calibre, beaucoup d'artistes s'en contenteraient et en feraient des titres majeurs!

L'avantage de la musique de Billy Idol, c'est qu'elle est assez brutale pour convaincre un public rock exigeant, mais l'aspect dansant de sa musique permet sans peine d'attirer un public mainstream. Bref, c'était le succès assuré pour Billy Idol et sa bande, et c'était plus que mérité. 28 ans plus tard, Rebel yell sonne encore frais et a très bien vieilli. Cela donne toujours envie de taper du pied. Passez Blue Highway ou Rebel yell dans une soirée et voyez si ça n'attire pas du monde sur la piste (sur le dancefloor comme disent maintenant les djeun's).

Le genre d'albums qu'il faut écouter le matin pour vous donner la pêche toute la journée. C'est peut-être pas original, mais dans le genre, c'est plutôt efficace. Et c'est déjà pas mal.

mercredi 27 juin 2012

Firebird - No.3

J'ai rarement vu une pochette aussi sobre. A vrai dire, ça colle plutôt bien à la musique du groupe. Du rock bien couillu, sans fioritures. Quelque part entre Humble Pie, Black Sabbath et Deep Purple, avec une pointe de modernité. Ce troisième album, paru en 2003, confirme tous les espoirs placés en lui.

Firebird n'est pas qu'un de ces nouveaux groupes qui essaient de faire revival, de faire croire qu'ils ont connu les années 70, en enregistrant des albums qui fleurent bon les 70's avec du matériel analogique comme on le faisait dans les 70's.
Firebird, c'est avant tout le nouveau bébé de Bill Steer, guitariste connu pour avoir officié chez Carcass, groupe de grind légendaire. Inutile de dire que Steer a adouci le propos: la guitare est typique hard rock, la voix de Steer est douce et on sent un léger manque d'assurance derrière le micro.

Steer a bien su s'entourer, George Atlagic à la batterie et Roger Nilsson à la basse ont la technique nécessaire pour accompagner Steer, tout en sachant s'effacer derrière leur leader. Et le résultat, le moins que l'on puisse dire, est efficace.

No.3 c'est 10 titres de hard rock, dans la plus pure tradition. Il y a des gros riffs, une légèrement coloration blues, comme sur Stoned believer ou Station. C'est technique, mais pas trop, ça envoie le bois comme il faut et ce ne sont pas des morceaux comme Cross the line ou End of the day qui me feront dire le contraire.

Bien sûr, je concède volontiers qu'il n'y a rien de franchement original, d'autres ont proposé des choses similaires par le passé. Je ne cache pas non plus qu'il y a une certaine nostalgie pour les groupes en question et ça fait du bien d'entendre un album où on trouve des titres comme
Tumbling down ou Hard Hearted, des titres comme on n'en fait plus.

Je concède également le fait que vers la fin, l'album s'essouffle et que les deux derniers titres sont dispensables, sans être fondamentalement mauvais. Comme quoi, le retour vers le passé a ses limites.

Bref un bon album, du hard sans prétention mais efficace, comme on en trouve que trop rarement. Si vous voulez du hard rock typique 70's et que vous en avez assez de vous taper les disques des pionniers du genre, ce No.3 est fait pour vous. Je vous recommande également l'album suivant, Hot wings, qui ne vous décevra pas.
Quelques groupes ont réussi le voyage dans le temps, tels Spiritual Beggars ou Orange Goblin, et je ne manquerai pas de vous en parler dans le futur.

mercredi 20 juin 2012

Gillan - Mr Universe

Mr Ian Gillan n'est pas un parfait inconnu pour tout amateur de hard rock qui se respecte. C'est avant tout LE vocaliste de référence de Deep Purple. Evincé de manière peu élégante en 1973, Ian décide de se lancer dans son propre projet. D'abord, le Ian Gillan Band, pour lequel il ne connaîtra qu'un succès d'estime, les influences jazzy ayant dérouté les fans. Il décide de revenir à l'essentiel en 1979, sous le nom de Gillan. Et là, ça ne rigole plus.

La première chose à faire dans la situation où se trouvait Gillan est de se trouver des musiciens talentueux pour pouvoir soutenir la comparaison avec son ancien groupe. Bernie Tormé, à la guitare, est peut-être un peu moins subtil que Ritchie Blackmore, mais ça reste un as de la six-cordes. Colin Towns aux claviers est au moins aussi doué que Jon Lord, et la section rythmique, composée de John Mc Coy (basse) et Mick Underwood (batterie) n'a rien à prouver non plus.

Mr Universe contient - je ne ferai pas durer le suspense - 10 titres monumentaux. J'avoue que le titre d'intro, composé par Towns m'a fait peur, tant le son du clavier a très mal vieilli... Mais dès le vrai premier titre, ça ne rigole plus. Secret of the dance est énorme! On a affaire ici à du très lourd, Tormé s'affirme ici en tant que guitariste et ça vaut très largement un Deep Purple ou un Rainbow. La claque! De la part d'un groupe dont on disait que le leader n'était rien sans Purple, c'est une très bonne surprise.
Et au rayons grosses baffes, ce n'est pas fini, Mr Universe, Vengeance, Message in a bottle mettent tout le monde d'accord: Ian Gillan et son groupe sont des fous furieux! Jamais le hard rock ne s'était fait aussi furieux. Il n'y a que Motorhead ou dans une moindre mesure Ted Nugent, dans ses meilleures années, qui arrivent à rivaliser au niveau intensité. Des titres indubitablement taillés pour la scène...
Les titres s'enchainent trop vite, aucun n'est décevant, et on arrive très rapidement à Fighting man, le morceau final qui, une fois de plus, dépasse de la tête et des épaules une bonne partie des productions de cette année-là. C'est un titre superbe où Ian Gillan montre l'étendue de ses talents de chanteur, et le registre du monsieur est pour le moins impressionnant, les hurlements à la fin de la chanson nous rappellent des Child in time ou des Thrashed... Ni plus ni moins!

Très étonnant que la carrière solo de Ian Gillan ne soit pas reconnue à sa juste valeur, parce qu'avec des albums comme celui-ci, on se prend une gifle magistrale. Par rapport au Rainbow de la même époque, il n'y a pas de comparaisons possibles: j'ai l'impression que Down to earth, sorti également en 1979, est mou par rapport à l'album de Gillan. Il faut bien dire que le chanteur avait une revanche à prendre et que ses musiciens, relativement peu connus à l'époque, avaient faim de succès.

Inutile de vous dire que vous devez courir chez votre fournisseur de disque habituel vous procurer cet album magique trop injustement oublié. Et tant que vous y êtes, vous pouvez aussi ramener chez vous plusieurs albums du groupe, comme Glory road ou Magic, qui sont au moins aussi bons que Mr Universe, tout en montrant un groupe plus expérimenté et plus mûr.

En 1979, Ian Gillan avait encore beaucoup de choses à dire, et il ne s'en est pas privé. Et avec la manière, qui plus est...

mercredi 13 juin 2012

Rainbow - Straight between the eyes

Du temps où Ronnie James Dio faisait partie de Rainbow, ce groupe mythique fondé par le guitariste Ritchie Blackmore était synonyme de hard rock aux accents néoclassiques, avec des soli du feu de dieu, des hymnes monumentaux figuraient sur chaque album. Puis un jour sa Majesté Blackmore a décidé de prendre une orientation plus commerciale (ne voyez rien de péjoratif dans ce mot, les artistes ont le droit de gagner leur vie, tant qu'il demeure une intégrité artistique). Orientation qui n'a pas plu, on s'en doute, à l'elfe Dio. Graham Bonnet, puis Joe Lynn Turner lui ont succédé, avec plus ou moins de réussite. Les puristes considèrent que l'âge d'or du groupe se fit avec Dio. Ce serait réducteur, car les albums post-Dio valent leur pesant de cacahuètes, comme le prouve ce Straight between the eyes publié en 1982.

Joe Lynn Turner possède un organe nettement plus orienté que ses prédécesseurs vers le rock FM. J'en vois déjà qui frémissent rien qu'à l'évocation de ce style. Je peux comprendre, j'ai eu la même réaction, surtout quand j'ai vu la jaquette du disque. Blackmore et compagnie maquillés, faisant attention à leur look, coiffés comme des caniches... ça fait froid dans le dos.
Mais fondamentalement, rien n'a changé. Blackmore possède toujours son mordant, et les morceaux se veulent foncièrement rock dans l'esprit. Ce n'est pas des titres comme Death Alley Driver, Power ou Bring on the night qui vont me faire dire le contraire. C'est rageur, bien construit, les soli d'influence néoclassique sont encore là, bref le groupe est encore particulièrement compétent et a encore de la ressource.
Au niveau du chant, là aussi un important travail a été réalisé par Turner, la voix de ce dernier est extrêmement puissante et les paroles sont plus élaborées que la plupart des groupes en vogue à l'époque. Je pense notamment à un titre comme Tite Squeeze Pas de minauderies, pas de niaiseries. C'est du rock, du vrai, joué par des musiciens expérimentés qui n'ont plus rien à prouver.
Même les titres plus calmes comme le single Stone cold, Tearin' out my heart ou Miss mistreated
tirent facilement leur épingle du jeu et ne tombent pas dans la facilité de la sensiblerie à deux balles.

Quand on y pense, le titre de cet album et l'artwork sont plutôt révélateurs du contenu. Droit dans les yeux, ça signifie du rock, direct, sans fioritures. L'ensemble est particulièrement bien ficelé et a de plus bien vieilli. Pas étonnant lorsqu'on sait qui a produit le disque: il ne s'agit rien de moins que du bassiste du groupe, qui est devenu avec le temps un producteur respecté, Roger Glover. Un ex-Deep Purple, comme Blackmore. 28 ans plus tard, les neuf titres qui composent Straight between the eyes sont toujours aussi bons. Cela aussi, ce n'est pas un mince exploit.

Un grand disque à réécouter encore et encore. Un disque qui prouve que l'on peut emprunter une voie plus commerciale tout en maintenant un niveau de qualité élevé. Le genre de disque qui n'a pas fait passer la décennies des 80's pour une décennie ringarde, contrairement à certains groupes de glam de cette période. A redécouvrir.