vendredi 30 avril 2010

Ozzy Osbourne - Blizzard of Ozz

En ce début de décennie, Ozzy Osbourne avait la rage. Furieux d'avoir été évincé de Black Sabbath deux ans plus tôt, Ozzy avait à cœur de faire mieux que ses ex-petits camarades. Ce n'était pas gagné d'avance, car le sieur Osbourne était empêtré depuis longtemps dans ses problèmes de substances et d'alcool. Pari tenu cependant, car l'inspiration et l'aide d'un petit jeune qui avait soif de succès, Randy Rhoads, vont rendre ce premier opus solo, publié en 1980, tout simplement exceptionnel. Mieux: magique.

Ozzy avait une sérieuse revanche à prendre sur la bande à Tony Iommi. De bonnes idées, il en avait toujours. Mais il fallait trouver des musiciens dignes de les concrétiser. Ozzy fera une bonne pioche en recrutant Randy Rhoads, un petit génie de la guitare qui avait autrefois brièvement officié pour Quiet Riot. Ce mec est un tueur et n'a rien à envier au moustachu Iommi. Pour la section rythmique Ozzy s'entouré d'un bassiste et d'un batteur expérimentés, respectivement nommés Bob Daisley (ex Rainbow) et Lee Kerslake (ex Uriah Heep). La formation au complet pouvait s'atteler à fignoler un disque qui allait durablement marquer les 80's et les décennies suivantes. Rien de moins...

Pour vous situer le niveau, 30 ans après la sortie de cet album, Ozzy se doit de jouer au moins cinq morceaux de cet album en live, sous peine de laisser son public sur la faim. 5 incontournables sur 9 titres, c'est déjà très fort. Mais quand on a des chefs-d'œuvres comme I don't know ou Crazy train, difficile de les ignorer. Les riffs sont démentiels, Ozzy chante comme un dément et les soli sont tout bonnement magnifiques. Rhoads est un dieu de la guitare, probablement le meilleur guitariste qu'Ozzy ait eu en solo (je sais, le sujet fait débat...)
Heureusement qu'après ces deux tueries en ouverture, on dispose de la ballade Goodbye to romance (voici le troisième classique) pour souffler un peu. Rhoads en profite pour glisser un petit instrumental de toute beauté par la suite, Dee (dédié à sa môman).

Les choses sérieuses reprennent avec Suicide solution (et de quatre!) dédié à Bon Scott, le chanteur d'AC/DC décédé la même année étouffé dans son vomi suite à une soirée particulièrement alcoolisée. Un drame qui a marqué Ozzy. Le cinquième gros morceau de ce disque, c'est Mr. Crowley, heavy de chez heavy, un monument de technicité signé Randy Rhoads. Ecoutez les soli au milieu et à la fin du morceau et vous comprendrez que ce mec est un surdoué de la six-cordes. Une étoile est née et c'est grâce à Ozzy que Rhoads est devenu quelqu'un de reconnu dans le business de la musique.

Le reste de l'album est sans doute moins marquant mais loin d'être mauvais pour autant: le sombre Revelation (Mother Earth) laisse encore une fois éclater le talent de Rhoads et Osbourne, No bone movies donne plus que jamais envie de taper du pied, tout comme le final Steal away (the night). On sent avec ces morceaux que le Ozz reprenait goût à la vie et c'était loin d'être gagné d'avance.

Ozzy triomphait en 1980 avec ce Blizzard of Ozz tout comme Black Sabbath laminait la concurrence avec Heaven and hell. Difficile d'opérer un tri entre ces deux galettes de premier choix. Personnellement je n'arrive pas à me décider, même si j'ai malgré tout un petit faible pour le premier. Le phénix renaissait de ses cendres et ce n'était pas pour déplaire au public hard qui attendait depuis longtemps la réaction d'Ozzy. C'est le genre d'albums où rien, je dis bien absolument rien n'est à jeter. C'est du grand art. Tout fan de hard rock se doit de connaître et d'apprécier ce disque. Ou plutôt devrais-je dire cette Bible. Tout y est, pas la peine d'en dire plus.

Prosternez-vous devant cette œuvre intemporelle, bande de sauvages!

mardi 27 avril 2010

Gary Moore - We want Moore!

Gary Moore est, pour ceux qui l'ignorent, un des guitaristes qui ont joué dans Thin Lizzy. Un génie de la six-cordes qui joue vite et dur, un guitar-hero qui a influencé entre autres un certain Yngwie Malmsteen. Mais en dehors du groupe irlandais, Moore était tout sauf perdu. Après avoir sorti des albums magnifiques comme Corridor en 1982 et Victims of the future en 1983, le père Moore décide de se lancer dans une tournée mondiale gigantesque avec le guitariste Neil Carter, le bassiste Craig Gruber et le batteur Ian Paice (oui, le fameux batteur de Deep Purple).
La scène peut être un exercice casse-gueule pour de nombreux artistes, mais Moore s'en tire sans aucun problème comme le prouve ce We want Moore! paru en 1984.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Gary Moore savait tenir une scène. Pas étonnant avec des titres aussi magnifiques que Murder in the skies, Shape of things ou Victims of the future en ouverture. D'emblée, on est frappé par la puissance des compositions et par la dextérité de ceux qui les interprètent. Au cours de cette première moitié de décennie, Moore et ses sbires sont au sommet de leur art et il n'y a pas grand-chose à redire, si ce n'est que les titres studio paraissent bien fades en comparaison de ceux présents sur ce live explosif!

Cold hearted est plus lent, plus lourd, mais certainement pas moins efficace. Une bonne pause qui permet à Moore de montrer à son public tout son talent en fin de morceau, à l'occasion d'un solo endiablé. Ce type est vraiment un pro et le public lui mange dans la main. Et ce n'est pas avec End of the world et Back on the streets que les choses vont se calmer. On a toujours affaire à du gros rock sans concession et on regrette juste une chose, c'est de ne pas avoir vu le groupe à cette période! Pourquoi je ne suis né qu'en 1982???

A partir de ce moment précis, Moore et sa bande calment un peu le propos avec l'instrumental So far away, sympathique mais il est un peu surprenant de retrouver ce genre de titres sur un live. Puis vient le plus grand classique de Gary Moore, Empty rooms, une ballade sur laquelle la voix de Moore se confond presque avec celle de Glenn Hughes. Une voix chaude, profonde, presque soul, qui fait particulièrement merveille sur ce titre.
Heureusement, le groupe revient aux affaires avec Don't take me for a loser et Rockin' and rollin', deux brûlots terriblement efficaces. Bref, à part deux titres plus calmes, l'adjectif qui correspond le mieux pour qualifier cet album en public est explosif. Des premières aux dernières secondes, on sent qu'il y a le feu dans le public et sur scène. Je ne crois pas que quiconque à l'époque s'en soit plaint.

Ce live est un instantané de Gary Moore au cours de la tournée Victims of the future. C'est un live costaud, lourd, brut de décoffrage, un disque d'hommes si je puis m'exprimer ainsi. Un grand moment de rock'n'roll comme on n'en fait plus et c'est bien dommage d'ailleurs. C'est assez dommage que par la suite, Gary Moore ait décidé d'emprunter une voie plus bluesy par la suite car il avait largement le talent pour réussir à s'imposer sur la scène hard rock des 90's. Pas grave, on se contentera largement de ce qu'il a enregistré dans les années 80 et ce live est la parfaite illustration que nous avions affaire ici à un grand du rock. Chapeau bas, Mister Moore!

vendredi 23 avril 2010

Queen - Sheer heart attack

A cette époque, Queen était un jeune groupe qui avait encore tout à démontrer. Les deux premiers albums, largement passés inaperçus par leurs contemporains, montraient un combo plein de ressources mais encore trop attaché à ses illustres aînés, Led Zeppelin notamment. Queen était conscient qu'il restait un travail conséquent à accomplir pour s'affirmer. Une bonne partie du boulot a été effectuée avec ce troisième album paru en 1974.

Sheer heart attack est définitivement l'album qui a fait rentrer le groupe anglais dans la cour des grands. Il comporte entre autres deux tubes en puissance qui se doivent de figurer sur n'importe quel Greatest hits, à savoir Killer queen et Now I'm here. Le premier est relativement soft, la voix et le piano de Freddie Mercury y contribuent grandement bien que la guitare de Brian May, au son caractéristique ne soit pas en reste. Le second est typique du Queen de cette époque: hard rock en diable, pêchu et rentre-dedans comme il se doit.
Mais cantonner cet album à ces deux titres, aussi grandioses fussent-ils, serait vraiment dommage. Car à mon sens, les pépites ne figurent pas parmi les titres pré-cités. Je les vois plutôt, par exemple, du côté de Brighton rock, le morceau d'ouverture. Là aussi, impossible de prétendre que Queen ne savait pas faire de hard rock à l'époque. Le solo de Brian May est magnifique, peut-être qu'il s'agit ici du plus beau solo que le guitariste ait écrit au cours de sa carrière. Ou peut-être faut-il poser une oreille du côté de Stone cold crazy, un morceau rapide mais diablement efficace, tellement efficace qu'il a été repris et popularisé par un certain groupe américain nommé Metallica. Pas mal, non? Dans un autre registre, j'adore In the lap of the gods revisited, un grand moment d'émotion qui n'a pas manqué d'être repris lors des futurs concerts de la Reine, et que l'on retrouve sur le mythique Live at Wembley stadium. J'ai la chair de poule à chaque fois que j'entends cette version en public, pour tout vous dire...

Le reste de cet album? Du Queen typique, avec ses instants de folies, celui que tout le monde se doit d'apprécier, tout simplement. Je pense par exemple à Bring back that Leroy Brown, qui n'aurait pas dépareillé dans un club de jazz à la Nouvelle Orléans. Tenement funster, interpété au chant par Roger Taylor (et non pas John Deacon comme je l'avais indiqué précédemment) , est à mon avis un grand titre, hélas trop oublié. Mais là aussi, le tout est contre-balancé par des moments d'exception comme on n'en fait plus de nos jours: des titres comme Dear friends ou She makes me sont gorgés d'émotion sans tomber dans l'excès.

Queen a su prouver avec ce troisième opus qu'il avait une personnalité propre et qu'il ne devait rien à personne. Impossible que cet album vous laisse indifférent tant il est excellent. Probablement l'un des meilleurs des années 70's, pour sûr. Et dire que ce n'était là que le début, que des albums comme A night at the opera ou A day at the races allaient sortir dans les deux années qui allaient suivre... Tout bonnement extraordinaire. Excusez du peu!
Sheer heart attack est l'un des albums de Queen qu'il faut vous procurer d'urgence, c'est le genre de disque qui vous colle une trempe monumentale alors que vous ne vous y attendiez pas. Le genre de disque dont il est impossible de se lasser. Tout simplement...

mardi 20 avril 2010

Type O Negative - Slow Deep and Hard

A l'heure où nous apprenons le décès de Peter Steele, le leader de Type O Negative, il me semble quasiment impossible de faire l'impasse sur ce groupe phare de la scène metal des 90's. Je vous propose de revenir sur leur premier album plutôt méconnu et ô combien sous-estimé, Slow Deep and Hard, paru en 1991.

Type O Negative a été le dépositaire d'un metal gothique inspiré où se mêlent ambiances glauques, sexe, drogues, misanthropie et dégoût de soi (de la part de Peter Steele). Ambiances popularisées par les magnifiques Bloody Kisses, October Rust ou Dead Again. Mais Slow Deep and Hard reste le premier volet de la saga Type O Negative, qui prendra véritablement son essor au milieu des 90's.

Sept titres pour plus de 50 minutes, c'est long, très long. Et ici, je dirais même que c'est du très lourd. La lourdeur de Black Sabbath se mélange au raffinement des Beatles et à la colère de Carnivore, le premier groupe de Peter Steele.
Une colère que l'on retrouve par exemple dans le premier morceau, Unsuccesfully coping with the natural beauty of infidelity. Un morceau qui raconte la colère et la détresse d'un homme trompé. Une histoire vécue? Peut-être, mais en tous cas, le chant de Steele est d'une rare conviction. J'adore de plus le refrain: "I know you're fuckin' someone else!", qui vous donne envie de hurler en même temps que le groupe...
Autre moment d'anthologie, selon moi, Prelude to agony. Un titre qui fait part de la désillusion de Steele quant aux femmes. Le groupe a été régulièrement taxé de misogynie et ce morceau n'y est pas pour rien... Il faut dire que c'est assez explicite: les bruitages de marteau-piqueur suivis d'orgasmes féminins sont on ne peut plus clairs!

Der Untermensch et Xero tolerance laissent exploser le dégoût de l'humanité avec toujours autant de lourdeur et de furie. Le monde de Peter Steele est définitivement très sombre. Heureusement que l'on a droit à une minute de silence sur "The misinterpreation of silence and its disastrous consequences" pour nous remettre de nos émotions... Le titre final, Gravitational constant [...] (désolé le titre est bien trop long!) ne change pas la donne et nous laisse entrevoir un groupe plein de potentiel, qui se cherche encore, au style abrasif et au ton corrosif.

Les musiciens entourant Steele ne sont pas non plus dénués de talent: Josh Silver aux claviers distille des atmosphères particulièrement sombres de manière ingénieuse, Kenny Hickey au jeu de guitare particulièrement lourd correspond bien aux attentes de Peter Steele et Sal Abruscato est un batteur des plus efficaces, à défaut d'être franchement original. Quant à Steele, rien à redire, sa voix caverneuse est de toute beauté. Celle-ci se marie d'ailleurs très bien à son jeu de basse.

Un album qui ne demande qu'à être redécouvert, c'est évident. Conscient que Slow Deep and Hard n'était pas forcément le mieux produit de ses albums, Type O Negative a d'ailleurs décidé de le remastériser en lui donnant le son qu'il méritait. Rien de plus normal, car cet album est un bijou, certes un diamant brut, mais un bijou tout de même. Et l'avenir allait donner raison aux New-Yorkais: chaque nouvel album étant attendu par tout un public conquis d'avance.
Dommage que le décès de Peter Steele apporte un point final à la carrière de ce groupe mythique... RIP

vendredi 16 avril 2010

Krokus - Hoodoo

Dans le monde du hard rock, Krokus a toujours été considéré comme un second couteau. Il faut bien reconnaître que le mimétisme avec les Australiens d'AC/DC a toujours été un frein pour les Suisses. Ces derniers n'ont jamais véritablement réussi à se démarquer de leurs illustres aînés, malgré une série d'albums de qualité, comme Metal rendez-vous ou One vice at the time. Ce nouvel opus va-t-il changer la donne? Hoodoo est un album de haute volée, mais ce n'est pas encore cette fois-ci que le groupe helvétique va surclasser la concurrence.

Le chanteur Marc Storace possède encore, malgré les années, un organe proche de Bon Scott. Les guitaristes Fernando Von Arb et Mark Kohler auraient pu être très facilement remplacés par les frères Young. C'est bien là le problème, les Suisses manquent cruellement d'originalité. A plusieurs reprises, il m'est arrivé de dire: "Tiens, ils se sont inspirés du riff de Bad boy boogie" ou "on dirait Girls got rhythm ou If you want blood." A un point que cela devient gênant... Je n'irais pas jusqu'à dire qu'il s'agit de plagiat, loin de là, mais le tout sonne comme du déjà entendu.

Attention, l'album est bon, et si vous êtes nostalgique des premiers AC/DC, ce disque vous comblera pleinement. C'est efficace, entraînant, bien produit, ça donne envie de taper frénétiquement du pied. Sans conteste, Hoodoo entre dans le top 5 des meilleurs albums du groupe, ce qui n'est pas rien. Les morceaux sont particulièrement bien construits et il est évident que les membres du groupe ont pris un grand plaisir à les composer. J'adore des titres comme Drive it in, Hoodoo woman ou Rock'n'roll hanshake. Par contre, léger bémol, la reprise de Steppenwolf, n'apporte pas grand-chose à l'ensemble. Je ne vois pas trop pourquoi ils ont tenu à réenregistrer ce morceau maintes fois copié et rarement également. Autant j'adore la version live enregistrée par Slade, autant là je ne vois pas l'intérêt d'une telle reprise. Un léger faux-pas qui ne gâche pas grand-chose car tout le reste de l'album est excellent. Je pourrais encore vous citer des titres comme Dirty street ou Shoot of love qui vous font penser aux grandes heures d'AC/DC à l'époque où Bon Scott s'égosillait en son sein.

Le bassiste et producteur Chris Von Rohr a déclaré lors de la sortie de l'album que Hoodoo pouvait facilement concurrencer Black ice, le dernier opus d'AC/DC. Permettez-moi d'être un peu plus circonspect... Certes, Black ice n'est pas le meilleur album des Australiens, mais au moins ceux-ci sont les dépositaires d'une certaine idée du rock, alors que Krokus ne fait que suivre les bases établies.
Hoodoo est un album hautement recommandable du point de vue de la qualité. Le contraire eut été étonnant, Krokus n'a jamais rien sorti de foncièrement mauvais. Par contre, pour l'originalité, vous repasserez. La discographie pré-1980 d'AC/DC est l'influence prédominante des Helvètes et ces derniers seraient de fieffés menteurs s'ils affirmaient le contraire. A vous de voir ce que vous attendez d'un album de hard rock, mais si vous attendez de l'originalité, passez votre chemin. Si vous voulez des classiques à la pelle, courrez chez votre disquaire. It's up to you!

mardi 13 avril 2010

Metallica - Kill'em all

Le début des 80's n'annonçait rien de franchement de rassurant pour la musique rock. Bon nombre de groupes majeurs de la décennie précédentes n'existaient plus ou étaient moribonds. Une nouvelle génération s'imposait en Europe. Il s'agissait de groupes comme Iron Maiden ou Motorhead. Aux USA, la musique rock voyait émerger une tripotée de groupes de glam. Pas de quoi s'extasier. Heureusement, quatre jeunes hommes ont préféré s'inspirer des groupes européens et d'accélérer le tempo. Ces jeunes gens, c'étaient les membres de Metallica. En 1983 sortait ce concentré de rage juvénile, Kill'em all. Une légende est née.

Rien qu'à regarder la photo des membres du groupe, on voit que ce sont quatre mecs à peine sortis de l'adolescence, remplis de rage et prêts à faire parler la poudre. On comprend très vite qu'ils ont écouté et parfaitement assimilé pendant leurs années d'apprentissage des groupes majeurs tels que Motorhead, Diamond Head, Thin Lizzy, Black Sabbath, Scorpions et UFO en tête. Accélérez la vitesse d'exécution, ajoutez une production crade et un chant braillé et vous obtenez Kill'em all. Il y a pire comme ingrédients, non?

Cet album, c'est dix titres qui vont servir de référence aux générations suivantes. Les classiques sont déjà là: The four horsemen (qui deviendra par la suite leur surnom), Seek and destroy (un classique ultime qui doit être impérativement joué à chaque concert. Mon dieu, quels riffs de dingues!!! Et quels soli!). Whiplash, Metal militia, Hit the lights, Phantom Lord, No remorse... Il est presque impossible de décrire la portée de ces titres tant leur importance dans l'histoire du metal de ces 30 dernières années. Metallica, en un seul album, a ouvert la voie à de nombreux groupes. Peu auront réussi à faire aussi bien.

Il faut dire que les membres du groupes sont loin d'être manches. Prenez James Hetfield. A la guitare rythmique, je ne connais personne qui soit capable de labourer un riff comme lui. Les soli sont pour la plupart exécutés par un as de la six-cordes, Kirk Hammett. Son solo dans l'introduction de No remorse me fait toujours rêver. A la basse, Cliff Burton n'est pas en reste: son solo sur Anesthesia (Pulling teeth) est tout bonnement incroyable. Il n'y a pas d'autres mots. C'est un fin technicien, avec un jeu des plus subtils. A mon humble avis, le meilleur bassiste que le groupe ait eu. A la batterie, Lars Ulrich n'est sans doute pas le plus grand marteleur de fûts qui soit, mais je ne vois pas qui d'autre aurait pu tenir une telle cadence avec autant de brio.

Vous l'aurez compris, cet album est l'un de mes albums de chevet. Le genre d'albums que l'on doit absolument posséder au risque de passer pour un ignare. Sans Kill'em all, le thrash n'aurait pas eu la même saveur. Metallica a su montrer au monde qu'il existait autre chose que des groupes où l'image prime sur la musique. Avec intelligence et patience, les Américains ont su s'imposer pour devenir un des leaders incontestés du metal. Kill'em all est la première de l'édifice, mais sans ce premier opus, il n'y aurait pas eu de Ride the lightning ni de Master of Puppets. Certes, la production n'est pas parfaite, mais alors? Les compositions sont là, c'est le plus important à mes yeux.

Comment? Vous n'avez pas ce disque? On a déjà pendu des gens pour moins que ça! Plus sérieusement, filez vous procurer ce disque, impossible qu'il vous déçoive. Impossible de la part d'une telle référence.

mardi 6 avril 2010

Rob Zombie - Hellbilly Deluxe

Rob Zombie était déjà bien connu du public metal pour avoir commis quelques méfaits célèbres avec son précédent groupe, White Zombie. Ce dernier avait publié plusieurs bons albums au cours des 90's, avec des titres formidables comme Thunderkiss'65 ou More human than human.
Malgré, Zombie n'a pas obtenu la consécration qu'il pensait mériter avec ce groupe et a préféré voler de ses propres ailes. Bien lui en a pris, car nous n'aurions jamais cet Hellbilly Deluxe, paru en 1998.

En solo, Rob Zombie ne change pas trop de style par rapport à son ancien groupe. Un univers de film d'horreur de série Z, quelques bruitages, une rythmique martiale et des grosses guitares bien incisives. Tout au plus peut-on remarquer que l'aspect industriel de la musique de Rob Zombie a été renforcé. Il aurait eu tort de se priver, le père Rob: un groupe comme Rammstein était en train de cartonner à l'époque et il aurait dommage de ne pas suivre la même route que les Allemands. D'autant plus qu'il a su bien s'entourer. En quittant White Zombie, il a embarqué dans ses bagages le batteur John Tempesta. Il a recruté par la suite le guitariste Mike Riggs, un métronome humain d'une rare efficacité à défaut d'être d'une grande technicité. Le bassiste Rob "Blasko" Nicholson (futur Ozzy Osbourne) a été la dernière recrue de choc de Rob Zombie.

Le résultat de cette association est pour le moins détonnant. Sur les treize titres figurent une intro et une outro ainsi que trois interludes, toujours aussi remplis de samples de films d'horreur (un domaine qu'affectionne au plus haut point Rob Zombie). Par contre les véritables huit titres restants sont des tueries: Dragula est un tube en puissance. Dans des soirées goth glauques (mais pas seulement), des titres commes Superbeast, Demonoid phenomenon, Living Dead Girl ou Spookshaw baby font toujours leur petit effet. Impossible de ne pas taper du pied sur des morceaux aussi excellents que ceux-ci.
A noter aussi que le batteur de Motley Crue, Tommy Lee, participe sur les morceaux Meet the creeper et The ballad of resurrection Joe and Rosa Whore. Déprimé par son divorce avec la siliconée Pamela Anderson, Lee squattait chez le producteur Scott Humphrey qui était derrière les manettes pour Hellbilly Deluxe. Zombie voyant cela, il lui aurait lancé: "Mec, au lieu de rester à glander, viens jouer sur mon album!" Au bon endroit au bon moment, donc.

Hellbilly Deluxe n'est sans doute pas l'album ultime de metal industriel. Rammstein, Ministry ou Killing Joke ont sorti bien mieux, mais c'est sans doute l'un de ceux qui est le plus connu du grand public. Il faut bien dire aussi que l'utilisation dans la B.O.F. de Matrix de Dragula y a beaucoup contribué. Sans doute pas le plus inspiré, mais très certainement l'un des plus efficaces. D'ailleurs, à vrai dire, Rob Zombie n'a jamais réussi à ressortir un album aussi bon que cet Hellbilly Deluxe. Dommage, car le monsieur ne manque pas de talent. Un jour peut-être...

vendredi 2 avril 2010

Rage against the machine - Renegades

Rage against the machine a toujours été considéré comme un leader de la scène rap-metal. Mais à mes yeux, il a été bien plus que cela. C'est la bande-son de toute mon adolescence. Le premier album éponyme paru en 1992 a été une véritable bombe. Imaginez un petit gars asséner des propos révolutionnaires au pays de l'Oncle Sam accompagné d'un guitariste génial capable de tirer n'importe quel son de sa guitare. L'ensemble avait de quoi surprendre.
Les albums suivants, bien que très inspirés, n'avaient pas réussi à réitérer ce coup d'éclat. Et quand le groupe s'est décidé à se lancer dans l'exercice casse-gueule de l'album de reprises, j'ai eu les plus grandes inquiétudes. Les Américains ont le talent nécessaire pour poser leurs marques sur les compostions d'autres artistes qui les ont influencés, mais l'ensemble allait-il tenir la route? Ce Renegades, paru en 2000, va le confirmer.

Bien sûr, tout n'est pas une réussite. Quelques titres sont, sans être mauvais, franchement moyens. Je pense notamment à des titres comme Renegades of funk, In my eyes ou How I coud just kill a man. Le côté rap de la musique de RATM est trop présent sur ces morceaux, rien ne m'accroche vraiment. Beautiful world m'apparait comme quelconque, un comble pour un groupe que je qualifierais volontiers de novateur. Ce n'est pas le groupe que j'ai adoré, c'est un groupe qui essaie de s'adapter maladroitement à des titres qui ne lui correspondent pas. Avec plus de dix ans de recul, mon avis sur ces titres n'a pas changé, je crois qu'il n'y a rien à faire.
Mais les neuf autres titres vont largement compenser ces petits faux-pas. On entre dans le vif du sujet avec un Microphone fiend. On pourrait croire que c'est un morceau original du groupe, le groove est imparable. En un morceau tout est dit. Pistol grip pump continue dans la lancée, bien que je regrette le coôté un peu trop répétitif des paroles scandées par Zack de la Rocha. Mais le premier vrai carton, c'est Kick out the jams, une reprise de MC5, groupe contestataire qui ne pouvait que plaire à la bande de Tom Morello. La reprise est aussi excellente que l'originale. On regrettera juste le chant du père Zack: on sent qu'il se force pour chanter, lui qui est plus habitué à rapper.
Bien avant la sortie de l'album, le groupe avait déjà sorti en single The ghost of Tom Joad, une reprise de Bruce Springsteen. Sur l'album figurent quelques nouveaux bidouillages made in Tom Morello qui arrivent à transcender ce titre. Un autre grand moment, cela va sans dire! La reprise des Stooges, Down on the street, est trop fidèle à l'originale et montre les limites de de la Rocha, mais l'ensemble est on ne peut plus efficace. Même constat sur Street fighting man: la hargne des premiers Rolling Stones est toujours présente, mais on comprend très vite que ce morceau n'est pas un classique de RATM. On conclut par un Maggie's farm de haute volée, le titre de Bob Dylan est magnifiquement interprété, du grand art. De quoi terminer l'album comme il a commencé, c'est à dire de la meilleure des manières.

Quatre morceaux décevants, quatre autres bons mais sans plus, et quatre tueries, tel est le constat de ce Renegades. Il y a bien pire comme résultat, mais cela reste un peu léger pour un groupe du calibre de Rage against the machine. Ce n'est pas pour autant un album pourri, mais il dénote clairement des autres galettes du groupe. Je suis assez mitigé sur cet album, mais à vrai dire, c'est un peu le cas pour chaque album de reprises, tout comme Garage Inc. ou Undisputed Attitude. Ce n'est jamais franchement mauvais, mais pas de quoi s'enthousiasmer totalement non plus...
D'autant plus dommage que cet opus est le dernier album studio du groupe à ce jour. Zack de la Rocha a préféré quitter le groupe alors que celui-ci assurait la promotion de Renegades. Ce groupe a eu une fin un peu bâtarde et aurait mérité un dernier album digne de ce nom. Un jour peut être... En tous cas, ce n'est pas l'album de RATM que je vous recommanderais d'écouter en premier.