mardi 31 janvier 2012

David Lee Roth - Eat'em and smile

David Lee Roth est en 1986 l'ancien chanteur de Van Halen. Des divergences avec les frères Van Halen l'ont fait quitter ce groupe qui était au sommet de la gloire avec l'album 1984. Histoire de ne pas s'en mordre les doigts, le fantasque chanteur décide de faire son propre truc, et qu'il soit juste assez énorme pour concurrencer d'emblée son ancienne formation. Rien de moins!

Pour cela, il décide de s'entourer des meilleurs. Regardez la liste d'embauche: Billy Sheehan à la basse, Gregg Bissonette à la batterie et surtout l'excellent Steve Vai à la guitare. Tout le monde se demandait à l'époque qui aurait assez de cran pour concurrencer Eddie Van Halen, le virtuose de la six-cordes leur apportera avec brio la réponse.

Et la réponse, c'est ce Eat'em and smile de folie. On commence avec Yankee Rose, un hit majeur qui suivra David tout au long de sa carrière, un refrain énorme, une gratte surpuissante et un solo qui ferait baver le père Van Halen, rien de tel pour mettre la pêche.
Et le reste, certes un peu moins connu, est une bible pour tout amateur de big rock pêchu. David Lee Roth est un mec qui aime faire la fête et ça s'entend. Ecoutez Shyboy, Goin Crazy ou Tobacco Road. Une fois logés dans le crâne, impossible de s'en débarrasser.

10 titres, 10 furies, David Lee Roth, plus revanchard que jamais, est déchaîné, Steve Vai est un dieu vivant et il aurait été vraiment dommage que Roth ne se serve pas de son talent. Et la section rythmique est très efficace, capable de s'aligner sur les délires de Vai et Roth.

Le seul défaut majeur de cet album, c'est qu'il est trop court (une petite trentaine de minutes seulement). Mais bon, je préfère de loin Eat'em and Smile qu'un album comme... je sais pas, moi... Tiens, Balance, de Van Halen, qui est deux fois plus long et tout aussi chiant!

Il n'y a que des Américains qui soient capables de sortir ce type d'album, et de faire carton plein dès le premier album. Les frères Van Halen ont sorti la même année 5150, où on a pu remarquer que le côté fun s'est envolé. A leur place, je l'aurais eu mauvaise, quand même.

Coup d'essai et coup de maître, donc. Cela ne durera pas pour David Lee Roth, ce dernier n'arrivera pas à garder bien longtemps les membres de son groupe et la qualité en souffrira.

Mais s'il n'y avait qu'un seul album à retenir de ce frontman de génie, c'est bien celui-ci. Allez donc vous plonger dans la bonne humeur communicative de ce Eat'em and smile!

jeudi 26 janvier 2012

ZZ Top - Tres Hombres

ZZ Top, c'est le groupe mythique par excellence. Plus de trente ans de carrière, toujours le même line-up, pas d'album maudit, beaucoup de tubes (surtout dans les 80's). Mais aujourd'hui, abordons leur troisième album, celui qui allait mettre tout le monde d'accord et les faire sortir de leur Texas natal.

La période était favorable à ce rock mâtiné de blues et de country, une période faste pour les Blackfoot et autres Lynyrd Skynyrd. Il fallait juste un petit plus par rapport à leurs deux premiers albums pour percer. Un hit, par exemple. Et ce hit, ce sera La grange, du nom d'un célèbre bordel du Texas. Trois petits accords basiques, un solo de dingues et le tour est joué.

Mais limiter cet album à La Grange, c'est faire injure au travail de Billy Gibbons (chant guitare), Dusty Hill (basse, chant) et Frank Beard (Batterie). Tres Hombres, c'est 10 titres fabuleux contenant de nombreux classiques du groupe. Je pense notamment à la triplette d'introduction: Waitin' for the bus, Jesus just left Chicago et Beer drinkers and Hell raisers. Du blues rock comme on n'en fait plus, bien produit et au son toujours d'actualité de surcroit.

Parmi les autres titres, j'ai un grand faible pour le calme Shiek et le morceau final, Have you heard?, un grand moment de blues-rock.

Maintenant, on me dira aussi que ça ne semble pas bien original, et ce n'est pas faux. Mais ça reste efficace. Essayez d'écouter La Grange sans taper du pied, tiens, pour voir... Fermez les yeux et passez vous un Beer Drinkers & Hell raisers et imaginez vous un tripot proche de la frontière mexicaine... ça y est vous vous y voyez déjà?

Rien d'original, l'efficacité du rock, avec le feeling du blues en prime. L'air de rien, ça fait du bien de retourner à ses racines musicales. Bien sûr, certains râleront toujours et voudront leur Gimme all your lovin, Legs, Sharp-dressed man et autres Got me under pressure. Mais pour ça, amigos, faudra repasser dans 10 ans!

Allez Hombre, sers-moi une tequila!

mercredi 18 janvier 2012

Santana - Caravanserai


Santana est connu pour avoir osé la fusion entre le rock et les musiques latino-américaines. Le jeu et le son de guitare Carlos est reconnaissable entre mille. Les trois premiers albums ont connu un succès considérable, bien aidés en cela par des titres comme Jingo-Lo-Ba, Evil ways, Soul sacrifice, Oye como va, Samba pa ti, Black magic woman et j'en passe.
Cependant, Santana s'est aperçu qu'appliquer toujours la même recette a fini par lasser le public.
Pour ce quatrième album, publié en 1972 Carlos Santana a voulu intégrer un peu de jazz pour élargir ses horizons. Et ça s'entend.

Bien sûr, tout n'est pas inspiré par ce style de musique. L'introduction, Eternal caravan of reincarnation, avec ses ambiances arabisantes, fait bien sûr penser aux longs convois de chameaux menés par des Bédouins dans le Sahara qu'on appelle justement des caravansérails.

On retrouve le fameux cocktail rock + musique latine dans plusieurs titres qui, personnellement m'enthousiasment au plus point. Je pense notamment à des titres comme Wave within, Look up (to see what's comin' down), Just in time to see the sun et Stone Flower. Lorsque j'écoute ces deux dernières, je ferme les yeux et je me crois sur une plage, quelque part au Mexique, sur une chaise longue, en train de siroter un verre de mescal. C'est ça la magie de la musique de Santana, et ça fait du bien surtout pendant les froides journées d'hiver!

Tout cela est bien beau, mais reste de facture classique. Des titres aux influences plus jazzy, vous en trouvez notamment sur Song of the wind, All the love of the universe, Future Primitive, La Feuta Del Ritmo ou encore sur Every Step of the way. Et tous ces titres passent bien, aidés en cela par une formation au top de sa forme.

En 1972 Santana (le groupe) comprend entre autres, outre Carlos Santana au chat et à la guitare, Neal Schon (futur Journey) à la seconde gratte, Mike Schrieve (batterie) et Greg Rolie aux claviers. Bref, pas les plus mauvais musiciens que cette Terre ait engendré!

L'ensemble se tient fort bien et même pour les personnes réfractaires au jazz (dont moi-même), le plaisir à écouter du Santana est intact. C'est du premier choix, sans aucun doute. Bon, c'est sûr que si vous êtes un fan récent du guitariste mexicain, et que vous adorez Maria Maria, et tous ses albums parus dans les années 2000, vous risquez d'être perdus.

L'innovation a permis au groupe d'avancer et d'explorer de nouvelles sphères tout en gagnant de nouveaux fans. Et c'est mérité, le Santana des années 70 est très inspiré. Profitez-en, les bouses des années 1980 sont encore loin!

Hé les gringos, écoutez-moi ça, vous ne serez pas déçus du voyage entre le Sahara et le Mexique!

mercredi 11 janvier 2012

The Stooges - Fun House

Ces mecs sont des malades. Pour pondre une œuvre aussi sauvage, il faut vraiment être cinglé. Rarement vu autant d'énergie dans un disque des années 70, et surtout en aussi peu de temps (une petite trentaine de minutes). Il n'y a pas dire, en ce de début de décennie, Iggy Pop et ses acolytes sont en forme.

Comme la pochette l'indique, cette musique, c'est du magma en fusion. Du rock incandescent, à la limite du punk. Du rock séminal aussi, ça déborde de testostérone sur cet album. Les sept titres ne feront pas de quartiers, et vous serez, à votre tour, les victimes de ces brutes sanguinaires.

L'enchaînement Down on the street, Loose et TV eyes est l'un des plus brillants que je connaisse. Vous êtes maltraités dès le début, à grands coups de riffs ravageurs et de rythmiques percutantes. TV eyes, c'est quand l'apothéose de ce disque. La perfection n'est pas loin, la mort de votre système auditif et nerveux non plus!

Heureusement qu'ils ont prévu deux moments calmes, les bougres. Dirt et Fun House sont plus lents, aux influences plus blues. Mais ce n'est pas moins sulfureux pour autant, il règne toujours cette ambiance oppressante.

Le second grand morceau de cette galette diabolique, c'est 1970, rapide comme il faut, extrêmement simpliste (il n'y pas beaucoup de riffs), mais ça vous donne l'impression que ça vous rentre dans le crâne, tel un burin. Et le solo de saxophone à la fin nous prouve que c'est l'œuvre d'esprits malsains et décadents. 1969, sur l'album précédent était déjà magnifique, mais là, c'est tout simplement grand.

Reste le dernier titre, L.A. Blues, une grande inconnue. C'est un bordel innommable, pas de mélodie, pas de riff reconnaissable. Juste de la lave en fusion (on y revient). C'est sans doute le seul moyen qu'ils aient trouvé pour exprimer leur frustration, leur colère. Le doigt d'honneur ultime à la société. Bon, c'est sûr que ce n'est pas avec ce titre qu'on comprend que Ron Asheton (guitare), Scott Asheton (Batterie), Dave Alexander (basse) et Steve Mackay (saxo) sont des musiciens de haut niveau. La technique n'est clairement pas leur point fort, mais leur capacité à écrire des chansons simples mais efficaces leur a permis d'entrer dans l'Histoire du rock.

Un disque d'ordures. Pour engendrer un album pareil, il faut vraiment être de belles ordures. Cette Maison du Plaisir, publiée en 1970, est dégueulasse, ses habitants sont bons pour l'hôpital psychiatrique (d'ailleurs Iggy Pop va finir par y aller quelques années plus tard!), les voisins se plaignent du bruit dans le quartier. Mais c'est trop bon!

Après un premier album de haute volée (quand on a des titres comme I wanna be your dog et No fun sur son premier album, on est content!!!), Iggy et ses potes confirment que les Stooges sont le groupe le plus bruyant et le plus cinglé de l'époque. Une offrande majeure pour tous les groupes punk qui allaient débouler quelques années plus tard.

Un exemple de sauvagerie musicale, même 40 ans plus tard!

mercredi 4 janvier 2012

Thin Lizzy - Bad reputation

Thin Lizzy reste un groupe irlandais trop méconnu, alors qu'il n'aurait pas démérité d'avoir un succès à la hauteur de la qualité de ses chansons. Révélé en 1976 par les excellents Jailbreak et Johnny the fox, les Irlandais se devraient de remettre le couvert pour leur prochain album, enregistré et publié en 1977, Bad reputation.

Au fait, pourquoi une mauvaise réputation? Pour des raisons extra-musicales certainement, parce que là encore, au niveau musique, on a le droit à du bon vieux hard rock, avec une production aux petits oignons signée Tony Visconti.

Un travail d'orfèvre où la encore rien n'est à jeter. Bien sûr, rien d'original par rapport aux albums précédents: du bon hard, agressif juste ce qu'il faut, la voix chaude de Phil Lynott est toujours là où l'attend, les deux guitares de Scott Gorham et Brian Robertson nous proposent des riffs incroyables et des harmonies guitaristiques remarquables (probablement les meilleures jamais entendues). Et la batterie de Brian Downey nous offre un groove comme on n'en trouve pas assez dans le rock.

Parmi ces 9 pépites, difficile de faire un choix, mais je me lance quand même : le titre introductif Soldier of Fortune, nous propose de superbes harmonies et soli, Downey place bien le morceau dans le contexte avec ses roulements de tambour. Le titre éponyme est ultra efficace, un riff de toute beauté, avec un refrain qui ne l'est pas moins. Killer without a cause offre un riff dantesque qui fait comprendre à tout le monde qu'on ne plaisante pas et propose un accompagnement à l'acoustique qui ne dénote pas avec le reste. That woman's gonna break your heart est tout en finesse, avec toujours ses harmonies de guitares (dommage que Gorham et Robertson ne pouvaient pas se blairer, parce que leur association était magique).
Et pour moi, le meilleur morceau de l'album, le final ultime, est Dear Lord, qui est en fait une prière de Phil Lynott, conscient de là où mènerait sa dépendance aux drogues. Quelle partie de basse, majestueuse, à l'inspiration quasi-divine et franchement émouvante! Du grand art!

On comprend malheureusement avec ce morceau que le temps est compté et qu'il faut profiter au maximum de l'œuvre du grand Phil. Je vous conseille, outre les albums sus-nommés, de vous pencher sur Renegade et Thunder and Lightning qui valent largement le détour.

En attendant, si je ne devais retenir qu'un seul album de ce groupe de légende, je vous recommande Bad Reputation qui, j'en suis sûr, fera votre bonheur.