jeudi 14 janvier 2010

Mike Oldfield - Crises

Il est toujours très intéressant de voir ce que donne le travail d'un artiste classé rock progressif lorsque ce dernier se décide à se tourner vers le grand public. Certains s'en sortent avec les honneurs (Genesis par exemple), d'autres se plantent (comme Yes). Bien sûr, dans le cas de Mike Oldfield, cela ne s'est pas fait tout de suite. En 1979, il s'y était déjà essayé avec Platinum, avec plus ou moins de bonheur. Finis les structures à rallonge, on affiche un côté plus mainstream, on essaie d'écrire un tube, on enrobe bien le tout pour que mes fans les plus anciens ne soient pas trop décontenancés, et voilà le travail. Ceci est exactement ce qu'a pensé Oldfield lorsqu'il s'est attelé à la composition de son huitième album, Crises, sorti en 1983.

6 titres et une bonne trentaine de minutes, suffisamment pour ne pas écœurer le public de passage, celui qui ne connait rien de l'œuvre passée du génie Oldfield. On commence par un Crises d'une petite vingtaine de minutes, histoire de montrer qu'on n'est pas un vendu et que l'on demeure un compositeur hors pair doublé d'un virtuose. Des changements de rythme, des riffs inspirés, Oldfield a pensé à en inclure en grande quantité, afin de prouver qu'il a encore beaucoup de choses à dire. De même sur Taurus 3, (Taurus est le nom de titres que l'on retrouve sur plusieurs albums d'Oldfield, celui-ci étant en l'occurrence le troisième du nom), le maître inflige à tous ceux qui voudraient le copier une leçon de musique de toute beauté.

La démonstration, c'est bien, mais ce n'est pas particulièrement vendeur. Alors il faut un hit, LE hit, que tout le monde connait, qui passera à la radio jusqu'à plus soif. Et ce titre, c'est Moonlight Shadow. Une mélodie simple à retenir, une structure aussi simple que bien fichue, la voix cristalline de Maggie Reilly, fidèle comparse d'Oldfield, bref le titre parfait qui fera connaître Oldfield du grand public.
Pour avoir un album susceptible d'attirer l'attention, il faut aussi avoir des invités réputés. Oldfield y a également pensé lorsqu'il a invité le chanteur Jon Anderson (Yes) sur le calme In high places (un morceau sympa, mais pas le plus inspiré de la discographie du groupe) et le vocaliste Roger Chapman (de Streetwalker, un groupe anglais de seconde zone) sur le puissant Shadow on the wall. Ce dernier titre est également un hit, la voix de Chapman, puissante à souhait, insuffle de la force à un morceau bien troussé, avec un riff répété le long du morceau facilement mémorisable.
Histoire d'enfoncer le clou, Oldfield a jugé judicieux de placer un troisième titre percutant: ce sera Foreign affair, toujours avec Maggie Reilly. Moins connu que Moonlight shadow, celui-ci est cependant fréquemment présent sur touts les best-of de Mike Oldfield.

Mike Oldfield doit donc beaucoup dans le développement de sa carrière à cet album qui a vu les chiffres de ventes augmenter de manière vertigineuse. Là où il fait très fort, c'est qu'il ne tombe pas dans la soupe et qu'il arrive à faire cohabiter des titres commerciaux avec des titres progressifs. Un succès commercial et artistique qu'il renouvellera avec brio avec Discovery l'année suivante, avant de sombrer dans la mièvrerie et des albums tels que Islands.

Oldfield a prouvé qu'on pouvait allier succès commercial et succès artistique sans renier ses origines progressives, ce que n'avait pas réussi Yes et son album 90125. Un grand album à redécouvrir sans tarder.

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