mardi 27 mars 2012

Tommy Bolin - Teaser

Tommy Bolin a connu une grande année 1975. Après avoir joué des grands noms du rock et de la fusion, il arrive à décrocher un contrat pour sortir un album solo. SON album. Pratiquement au même moment, Bolin est contacté par Deep Purple pour remplacer rien de moins que Ritchie Blackmore. Pas mal pour un gamin qui n'avait que 24 ans à l'époque...

Malheureusement, cette offre va empiéter sur sa carrière solo et la promotion de ce premier album, Teaser, en souffrira, bien qu'il fut autorisé par ses nouveaux employeurs à jouer un morceau de cet album chaque soir de concert du Purple. Vous pouvez entendre par exemple The Grind ou Wild Dog sur les nombreux bootlegs du groupe.

La musique de Tommy Bolin, c'est quoi? C'est du rock bien couillu agrémenté de funk, de jazz, de reggae avec un soupçon de musiques latines. Avec toutes ses expériences, Tommy a un sacré bagage et il nous le montre. Un plus d'être un excellent guitariste, Tommy est un bon chanteur.

Du rock avec un super groove, bien funky, il nous le montre sur des titres comme The Grind, Homeward Strut, Teaser, Marching powder et Wild dogs. Le reggae n'est pas bien loin non plus sur People people, la musique latine est représentée jusque ce qu'il faut par Savannah woman, et Tommy a même le temps de nous mettre une balade, Dreamer, qui ferait chialer un pitbull affamé.

On comprend avec ce disque comment il est parvenu à taper dans l'oeil de Deep Purple, eux qui prenaient une orientation clairement plus funky depuis Stormbringer. Un tel jeu, innovant, inventif, se devait d'être exploité par un grand groupe. D'un point de vue strictement musical, Deep Purple n'a pas perdu au change.

A noter que Tommy s'est bien entouré sur cet album. Certes, la formation de son groupe est à géométrie variable, mais on trouve entre autres Phil Collins aux percussions, Jeff Porcaro (Toto) à la batterie, et des anciens musiciens issus du Mahavishnu Orchestra ou du Peter Frampton Band.

Un album méconnu que les plus curieux sauront apprécier à sa juste valeur. Un guitariste trop peu connu et parti malheureusement trop tôt en décembre 1976, à l'âge de 25 ans.

mercredi 21 mars 2012

Metallica - St Anger


Un sacré morceau que cet album. Pas facile à chroniquer, même avec neuf ans de recul...
Autant Load et Reload, qui sont loin d'être aussi mauvais qu'on l'a dit (sans être non plus les 8èmes et 9èmes merveilles du monde, je vous l'accorde) me semblent faciles à ingurgiter, autant cette galette est impossible à digérer en une seule fois.

Peut-être bien que c'est parce que la gestation en fut d'autant plus difficile. Faut dire qu'à l'époque, ils s'en sont pris plein la figure: par la critique, par les fans (surtout les plus jeunes: critiquer Metallica, c'est comme aimer Linkin Park, c'est à la mode!). Les événements s'en sont mêlés également: départ du bassiste Jason Newsted, cure de désintoxication de James Hetfield, panne d'inspiration au début des sessions d'écriture... Décidément, quand ça veut pas, ça veut pas!

Malgré toutes ces embûches, St Anger est là, enfin! J'avoue que je l'ai attendu de pied ferme celui-là. Les différentes revues de presse m'avaient fait peur. Pas de soli de Kirk Hammett? Un son de batterie digne d'une casserole? Des chansons très longues? Bob Rock, le producteur à la basse, alors que Robert Trujillo venait d'être annoncé comme nouveau bassiste? Bref pas mal de zones d'ombre.

Ça m'a fait tout bizarre d'entendre les premières chansons. Pas qu'elles étaient mauvaises, mais très différentes de mes attentes. On dirait qu'ils ont écouté des groupes récents, comme System of a down, et que ça les a influencés! Puis quelques titres un peu faibles... Enfin, vers la fin de l'album, ça redevient pas mal. En fait, sur cet album, il a trois catégories de titres: les bons, les moyens et les ratés.

Parmi les bons, je classe volontiers les trois premiers: Frantic, St Anger et Some kind of monster. Une excellente triplette qui fait passer la pilule en douceur. Des morceaux bien construits, puissants, qui peuvent cartonner en concert, à n'en point douter. A ces trois morceaux, je rajoute volontiers Sweet Amber, The unnamed feeling et All within my hands. Metallica a donné là une belle leçon de songwriting surtout pour le dernier titre cité. Quelle force de conviction. Quel final! Kill Kill Kill Kill... Kill!!!!!! Bref, c'est bon par où ça passe!

En étant indulgent, on peut considérer que des titres comme The unnamed feeling, Invisible kid ou My world sont corrects, tout en ne cassant pas trois pattes pas à un canard.

Par contre, pour les trois titres restants, Dirty window, Shoot me again et Purify, même si je reconnais qu'un travail conséquent a été fait, je me lasse vite... et il n'y a rien de tel pour pourrir un album.

Bref, un bon album étant donné les circonstances de sa création. Dommage qu'un quart soit à jeter. Ce sont ces trois titres qui pèsent le plus lourd dans la balance. Et par pitié, ne reproduisez plus ce son de batterie! C'est vraiment une horreur, je ne sais pas où ils avaient la tête ce jour là!
Remarquez, ce n'est pas la première fois qu'ils ont enregistré un album avec un son pourri: And Justice for all (1988) n'était pas mieux de ce point de vue.

Cependant, cet album est une charnière entre le passé et le futur, et je reste convaincu qu'il fallait oser le sortir pour que quelque chose de bien meilleur, qui bouleverserait l'opinion de leurs plus fidèles détracteurs, puisse émerger. Ce sera le cas avec le formidable Death Magnetic.

mercredi 14 mars 2012

White Lion - Pride


Les années 80 ont été fastes pour les groupes de hard rock américains. Beaucoup de groupes de glam et de hard mélodique se sont formé pendant cette période et ont connu le succès. White Lion est l'un d'entre eux. Le hasard a voulu que ce combo n'ait pas connu la gloire qu'il méritait, et il est grand temps de lui rendre justice. Pourtant, avec des albums comme Pride, paru en 1987, il avait tous les atouts en main pour cartonner

White Lion était calibré pour marcher. De belles mélodies, des choeurs puissants, comme on n'en trouvait que dans les 80's. Des beaux gosses pour plaire aux filles. (faut bien gagner sa vie comme on peut). Et surtout des musiciens et songwriters hors-pairs.

Mike Tramp, chanteur et guitariste rythmique, nous propose ici de superbes mélodies vocales, sa voix légèrement éraillée convient à merveille au style du groupe. Vito Bratta est celui qui m'a le plus impressionné: ses interventions à la guitare solo m'ont fait penser immédiatement à Eddie Van Halen, au niveau du son et de la virtuosité. Etonnant que ce garçon n'est plus trop fait parler de lui lorsque le groupe s'est dissous. La section rythmique n'a rien à envier, notamment avec des musiciens comme James Lomenzo (actuellement chez Megadeth).

Si je puis me permettre de comparer ce groupe à des formations plus réputées, je dirais que la musique de White Lion, c'est 1/3 Bon Jovi pour les mélodies et les arrangements vocaux, 1/3 Motley Crüe pour la puissance des compositions, et un 1/3 Van Halen pour la production et le niveau technique de chaque membre du groupe. Cela vous donne une idée de ce à quoi vous attendre.

Le hard rock américain estampillé 80's n'est pas franchement mon genre. Mais ce Pride, qui est injustement oublié, fait partie du haut du panier, et de loin. La production de Michael Wagener, producteur très sollicité au cours de cette décennie, n'a pas vieilli et on prend un prend son pied avec des titres comme Wait, Hungry ou Lady of the valley.

Du bon hard rock mélodique, sans prétention, comme il n'y en a pas beaucoup eu pendant ces fameuses années 80. C'est à se demander pourquoi White Lion a été considéré comme un groupe de seconde division, tellement c'est simple, bon et efficace.

Procurez-vous cet album de toute urgence et vous verrez que vous n'arriverez pas à décrocher. C'est vraiment le genre de disques où je me suis dit: "mais comment j'ai pu passer à côté de ça?"

Malheureusement, White Lion n'a pas réussi à créer des albums aussi percutants que ce Pride. L'album de reformation, publié en 2008 et nommé Return of the Pride (en raison de l'importance de l'opus de 1987) n'a fait que confirmer que la gnaque présente au cours de l'écriture de ce disque n'est plus au rendez-vous. Dommage...

mercredi 7 mars 2012

Iommi - Iommi

Iommi est, pour ceux qui l'ignorent (mais cela existe-t-il?) le guitariste de Black Sabbath. Ce dernier étant en stand-by depuis belle lurette, Tony Iommi se décide de se lancer dans l'écriture d'un album solo. Un vrai, pas comme Seventh Star paru en 1985. Et grand bien lui a pris, car les albums de Black Sabbath sortis dans les années 90, Tyr, Dehumanizer, Cross Purposes et Forbidden ne cassent pas trois pattes à un canard.

Et le père Iommi s'est entouré des meilleurs chanteurs du moment. Visez un peu les invitations: Henry Rollins, Phil Anselmo (Pantera), Dave Grohl (Foo fighters), Billy Corgan ( Smashing Pumpkins) entre autres, et même des vieux connaissances, comme Billy Idol (!) et Ozzy Osbourne.

Les paroles sont écrites par les chanteurs, la musique est écrite par le père Iommi. Un gage de qualité, autant le dire tout de suite. Parce que ce disque est l'un de mes préférés de l'an 2000. Il m'a fallu du temps pour l'apprécier, mais c'est désormais un incontournable pour moi.

On entre dans le vif du sujet avec Laughing Man in the devil mask, avec Henry Rollins, parfait en morceau introductif, le chant burné de ce dernier se marie bien avec la musique rageuse de Iommi. Le second titre, Meat, chanté par Skin, chanteuse de Skunk Anansie, est une bonne surprise. Skin possède un chant puissant qui prend aux tripes. Iommi affirmait dans la presse à l'époque de la sortie de l'album que c'était la première fois qu'il bossait avec une femme, et que la collaboration avec Skin l'avait autant impressionné qu'ému.
Les 2 titres suivants, Goodbye lament (avec Dave Grohl) et Time is mine (avec Phil Anselmo) sont monstrueux et prouvent encore que lorsqu'on a un guitariste hors-norme et un chanteur talentueux, on peut aller très loin.
Mon titre favori sur cet album voit la collaboration entre Tony Iommi et Billy Corgan. Autant je n'aime pas la voix nasillarde dans les Smashing Pumpkins, autant elle est parfaite sur ce morceau. Et quelle leçon de sonwriting! De loin la chanson la plus élaborée de l'album, et pourtant la barre est haute!
Just say no to love (avec Peter Steele de Type O Negative) et Into the Night avec Billy Idol, entretiennent la flamme, sont très efficaces et se fondent parfaitement avec le style respectif des chanteurs.

Par contre, je dois reconnaître qu'il y a une des rendez-vous ratés. Patterns avec Serj Tankian de System of a down, Flame on avec Ian Astbury de The Cult, me semblent traîner en longueur et, de plus, je n'aime pas particulièrement leur voix.
L'autre déception, c'est le titre avec Ozzy Osbourne. Il me paraît bien meilleur que les deux morceaux cités précédemment, mais c'est juste une confirmation que la paire Ozzy/Tony fait bien de ne pas travailler sur un nouvel album de Black Sabbath. Cela sentirait la redite à plein nez et je n'aime pas voir deux légendes comme ces mecs se rabaisser à ça. (Ceci étant, j'aime bien The devil you know de Heaven and hell, avec Dio au chant. Mais chut, c'est une autre histoire!)

10 titres, 7 joyaux, 3 titres légèrement en-deça. C'est le bilan du premier effort solo de Tony Iommi. Il y a bien pire comme performance! La performance du moustachu Iommi prouve que ce dernier est tout sauf fini. Pas mal pour un ancêtre! Et les années 2000 le confirmeront, que ce soit avec en solo en 2005 avec l'album Fused, ou avec Heaven and hell.

Un album qui demande un peu de temps pour qu'il révèle tous ses secrets, mais qui en vaut franchement la peine. Des albums de ce niveau, j'en veux tous les jours!