mercredi 29 juin 2011

Dream Theater - Falling into infinity


Dream Theater a longtemps souffert de ma méfiance. Que l'on s'entende bien, j'aime la technique et les musiciens brillants. Mais j'ai toujours éprouvé un certain désintérêt pour ceux qui pensent que la technique est non pas un moyen mais une fin. Et quel autre sous-genre du metal que le progressif tombe régulièrement dans ce travers?
Dream Theater, fier représentant du genre, a fini par me faire succomber. Mais il m'en a fallu du temps pour commencer à apprécier. Et même encore maintenant, je reste assez sélectif parmi les albums du groupe américain. Parmi ceux-ci, Falling into infinity, publié en 1997, est celui qui a le plus facilement su me captiver.

Pourquoi pas un autre? Même s'il reste assez technique, on sent que le groupe (ou peut-être la maison de disques, allez savoir) a eu une tendance à simplifier le propos (oui, tout est relatif, ce n'est pas du neo metal non plus!) et ce n'est pas un mal. D'ailleurs, on remarque la présence d'un titre co-écrit par Desmond Child, un faiseur de tubes à qui nombre d'artistes américains ont eu recours. Les titres proposés sont relativement longs, mais ils défilent rapidement: pas trop le temps de s'ennuyer, contrairement à des albums comme Images and words ou Six degrees of inner turbulence qui sont trop peu digestes.

Mais pour une fois, simplifier le propos ne signifie pas sombrer dans la médiocrité. Il faut bien dire qu'avec cinq musiciens aussi brillants, ça serait malheureux. Tout juste peut-on trouver quelques reproches à faire à l'égard du claviériste Derek Sherinian, alors récemment recruté par Dream Theater. On a la très nette impression qu'il n'est pas parfaitement intégré au groupe: ses interventions donnent parfois la sensation de tomber comme un cheveu sur la soupe.

Pour le reste,difficile de cracher sur ladite soupe, car le tout est parfaitement interprété. L'introduction de New millenium laisse rapidement comprendre que la technique n'a pas pris ses jambes à son cou, You not me est concentré de metal heavy de chez heavy, tout comme Peruvian skies (un classique de DT) l'instrumental Hell's Kitchen ou le plombé Just let me breathe (qui fait parfois penser à Deep Purple, gràace aux claviers de Sherinian). L'émotion est aussi au rendez-vous, que ce soit avec le triste mais splendide Take away my pain (un titre qui traite du décès du père du guitariste John Petrucci, ceci expliquant cela) ou avec le mélancolique bouquet final en trois actes, Trial of tears.

Falling into infinity a pour lui le mérite d'avoir une approche plus variée, ce qui lui a permis de casser son image de groupe de musiciens surdoués proposant une musique pour musiciens surdoués, ce qui était plutôt gavant. Malheureusement, le Théâtre des rêves n'a pas réussi à conquérir un public beaucoup plus large que celui composé par ses fans habituels, et c'est bien dommage car il aurait pu, avec une meilleure promotion sans doute, conquérir un nouveau public. Falling into infinity est en tous cas un album majeur dans la carrière de Dream Theater, même si les puristes diront le contraire, et il mérite amplement votre attention.

mercredi 8 juin 2011

Deep Purple - Last concert in Japan


Pour nombre de fans de l'époque, le Deep Purple Mk IV était loin de faire l'unanimité. Il était quasiment inconcevable que Ritchie Blackmore ne puisse plus en faire partie, et surtout que l'on puisse avoir l'idée de la remplacer. Aurait-on pu imaginer un remplaçant pour Jimmy Page dans Led Zeppelin si celui-ci avait quitté le groupe? Et que dire de la nouvelle orientation musicale prise par Deep Purple? Bref, les fans pouvaient avoir de longues discussions sur le sujet.
En ce qui me concerne, les prestations du jeune Tommy Bolin n'avaient rien de honteux, bien au contraire. Come taste the band (déjà chroniqué en ces lignes) est un excellent album malheureusement trop sous-estimé. Bolin est trop différent de Blackmore? Certes, et ce n'est pas un mal: il aurait été bien dommage se contenter d'un clone de l'irascible Ritchie.
Le live n'était pas vraiment le point fort de la nouvelle formation, non pas par manque de talent, mais principalement pour d'autres raisons, telles que les problèmes de drogue de Bolin et du bassiste Glenn Hughes, mais aussi la lassitude qui se ressentait au fur et à mesure de la tournée Come taste the band.
Last concert in Japan enregistré en 1975 mais publié que deux ans plus tard, est un extrait des difficultés qui émaillèrent le groupe jusqu'à son implosion.

Il faut dire que le moment était particulièrement mal choisi pour enregistrer un album en public. Le label japonais, qui était à l'origine du mythique Made in Japan, a sans doute fait pression sur le groupe dans le but de renouveler la bonne performance en termes de chiffres de ventes. Mais ce qui ne pouvait pas être prévu, c'est que le groupe venait de sortir de deux concerts en Indonésie qui ont été tout bonnement atroces (promoteur véreux, double billetterie, un roadie assassiné, Hughes un moment soupçonné de ce meurtre, intimidation de la police locale, paiement d'un bakchich pour sortir de cet enfer), sans compter que Bolin s'était littéralement bousillé le bras en se faisant une injection d'héroïne. Bolin était tellement mal en point que Jon Lord s'est arrangé pour reprendre à l'orgue certaines parties jouées normalement par Bolin afin que les trous dans le son du Purple ne s'entendent pas trop.

Il était évident que les meilleures conditions n'étaient pas réunies pour rééditer les prouesses du Made in Japan. Le concert enregistré n'est sans doute pas le meilleur du Mk IV, je le concède, mais on ne peut pas dire qu'il soit aussi mauvais que l'on a bien pu le dire par la suite. Le groupe, composé de musiciens particulièrement expérimentés, a su assurer une prestation digne de leur statut malgré un contexte défavorable.

Le groupe a interprété à cette occasion plusieurs titres de Come taste the band et il faut bien reconnaitre que ceux-ci ont facilement passé le cap de la scène. Love child, funky à souhait, est un titre chaud comme la braise et cette sensation est renforcée par le chant de David Coverdale, séducteur en diable. Le mélancolique You keep on moving et le groovy Lady luck n'ont rien à envier aux classiques que sont Burn, Stormbringer, Highway star ou l'inévitable Smoke on the water. Même le titre solo de Bolin, Wild dogs, s'intègre parfaitement dans un concert qui, il faut bien le dire, aurait pu tourner à la débâcle générale.

Glenn Hughes a affirmé des années plus tard que ce disque n'aurait jamais dû sortir. Je suis loin d'être d'accord avec lui. Ce disque a le mérite d'être un des rares témoignages de la période avec Tommy Bolin. Il est certain que s'il avait été enregistré au cours de la tournée américaine qui a suivi, ce live aurait été bien meilleur, mais il était impossible à l'époque de savoir ce qui allait advenir du groupe. D'ailleurs, trois mois plus tard, après une tournée anglaise qui allait tourner au désastre, le groupe allait mettre la clé sous la porte. Rien qu'à écouter le bootleg de leur dernier concert à Liverpool, il était évident que le groupe était rincé.

Last concert in Japan est en ce qui me concerne un disque honnête, avec ses qualités et ses défauts qui font son charme. Si malgré tout, je n'ai pas réussi à vous convaincre, je peux éventuellement vous conseiller On the wings of a Russian Foxbat (enregistré au cours de la tournée US à Longbeach), ou le DVD Phoenix rising qui relate la descente aux enfers du groupe et sur lequel vous retrouvez la video Rises over Japan enregistré en même temps que ce disque.

mercredi 1 juin 2011

Whitesnake - Live in the heart of the city


Les premiers albums de Whitesnake pouvaient laisser à penser que ce groupe fondé par David Coverdale n'était rien de plus qu'un (bon) ersatz de Deep Purple. Réaction assez logique lorsque l'on voit que Coverdale (chant), Ian Paice (batterie) et Jon Lord (claviers), tous ex-membres du Pourpre Profond, ont participé aux albums concernés. Ce sont tous des musiciens expérimentés et on ne peut pas demander à de telles pointures d'oublier ce qui a fait leur renommée. Cependant, réduire Whitesnake à une pâle copie est un raisonnement trop simpliste, comme le prouve ce Live in the heart of the city, publié en 1980.

Déjà, il faut réaliser qu'il y a deux guitaristes, Micky Moody et Bernie Marsden, aux jeux totalement différents de celui de Ritchie Blackmore, mais certainement pas moins bons que celui de ce dernier. Deep Purple, de par sa musique, pouvait s’avérer trop complexe et cela a pu rebuter pas mal de personnes. Whitesnake est sans doute plus lisse, sans aspérités, plus orienté grand public (encore que...) que son glorieux aîné. Et notre ami David Coverdale a su jouer de son charme légendaire pour séduire de nouveaux fans, surtout de la gent féminine, curieusement (mouais!).

Revenons sur ce live en deux parties: la première (8 titres) étant enregistrée le 23 et 24 juin 1980 à l'Hammersmith Odeon de Londres, la seconde (6 titres) le 23 novembre 1978, toujours au même endroit. La première partie fait la part belle à l'excellent Ready an' willing, ce que je comprends aisément tant cet album, sorti la même année, est excellent. Sweet talker, Fool for your loving et Ready an' willing sont de bons moments de hard, tandis que le calme Ain't gonna cry no more laisse Coverdale briller de mille feux. De superbes titres qui n'ont rien à envier aux succulents Come (issu de Snakebite), Walking in the shadow of the blues et Lovehunter (issus de Love Hunter) ou encore à Take me with you (issu de Trouble).

La seconde partie a été enregistrée à une période où le groupe n'avait que deux albums à son actif, Snakebite et Trouble, tous deux parus en 1978. Malgré la qualité intrinsèques de ceux-ci (bien que la production de ceux-ci rappellent beaucoup Deep Purple), Whitesnake ne jouait pas que des titres de ces albums, mais également des reprises de... Deep Purple. On y retrouve pas moins que Might just take your life (un brin accéléré) et la superbe ballade bluesy Mistreated, où Coverdale nous montre une nouvelle fois l'étendue de son talent. Hormis Come on, qui se trouvait déjà sur la première partie, deux titres de Trouble viennent nous régaler les oreilles, et non des moindres: Trouble et le très rock Lie down. Ain't no love in the heart of the city (de Snakebite), plein de feeling, n'a également pas à rougir de la comparaison avec les deux chansons précitées car elle fait partie des plus belles chansons du répertoire de Serpent Blanc.

Whitesnake avait dès ses débuts l'étoffe des grands, même s'il avait du mal à prendre ses distances avec Deep Purple. On ne peut malgré tout pas trouver à redire sur la qualité de ces titres en eux-mêmes, ni même sur leur interprétation devant un public. En dépit sa courte existence, le groupe montre une véritable cohésion et on sent une véritable envie de réussir, ce que le Serpent Blanc ne manquera de faire par la suite avec une orientation plus FM. Pour les fans de la première heure, ce live est un parfait condensé de ce que savait faire le groupe et il est bon de le redécouvrir de temps à autre.