vendredi 30 août 2013

Black label society - Hangover music Vol.VI


Quand on connait les hauts faits d'armes de Zakk Wylde, que ce soit dans le groupe d'Ozzy Osbourne ou en solo avec Black label society, on ne pouvait être que déçu et même éprouver pas mal d'appréhension lorsque le baraqué Zakk a annoncé que l'album à venir allait être plus calme et plus acoustique que ses prédécesseurs. On imagine effectivement mal un bourrin comme lui se mettre à composer de la musique qui ferait chialer un pitbull affamé. Et pourtant... ce Hangover music Vol. VI, publié en 2004, laisse entrevoir un Zakk Wylde faire preuve de beaucoup plus de subtilité qu'auparavant.

J'avoue que je le craignais également cet album. Musique de gueule de bois... Cela ne me disait rien qui vaille. Et partant de ces appréhensions, j'ai trouvé cet album détestable, particulièrement inintéressant et sans saveur. Tout juste étais-je capable de reconnaître que Wylde avait bien progressé au niveau du chant et que certaines mélodies étaient plutôt bien troussées, je pense notamment aux trois premiers titres, Crazy or high, Queen of sorrow et Steppin' stone. Pour le reste, la pilule est dure à avaler. C'est mou et ça traîne en longueur. Non, il n'y avait pas grand-chose à sauver. Vite, un petit Blessed Hellride pour me faire oublier cette chose hideuse!

Ca, c'était en 2004... Mais l'âge et la sagesse aidant, je me suis décidé à réécouter ce disque qui avait pris la poussière et qui était resté loin de ma platine pendant quelques années. Avec le recul, je m'aperçois que le travail de Zakk sur cet album est de haute volée. C'est juste qu'il avait voulu faire quelque chose de différent. Enfin, pas tant que cela: ce rock calme, teinté de blues et de country, on le trouvait déjà sur Pride and Glory, un projet qui a sorti en 1994 son unique album. Zakk avait le blues et je commence vraiment à comprendre où il voulait en venir. Il est vrai que cet album est parfait pour les lendemains de cuite douloureux... Mais bon, j'imagine toujours aussi mal le père Zakk pleurer sur l'épaule de sa femme!

Les guitares sont bien souvent acoustiques, et à ce petit jeu, Wylde est loin d'être un manche. Je ne l'aurais jamais soupçonné d'être capable de distiller autant d'ambiances différentes en acoustique. Et quand il se décide à sortir l'électrique, ce n'est toujours pas pour plaisanter. Certains soli, je pense notamment à celui de Crazy or high, sont franchement excellents. Pas possible de dire que Wylde s'est ramolli. C'est toujours le redneck qui jouait sur des tueries comme Stronger than death!

Comme je l'indiquais précédemment, le chant est de toute beauté. On est à présent loin de ce que Zakk Wylde pratiquait sur les premiers disques de Black label society, et ce n'est pas plus mal. Un peu de finesse dans un monde de brutes, ça n'a jamais tué son homme. Et même au piano, Wylde se débrouille plutôt bien: la reprise de Procol Harum, Whiter shade of pale, voit le père Zakk interpréter ce classique avec brio et conviction.

Il est évident que si vous êtes un fan pur et dur de Black label society, il n'est pas facile d'apprécier cet album à sa juste valeur. Il est clair que si vous voulez du lourd de chez lourd, vous frappez à la mauvaise porte. Mais si vous êtes ouverts d'esprit, ça passe tout seul. A vous de choisir votre camp...

mercredi 5 juin 2013

Kiss - Ace Frehley

En 1978, Kiss connaît ses premières crises internes. Le guitariste Ace Frehley et le batteur Peter Criss ont l'impression de n'être que les faire-valoir de la paire Stanley/Simmons. Afin de désamorcer tout conflit qui tuerait la poule aux œufs d'or, le manager du groupe propose une solution pour le moins originale: chaque membre du groupe pourra sortir au cours de cette année-là un album solo tout en apposant le nom Kiss sur la pochette. Ainsi, chacun pourra laisser s'exprimer sa créativité comme bon lui semble. A ce petit jeu, qui ressemble à "que le meilleur gagne", c'est Ace Frehley qui tire son épingle du jeu.

Ace Frehley est, il faut bien le reconnaître, un guitariste particulièrement doué, un compositeur inspiré et doté d'une voix pas désagréable. Frehley, à l'instar de Paul Stanley, est celui qui a toujours proposé les compositions les plus couillues, et débarrassé de tous ses complexes, va sortir un album inspiré. Rien de bien original en soi, il s'agit ici d'un bon hard des familles, comme il y en avait beaucoup dans les 70's. Mais du rock aussi bien troussé, il n'y en avait pas tant que cela.

Ici, c'est l'efficacité qui prime à défaut de l'originalité, et c'est tant mieux. La triplette d'introduction, Rip it out/Speedin' back to my baby/Snow blind est l'une des meilleures que je connaisse. Et les titres suivants ne sont pas en reste: Ozone, Wiped-out et What's on your mind nous offrent des riffs de qualité et des soli qui ne le sont pas moins. Sans être particulièrement mauvais, des titres comme Fractured mirror, New York groove ou I'm in need of love ont moins résisté aux outrages du temps et me semblent moins élaborés que les autres morceaux.

Les autres membres de Kiss ont pu s'apercevoir qu'ils sous-employaient leur guitariste. En fait, cette idée d'album solo, au lieu d'arranger les choses, a amplifié les problèmes de jalousie entre les membres du groupes. Paul Stanley et Gene Simmons, bien qu'ayant fourni des albums solo honnêtes, ont été bien incapables d'égaler ce disque.
Les choses reprendront leur cours et Kiss sortira par la suite des albums au succès commercial incontestable (comme Dynasty), une voie qui ne satisfera pas Frehley qui se réfugiera de plus en plus dans l'alcool.
C'est tout de même assez incompréhensible de ne pas avoir su tirer profit d'une telle dextérité, car Frehley avait beaucoup de choses à dire. L'idée de l'album solo l'a très largement démontré, puisque Frehley en a profité pour humilier ses compagnons d'armes.

Le show business est particulièrement injuste, mais le duo Paul Stanley/Gene Simmons est encore pire, pourrait-on dire. Parce que franchement, pour le pas exploiter un tel potentiel, il faut avoir les oreilles bouchées et des œillères, ou alors un égo sur-dimensionné. Sur ce dernier point, je n'ai pas trop de doutes... Réparez cette injustice, et redécouvrez ce premier effort solo d'Ace Frehley. Tant qu'à faire, écoutez celui des trois autres membres du groupe et vous verrez bien qui a été le meilleur dans cet exercice.

mercredi 15 mai 2013

Ratt - Invasion of your privacy

Ratt fait partie de ce que l'on appelle les éternels seconds couteaux, le genre de groupe qui aurait voulu être calife à la place du calife mais qui n'a jamais su s'en donner les moyens. Dommage, car au moins deux de leurs albums auraient mérité mieux. Hélas pour eux, le groupe a préféré se tourner vers Bon Jovi et consorts. Invasion of your privacy, publié en 1985, est le second album du groupe et à mes yeux, le meilleur, et de très loin.

Bon, je vous vois arriver tout de suite, oui, les musiciens qui composaient ce groupe, à savoir Stephen Pearcy (chant) Robbin Crosby et Warren DeMartini (guitare), Juan Croucier (basse) et Bobby Blotzer (batterie) avaient un look ridicule. Comme tous les groupes de hair metal. Mais on cause musique sur ce blog, donc rien à cirer de leurs maquillages outranciers et de leurs fringues à la con. Ici, place au hard US comme on le faisait dans les 80's, et je dois reconnaître que pour l'album qui nous intéresse, Ratt se débrouille pas mal du tout.

Déjà, de la part d'un groupe issu de cette mouvance, je ne trouve rien à jeter. Les titres font tous passer un moment agréable, et je ne suis pas aussi tendre avec tous les albums de glam, croyez-moi. C'est du hard US, sans prétention, sans fioritures, qui va droit au but. Ça joue plutôt pas mal, Warren DeMartini est un excellent guitariste (d'ailleurs, David Coverdale et Ronnie James Dio l'ont un moment embauché dans leurs groupes respectifs, ce qui n'est pas rien), les compositions sont on ne peut plus efficaces.
Ce qui est également étonnant pour l'époque, c'est que l'on ne trouve aucune ballade sirupeuse qui aurait pu attirer le grand public. Bien sûr, des titres comme Closer to my heart ralentissent le tempo, mais c'est loin d'être mou du genou, si vous me passez l'expression.
La plupart des titres auraient pu très bien être composés par Aerosmith ou AC/DC, des références tout ce qu'il y a de plus respectable. On trouve d'excellentes choses sur des titres comme You're in love, Lay it down, What you give is what you get. Du rock bien costaud, mais calibré pour satisfaire le grand public. Rien de mal à cela, c'était dans l'air du temps et Ratt aurait eu bien tort de s'en priver.

Les morceaux sont sans aucun doute redoutablement efficaces mais on pourrait effectivement retrouver à dire sur l'originalité. Avec plus de 25 ans de recul, cela sonne comme du déjà-entendu. Et que dire aussi de la production qui sonne terriblement datée... Le producteur, Beau Hill, avait pourtant déjà fait fait bien mieux que cela. Dommage...

Invasion of your privacy est donc à l'image de ses géniteurs, brut de décoffrage, pas toujours très raffiné mais allant toujours droit au but. L'originalité n'est pas de la partie, mais comme l'ensemble est homogène et de bonne qualité, ça passe tout seul. Ratt a fait bien pire par la suite, donc ne boudons pas notre plaisir. Un album sympathique, comme il y en a eu beaucoup à cette période, à redécouvrir.

mercredi 27 mars 2013

Motorhead - Ace of spades


J'aime le hard rock, je suis un inconditionnel de Kiss, d'AC/DC, de Ted Nugent entre autres. Mais sans pouvoir me l'expliquer, j'ai toujours eu un blocage avec Motorhead. Pourtant, tous les éléments que j'aime se trouvent dans la musique de Lemmy and Co. Je ne possède qu'un seul album du groupe, ce Ace of spades, paru en 1980. Quitte à n'avoir qu'un seul disque, autant prendre le meilleur!

Car ce disque fait partie des classiques intouchables sur lesquels le temps n'a aucune prise. A lui tout seul, ce disque pourrait faire office de best-of. Il n'y a rien à redire sur les titres, qui sont de véritables brûlots de hard rock, écrits et interprétés par un groupe au sommet de son art. Lemmy Kilmister gueule comme un dément et son jeu de basse insuffle une dynamique incroyable à la musique du groupe, "Fast" Eddie Clarke distille ses riffs de manière efficace et ses soli sont interprétés de manière magistrale, Phil Taylor cogne comme une brute. Bref l'osmose est totale, tant mieux pour les fans.

Ce Ace of Spades résume à lui seul ce que doit être le rock: direct, sans fioriture et surtout sauvage. Les potards au maximum semble être la devise du groupe. Une attitude qui n'était pas pour déplaire aux punks de l'époque. D'ailleurs Motorhead a toujours su concilier les publics metal et punk, ce qui n'est pas un mince exploit.

Il est clair que question sauvagerie, Motorhead n'a de leçons à recevoir de personne. Phil Campbell (actuel guitariste du groupe) déclarait dans une interview récente que lorsqu'il avait postulé pour remplacer le poste vacant de guitariste, il avait été tellement surpris par l'intensité que mettait le groupe dans sa musique qu'il avait l'impression de "s'être pris 1000 Concordes dans le cul!" Une expression fleurie et colorée qui résume toutefois bien la réalité!

Le groupe anglais décrochait la timbale avec cet opus et c'est plus que mérité. Plus de 30 ans après sa sortie, Ace of Spades est toujours aussi excellent: c'est un classique indémodable, je dirais même plus, une Bible pour tous les rockers et metalleux.

Cette année 1980 a décidément été une grande année pour le rock, avec des classiques tels que Blizzard of Ozz, Back in Black, Women and Children first ou Heaven and Hell. J'aurais vraiment vivre cette période exaltante à plus d'un titre. Heureusement qu'il nous reste ces grands disques, témoins et garants d'un temps que les plus jeunes d'entre nous ne peuvent pas comprendre.

mercredi 6 mars 2013

Tygers of Pan Tang - Wild cat


Ah, ces années 1980! Une période jouissive pour tout amateur de heavy metal qui se respecte. Les plus grands groupes du genre ont débuté leur carrière au cours de cette décennie. On parlait alors de NWOBHM (new wave of British heavy metal), les ténors du genre, qui s'appelaient Saxon, Def Leppard, Metallica ou Iron Maiden entre autres, ont en effet commencé à se faire un nom. Parmi tous ces cadors, un nom reste souvent oublié: Tygers of Pan Tang. Ce groupe a effectivement été reconnu pour son second album, Spellbound, mais il serait assez injuste d'ignorer complètement son tout premier opus, Wild cat, publié en 1980.

Le premier mot qui me vient à l'esprit quand j'écoute cet album, c'est la fougue. On sent que cette bande de jeunots avait la dalle, qu'il avait une envie folle d'en beaucoup de groupes, le premier album est aussi un symbole d'imperfection, car très souvent les moyens mis à la disposition d'un groupe débutant ne sont pas toujours ceux que les musiciens rêveraient d'avoir.

La hargne, elle est belle et bien présente sur ce disque. Bien sûr, le tout peut paraître bien inoffensif, mais à l'époque, il n'y avait rien de tel pour faire chier ses parents! Sur les dix titres qui composent Wild cat, il n'y pas de véritable temps mort ni de franche déception. On n'est pas loin des ambiances du premier Iron Maiden ou du premier Saxon, l'atmosphère est heavy speed, come de nombreux disques à l'époque.

Non, ce que je reprocherais plus volontiers à Wild cat, ce sont des baisses de régime. Les sept premiers titres sont sympathiques, les trois derniers font plus figures de titres de remplissage et donnent l'impression d'être bâclés. Comme si le groupe n'avait pas eu le temps de fignoler ces trois dernières compositions. Rien de franchement dramatique, mais cela fait baisser le niveau de qualité global.

Il y a deux autres points qui me chagrinent un peu plus: la production sonne, avec 30 ans de recul, trop typique du début des années 80. Les deux autres groupes précités n'ont pas trop souffert de ce défaut de jeunesse. Le second point qui me chiffonne, c'est la voix du chanteur, Jess Cox, classique, trop classique. Pas une once d'originalité, du coffre certes, mais pas assez de rage ni de personnalité.

Les autres musiciens sont quant à eux irréprochables: le guitariste Robb Weir n'a rien à envier à des guitaristes comme Dave Murray, la section rythmique est elle aussi impeccable de bout en bout, comme le prouvent les superbes Euthanasia, Slave to freedom ou Killers.

Des imperfections qui cependant ne se verront pas trop sur scène: le groupe anglais parviendra très rapidement à se créer une petite fan-base (même si cela n'a rien à voir avec celle de la Vierge de Fer, bien évidemment). Par contre, les membres du groupe se rendront vite compte des limites des capacités vocales de Jess Cox, qui finira par être remplacé par John Deverill, et du besoin d'un second guitariste. Ce dernier s'appelle John Sykes et on lui prédit une carrière prometteuse. Avec de tels atouts, Tygers of Pan Tang ne pouvait que réussir à percer, ce qu'il fera avec le Spellbound sus-mentionné (et déjà chroniqué en ces lignes).

Wild cat reste un chouette petit disque, sans doute pas le plus essentiel de la mouvance NWOBHM, mais il se laisse toujours écouter avec plaisir et ne lasse jamais, ce qui est déjà pas mal pour un premier album.

mercredi 20 février 2013

Dimmu Borgir - For all tid


Tous les grands groupes sont passés par là: l'épreuve du premier album. Ce baptême du feu peut être symbole de franche réussite ou de plantage intégral. C'est là qu'on voit ce qu'un groupe a dans le ventre car, à de rares exceptions, ledit groupe n'a pas (encore) les moyens nécessaires pour se payer un studio d'enregistrement dernier cri et le producteur renommé qui mettra en valeur la musique du groupe qui l'emploie. Dimmu Borgir ne fait pas exception à la règle: leur premier opus, For all tid, paru en 1994, laisse cependant entrevoir un groupe au potentiel certain.

On peut déjà évoquer la question de la production. C'est brouillon, brut de décoffrage, raw comme diraient nos amis anglais. Certains diront que c'est ainsi que devrait sonner le black metal, mais je ne suis pas vraiment d'accord avec cette idée. D'autant plus qu'ici, le côté black n'est pas ce qu'il y a de plus évident. Le groupe norvégien distille sur cet opus un metal extrême sombre, aux ambiances particulièrement mélancoliques. Si c'est de la musique qui égaiera votre journée que vous cherchez, passez votre chemin, vous serez encore plus déprimé! Ce n'est pas le titre d'introduction, Det Nye Riket, avec ses paroles plus scandées que véritablement chantées, qui me fera penser le contraire.

La musique en elle-même n'est pas toujours facile d'approche. Certes, certains riffs sonnent "clichés", on a effectivement l'impression d'avoir entendu de les avoir entendu maintes et maintes fois, mais les ambiances lourdes, le chant en norvégien peuvent en rebuter plus d'un.
En tous cas, on ne peut pas reprocher à Dimmu Borgir de s'être laissé aller à la facilité: on sent effectivement qu'il y a eu un travail conséquent de fourni, mais que ce travail a été réalisé par un jeune groupe qui n'est pas encore au sommet de ses capacités, que ce soit au niveau de l'écriture que de la maîtrise des instruments. Je ne parle pas ici d'amateurisme, mais plutôt d'inexpérience.
J'ai effectivement du mal à reprocher quoi que ce soit à des titres tels que Under Korpens Vinger, Over Bleknede Blaner Til Dommedag, Glittertind ou For all tid, qui atteignent facilement leur but malgré les handicaps cités ci-dessus.

Etant donné les circonstances, For all tid est plutôt pas mal. Le groupe norvégien porte lui-même un regard bienveillant sur ce disque bien qu'il n'interprète plus aucun titre issu de ce disque sur scène. A tort! Lorsque le groupe a réenregistré en 2005 le successeur de For all tid, Stormblast, je me demande pourquoi il ne s'est pas penché sur le cas de cet opus qui aurait, à mon avis, plus mérité que Stormblast d'être relifté.

Ce For all tid est ce que l'on appelle un album culte. Comme tous les albums cultes (ou presque), celui-ci n'est connu que d'un cercle restreint d'initiés. Il mérite indubitablement d'être connu d'un plus grand nombre. A vous de voir si vous avez la curiosité et l'ouverture d'esprit suffisante pour apprécier ce disque à sa juste valeur.

mercredi 6 février 2013

Status Quo - Just supposin'


Status Quo... En ce qui me concerne, ce groupe a toujours été une énigme. A tort sans doute. J'ai toujours dans la tête un groupe de mecs qui font les vieux beaux en chantant "In the army now." Il faut bien dire aussi la reprise par les Enfoirés (respectables par leurs intentions, moins par leur musique gnan-gnan) n'a pas aidé. Pourtant, j'ai eu beau lire nombre de chroniques sur des albums parus au cours des années 70 et 80 et ceux de Status Quo y sont très souvent cités comme références. Quelque chose m'échappe. Allez, je m'en procure un au hasard et j'essaie de le décortiquer. Mon cobaye sera "Just supposin'", paru en 1980.

Première impression à l'écoute de cet album: l'ensemble sonne propre, mais toutefois bien plus pêchu que cette horreur de "In the army now". Toutefois, par rapport à ce à quoi je m'attendais, ce n'est pas très sauvage tout ça.
La production, comme je le disais est trop propre, et la musique parait sans relief: c'est l'impression que je ressens sur des titres trop "gentils" comme What you're proposing ou Don't drive my car. Sans être mauvais, j'ai bien du mal à trouver tout ça très convaincant. A vrai dire, la première partie du disque (on appelait ça la première face pour tous ceux qui ont connu la grande époque du vinyle) est molle, sans saveur.
Heureusement que le groupe se réveille quelque peu par la suite: Wild ones, Name of the game et Coming and going s'avèrent nettement plus rentre-dedans que leurs prédécesseurs. Tant mieux, parce que l'ennui commençait à poindre le bout de son nez. Là, je peux dire que j'ai affaire ici à un groupe de boogie rock bien burné: on retrouve des guitares bien grasses, une rythmique suffisamment lourde pour être convaincante, et à certains moments, on a même le plaisir d'entendre un peu d'orgue Hammond qui rajoute une petite pointe de Deep Purple, ce qui n'est pas pour me déplaire, loin de là!

Au final, je me retrouve avec un disque à l'intérêt inégal. On sent que le groupe en a sous la semelle mais qu'il hésite à balancer la purée. Parce qu'à part quelques exceptions, on ne peut pas dire qu'il s'agisse ici de rock incandescent. On imagine bien Francis Rossi, Rick Parfitt et Alan Lancaster bien propres sur eux, proposer une musique bien gentillette pour conquérir de nouveaux marchés.
Peut-être, en fait, que je ne suis pas tombé sur le bon album de Status Quo et qu'il me faudrait écouter des albums plus anciens pour approfondir mes connaissances sur le sujet. En tous cas, même si je ne suis pas totalement convaincu par Just supposin', je trouve qu'il a déjà plus d'intérêt que ce In the army now de sinistre mémoire.

Un album sympathique, peut-être pas le plus essentiel de ma discothèque, mais qui mérite d'être réécouté pour être apprécié à sa valeur.

mercredi 23 janvier 2013

Uriah Heep - Sweet Freedom

Là encore, Uriah Heep est un groupe qui a largement apprécié la première moitié des 70's. Pensez donc: chaque album est devenu un classique, et à juste titre: Salisbury, Look at yourself, The magician's birthday ou Demons and wizards sont de véritables chefs d'œuvre qu'il est impossible de ne pas connaître pour l'amateur de rock lambda. Seulement, il n'est pas toujours facile de continuer sur cette voie. Il arrive toujours un moment où il est difficile de faire mieux que l'album précédent... Pression? Facilité? Prise de risque inconsidérée? Perte d'inspiration? Pour ce qui concerne ce Sweet Freedom, publié en 1973, il s'agit sans doute d'un peu des quatre.

Attention, je ne dis pas que c'est un album raté, loin de là. Mais par rapport aux bijoux que je viens de vous citer, il est indubitable que Sweet Freedom est en retrait. Il faut bien reconnaître qu'il n'y pas vraiment de classique qui sort du lot. On a juste affaire ici à du bon rock comme Uriah Heep savait si bien en jouer à l'époque. Ce qui, en soit, n'est déjà pas mal.
En lieu et place de classiques à proprement parler, on a plusieurs bons morceaux comme Dreamer qui remplit bien son rôle de titre d'ouverture. Stealin' n'est pas des plus originaux, mais ça reste particulièrement efficace, alors on ravale vite ses critiques. Sweet freedom est sans doute le titre qui se rapproche le plus des grands moments des albums précédents: une construction épique qui reste la marque de fabrique des Anglais. One day ou Pilgrim sont également fort sympathiques et nul doute qu'ils devaient avoir leur petit effet sur une scène.
Par contre, je dois reconnaître que des titres comme If I had the time, Seven stars ou Circus m'ont laissé indifférent. Cela ne m'était jamais arrivé avec un album du Heep. C'est ce qui me laisse un goût de cendres dans la bouche... Rien de catastrophique, mais le groupe est en pilotage automatique. Je m'attendais mieux que ça de leur part. De la part de certains groupes, j'aurais applaudi à deux mains, mais là c'est Uriah Heep, quoi!

J'ignore exactement ce qui s'est passé au sein du groupe, mais il est évident que quelque chose ne tournait plus rond. Pourtant, le line-up était toujours composé de musiciens à la hauteur de leur sujet. David Byron au chant, Mick Box à la guitares, Ken Hensley aux claviers et à la guitare, Gary Thain à la basse et Lee Kerslake à la batterie, ça c'est de la formation qui assure! Un coup de mou qui heureusement n'était que passager, puisque le groupe allait sortir des albums magiques comme Wonderland ou Return to fantasy dans les deux années à venir. Des albums extraordinaires qui allaient définitivement faire sombrer ce Sweet Freedom dans l'oubli malgré quelques bons titres qui auraient mérité d'être développés.
Un album plus que correct qui mérite largement d'être redécouvert, même si ce n'est pas celui que je vous recommanderais en premier pour découvrir ce grand groupe qu'était Uriah Heep.

mercredi 16 janvier 2013

Dio - Angry machines


Angry machines est, à l'instar de son prédécesseur Strange highways, un album décrié. Dio, qui avait excellé jusqu'alors sur les albums de Rainbow, Black Sabbath, et même en solo (avec les savoureux Holy diver et The last in line), allait connaître ses premiers creux. Beaucoup pensaient que le vieux Dio était fini et qu'il n'avait plus rien à dire, du moins plus grand chose de neuf ou d'original. Il y a des albums où, même en y mettant la meilleure volonté du monde, il est impossible de défendre l'indéfendable. Angry machines, paru en 1996, n'est pas de ceux-là: pour moi, même s'il ne s'agit clairement pas du meilleur disque du lutin Dio, il mérite d'être défendu.

Dio a toujours eu le nez creux pour s'entourer, surtout en ce qui concerne les guitaristes. Je dois bien reconnaître que Tracy G. n'est pas celui qui s'est avéré le plus adroit. Ce dernier est certes bien capable de tenir son rang, mais les riffs proposés ne sont pas les plus originaux ni même les plus techniques qui soient. Sa première influence est évidemment Tony Iommi (Black Sabbath): c'est sombre et lourd. Mais au niveau des soli, je ne suis pas trop convaincu: des guitaristes tels que Vivian Campbell Craig Goldy ou Rowan Robertson ont fait bien mieux dans le genre, je me dois de le reconnaître.

Mais Dio est Dio, c'est-à-dire un chanteur et un songwriter de talent, et même mal entouré, il arrive à en tirer des choses correctes. Dans le plus pur style Dio, je tiens à relever des titres plus que sympathiques, tels Institutional man, Don't tell the kids, Hunter of the heart ou Dying in America, de bons brûlots de hard rock plombé comme Black Sab... pardon Dio savait les pondre à la chaîne. D'ailleurs en parlant du Noir Sabbat, remarquez que l'on retrouve Carmine Appice, batteur sur le génial The Mob rules.

On trouve des titres avec une rythmique particulièrement lourde, je pense notamment à Black ou Big Sister. Tracy G en effet tendance à jouer de cette lourdeur et cela ne lui réussit pas toujours. En l’occurrence, ces deux derniers morceaux se laissent apprécier sans trop de problème, mais je peux facilement concevoir que la pilule ait été dure à avaler pour les fans de la première heure.

Le reste, je le reconnais, va du passable au carrément décevant. This is your life, Double Monday, God hates heavy metal, se laissent écouter, sans plus. Mais là où je suis moins conciliant, c'est avec un titre comme Stay out of my mind, chiant comme la pluie, notamment à cause de son interlude aux claviers qui rend le tout pataud et pénible à l'écoute. Même après plusieurs écoutes, il n'y a pas grand chose à sauver sur ce titre.

Inégal, mais loin d'être pourri, Angry machines mérite d'être redécouvert, au moins pour les six premiers titres que j'ai énuméré. D'autant plus que la prestation de Dio, en tant que chanteur,est irréprochable. Ce type a une voix phénoménale que rien n'arrive à altérer. Les titres méritent une écoute attentive, car leur intérêt n'est pas immédiatement flagrant. Mais avec un peu de persévérance, Don't tell the kids, ou Black n'arrivent plus à quitter votre cerveau, ce qui est en général bon signe, surtout en matière de rock.

Maintenant, si vous demeurez allergiques à ce disque, rien ne vous empêche de réécouter les premiers pas solo de l'un des plus grands chanteurs de tous les temps. Un grand monsieur qui, un an après sa mort, nous manque déjà terriblement.

mercredi 9 janvier 2013

Ted Nugent - Cat scratch fever


Avant de devenir un gros con de chasseur conservateur membre du NRA, Ted Nugent était un rocker. Un vrai. Un bon, en plus. C'est assez difficile à concevoir de nos jours, mais au cours des années 70, Nugent était une terreur. Un showman hors pair doté d'un talent incroyable à la guitare. Même s'il a composé pas mal de bons albums avant et après ce Cat scratch fever, paru en 1977, c'est ce dernier qui a connu le privilège de rester dans la mémoire collective. Et c'est plus que mérité.

A vrai dire, le problème des premiers albums de Nugent, c'est qu'il manquait un hit single, le genre qui marque les esprits. Un peu comme Smoke on the water pour Deep Purple. Les albums se vendaient correctement sans plus et la réputation de Nugent sur scène n'était plus à faire. Mais lorsque ce fameux Cat scratch fever sort, la donne a changé de manière radicale.

Il est vrai que ce titre contient tout ce qu'il faut pour marquer les amateurs de hard rock: un riff somme toute simple mais facilement mémorisable, un refrain qui ne l'est pas moins, un coté mainstream qui n'est aucunement déplaisant et qui fera la fortune de Nugent. Le tout sans changer son style d'origine, ce qui est encore plus fort.

Mais s'il n'y avait qu'un seul bon titre sur les dix qui composent ce disque, il est fortement improbable que l'album aurait ait eu autant de succès. Mais c'était compter sans Nugent qui enfonce le clou avec Wang dang sweet poontang, un brûlot de hard qui n'a rien à envier au titre éponyme et qui jouit du même statut que Cat scratch fever. Ce titre en live est une pure tuerie, le solo à rallonge de Nugent ne peut laisser personne indifférent.

Comme l'ami Ted est bien lancé, ce dernier ne s'arrête pas en si bon chemin. Death by misadventure est encore un grand moment de rock (le solo est l'un des meilleurs que je connaisse), Live it up, plus simple dans sa structure est un bon titre qui permet d'offrir à l'auditeur une pause salutaire avant les excellents Homebound (un instrumental bien pensé) et Workin' hard, playin' hard, encore un grand moment de hard rock.

On peut tout juste reprocher aux quatre derniers titres de baisser légèrement en intensité, mais dans l'ensemble, il n'y a pas grand chose à redire sur cet opus. Tout est parfaitement étudié sur ce disque: la qualité du songwriting est impressionnante, tout comme la production: cet album a beau être sorti en 1977, il sonne toujours actuel.

Vous aurez bien compris que ce disque est l'un des tous meilleurs qui aient vus le jour au cours de ces magiques 70's. Difficile de retrouver effectivement à critiquer sur ce classique du hard. Vous avez donc ce qu'il vous reste à faire si vous n'avez jamais écouté cet album incandescent au possible. Et tant qu'à faire, réécoutez tout ce qu'il a sorti dans les années 70, vous risqueriez de vous prendre des baffes magistrales.