jeudi 14 janvier 2010

Sepultura - Morbid visions

Il était assez courant dans les années 1980, lorsqu'on parlait de musique brutale, de voir des groupes provenant de pays tels que les USA, le Royaume-Uni ou même l'Allemagne. A l'époque, le Brésil était une terre vierge de metal. Sepultura allait changer la donne, mais pas avec cet album. Le succès allait venir quelques années plus tard.

Cet album, sorti en 1986, a tout contre lui: un son calamiteux (le Brésil ne disposait pas de studios de qualité pour enregistrer du metal), un promotion très limitée (leur maison de disques, Cogumelo, tenait plus du magasin de disques qu'autre chose), une pochette faite à la main (mais ils ont fait pire avec leur démo, Bestial devastation), des paroles risibles, des riffs convenus et pas très élaborés et une guitare soliste indigente. Les musiciens l'ont reconnu par la suite, ils manquaient cruellement d'expérience. Max Cavalera a même déclaré qu'ils étaient tellement enthousiastes d'enregistrer un album qu'ils ont oublié, par exemple, de vérifier l'accordage des guitares avant de commencer à enregistrer... Plutôt révélateur!
Notez d'ailleurs que Morbid Visions et Bestial Devastation sont commercialisés sur un même support.

Vous pourriez déduire que, pour toutes ces raisons, je déteste cet album... Ben non, perdu! Même si Sepultura a fait bien mieux après (pas bien difficile, je vous l'accorde), ce premier album fait preuve d'une envie de triompher de tout cet environnement hostile. J'aime bien le son râpeux et cette production brute de décoffrage, je trouve les chansons Morbid Visions et Troops of doom exceptionnelles. J'admire la volonté des membres de Sepultura de tout déchirer sur leur passage.

Par contre, je n'ai pas trop de pitié pour le guitariste solo, Jairo Guedes. C'est un poids mort que le groupe a traîné au début de sa carrière. Dès qu'ils en ont eu la possibilité, ils l'ont remplacé par un as de la six-cordes, Andreas Kisser, qui lui sera efficace et techniquement irréprochable. Je n'ai pas l'habitude de me réjouir qu'un musicien perde son job, mais là c'était clairement une question de survie.

Il fallait bien commencer par quelque chose, et dans le Brésil des années 1980, ce n'était pas évident. Mais avec un groupe désormais consistant, de grandes choses pouvaient arriver...

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