mercredi 24 octobre 2012

Herman Rarebell - Nip in the bud

Herman Rarebell, pour ceux à qui ce nom n'évoque rien, c'est l'ex batteur de Scorpions, qui a joué avec eux de 1977 à 1995. C'est aussi un songwriter talentueux, qui a écrit entre autres Another piece of meat, Passion rules the game en entier, et les paroles de plusieurs titres comme Make it real ou Rock you like a hurricane. Plutôt pas mal pour un batteur!
Profitant de la pause forcée de Scorpions, due aux problèmes de voix de Klaus Meine, le père Rarebell décide de s'accorder une escapade solo. Il s'accompagne du guitariste DH Cooper et du bassiste-vocaliste George Philips et se lance dans la production de Nip in the bud, paru en 1981, le seul album solo qu'un membre de Scorpions se soit permis de publier tant qu'il faisait partie du groupe.

Le contenu? Je le définirais comme un bon mix de Scorpions et Dokken. Rien de surprenant à cela en fait... Des titres comme Messing around, Do it ou Two-timer sont du Scorpions pur jus, de même que Rock your balls (où Rarebell fait montre de ses capacités de batteur, si on en doutait encore). Comme dans tout album de la bête à pinces, il y a des ballades, et Herman the German ne s'est pas gêné pour en glisser deux: Having a good time et I'll say goodbye. Pas mauvaises, mais pas transcendantes non plus. L'instrumental Pancake est aussi bien troussé, et n'aurait pas dépareillé sur un album de Scorpions. Le seul point noir, c'est Junk Funk, un pseudo-funk peu inspiré qui n'apporte rien à l'album.

Les musiciens que Rarebell a recruté sont loin d'être des incapables, DH Cooper est un bon guitariste qui n'a rien à envier à George Lynch ou Rudolf Schenker, George Philips est le compromis idéal entre les voix de Klaus Meine et Don Dokken. D'ailleurs les voix de ces derniers sont proches et il a même été question que Dokken remplace Meine si celui-ci était dans l'incapacité de chanter à nouveau.
Le seul hic, c'est le manque d'originalité. On a parfois l'impression qu'on a affaire à des morceaux écrits par Herman Rarebell que Scorpions aurait refusé. Je vais peut-être me faire tuer, mais pour moi, Dokken, c'est du sous-Scorpions. Rarebell a su exploiter au maximum le potentiel de ces titres, mais il faut bien reconnaître que leur intérêt est limité quand on les compare avec ceux qu'il a écrit pour Scorpions.

D'ailleurs, l'album n'a pas connu un grand succès, non pas parce qu'il est foncièrement mauvais, loin de là, mais quitte à écouter du bon heavy metal en ce début de décennie, autant écouter directement Scorpions...

A réécouter, pour comprendre que Herman Rarebell était un génie de la batterie et un compositeur doué, qui a sans nul doute fortement contribué au succès mondial de Scorpions, certainement plus que ce que l'on a bien voulu dire. Un bon album, certes pas essentiel, mais un bon album tout de même.

mercredi 17 octobre 2012

Motley Crüe - Too fast for love

De Motley Crue, l'image que l'on retient le plus, c'est ce groupe fringué comme des gonzesses, maquillé comme une voiture volée. Ou encore les déboires du batteur Tommy Lee avec la cruche siliconée Pamela Anderson. Dommage, car ce groupe vaut bien mieux que ça. J'aurais pu vous parler du magnifique Shout at the devil, mais j'ai pensé que ce serait trop facile. J'ai préféré me concentrer sur leur premier album publié en 1982, Too fast for love. Une nouvelle preuve que le combo américain vaut plus que ce que l'on a pu lire dans la presse people...

Mottley Crue, c'est avant tout du gros rock, pas fin pour deux sous, mais du rock. Le look de ceux qui le jouent, on s'en fiche pas mal après tout. Et ce serait bien dommage de s'en priver, car ce premier opus est une merveille. Du hard comme on l'aime, furibard, rageur, de la part d'un groupe qui avait à l'époque la dalle.
Impossible de résister à des tueries comme Live wire (rien à voir avec AC/DC, sauf le nom). Rien que ce titre donne envie de taper du pied comme si sa propre vie en dépendait. Mick Mars est vraiment un excellent guitariste, le fait d'être tout le temps resté en retrait par rapport à Tommy Lee ou au bassiste Nikki Sixx mérite tout mon respect: pendant ce temps il a pu peaufiner un jeu de guitare inspiré qui a fait la réputation du groupe. Ceci étant, Sixx est un sacré compositeur, et ce n'est pas des titres comme Piece of your action ou Take me to the Top qui me feront prétendre le contraire. Ce sont des titres bien torchés, d'une efficacité sans pareille, qui ne demandent qu'à exploser devant un public.
Aucun morceau proposé ici n'est à jeter, c'est déjà une bonne performance pour un premier album issu d'une bande hétéroclite (a motley crew) pour laquelle personne n'aurait parié un dollar. Starry action, Too fast for love ou On with the show (quel soli de guitare!!! Vince Neil chante comme un dieu sur ce titre) confirment que le groupe a un potentiel énorme. Là aussi, ce sont des tueries sur scène.
On pourrait trouver à redire sur la qualité de morceaux comme Come on & dance ou Public enemy #1, mais ce serait uniquement pour chipoter. Le seul gros point noir que je remarque, c'est la production faiblarde. C'est pourtant Michael Wagener qui a produit ce disque, ce dernier nous a habitué à beaucoup mieux que ça. Le budget alloué pour cet album devait être certainement ridicule, je ne vois que cela comme explication.

Motley Crue nous proposait en cette bonne année 1982 un album de hard rock sans prétention mais diablement efficace. J'avoue que je ne m'y suis intéressé que sur le tard, notamment à cause de la réputation sulfureuse que le groupe traînait. Autant dire de mauvaises raisons. J'adore ce disque qui nous révèle un futur grand de la scène hard et Shout at the devil allait le confirmer. Ce qui est vraiment dommage, c'est que les membres du groupe se soient sentis obligés d'en faire des caisses. La musique suffisait amplement.
Un classique des années 80's, un must, impossible de résister au talent des ces quatre mecs qui avaient alors envie de bouffer le monde. Dommage que le succès les ait pourris à ce point...

mercredi 10 octobre 2012

Metallica - Death Magnetic

Death Magnetic était l'ultime chance de Metallica de prouver qu'il était encore capable d'écrire de bonnes chansons. Il faut bien dire qu'avec les expériences Load/Reload, les fans ont été quelque peu désappointés, même si, de mon point de vue, je les trouve bons bien qu'imparfaits.
St Anger en 2003 a également bouleversé la donne: on retourne à du metal brut de décoffrage, mais avec un son pourri, sans soli, et influencé par la scène neo-metal. Bref, les puristes ont largement eu de quoi maudire Metallica. (Presque) Tout est rentré dans l'ordre avec ce Death Magnetic de haute volée, paru en 2008.

Le groupe a pris la décision de congédier leur fidèle producteur Bob Rock et de recruter Rick Rubin, qui a entre autres collaboré avec AC/DC et Slayer. Rien que ça! Et ça s'entend, certains titres se posent comme étant un retour aux sources.

That was just your life, avec un battement de coeur en intro, puis un riff sombre, ouvrent le bal. Et c'est un titre phénoménal Un grand moment de thrash, bien construit. Pour moi, c'est l'équivalent de Blackened, titre d'introduction de l'album And justice for all. D'ailleurs, il faut bien le reconnaître, ils ont dû écouter leur quatrième album en boucle, tant on a une impression de déjà-entendu...

The end of the line et Broken, beat & scarred sont toujours aussi efficaces, ça faisait longtemps que Metallica ne nous avait pas servi des titres aussi bons. Et surtout, qu'on avait plus entendu un chant aussi rageur de James Hetfield et une guitare solo aussi présente. Encore que pour la dernière, Kirk Hammett nous a déjà proposé mieux dans le passé, et on a parfois le sentiment qu'il s'emmêle les pinceaux. Mais bon, Metallica est Metallica, avec ses défauts et ses qualités, l'une des moindres étant de ne pas fournir à ses fans des albums pourris.

The day that never comes est nettement plus calme (du moins au début), quelque part entre One et The Unforgiven. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils aiment bien Thin Lizzy. L'influence du groupe irlandais est évidente... Et ce calme avant la tempête fait un bien fou à nos conduits auditifs, déjà bien malmenés par cet album.

All nightmare long est pour moi l'un des titres les plus énervés. Des riffs bien thrash, l'ombre de Slayer n'est pas loin. Si Metallica avait pondu des morceaux de ce genre dans les 90's, nul doute qu'ils ne se seraient pas fait traiter de vendus!

Cyanide est un morceau de bonne facture, mais un peu déconcertant. Pour avoir vu le groupe en concert en 2008, avant que l'album ne sorte, je me suis dit que Cyanide n'était pas un mauvais titre, mais qu'il fallait un temps pour s'y habituer. Clairement pas le meilleur titre de l'album, malgré un final des plus efficaces.

Tiens, The unforgiven III... Le premier volet était exceptionnel, le second était particulièrement médiocre... et celui-ci est entre les deux. J'ai eu un peur par l'intro, aux arrangements classiques. Mais une fois que ça démarre, ça n'a plus rien à voir: les grosses guitares reprennent le dessus et la mélodie vocale est magnifique. La bonne surprise de ce Death Magnetic!

The Judas Kiss est de facture classique, un ton en deça par rapport au reste des morceaux, de même que l'instrumental Suicide & redemption. Pour ce dernier, concurrencer un titre comme To live is to die (toujours sur And justice for all) n'est pas une mince affaire, et le groupe l'a compris à ses dépends...

Last but not least, My apocalypse conclut le tout sur un morceau des plus rageurs et rentre-dedans. Ça faisait bien 20 ans, et le titre Dyers Eve, que je n'avais rien entendu de tel sur un album de Metallica. La brutalité à l'état pur, bref j'adore!

Vous l'aurez compris, Metallica est revenu à ses fondamentaux, à savoir du gros thrash bien couillu, et l'influence de l'album And Justice for all est omniprésente. Pas le pire référence, me direz-vous... et c'est tant mieux. Ce que l'album perd en personnalité, il le gagne en efficacité. De la part d'un groupe dont la majorité n'attendait plus rien, c'est une gifle magistrale.

Pour moi, l'un des meilleurs albums de 2008. Ce n'est peut-être pas un choix original, je vous l'accorde, mais en cette période de médiocrité ambiante, Metallica s'extrait sans problème du lot et nous montre un groupe au sommet de son art. Et ce n'était pas gagné d'avance.

mercredi 3 octobre 2012

Krokus - Metal Rendez-vous

Krokus est un groupe de hard rock suisse, typiquement dans la veine d'AC/DC. Ce Metal rendez-vous, paru en 1980, voit l'arrivée du chanteur Marc Storace. Ce dernier possède un organe très proche de Bon Scott, le chanteur d'AC/DC décédé peu de temps avant la sortie de l'album.
Ce mimétisme vocal possède un avantage, c'est qu'il a poussé un public conséquent à s'intéresser à la musique des Helvètes. Le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est à partir de ce disque que les choses ont commencé à bien marcher pour eux.

Je reconnais qu'au niveau originalité, ce n'est pas là qu'il faut chercher. L'ombre d'AC/DC n'est pas loin, mais le groupe possède sa propre personnalité. On commence par un Heatstrokes tout en force, fleurant bon les 70's: le public européen ne s'est pas trompé et ce titre est arrivé en tête des charts anglais. Pas mal pour un groupe sorti d'un coin perdu en Suisse. Bedside radio fait taper du pied comme jamais et montre que Krokus sait composer des hits et Come on n'est pas en reste. Ces trois titres donnent les mêmes symptômes que lorsqu'on écoute du AC/DC: une envie irrépressible de taper du pied, de jouer de l'air-guitar et de remuer de la tête. C'est grave docteur?
Streamer nous permet de nous accorder une pause: après trois titres tout en sauvagerie, il faut bien ça pour s'en remettre... Plus calme que les morceaux précédents, Streamer nous montre que Marc Storace n'est pas qu'une pâle copie de Bon Scott. Shy kid reprend les choses à leur rythme et une fois de plus, on se dit que les bougres ne peuvent pas prétendre ne jamais avoir écouté Angus Young and Co.
Tokyo Nights a une influence reggae qui me fait penser au titre Is there anybody there? de Scorpions (paru sur l'album Lovedrive en 1979), sympathique sans être essentiel. Lady double dealer n'est pas une reprise de Deep Purple, mais il sent les 70's à plein nez: un hard rock râpeux à souhait, teinté de blues, avec un chanteur déchaîné. Rien d'original, mais diablement efficace. Et la suite est du même tonneau: Fire, No way et Back Seat rock'n'roll sont l'incarnation même du hard rock, au sens dans lequel on l'entend aujourd'hui. Pour ce dernier titre, certains riffs me font penser à Girls got rhythm d'AC/DC (album Highway to hell, paru en 1979).

Je le répète, Krokus ne prétend pas avoir inventé le fil à couper le beurre, mais il n'y a pas à dire, c'est d'une rare efficacité. Arrivé plus tard qu'AC/DC, Krokus n'aura jamais autant de popularité que les Australiens, même si cet album leur a ouvert de nombreuses portes: ils ont pu ouvrir à de nombreuses reprises pour des groupes plus réputés, ce qui leur a permis de se faire connaître à l'échelon mondial.

Bref, du bon hard, que je recommanderais volontiers à tous les fans de hard rock typé 70's en général, aux fans d'AC/DC en particulier, et plus précisément aux inconditionnels de la période Bon Scott allergiques à la voix de Brian Johnson. Une alternative plus que crédible, sans prétention mais tout aussi intéressante.