vendredi 29 janvier 2010

Sodom - Sodom

Sodom... Le thrash allemand dans toute sa splendeur. Oui, je dis thrash, car le groupe tel qu'il est actuellement n'a plus rien à voir avec celui de 1986 qui pratiquait un proto-black metal. Ici, on a affaire à du 100% Sodom, particulièrement énervé, toujours inspiré par les guerres et l'extrémisme religieux (malheureusement, dans 95% des cas, les deux sont liés...). Après quelques albums qui ont montré une baisse de régime, tels Code red ou M16, Sodom revient en grandes pompes en 2006 avec cet album éponyme.

Sodom, comme à l'accoutumée, ça envoie la purée du début à la fin, et ça ne change pas avec cet album. Mais on comprend plus vite que d'habitude que l'on va se prendre une raclée phénoménale. Le son est déjà plus sec me semble-t-il et cela donne une force incroyable à des morceaux qui sans doute n'en demandaient pas tant. L'ensemble est d'une grande homogénéité et, évènement assez rare pour être souligné, je ne trouve absolument rien à redire. C'est l'un des albums de l'année 2006.

Franchement, passez-vous des titres comme Blood on your lips (avec son intro impressionnante de force), Wanted dead, Buried in the justice ground, Nothing to regret, Lords of depravity ou encore No capture. Ce serait de la mauvaise foi de dire que rien ne se dégage de ces morceaux. Sodom avait des choses à dire, et il le fait avec brio.

Sodom prouve plus que jamais qu'il tient là la formation ultime, avec Bernemann à la guitare, tout bonnement exceptionnel, Bobby Schottkowski à la batterie (magistral, personne d'autre n'aurait fait mieux) et l'indéboulonnable chanteur/bassiste Tom Angelripper éructe comme un forcené son mépris des religions. Pour un groupe que l'on croyait fini, ils ont de très beaux restes.

J'ai eu tendance à être critique sur les précédentes sorties des Teutons, mais là, je me suis une gifle. Je n'avais pas entendu quelque chose d'aussi bon et puissant depuis un moment. Un des albums majeurs de cette décennie, rien de moins. J'admets qu'il faut un certain temps pour l'apprécier, il n'est pas aussi immédiat qu'un Get what you deserve, M16 ou un Agent orange, mais une fois que vous l'avez dans le crâne, impossible de s'en défaire. Sodom, le meilleur groupe de thrash allemand à avoir foulé cette terre? Un débat sans fin, mais pour moi la réponse est définitivement OUI.

jeudi 28 janvier 2010

Morbid Angel - Blessed are the sick

Morbid Angel est un autre groupe de death metal de référence. Bon nombre de ses disques sont à juste titre considérés comme des classiques du genre. Pas étonnant, car le fait d'être un pionnier confère très facilement le statut de groupe culte. En même temps, quand on a publié des albums comme Altars of madness ou Blessed are the sick, c'est mérité. Je vous propose de vous focaliser sur ce dernier, que je considère comme leur tout meilleur.

Officiellement, ce Blessed are the sick est publié en 1991. Il dépoussière quelques titres du bootleg Abominations of desolation, sorti en 1987, quelques temps avant le Scream Bloody Gore de Death. Ceci étant, Blessed are the sick est sorti lui aussi quelque mois avant la date officielle sous la forme d'un pirate, que j'ai la chance de posséder. Ce qui rend cet album encore plus précieux à mes yeux, presque une relique. Les fans me comprendront...

Quand au contenu... un seul mot me vient à l'esprit: génial. Les 11 titres sont tout simplement magnifiques. Et là, je ne dis pas cela par aveuglement. Ce n'est que la stricte vérité. Impossible de dénicher un mauvais titre. C'est extrême, c'est puissant, c'est technique sans être de la branlette de manche stérile, c'est efficace et très accrocheur. Tout comme l'était le premier Death.

Franchement, essayez de résister à des titres comme Fall from grace ou Rebel lands. Impossible, nous sommes bien d'accord. Je m'avoue assez bluffé: être aussi violent, complexe et en même si accrocheur, ce n'est vraiment pas un mince exploit. Il faut dire aussi que quand on a dans un même groupe un guitariste/compositeur aussi génial que Trey Azagthoth, un batteur au jeu aussi rapide que varié que Pete Sandoval et un chanteur à la voix surhumaine, David Vincent (non, celui-là n'a pas vu les extra-terrestres), on ne peut faire que des merveilles. Ils auraient eu bien tort de s'en priver!

Un fort potentiel révélé dès cet album, une concurrence ouverte avec ce que je considère comme être le meilleur groupe de death metal, Death. Pas mal pour un début. En plus, près de 20 ans plus tard, ce disque est toujours une référence et a extrêmement bien vieilli. Autant d'inventivité, de technique et une telle production nickel, cela a dû faire pas mal de jaloux!

Archéologues du metal extrême, ce disque est pour vous!

mercredi 27 janvier 2010

Impaled Nazarene - Rapture

Cet album, c'est aussi un de mes préférés en termes de black metal. Pourquoi? Parce qu'il n'est justement pas totalement black metal. Je m'explique: la musique des finlandais d'Impaled Nazarene est un mélange de black et de punk. Ce cocktail détonnant peut dérouter, mais avec ce Rapture, publié en 1998, Mika Luttinen et sa bande avaient tous les éléments en main pour avoir leur place au soleil, une véritable gageure pour des scandinaves...

Bien sûr, le principal du black metal est présent: le satanisme. C'est même leur principal fond de commerce! Mais 16 titres pour une petite quarantaine de minutes, ça c'est plus punk dans l'esprit. Le titre de certains des titres sont aussi punks, admirez le tableau: Penis et circes, Angel rectums do bleed, Phallus maleficarum. Tout est dit.
Et la musique dans tout ça? Ça joue vite, ça blaste à tout va, ça gueule, ça ne fait pas de quartiers, aucun répit, aucune baisse de tempo, Mika Lutinen et son groupe sont des sauvages. Rapture est l'image de la brutalité à l'état pur.

Difficile de retenir dans ce chaos un titre en particulier tant l'ensemble est compact. Mais malgré, certains titres ont réussi à attirer mon attention: je pense à Angel rectums do bleed, We're Satan's generation, The return of the nuclear god, Penis and circes, et le plus calme Phallus maleficarum (enfin tout est relatif!).
A noter aussi une reprise (assez fidèle à l'originale) de Sodom, Burst command 'til war, un extrait du EP In the sign of evil. Cela ne pouvait pas mieux tomber, car ce EP est pour moi un disque magique, un de ceux qui me tiennent le plus à cœur. Je suis sans doute subjectif en disant cela, mais c'est pour moi l'un des meilleurs moments de cet album.

Bref, un disque de sauvages que normalement seuls des sauvages peuvent apprécier. Le disque idéal pour faire chier vos parents ou vos voisins (Pour ces derniers, croyez-moi sur parole, c'est radical). Un album sans concessions, quelque peu irrévérencieux, comme on en trouve que trop rarement. Et je vous conseille également de vous intéresser aux albums suivants, tels Nihil, All that you fear et Pro patria finlandia qui sont également des monuments de brutalité musicale.

mardi 26 janvier 2010

Immortal - At the heart of winter

Le black metal est un style pour le moins curieux. On pourrait croire que ce besoin primitif de faire de la musique pour invoquer on ne sait quel démon proviendrait de problèmes relevant la psychiatrie. Pour certains, c'est avéré. Pour d'autres, ce n'est juste qu'un moyen de s'exprimer comme un autre. On peut y aller tout le temps à fond, ou alors injecter dans sa musique une petite dose de subtilité. Immortal, qui a emprunté au début de sa carrière la première voie, a décidé d'opter pour la seconde option. Bien lui en a pris, car les Norvégiens ont sorti en 1999 leur meilleur album, At the heart of winter.

Non pas que les précédents albums étaient mauvais, Battles in the north ou Pure holocaust valaient leur pesant d'or. Mais ils ne possédaient pas le sens de la nuance qui fait la différence entre l'Homme de Cro-Magnon et le véritable esthète.

6 titres composent ce chef d'oeuvre, mais ces titres dépassent les six minutes. Les titres proposés font tous preuve d'une rare intensité, bien que le groupe ait décidé de soigner ses compositions, avec une production aux petits oignons qui résiste parfaitement aux outrages du temps. Les thèmes évoqués sont toujours le froid norvégiens, la forêt, la guerre. Mais le tout est fait en finesse. Et le groupe a pensé à aménager des pauses, si je puis dire, pour permettre à l'auditeur de respirer: je prendrais volontiers l'exemple de Solarfall ou Tragedies blow at horizon, morceaux au cours desquels on trouve des instants plus calmes, où le chanteur-guitariste-bassiste Abbath utilise un effet de flanger qui donne un côté épique loin d'être déplaisant.
Pour le reste, on reste plus ou moins en terrain connu, le batteur Horgh mitraille sa batterie comme personne et prouve qu'il est un des meilleurs batteurs de la scène black metal.

Les six titres composant cet album sont tout bonnement magnifiques et en ce qui me concerne, At the heart of winter fait partie de mes albums de black metal préférés, aux côtés de disques majeurs comme The return de Bathory, Grand declaration of war de Mayhem, Stormblast de Dimmu Borgir, Rapture d'Impaled Nazarene ou Fuck me Jesus de Marduk, Cruelty and the beast de Cradle of filth ou The somberlain de Dissection. Des classiques du genre, indémodables, intouchables. Tout simplement.

Bien évidemment, si vous n'aimez pas ce genre de musique, je ne pense pas qu'Immortal vous fera changer d'avis sur la question, mais si vous aimez la musique brutale inspirée, vous pouvez vous tourner sur ce disque en particulier, et sur toute la carrière d'Immortal en général. Là aussi, on tient un groupe qui a écrit peu de titres décevants. Déjà extraordinaire en soi, mais quand en plus ledit groupe parvient à pondre un album cité par tous comme une référence, c'est tout bonnement exceptionnel. Alors, ce serait dommage de s'en priver!

lundi 25 janvier 2010

Death - Leprosy

Il y a quelques temps, je vous parlais du premier opus de ce groupe qui m'est très cher, Scream bloody gore. Pour moi, c'est l'acte de naissance du Death Metal. Mais comme je l'ai déjà dit pour d'autres combos d'autres styles, il est plus souvent facile d'accoucher d'un bon premier album que de confirmer. Mais pour Death, pas de soucis à avoir à ce niveau. Il faut bien dire que quand on a avec soi un compositeur auss génial que Chuck Schuldiner, difficile de se planter. Leprosy, deuxième album de Death paru en 1988, allait confirmer qu'il comptait devenir un groupe de référence dans un style à l'époque en pleine éclosion. Rien de moins.

Il n'y a pas grand chose à reprocher à ces 8 titres. C'est tout simplement du death metal de haute volée. Et dire que c'est loin d'être l'album le plus technique, on est à ce niveau loin de Individual thought patterns ou The sound of perseverance. C'est tout dire! Et pourtant c'est très bien conçu, efficace à souhait, du grand art. Le seul petit bémol que je pourrais éventuellement émettre, c'est au niveau de la production. Celle-ci, signée Scott Burns (grand gourou des manettes qui a travaillé pour ainsi dire tous les groupes de Death metal de légende) est trop typée et a tendance à mal vieillir. Cela certes donne un charme un chouïa désuet, mais un petit effort en la matière n'aurait pas été de trop. Je précise que les disques de Death ont tous été remastérisés et il faudrait que je m'attarde sur ces nouvelles versions. Je possède en vinyle remastérisé mon album fétiche, Scream Bloody gore, et là le son est nickel. D'ailleurs en parlant de ce vinyles, quelques titres titres en live y figurent: ce sont justement des titres qui figureront sur Leprosy.

Autre détail mineur: quel artwork! De même que pour Scream bloody gore, la pochette est signé Edward J. Repka. Dans le genre c'est magnifique. On sait à quoi s'attendre et en même temps, ce n'est pas aussi crade que les pochettes de Cannibal Corpse. Bon boulot!

Voilà, c'est tout ce que j'ai à dire sur ces 8 morceaux, plutôt devrais-je dire ces 8 classiques que tout fan de death metal se doit là aussi de connaître. Quand on a des titres aussi furieux que Pull the plug, Open casket, Choke on it, Born dead ou Left to die, on se dit que leurs géniteurs ne peuvent être que des génies de la musique. Il faut dire que Chuck Schuldiner a su cette fois-ci s'entourer. Admirez la formation: outre l'indéboulonnable Schuldiner, on trouve à la seconde gratte Rick Rozz, au jeu efficace et sans concessions, Terry Butler (futur Six feet under) à la basse et Bill Andrews à la batterie.

Death, je me répète, est l'un des rares groupes que je connaisse à n'avoir JAMAIS sorti un album pourri. Belle performance. Chuck Schuldiner a su s'élever, malgré lui sans doute, en icône du death metal. C'est amplement mérité, car mon dieu, quel compositeur! Des types comme lui, on n'en trouve pas à tous les coins de rue. Et comme je le disais précédemment, ce n'est que le début. Chuck et sa bande nous livreront encore 5 albums après celui-ci, mais je devrais plutôt dire 5 gifles. Beaucoup ont essayé de suivre le groupe dans sa démarche artistique, à savoir allier brutalité et technique, mais peu ont réussi. Malgré des albums de bonne qualité, des groupes comme Napalm Death, Morbid angel, Cannibal Corpse, Deicide ou Obituary n'arriveront jamais à faire aussi bien que Death. Et pourtant, ce sont de sérieux clients. Très fort, je vous dis!

Jetez-vous sur ce disque formidable qui ne peut que vous donner la pêche pour le reste de la journée. Et je vous incite également à vous procurer toute la discographie de ce groupe culte.

vendredi 22 janvier 2010

Deicide - The stench of redemption

La première moitié des années 2000 n'a pas été franchement brillante pour Deicide : une tripotée d'albums moyens (Insineratehymns, In torment in hell, Scars of the crucifix), des dissensions internes qui ont mené au départ des frères Hoffman, guitaristes du combo. Il faut bien dire aussi que le fantasque leader du groupe, Glen Benton, est tout sauf un gars facile à vivre. (Vous viendrait-il à l'esprit de vous faire marquer une croix inversée au fer rouge sur votre front?) Pas grave, le groupe américain va recruter deux tueurs à la six-cordes pour remplacer les deux jeunes licenciés, et on n'y perd pas au change : Deicide comprend désormais en ses rangs Jack Owen, démissionnaire de chez Cannibal Corpse, et Ralph Santolla (ex Iced Earth et futur Obituary). Inutile de dire qu'avec ces deux-là, ça va faire mal.

Fondamentalement, ces remplacements ne vont pas changer la donne: on a toujours affaire à du brutal death metal, toujours sataniste dans les propos. Glen Benton est plus que jamais en guerre contre le christianisme et nous le fait savoir le long de ces 10 titres (ben oui, j'ai la chance de posséder l'édition spéciale en vinyle avec un titre en plus!!!)

Quant à la qualité des titres, elle est tout bonnement exceptionnelle. A vrai dire, The stench of redemption est de la même trempe qu'un Once upon the cross, Deicide ou Legion. Les américains n'avaient plus rien sorti de bon depuis 1995. Tant de temps... Alors pourquoi un tel changement? Les nouveaux guitaristes n'y sont pas étrangers: prenez un morceau comme Homage for Satan et vous y entendez des soli de fous. Ralph Santolla est vraiment un guitariste génial qui mériterait sans aucun doute d'être bien plus connu que cela. Les soli sur cet album sont de loin les meilleurs jamais enregistrés par le groupe.

Moi qui ne suit pas un fan acharné de Deicide et même de brutal death metal (je préfère le bon vieux death metal des familles de Death), je ne peux que m'incliner devant une telle classe. C'est vraiment impressionnant. Hormis Homage for Satan, je vous conseille de poser une oreille sur les titres The stench of redemption, Death to Jesus, Desecration et Never to be seen again. Impressionnant de brutalité et de virtuosité. Enfin... Parler de virtuosité pour de la musique que beaucoup considèrent comme de la musique de bœufs tout est relatif. Mais ce qui est sûr, c'est que c'est extrêmement bien ficelé et qu'un tel concentré de haine peut faire du bien quand on a besoin de toute urgence d'un défouloir!
J'allais oublier, je faisais le malin tout à l'heure avec mon titre bonus sur mon vinyle. Il s'agit d'une reprise de Deep Purple, Black night, remaniée à la sauce Deicide. Benton en a notamment modifié les paroles. Et ça le fait grave. J'avais avoir été très surpris par ce choix de reprise, mais j'applaudis à deux mains. Franchement impressionnant

Un grand moment de death metal, que je classe sans hésiter dans mon top du genre, à côté de chefs d'œuvres comme le premier Obituary, le Scream bloody gore de Death ou le Seven churches de Possessed. Pour dire à quel point ce disque est, si je puis oser m'exprimer ainsi, une bible! Je suis en outre soufflé par le talent de Ralph Santolla qui est un guitariste de premier ordre. A suivre de très très près...

jeudi 21 janvier 2010

Bathory - The return

Attention, nous avons affaire ici à une pierre angulaire du metal extrême! Bathory, groupe suédois composé de son seul membre fondateur Quorthon, a su composer au début de sa carrière, quelques pépites qui ont influencé nombre de groupes brutaux, notamment scandinaves. Il faut dire que ces premiers méfaits avaient tout pour devenir cultes: un son médiocre (pour les fans de true black metal, c'est un passage obligé), des références satanistes (parce que les metalleux, ça n'aime pas la religion) et des ambiances glauques à souhait.
Ce deuxième album, publié en 1985, fait partie des albums fondateurs, que tout fan de metal burné se doit de vénérer.

Un mystère tout de même ce groupe. On s'était toujours demandé à l'époque pourquoi il refusait de produire sur une scène: on a vite compris que le groupe n'était qu'en fait mené par un seul individu, un multi-instrumentiste pour le moins doué. Du moins, pour la musique, parce que pour la production, ce n'est pas trop ça. Le son pourri a permis à Bathory de garder une certaine aura auprès de ses fan et de distiller une ambiance des plus malsaines. Ecoutez l'introduction pour voir... Fermez toutes vos lumières et vos volets, et passez-vous Revelation of doom. Toute personne non habituée sera morte de trouille!

Difficile de retenir un morceau plus qu'un autre, tant la qualité des compositions est ici élevée. Mon préféré reste Born for burning, plutôt simple dans sa construction, mais diablement efficace.
Possessed est également efficace, mais aussi nettement plus élaboré. Avec des moyens conséquents, ce titre aurait pu être une boucherie. De même The wind of mayhem ou The rite of darkness, et même Son of the damned font preuve d'une rare brutalité (pour l'époque, comprenons-nous bien).

Le black metal tenait avec The Return sa véritable première référence : Black metal de Venom n'a en fait inventé que le nom, mais l'imagerie et le son de Bathory ont été les véritables catalyseurs. Demandez aux musiciens de Cradle of Filth ou de Mayhem l'importance que Bathory a pu avoir sur eux et vous comprendrez que c'est la référence ultime. The return, aux cotés de son prédécesseur éponyme, et de son successeur Under the sign of the black mark, fait partie de la trilogie infernale de Bathory: Quorthon n'arrivera plus jamais à égaler la férocité de ces albums. De toute façon, l'aspect occulte de sa musique sera de moins en moins marqué, et Quorthon préférera s'intéresser à ses ancêtres vikings, avec des albums non moins magistraux tels Blood fire death ou Hammerheart.

Dans tous les cas, The return est un pilier du genre qu'il vous faut absolument redécouvrir. Et les autres albums le méritent également. Quorthon restera à jamais un génie sous-estimé. Peu de temps avant le décès de Chuck Schuldiner (Death), ce dernier estimait que malheureusement, Bathory n'aura jamais la reconnaissance qu'il mérite. Le pauvre Chuck a hélas bien eu raison, puisque l'œuvre de Quorthon n'est jamais véritablement sortie de son cercle d'initiés. Et la mort de Quorthon le 3 juin 2004 a empêché ce précurseur de sortir d'autres petits bijoux qui auraient peut-être pu le sortir de l'underground. Dommage...

Life is unfair, but music business is even worse...

mardi 19 janvier 2010

Lacuna Coil - Comalies

Lacuna Coil était le groupe du moment en ce début dé décennie. Le groupe italien avait sorti deux EPs et deux albums, dont le fabuleux In a reverie. La principale attraction du groupe transalpin reste, il faut bien le reconnaître, la magnifique chanteuse Cristina Scabbia, qui doit être le fantasme de 90% des metalleux au moins...
Mais le groupe milanais vaut bien plus que la plastique de sa chanteuse: leur troisième album, Comalies, publié en 2002, va le prouver aisément.

La musique de Lacuna Coil, c'est avant tout du gros rock, avec une voix féminine atmosphérique, un bon compromis entre le Paradise Lost période Icon et The Gathering période How to measure a planet. Le plus gros du travail a été réalisé au niveau des ambiances, plus planantes que jamais, et les guitares sont elles extrêmement percutantes. On remarquera aussi la plus grande présence de claviers, par rapport aux albums précédents.
Et ce pour quel résultat? Un grand album, tout simplement. La première moitié de l'album est tout simplement imparable. Les titres sont parfaitement construits, accrocheurs, même le néophyte en metal ou même les plus grands détracteurs du style peuvent aimer Comalies, tant c'est bien fait. Et je le répète, la voix de Cristina Scabbia est plus que jamais magnifique. Impossible de résister à des titres commes Swamped, Heaven's a lie, Daylight dancer ou Humane. Tout bonnement génial. Parfait, rien à redire.
Et on continue avec de nouvelles tueries, je pense à Tight Rope, Self deception ou au trop court mais excellent Aeon. Ce dernier prouve, s'il y a encore des personnes qui en doutent, que la vocaliste italienne possède une voix cristalline de toute beauté. Beaucoup de copines de metalleux ont de quoi être jalouses!
Le reste de l'album: des titres dans la même veine, sans doute un peu moins marquants, mais tout de même: Comalies, The ghost woman and the hunter ou Angel's punishment valent le détour. Disons que lorsqu'on a écrit des titres aussi magnifiques que les sept premiers de cet album, il est assez difficile de faire aussi bien par la suite. Mais cette légère baisse de régime n'altère en rien la qualité globale de l'album.

Comalies fait partie de mon top 10 des années 2000 et c'est amplement mérité. Je ne pensais pas que les Italiens auraient été capables de sortir un album au moins aussi bon que In a reverie, mais j'en ai été pour mes frais ce coup-ci.
Dommage que le groupe ait décidé de changer de voie pour la suite. Ils ont voulu copier Evanescence, groupe qui leur était largement inférieur, et les albums suivants en ont souffert: Karmacode et surtout Shallow life sont d'une rare médiocrité. Ça m'ennuie de dire cela, mais il serait franchement malhonnête de prétendre le contraire. Moi qui avait placé de gros espoirs sur Lacuna Coil, j'ai été déçu comme j'ai rarement été déçu. En ce qui me concerne, Lacuna Coil a cessé de vivre après Comalies, et ce dernier est une très belle épitaphe.

Je ne saurais bien évidemment que trop vous conseiller de poser une oreille attentive sur cet album, ainsi que sur In a reverie et Unleashed memories qui sont des bijoux de metal gothique. Je parlais à l'instant d'Evanescence. Ce groupe surproduit et surestimé, qui prétend faire dans le gothique, ferait mieux d'écouter l'une de ces trois galettes, avant sortir des albums formatés à l'extrême.
Comalies, le dernier album de référence d'un bon groupe...

vendredi 15 janvier 2010

Grand Magus - Monument

Grand Magus... Un nom curieux qui cache un excellent groupe jouant un doom metal fortement teinté de stoner, ce qui veut dire - grosso modo -qu'on n'a pas l'impression que les membres de ce groupe soient désespérément déprimés, ni qu'ils sont des fumeurs de hackique invétérés. Bon, pour vous faire une comparaison facile, c'est pas aussi déprimant que Reverend Bizarre, mais c'est pas aussi fumeux (fumé... fumant?) que, je sais pas moi, Fu Manchu, au hasard (je sais, c'est pas beau de moucharder)

Les Suédois ont pondu en cet année 2003 un album de grande classe, probablement l'un des meilleurs de cette année-là. Ni plus ni moins. Il est vrai que des albums de cette trempe, j'en veux tous les jours, tellement c'est du bon.
Prenez par exemple le titre d'ouverture: Ulvaskall (vargr). On sent le froid suédois rien qu'à écouter le souffle de vent lors des premières secondes. Puis on a affaire à un gros rock de bûcherons, un riff de guitare surpuissant accompagné d'une basse qui vous scotche tout votre appareil digestif par terre nous prépare à entendre une voix magnifique, digne des plus grand, celle de Janne Christoffersson. Ce solide gaillard, également guitariste talentueux, possède un organe de toute beauté, digne de chanteurs comme Dio, Coverdale ou Gillan. Pas mal!

On continue avec Summer Solstice et Brotherhood of sleep, ainsi qu'avec Food of the Gods qui peuvent être considérés comme des référence du style, tantôt sombres, tantôt enjoués, de grands riffs, une section rythmique de Foxx à la basse et de Fredrik Liefvendahl à la batterie de toute beauté. Je suis sans voix devant une telle puissance. C'est tout bonnement magique!

Baptised in fire et Chooser of the slain (valfader), ainsi que le titre final He who seeks shall findsont eux particulièrement sombres, c'est pour cela que j'ai tendance à les rapprocher de la scène doom. Grand Magus ne dépareillerait pas avec un groupe comme Candlemass, surotut lorsqu'il joue ces trois hymnes lugubres. J'en ai la chair de poule, je ressens encore le froid de Scandinavie... Incroyable comment ces trois gars sortis de nulle part arrivent à vous imposer une ambiance glaciale.

Le feu et la glace semblent bien résumer cette album. 3 titres plein de chaleur, 4 titres fleurant bon la Suède, le Grand Magus 2003 est un excellent millésime. Sans doute pour cela aussi que janne Christoffersson est devenu le chanteur de Spiritual Beggars, autre combo de stoner suédois plsus connu que Grand Magus. Une voix aussi riche, aussi chaude, capable d'être aussi bien modulée, ça ne peut qu'attirer l'attention et susciter la convoitise. Et il faut bien le reconnaître, lorsqu'un mec vous dit que son album de chevet est le Born again de Black Sabbath (période Ian Gillan), on se dit qu'il ne peut avoir qu'un bon fond...

Un album majeur, à déguster sans modération. Franchement dommage qu'il ne soit pas plus réputé en dehors du milieu du metal. Parce qu'autant d'authenticité, de fraîcheur et de talent sur un seul album, ce n'est que trop rare de nos jours...

jeudi 14 janvier 2010

Tygers of Pan Tang - Spellbound

Tygers of Pan Tang est l'un des innombrables groupes de la NWOBHM (New wave of British Heavy Metal) qui foisonnaient à l'aube des années 80. Les plus connus d'entre eux restent bien sûr Iron Maiden et Saxon. Les autres ont plus ou moins sombré dans l'oubli. C'est pour réparer cette injustice que je vous parle aujourd'hui de Tygers of Pan Tang et de ce formidable album qu'est Spellbound, paru en 1981. Il est sans doute moins connu qu'un Denim and leather ou un Killers, mais il vaut largement le détour.

Il faut dire que quand on compte dans ses rangs un chanteur d'exception comme John Deverill et un six-cordiste de génie comme John Sykes, ça aide à faire de bonnes chansons.
Côté musique, si vous aimez les deux groupes cités ci-dessus, vous aimerez ce disque. Les musiciens y sont au sommet de leur art: écoutez des morceaux comme Take it ou Blackjack: les duels de guitares entre John Sykes et Robb Weir n'ont rien à envier à ceux de la paire Murray/Smith. Gangland est parfait en morceau introductif, rentre-dedans comme il se doit, prouvant au passage qu'ils avaient tout pour réussir. Même la ballade Mirror ne me laisse pas indifférent, ce qui est un exploit quand on connaît mon faible intérêt pour ce genre d'exercice.

Non, franchement, je n e vois pas de défauts majeurs sur ce disque: les dix titres qui le composent sont autant de bijoux. Rares sont les albums sur lesquels il n'y a pas à redire et celui-ci en fait partie. Dommage que le groupe n'ait pas su capitaliser sur le succès de Spellbound, tant ils auraient pu aller très loin s'ils n'avaient sorti que des albums de ce calibre. Le déclin se fera vite sentir: un album comme The cage détournera l'attention des fans, tant l'album est mauvais. Tygers of Pan Tang alternera par la suite séparations et reformations, avec des line-ups plutôt douteux qui n'arriveront jamais à égaler celui de la grande époque.

Des choix de carrière hasardeux qui pousseront John Sykes à aller voir ailleurs si l'herbe est plus verte, notamment chez Thin Lizzy (pour l'album Thunder and lightning, que Sykes sauve par la qualité de son jeu) et Whitesnake (participant ainsi à l'album 1987). Quand des grands noms du rock comme David Coverdale ou Phil Lynott vous veulent dans leur groupe, c'est que vous avez un talent certain, il faut être réaliste.

En attendant, redécouvrez cet album magique qui transpire les 80's par tous ses pores. Du grand heavy metal comme on n'en fait plus de nos jours. Dommage que Saxon et Iron Maiden aient éclipsé ce grand groupe qui aurait pu devenir leur concurrent le plus direct s'il avait eu un peu plus de chance et de couverture médiatique. Pas mal de jeunes groupes de heavy devraient réécouter ce disque, ça leur permettrait de sûrement de réaliser ce que doit être le heavy: des bons titres, techniques sans être démonstratifs, des bonnes mélodies et surtout de l'originalité à foison.

MSG - One night in Budokan

MSG, c'est le groupe que Michael Schenker (ex Scorpions) a fondé après son éviction d'UFO, pour cause de mauvaise humeur et d'alcoolisme chroniques. Loin de se démonter, le père Schenker s'est attelé à sa propre carrière. Bien lui en a pris. Le guitariste allemand s'est entouré de Gary Barden au chant, de Cozy Powell à la batterie (un batteur émérite qui a joué avec la plupart des groupes de classic-rock) et de Paul Raymond aux claviers. Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce n'est pas une équipe de bras cassés!

Et le contenu? Du gros hard rock, parfait pour être joué dans les stades. D'ailleurs, ça tombe bien, ce disque est un live enregistré au Japon. Le groupe, au sommet de sa forme, nous propose 13 tueries de hard rock.
Dès le premier morceau, Armed and ready, tout est dit: le groupe n'a pas fait le voyage au Japon pour plaisanter, et c'est tant mieux pour nous. Les titres suivants ne font que confirmer: Cry for the nations et Attack of the mad axeman sont des boucheries monumentales. Sûr qu'avec des titres comme ceux-là, Michael Schenker ne pouvait connaître que le succès!
Mais c'est loin d'être tout, Into the Arena est un instrumental de toute beauté, j'adore la partie de basse de Chris Glen. Victim of illusion, On and on ou Let sleeping dogs lie sont des grands moments de hard rock mélodique, et ce serait bien dommage de s'en priver. Le MSG de 1982, année où est parue ce disque, n'a absolument rien à envier à Scorpions et fait la nique à UFO, pas au meilleur de sa forme après le départ forcé de l'ange blond. D'ailleurs, vu que c'est lui l'a composé, Schenker se permet de reprendre Doctor Doctor, tiré du répertoire de son ancien groupe! Dès le début, le Michael Schenker Group concurrence les grands noms du genre: je l'imagine parfaitement à la grande époque en concurrence avec Black Sabbath, Thin Lizzy, Gary Moore, Rainbow ou Ian Gillan pour le trône de roi du hard rock.

Cet état de grâce n'allait pas durer: le mauvais caractère légendaire de Schenker allait reprendre le dessus, d'où des changements incessants de line-ups. En attendant, redécouvrez ce groupe génial qu'était MSG et ce qu'il donnait en live. Et tant que vous y êtes, prenez la peine d'écouter aussi les deux premiers album, MSG I et MSG II. Pas de mal de petits jeunes peuvent en prendre de la graine...

Vulcain - Desperado

En France, dans les années 80, nous n'avons pas eu beaucoup de groupes de hard rock de qualité, surtout lorsqu'on compare avec les Allemands, les Américains ou les Anglais. Il y a bien eu Trust qui a bien réussi à tirer son épingle du jeu, mais c'est à peu près tout. Dans l'ombre de ce dernier, il y a eu Vulcain, qui aurait mérité une meilleure réussite, tant les compositions offertes sur ce second album, publié en 1985, sont excellentes.

Les français, en termes de musique rock,sont, paraît-il, à défaut d'être innovants, doués pour s'inspirer des groupes étrangers. Et là, le groupe de référence, c'est Motorhead. Le chant de Daniel Puzio est quasi-identique à celui de Lemmy Kilmister, le mimétisme vocal est impressionnant. Et les riffs et les soli sentent Motorhead à quinze kilomètres à la ronde! L'ambiance d'Ace of Spades, tendance western, a été cependant accentuée sur cet album. On peut y entendre sur Richard un harmonica ou un clairon sur le titre Soldat.

Pour le reste, c'est du Motorhead version française. Il y a bien pire comme référence!!! Et à vrai dire, Motorhead a son style et toutes les compositions ont plus ou moins tendance à se ressembler. C'est sans doute là le plus gros défaut. Et ce sera la même chose pour Vulcain.

Toutefois, quand on a des titres de haute volée comme Blueberry blues, Sur la route ou Comme des chiens, on n'est pas perdant au change. Et ce ne sont là que les titres qui m'ont le plus marqué, aucun des 10 titres n'est à jeter et vous prendrez autant de plaisir à écouter Fuck the polices, Sweet Lorraine ou Le verre de trop.

Un grand dommage que Vulcain ne soit pas passé à la postérité comme Trust, parce qu'il n'avait rien à leur envier. Si tous les disques de rock estampillés made in France étaient du même acabit, j'en écouterais certainement plus! Comme quoi, impossible pas français!

Un groupe de grande valeur à redécouvrir, même si j'ai cru comprendre que leurs disques n'étaient pas des plus faciles à trouver. Là aussi, quelle injustice! Plutôt que s'attarder trop longtemps sur le médiocre 13 à table, dernier album de Trust, il serait plus judicieux de rééditer des albums de cette trempe.

Procurez-vous ce disque, si vous ne voulez pas être complice d'une terrible injustice.

Rammstein - Herzeleid

En ce milieu de décennie, Rammstein est un nom qui n'évoque rien pour qui que ce soit. Le seul groupe allemand un tant soit peu connu restait Scorpions. Pas mauvais, mais pas récent non plus. Il fallait un groupe qui soit connu partout dans le monde, que chacune de ses tournées et chacun de ses albums soient attendus comme le Messie. Rammstein va apporter la solution dès son premier album, publié en 1995.

Rammstein a dès le début pratiqué un metal industriel chanté dans la langue de Goethe. Il fallait oser. Pari gagné! Ce ne sont pas les premiers à s'être essayé à ce style, Nine Inch Nails, Killing Joke, Ministry et le Marilyn Manson naissant l'ont déjà fait. Mais ces Allemands, sortis de nulle part, vont véritablement populariser le style.

En même temps, avec 11 bombes, il faut être bien difficile pour rester insensible. Vous avez au moins huit hits potentiels: Wollt ihr das Bett in Flammen sehen?, Asche zu Asche, Du riechst so gut, Rammstein, Laichzeit, Herzeleid, Der Meister ou Weisses Fleisch font un malheur en concert. Les guitares brutes de décoffrage et la rythmique, martiale à souhait, n'y sont pas pour rien. Même les moments calmes font preuve d'une rare intensité: Das alte Leid, Heirate mich ou Seemann combinent force et finesse comme peu de groupes savent le faire.

Ayant la chance de posséder un bootleg enregistré au Bizarre Festival de Cologne en 1997 (je ne fais pas la promotion de ce genre d'objets, mais celui-ci est trouvable assez facilement), je puis vous assurer que les titres de cet album dépotent. J'ai écouté en premier l'album Sehnsucht puis ce fameux bootleg, je peux vous dire que les titres live et les titres studio sont équivalents en termes de puissance. Il n'y a pas à dire, question armes lourdes, les Allemands s'y connaissent!

Premier opus, première réussite. Indubitablement, l'un des meilleurs disques parus dans les 90's et même de ces quinze dernières années. Personnellement, si je devais retenir qu'un seul album issu de cette décennie, ce serait, je pense, celui-là, tant son impact sur moi a été puissant.
On dit toujours que les albums qu'un individu écoutait pendant son adolescence le marquent à vie. Me concernant, c'est on ne peut plus vrai : Rammstein, que j'ai découvert quand j'avais 15 ans, fait toujours partie de mes groupes préférés. Peut-être pas original, mais c'est ainsi. Un groupe qui pour l'instant, ne m'a jamais foncièrement déçu. Peut-être pas toujours aussi parfait que ce premier opus, mais rien de franchement mauvais.

Inutile de préciser qu'il vous faut absolument écouter ce premier album alternant force de frappe et subtilité. Et vous pouvez vous ruer en toute confiance sur quelques autres albums de Rammstein comme Sehnsucht (qui a rendu populaires les Allemands avec des titres comme Du hast), Mutter ou le dernier-né, Liebe ist für alle da.

Ce qui m'étonne toujours avec ce groupe, c'est qu'au début personne n'aurait parié un deutsche Mark sur leur succès international, étant donné le caractère typiquement allemand de leur musique, et surtout du chant en allemand. Et ils ont pourtant réussi à percer. Alors pourquoi, nous autres francophones, n'arrive-t-on pas à avoir un groupe qui sache en faire autant? Le mystère reste entier...

Van Halen - OU812

Pour beaucoup, Van Halen, ça commence par Van Halen 1 et ça se termine par 1984, soit la période David Lee Roth. Ce serait rabaisser les qualités du remplaçant de ce dernier, Sammy Hagar. Hagar est un chanteur extrêmement talentueux et c'est avec lui que les frères Van Halen vont connaître les plus gros succès commerciaux.
La raison principale qui pousse les fans à détester l'ère Hagar, c'est l'orientation mainstream du groupe, avec moins de grosses guitares et plus de claviers. On avait vu qu'Eddie Van Halen savait en jouer avec 1984, il a enfoncé le clou avec 5150, et il persiste avec ce OU812, paru en 1988.

On commence avec Mine all mine, un rock typiquement FM, que n'aurait pas renié Bon Jovi. Pas mauvais, mais j'ai connu des meilleurs morceaux d'introduction de la part du groupe. Et au niveau sirupeux, il y a malheureusement bien pire: la balade When it's love fait étalage de bons sentiments, gnan-gnan au possible, idéal pour emballer mais pas plus. Mais le comble du mauvais goût, c'est Feels so good, avec son clavier Bontempi tout pourri. Une honte de la part de Van Halen... il fallait bien que ça leur arrive un jour, voilà c'est fait!

Heureusement, on trouve de belles grosses guitares, comme on les aime. AFU (naturally wired) en est un parfait exemple, tout comme Source of infection et Sucker in a 3 piece. Du gros comme seul Van Halen sait le faire. Comme quoi on peut faire du gros rock et conquérir le grand public. Une leçon à méditer pour mal de groupes récents...
Et des hits imparables, il y en a aussi sur cet album. Cabo Wabo, Black and blue et surtout Finish what ya started sont des tueries en puissance qui vont cartonner dans les charts américains. C'est très bien fait, ça peut plaire aux minettes comme aux gros rockers pas fins, bref bien joué! Sûr que les puristes préféreront s'enfiler l'un des premiers album, mais quoique l'on fasse, de toute façon il y aura toujours des grincheux...
La surprise de cet album, c'est le titre final, A apolitical Blues, une reprise de Lowell George. Sammy Hagar est particulièrement convaincant en bluesman. Eddie Van Halen est capable d'insuffler un véritable feeling blues à son jeu de guitare. Incroyablement convaincant.

Van Halen n'a pas encore de monstrueuse bouse en cette année 1988, mais le niveau est un poil inférieur aux albums précédents. Ceci est dû aux trois horreurs que je mentionnais auparavant.
Pour le reste, l'album est tout à fait recommandable, même s'il ne fait pas partie de mes préférés. Je fais partie de nostalgiques de l'époque Roth, que voulez-vous, on ne se refait pas... Je fais partie de ceux qui pensent que les disques de la période Hagar sont un peu trop surproduits...
Là aussi, si vous voulez du gros rock qui ne fait pas trop mal aux oreilles de vos parents ou de votre copine, ce disque est celui qu'il vous faut. Pour les autres, les disquaires ont sans doute d'autres choses à vous refourguer...

Uriah Heep - Abominog

La fin des années 70 et le début des années 80 ont été pour le moins rudes pour Uriah Heep. A part le fidèle guitariste Mick Box, tout le monde a quitté le groupe. Au chant, cela s'est traduit notamment par le départ de David Byron, puis de John Lawton et celui de John Sloman. Aux claviers, l'éminent Ken Hensley n'a supporté ni la nouvelle direction musicale ni John Sloman et s'est tiré. Bob Daisley à la basse et Lee Kerslake à la batterie ont aussi mis les bouts parce qu'ils ne supprtaient plus le management. Bref, pour faire simple, Uriah Heep en 1982 avait pris l'eau de toutes parts. Il restait à Mick Box la possibilité de dissoudre le groupe (ce qui aurait été facile vu qu'il ne restait plus que lui!) ou recruter de nouveaux membres et continuer l'aventure Uriah Heep.

Etant donné que le ménage a été fait dans l'environnement du groupe, Box décide de rappeler Daisley et Kerslake, tout juste virés du groupe de Ozzy Osbourne. Il fallait trouver un musicien de qualité pour les claviers, étant donné que ceux-ci ont toujours été prépondérants au sein du groupe. L'heureux gagnant sera John Sinclair. Et au chant, Peter Goalby va décrocher la timbale.

Le résultat, du hard rock limite FM, inscrit dans son époque. La production et surtout les claviers y sont pour quelque chose. En ce qui me concerne, j'aime beaucoup le son qui, certes, a pris un coup de vieux, mais c'est aussi ce qui fait son charme. L'album contient 10 titres, dont 5 reprises et un titre réenregistré.

Les titres les plus puissants restent ceux écrits par le groupe: Too scared to run est un titre d'ouverture de toute beauté, où l'on comprend que le groupe renaissait de ses cendres et qu'il avait une envie furieuse d'en découdre. Des guitares tranchantes, un chant extrêmement puissant, des claviers discrets, un refrain rentre-dedans juste ce qu'il faut. Imparable!
Chasing shadows et Hot Persuasion sont de facture plus classique mais sont d'une rare efficacité. Si ça ce n'est pas du gros rock bien couillu, je ne sais pas ce qu'il vous faut. Et Sell your soul finit de nous convaincre qu'Uriah Heep est vivant plus que jamais, et que le stage de Daisley et Kerslake chez Ozzy leur a été plus que profitable. Quelle section rythmique du feu de dieu, mes enfants!!!

Pour achever tout le monde, il fallait des tubes accrocheurs. Ce sera du côté des reprises que l'on trouvera cela. On the rebound, typique des années 80, a été composé par Russ Ballard, songwriter hors-pair qui a écrit pour tous les grands nom du rock ou presque. Peter Goalby et John Sinclair sont parfaits dans cette reprise, les choeurs du refrain donnent vraiment envie de chanter avec le groupe. That's the way that it is est une reprise de Paul Bliss, chanteur obscur, est aussi d'une rare subtilité. Le titre, qui confirme que Goalby était l'homme de la situation, fera un malheur aux USA.
Hot night in a cold town et Prisoner sont dans la pure lignée des titres précédents, purement 80's, de bonnes pauses parmi tous ces morceaux d'anthologie. Running all night with the lions est une reprise du groupe Lions, dont faisait partie John Sinclair, le tout étant remis au goût du jour par le groupe.
Concernant Think it over, le titre réenregistré, cette version est nettement meilleure que la précédente, enregistrée sur le précédent album Conquest, album maudit s'il en est.

Un album cependant méconnu, les fans de rock se tournant plus volontiers vers des perles comme Look at yourself, The magician's birthday ou Demons and wizards. Et je les comprends, tant ces albums sont magnifiques. Mais oublier Abominog serait vraiment dommage, car c'est un album charnière, le type d'albums où se dit : "ça passe ou ça casse." L'enjeu, vous l'avez compris, était énorme et Mick Box aurait pu tout perdre. Heureusement, cela n'a pas été le cas et le groupe a été remis sur des rails. Uriah Heep a pu reprendre son bonhomme de chemin et continuer à nous fournir de bons albums, mais à mes yeux, Abominog reste la dernière tuerie que le groupe ait réussi à engendrer, justement à cause de cette rage de vaincre. A redécouvrir de toute urgence!

Mike Oldfield - Crises

Il est toujours très intéressant de voir ce que donne le travail d'un artiste classé rock progressif lorsque ce dernier se décide à se tourner vers le grand public. Certains s'en sortent avec les honneurs (Genesis par exemple), d'autres se plantent (comme Yes). Bien sûr, dans le cas de Mike Oldfield, cela ne s'est pas fait tout de suite. En 1979, il s'y était déjà essayé avec Platinum, avec plus ou moins de bonheur. Finis les structures à rallonge, on affiche un côté plus mainstream, on essaie d'écrire un tube, on enrobe bien le tout pour que mes fans les plus anciens ne soient pas trop décontenancés, et voilà le travail. Ceci est exactement ce qu'a pensé Oldfield lorsqu'il s'est attelé à la composition de son huitième album, Crises, sorti en 1983.

6 titres et une bonne trentaine de minutes, suffisamment pour ne pas écœurer le public de passage, celui qui ne connait rien de l'œuvre passée du génie Oldfield. On commence par un Crises d'une petite vingtaine de minutes, histoire de montrer qu'on n'est pas un vendu et que l'on demeure un compositeur hors pair doublé d'un virtuose. Des changements de rythme, des riffs inspirés, Oldfield a pensé à en inclure en grande quantité, afin de prouver qu'il a encore beaucoup de choses à dire. De même sur Taurus 3, (Taurus est le nom de titres que l'on retrouve sur plusieurs albums d'Oldfield, celui-ci étant en l'occurrence le troisième du nom), le maître inflige à tous ceux qui voudraient le copier une leçon de musique de toute beauté.

La démonstration, c'est bien, mais ce n'est pas particulièrement vendeur. Alors il faut un hit, LE hit, que tout le monde connait, qui passera à la radio jusqu'à plus soif. Et ce titre, c'est Moonlight Shadow. Une mélodie simple à retenir, une structure aussi simple que bien fichue, la voix cristalline de Maggie Reilly, fidèle comparse d'Oldfield, bref le titre parfait qui fera connaître Oldfield du grand public.
Pour avoir un album susceptible d'attirer l'attention, il faut aussi avoir des invités réputés. Oldfield y a également pensé lorsqu'il a invité le chanteur Jon Anderson (Yes) sur le calme In high places (un morceau sympa, mais pas le plus inspiré de la discographie du groupe) et le vocaliste Roger Chapman (de Streetwalker, un groupe anglais de seconde zone) sur le puissant Shadow on the wall. Ce dernier titre est également un hit, la voix de Chapman, puissante à souhait, insuffle de la force à un morceau bien troussé, avec un riff répété le long du morceau facilement mémorisable.
Histoire d'enfoncer le clou, Oldfield a jugé judicieux de placer un troisième titre percutant: ce sera Foreign affair, toujours avec Maggie Reilly. Moins connu que Moonlight shadow, celui-ci est cependant fréquemment présent sur touts les best-of de Mike Oldfield.

Mike Oldfield doit donc beaucoup dans le développement de sa carrière à cet album qui a vu les chiffres de ventes augmenter de manière vertigineuse. Là où il fait très fort, c'est qu'il ne tombe pas dans la soupe et qu'il arrive à faire cohabiter des titres commerciaux avec des titres progressifs. Un succès commercial et artistique qu'il renouvellera avec brio avec Discovery l'année suivante, avant de sombrer dans la mièvrerie et des albums tels que Islands.

Oldfield a prouvé qu'on pouvait allier succès commercial et succès artistique sans renier ses origines progressives, ce que n'avait pas réussi Yes et son album 90125. Un grand album à redécouvrir sans tarder.

Iron Maiden - Iron Maiden

En ce début de décennie, les pionniers légendaires sont à bout de souffle, voire déjà mort pour le cas de Deep Purple. Le punk est la seule musique à avoir droit de cité. Oh, il y a bien quelques groupes qui font mieux que résister, tels UFO ou Motorhead. Pas mal, mais rien de folichon non plus. Il manquait LE groupe, celui qui allait tout faire exploser sur son passage, celui qui avait tout compris depuis le début et qui survivra à toutes les tempêtes. Un fier guerrier du metal, solide comme un roc. Ce groupe, c'est Iron Maiden, et son premier album éponyme, paru en 1980, allait montrer au monde que le metal était tout sauf un genre moribond.

Les titres de cet album sont tous des classiques, rien à jeter, pour un premier opus, c'est très fort. Le furieux Prowler est d'une efficacité à toute épreuve, en un morceau la messe est dite! L'efficacité de la jeunesse, la brutalité brute. Sanctuary, qui est encore régulièrement joué en concert, offre un premier hit aux Anglais et nous propose un condensé de rébellion: Sanctuary from the law!!!
Remember tomorrow est le premier moment calme de l'album, alternant des couplets en douceur et un refrain hurlé pour un final de fous furieux. Une pause bienvenue pour aborder les titres suivants: Running free, un brûlot rempli de rage juvénile. Un poil simpliste, mais tout en efficacité: là aussi c'est un super morceau quand le groupe est sur les planches.
Arrive pour moi la crème de la crème: le monumental Phantom of the Opera, qui nous offre un Paul Di'Anno au chant presque à la limite de ses capacités, un duel de guitares tout en finesse entre Dave Murray et Dennis Stratton et un bassiste omniprésent, Steve Harris. Ce dernier fait montre en un seul album de tout son talent de songwriter.
Après deux claques comme celles-ci, il fallait bien une pause: l'instrumental Transylvania, montre que le groupe n'est pas composé de musiciens sans talent. Strange World est le morceau le plus calme de l'album, mais il 'en est pas moins parfaitement interprété: Paul Di'Anno s'y avère être un grand chanteur capable de moduler sa voix tout en subtilité.
Si Running free et Phantom of the Opera n'avaient pas suffi, les deux derniers titres sont encore des hits: Charlotte the Harlot et son refrain hors-norme taillé pour la scène, et le magistral Iron Maiden, avec son introduction avec les harmonies de guitare, ses paroles facilement mémorisables donnent furieusement envie de taper du pied.

Coup d'essai, coup de maître, rien à dire de plus. Si vous vous dites fan de metal et que vous ne possédez pas cet album, c'est que vous n'y connaissez rien, c'est aussi simple que ça! Autant de hits sur un seul album, le premier de surcroît, ça force le respect. Iron Maiden ne s'est pas contenté d'être un excellent groupe de studio, les concerts ont été également formidables et je vous incite à aller regarder le DVD The early years: le concert au Rainbow montre que Harris, di'Anno et leur bande sont parfaits devant un public.

Si je devais m'exiler sur la fameuse île déserte dont tout le monde parle mais que personne n'a jamais vu, et qu'il me fallait prendre un seul disque des années 80, je pense que c'est celui-là que je prendrais, bien que le choix en la matière soit cornélien (Non, Corneille n'écoutait pas du metal, mais il aurait sans doute aimé!!!)

Pour moi le meilleur album d'Iron Maiden, sans aucune hésitation. J'ai toujours eu un petit faible pour la période Di'Anno, brute de décoffrage, même si je reconnais que le groupe avec Bruce Dickinson a pondu quelques albums de toute beauté.

Hubert-Félix Thiéfaine - De l'amour, de l'art ou du cochon

Pas facile d'appréhender l'univers de Thiéfaine. Faut vraiment avoir un état d'esprit particulier pour comprendre son œuvre. La première fois que j'ai entendu ce chanteur pour le moins atypique, je me suis dit que ce qu'il a fumé devait être de la bonne... Regardez un peu la pochette de ce troisième album, paru en 1980. Le ridicule ne tue pas. Encore heureux.
Mais une fois qu'on a réussi à pénétrer dans l'univers de Thiéfaine, on accède à une œuvre de toute beauté. L'art parfois se mérite, même si je l'avoue parfois ce n'est pas évident...

Les sujets de prédilection de Thiéfaine sont la drogue, la bêtise humaine, la folie. Il faut aussi avoir quelque références pour comprendre où il veut en venir. Prenez le titre d'ouverture, Psychanalyse du singe. Il semblerait à la première écoute de la vision du rock business selon Thiéfaine. Mais le singe est en fait une métaphore pour la drogue, il s'agit d'une allusion à un roman de Burroughs, auteur hippie, pour désigner la drogue. Et là les paroles prennent un tout autre sens.
Groupie 89 turbo 6 voit l'évocation du sado-masochisme sur fond d'une mélodie folk-rock, l'air de ne pas y toucher. L'amour mou est remarquable pour ses jeux de mots et ses allitérations. Scorbut, chanté avec un accent bien campagnard par Thiéfaine, aurait pu avoir du succès dans les bistrots: les choeurs en fin de titre s'y prêteraient parfaitement, on pourrait la chanter de la même manière une chanson paillarde.
Comme un chien dans un cimetière, aux influences reggae, montre une fois de plus que Thiéfaine possède un humour particulièrement décalé, plutôt difficile à assimiler. Mais le côté étrange de ses chansons les rendent encore plus attirants.
De l'amour, de l'art ou du cochon tire vers la musique classique et andalouse. Je l'imaginerais bien chantée par un homme malheureux, suppliant une femme à lui pardonner. C'est tout à fait l'ambiance que ce morceau m'inspire.
Le plus bizarre des titres de cet album, c'est bien L'agence des amants de madame Müller aux relents funk, typiques du début des 80's, qui, dans les paroles, voit Thiéfaine participer à un interrogatoire et avouer qu'il était l'un des amants de cete fameuse madame Müller. Celle-ci doit en avoir une liste impressionnante! Pas évident de savoir s'il s'agit juste d'un délire ou s'il y a des références cachées qui m'échappent...
On conclut avec le mélancolique Vendôme Gardénal Snack, tout en finesse, sombre, empreint d'une certaine tristesse que renforcent les arrangements à la flûte traversière. La séparation et la mort semblent être les thèmes de ce titre pas franchement joyeux.

Un album qui doit beaucoup aussi à Tony Carbonare, l'homme de l'ombre, à l'origine de la musique, Thiéfaine ne se consacrant qu'aux paroles. Des titres comme Psychanalyse du singe, Groupie 89 turbo 6 ou Vendôme Gardénal Snack n'auraient pas eu, indubitablement, le même impact sans ses arrangements de grande qualité.

Je le répète, n'apprécie pas Hubert-Félix Thiéfaine qui veut. Issues d'un personnage haut en couleurs et terriblement barré, les compositions du monsieur s'apprivoisent tout doucement.
Un album intéressant, même si ce n'est pas, à mes yeux, le meilleur: je vous recommande également Tout corps vivant branché sur le secteur étant appelé à s'émouvoir (avec le célèbre La fille du coupeur de joints), Autorisation de délirer ou Soleil cherche futur.

un album à redécouvrir et à déguster sans modération...

Black Sabbath - Seventh star

Le moins que l'on puisse dire, c'est que les années 80 ont été particulièrement rudes pour Black Sabbath. En 1985, le groupe a usé deux chanteurs (Ronnie James Dio et Ian Gillan) et un bassiste (Geezer Butler) et deux batteurs (Bill Ward et Vinnie Appice). A croire que Tony Iommi est tyrannique! Il y a un peu de cela (mais bon, ce n'est pas Yngwie Malmsteen non plus), mais les traditionnelles divergences musicales y sont pour beaucoup.

Reste que Tony Iommi, seul membre à n'avoir jamais quitté Black Sabbath, se retrouve seul. Tony Iommi voulait abandonner le nom Black Sabbath, mais sa maison de disque lui a déconseillé de faire cela. Il se met à la quête de nouveaux musiciens: à la basse, nous avons Dave Spitz et la batterie Eric Singer. Curieusement, ces deux musiciens jouent aussi dans le groupe de Lita Ford, alors la compagne de... Tony Iommi! Le monde est petit... Et pour le chant, Black Sabbath ne peut se passer d'un vocaliste d'exception: ce sera l'ex Trapeze et ex Deep Purple Glenn Hughes qui s'y colle!

La voix puissante teinté de soul du Hughes saura accompagner merveilleusement bien les compositions de Tony Iommi. In for the kill, Seventh Star et Heart like a wheel, ainsi que Danger zone sont du Black Sabath pur jus, avec une production typique des années années 80.
Autant avec ces quatre morceaux, les choses se déroulent bien, autant avec d'autres on a l'impression d'avoir du hard FM typique de cette décennie: No stranger to love, Turn to stone, Angry heart et In memory donnent mal aux oreilles la première fois qu'on les écoute. C'est là qu'on comprend que Iommi, seul, sans l'aide de Geezer Butler, est perdu. Et du coup, il s'est laissé entraîner dans des chemins qui l'éloignent du Black Sabbath traditionnel. Pas que ces titres soient des bouses infâmes, loin s'en faut, mais leur production très américaine et surtout très 80's va faire très mal vieillir ces morceaux.

Et ce n'est que le début des ennuis: Glenn Hughes s'avérera être une calamité en concert. Il faut dire que le chanteur se remettait doucement des problèmes de drogue qui l'ont touché depuis la fin des années 70, et physiquement, il n'était pas eu mieux de sa forme.
Lorsque j'ai regardé la photo du livret, je ne l'avais pas reconnu: il était barbu et bouffi (il paraît qu'à l'époque, sa nouvelle "drogue" était les barres chocolatées Mars!) Il avouera plus tard ne pas avoir le courage de toucher à des titres comme Iron man, de peur de les dénaturer. Pour avoir entendu des bootlegs enregistrés avec Hughes, il faut bien reconnaître que ce dernier n'était pas à l'aise avec Black Sabbath et la qualité des concerts s'en ressentait.

Iommi se retrouvera à nouveau sans chanteur, une fois de plus, et sera confronté à une instabilité de line-ups chronique qui ridiculisera le nom Black Sabbath jusqu'à la fin des années 80. Cela n'empêchera heureusement pas Tony Iommi d'enregistrer des albums intéressants comme The eternal idol ou The headless cross.

Ce Seventh Star n'est pas un album indispensable de Black Sabbath, mais si vous souhaitez découvrir ce que donnait Tony Iommi en solo au milieu des années 80, ce disque est pour vous. Une curiosité que j'aime bien, personnellement.

Coroner - R.I.P.


Coroner, c'est une excellent combo suisse de thrash. On a tendance à dire que les Suisses sont lents mais là pour le coup, ils font mentir ce cliché. Parce qu'ici c'est rapide, extrêmement technique et très bien fichu. Ce premier opus, paru en 1987, est une parfaite entrée en matière.

Coroner, c'est Ron Royce à la basse et au chant, Tommy Baron à la guitare et Marquis Marky à la batterie. Ces trois fous furieux ensemble, ça donne un thrash incroyablement technique qui ferait passer Metallica, Slayer et Testaments réunis pour des manchots. Personnellement, dans le thrash, je ne vois aucun groupe aussi doué en la matière. Après, vous me direz que ce n'est pas tout d'être un instrumentiste de génie, il faut aussi savoir composer. Et là aussi, Coroner assure.

Avec le titre Reborn through hate, on comprend tout de suite à qui on a affaire, ce titre est monstrueux de talent. Coroner a l'habitude de nous proposer des riffs à la pelle et des variations de rythme. Inutile de dire qu'ils font rêver tous les musiciens en herbe...
When angels die est tout aussi formidable, le riff d'introduction est relativement basique, c'est pour moi l'un des tous meilleurs riffs que je connaisse.
Difficile de tout décrire, Coroner ça ne s'explique pas facilement, il faut écouter pour comprendre. Et encore, une seule écoute ne suffira pas, c'est le genre d'albums où même après plusieurs dizaines d'écoute vous découvrez quelque chose que vous n'aviez pas remarqué avant: un solo inventif, un break de batterie, etc.
Là aussi, je vous conseille, outre les deux titres précités, Nosferatu, Suicide command ou Fried alive. C'est impressionnant de technique et de précision. Les Suisses ne laissent rien passer de médiocre, c'est la qualité qui prime. En dehors de groupes de progressifs tels Dream Theater, je ne connais rien d'aussi riche et aussi élaboré que Coroner.
Et la cerise sur le gâteau, c'est que pour une fois, c'est particulièrement bien produit et plus de 20 ans plus tard, on prend toujours autant de plaisir à réécouter Coroner.

Les Suisses ont d'ailleurs par la suite publié d'autres albums, tous plus aboutis les uns que les autres. Je vous recommande entre autres No more colors, album culte qui en a influencé plus d'un, et Mental Vortex, le plus élaboré et le plus sombre selon moi.
Malheureusement, Coroner ne connaîtra jamais qu'un succès d'estime. Lassé par les aléas du business de la musique, le groupe se sabordera en 1996. Un énorme gâchis... d'autant plus dommage qu'il semble vraisemblable que le groupe ne reformera jamais.

Une référence ultime pour tous les fans de thrash, de death, et même pour tous les amateurs de bonnes guitares. Lorsqu'on m'a parlé de ce groupe, on m'a collé l'étiquette techno-thrash. Ici, techno est l'abréviation de technique, pas d'allusion à la musique (?) qu'on peut entendre dans une rave...

Injustement méconnu au sein de la galaxie thrash, Coroner mérite qu'on s'y attarde. Et vous verrez, une fois que vous aurez découvert cette œuvre magique, vous ne vous en passerez plus.

Trust - 13 à table

Trust, c'est le pionnier du hard rock à la française, l'initiateur de hits comme Préfabriqués, Toujours pas une thune, Antisocial, Fatalité, les Brutes, Ton dernier acte et j'en passe... Puis le groupe s'est perdu un chemin, avec des albums moyens où le chanteur Bernie Bonvoisin passe plus pour un mix de Goldman et Eddy Mitchell. (Réécoutez Serre les poings sur l'album Rock'n'roll paru en 1984, vous comprendrez) Le groupe s'est séparé après ce fiasco pour mieux se reformer dans les 90's avec des albums mi-figue mi raisin tel Europe et Haines (96) et Ni dieu ni maître (2000) qui comportaient quelques bons titres. (Tout ce qui est bon est mal, Manque de trop, Maréchal)
S'en est suivi une longue période d'incertitude sur le futur du groupe, Bernie et le guitariste Nono s'étant sérieusement engueulés... Puis surgit presque de nulle part ce 13 à table. Un nouveau line-up accompagne nos deux compères: Yves Brusco à la seconde gratte, une vieille connaissance et 3 petits nouveaux: Farid Medjane à la batterie, Iso Diop à la basse et Deck, un DJ (!)

Je ne sais pas pour vous, mais quand j'ai su justement qu'ils avaient incorporé un DJ, ça ne me rassurait pas vraiment. Puis j'ai lu dans la presse plusieurs interviews de Bernie et je me suis fait d'autres frayeurs... Quoi, Diam's est une nana qui a des couilles?!? Et tant qu'on y est, si ma tante en avait, on l'appellerait mon oncle?

Plus sérieusement, au niveau de la musique, ça se ressent. Je ne tournerai pas autour du pot: ce disque est mauvais et c'est pour moi le plus mauvais disque que j'ai entendu depuis au moins deux ans. Ça m'ennuie de dire ça d'un album de Trust, eux qui m'ont apporté tant de bons moments.
15 titres, c'est beaucoup trop long, surtout quand c'est des titres médiocres. En cherchant bien, il y a bien Toujours parmi nous qui s'en sort avec les honneurs, et Vae victis, plus hard et inspiré que la moyenne.

Le reste, mieux vaut l'oublier, de toute façon les titres ne passeront pas à la postérité... Même pendant les concerts qui ont suivi, les nouveaux titres ne passent pas...
Les raisons de cet échec? Des compositions médiocres, tout simplement. Bernie et ses textes que n'aurait pas renié Ségolène Royal sont pathétiques, Nono reste un bon instrumentiste mais pour le coup, on a l'impression qu'il a baissé le volume de ses amplis. Et quoi qu'on en dise, ce n'est pas la faute uniquement du DJ, Deck, qui dans l'ensemble reste discret.

Non désolé, je ne trouve rien pour sauver cet album de la honte. Retournez écouter leurs trois premiers albums qui eux sont vraiment intéressants.
Vae victis signifie en latin mort aux vaincus... En matière de hard rock, ils ont trouvé meilleurs qu'eux et, avouons-le, ce n'était guère difficile. Devraient-ils raccrocher? Si c'est pour continuer à pondre des daubes pareilles, oui assurément!
Remuez-vous les mecs, vous me ficheriez presque la honte d'être un de vos plus grands fans!

Onslaught - Power from hell

Au cours des 80's, le thrash s'est bien développé, principalement aux Etats-Unis. Curieusement, ce genre est resté assez marginal chez nos voisins britanniques, laissant les mains libres à l'Allemagne pour produire ses premières armes de destruction massive depuis les V2, des armes nommées Sodom, Kreator ou Destruction. Heureusement, la résistance anglaise contre cette invasion s'est organisée autour d'Onslaught. Leur premier méfait, Power from hell, publié en 1985, va montrer au monde de quoi est capable la perfide Albion.

Ce Power from from Hell, monument de speed-thrash à la limite du death, a bien digéré les premières références du genre. Pour vous donner une idée de ce à quoi vous pouvez vous attendre, Onslaught, c'est le Show no mercy de Slayer pour les riffs et la production, mélangé avec le Seven Churches de Possessed pour les soli et l'imagerie sataniste, le tout assaisonné de The Day of Wrath de Bulldozer pour le côté speed et de thrash germanique des groupes précédemment cités. Bref, il y a pire comme cuisine!
Vous l'avez compris, c'est assez primaire dans l'esprit. L'imagerie sataniste, c'est plus pour provoquer que par réelle conviction, à l'instar de Venom. Par contre, le côté cru, ça ce n'est pas pour plaisanter.

Parmi les 12 titres de ce Power from hell, vous trouvez des tueries thrash: essayez les quatre premiers titres d'affilée et vous m'en direz des nouvelles. Damnation/Onslaught, Thermonuclear Devastation, Skullcrusher 1 et Lord of evil sont quatre bombes en puissance particulièrement troussées pour plaire au fans de thrash: des riffs d'anthologie, une voix d'outre-tombe, des paroles qui choqueraient le curé de votre village.
On relâche un peu la pression avec des titres comme Death Metal et Angels of death, des titres un cran en-dessous qui n'ont rien de franchement marquant. On repart sur les chapeaux de roues avec The devil's legion partie 1 et 2, très bien fichus, les musiciens se sont bien creusés la tête pour nous pondre des hymnes thrash comme on les aime. En parlant d'hymne, la seconde partie de Skullcrusher est magnifique, plus puissante que la première partie qui, il faut bien le dire, défonçait tout sur son passage. Des titres comme Steel meets steel et Witch hunt assurent mais au niveau originalité, on repassera.
Et pour conclure, Mighty emperess n'est rien d'autre qu'un extrait de l'opéra de Carl Orff, Carmina Burana. Epique à souhait, à défaut d'être une composition originale, rien de tel pour conclure un album aussi riche que ce Power from hell.

Les quatre musiciens, Nigel Rockett à la guitare, Paul Mahoney au chant, Jason Stallard à la basse et Steve Grice à la batterie montre que les Anglais s'y connaissent en matière de thrash et qu'ils ont su rapidement assimiler leurs influences pour créer leurs propre musique. Comme très souvent à cette époque, les premiers albums des groupes ont une production brouillonne. Dommage, car avec production au top, Onslaught avait largement de quoi rivaliser avec des groupes comme Coroner ou Sodom.

Un groupe par trop méconnu, un album sous-estimé. Replongez-vous de toute urgence dans cet album, et par la même occasion, dans toute leur discographie. Onslaught s'est séparé au cours des années 90 mais s'est reformé en 2007 et continuent à nous offrir des albums d'une rare pertinence.

Vous l'aurez remarqué, j'aime les pionniers en matière de metal extrême: je vous ai déjà parlé de Seven Churches de Possessed, du In the sign of evil de Sodom. Et ce Power from hell fait partie de ces illustres précurseurs sans qui la musique extrême actuelle serait différente. Vous pouvez vous attendre à des chroniques de Celtic Frost, Bathory ou Coroner à l'avenir, tant ces groupes sous-estimés me forcent le respect.

Paradise Lost - Gothic

Un curieux groupe, Paradise Lost... Un groupe actuellement reconnu comme un fer de lance du metal gothique qui a sorti en 1991 un album nommé Gothic. Un titre qui peut induire en erreur, car le groupe anglais jouait à ce moment là un doom teinté de death mélodique très inspiré.

J'avoue, je me suis fait surprendre moi aussi quand j'ai entendu les riffs sombres et cette grosse voix bien death. Mais ce n'est en aucun cas une mauvaise surprise. Cet album, considéré par beaucoup comme une référence incontournable du metal extrême, est excellent, du début à la fin.

Prenez le titre Gothic, qui ouvre l'album. C'est un hymne monstrueux, le chanteur Nick Holmes y est impressionnant tant sa voix colle parfaitement avec les guitares sombres et acérées de Greg Mackintosh et Aaron Aedy. La voix féminine de Sarah Marrion donne un côté aérien de toute beauté, une idée reprise plus tard par les Hollandais de The Gathering. De très loin, le meilleur titre de l'album.
Mais il ne faut pas croire que les autres titres ne valent pas le coup, ce serait une grave erreur: Dead Emotion est magnifique (j'adore le solo de guitare à la fin de la chanson).
Shattered, plus rapide que le reste (mais bon tout est relatif, ça reste du doom), est également un morceau très bien ficelé. Rapture, Eternal et Falling forever nous proposent un doom de haute volée, oppressant au possible. Silent et The Painless sont un bon exemple de ce qu'il convient de faire en termes de death melodique, deux bons morceaux très lourds où le chant de Nick Holmes fait encore des miracles. L'instrumental Angel tears, avec son thème principal un peu moins sombre, dénote un peu avec le reste, mais reste néanmoins très efficace.

Pas grand-chose à redire sur ce disque, si ce n'est qu'il est dommage que cette album soit doté d'une production faiblarde, comme si la musique était filtrée. Les morceaux auraient sans doute plus percutants avec une production de meilleure qualité et ceux-ci auraient été encore plus intéressants. D'un autre côté, la production renforce le côté sombre et cru qui fait le charme de l'album.

Dommage aussi que le groupe n'ait pas décidé de persévérer dans cette voie où il brillait de mille feux, préférant se tourner vers un metal gothique inspiré avec des albums comme Icon ou Draconian Times. Tout aussi regrettable que les Anglais ne reprennent plus aucun morceau de cet album en concert. Ce ne serait pourtant que leur rendre justice. En plus je suis sûr que les fans seraient fous d'entendre un titre comme Gothic.

Un album cultissime à redécouvrir de suite, une influence majeure pour toute la scène doom/death.

Suicidal Tendencies - Join the army

Suicidal Tendencies, c'est un savant mélange d'attitude punk, de gros hardcore bien burné et de thrash. Tout un programme! Ce qui est sûr, c'est que cet album a marqué son époque et que si le programme à l'armée était aussi intéressant que le contenu de cet album, il y aurait bien plus de volontaires!

13 titres issus de cette mixture jouissive ne pouvaient pas donner de quelque chose de mauvais. Tout sent la hargne juvénile, les membres du groupes étant très jeune à la sortie de l'album, en 1987. 13 titres avec un groove infernal: les membres n'étant pas des manches: le chanteur Mike Muir a une plume très affûtée et sait frapper là où ça fait mal. Le guitariste Rocky George est un grand riffer, à défaut d'exceller au niveau des guitaristes solistes, le bassiste Louiche Mayorga insuffle un groove extraordinaire et le batteur RJ Herrera sait tenir la cadence. Et sur cet album, elle est très élevée.

Ce n'est pas le titre d'introduction, Suicidal maniac, qui me fera dire le contraire. Très rapide, ce titre s'avère être un des meilleurs de ce Join the army.
Le second titre, éponyme, est également de grande classe. On y entend entre autre un Rocky George efficace, même dans les soli. C'est efficace, ça donne envie de chanter pendant les concerts du groupe. Bref du Suicidal comme on l'aime. Parmi les autres titres marquants, on retrouve You got I want, A little each day, War inside my head et Possessed to skate. La plupart sont des classiques que le groupe continuer à jouer régulièrement. Imaginez un concert sans War inside my head... c'est l'émeute assurée!

Cependant, il reste des points qui font que cet album, hautement recommandable, n'est pas parfait. La production, tout d'abord: celle-ci, signée Les Claypool (futur Primus), ne révèle pas tout le potentiel des chansons: le chant semble lointain et faiblard, les guitares sont tout sauf incisives, la batterie et la basse ont été mieux traitées mais ça reste nettement inférieur aux productions de l'époque. le second point qui me chagrine un peu, ce sont les titres que je n'ai pas cités: sans être franchement mauvais, le tout sent le travail bâclé. J'attends mieux de ce groupe.

Heureusement, le groupe a su par la suite corriger ces problèmes. Les albums suivants, How will I laugh tomorrow, Lights Camera Revolution ainsi que The art of rebellion se verront affublés d'un son énorme et les titres seront peaufinés au maximum. Rocky George aura su travailler son instrument et proposera à l'avenir des soli de grande qualité.

Ce Join the Army reste toutefois une valeur sûre dans le monde du metal, et grâce aux titres cités précédemment, la réputation du groupe a pu rapidement croître de manière exponentielle.
Je ne peux que vous recommander cet opus qui en vaut largement la peine et qui mérite votre attention.

AC/DC - Dirty deeds done dirt cheap

Attardons-nous cette fois ci sur les premiers essais discographiques d'AC/DC. Pour plus de clarté, je ne parlerai que de la version européenne de cette album. Dirty deeds done dirt cheap pue le hard rock à plein nez, le hard provenant tout droit du blues et du boogie.

Les débuts d'AC/DC ont été de bonne facture, même si on sent que le style doit être affiné. Il manque encore un peu de subtilité pour obtenir le succès commercial et cela n'arrivera qu'en 1979 avec Highway to hell. Mais cela est une autre histoire, retournons à nos moutons.

Concernant le style, pas de surprises à avoir, on prend le même et on recommence! 9 brûlots de hard rock pur jus. Il faut bien reconnaitre que ce Dirty Deeds est légèrement inférieur à un album comme High voltage, même s'il est en tous points écoutable.

Le titre éponyme est un classique repris chaque soir de concert. Il faut bien dire qu'il n'y a pas mieux comme morceau pour introduire un album, et le riff principal est encore aussi génial que simpliste, les solo d'Angus Young est parfaitement exécuté, le refrain est taillé pour la scène.
Love at first feel est sympa, mais pas de quoi pavoiser non plus. Big balls, sans être transcendant, est amusant avec son refrain. On sent que la plume de Bon Scott commence à être affûtée et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il aime les jeux de mots: I've got big balls signifie "Je donne de grands bals" mais aussi "j'ai de grosses boules" (!!!)
Problem Child (que l'on retrouve aussi dans la version européenne de Let there be rock) est aussi un gros moment de hard rock, Angus et Malcolm Young y sont déchaînés et c'est encore un titre régulièrement interprété sur scène. La version live sur If you want blood vaut amplement le détour.
Passons sur There's gonna be some rockin, qui sans être mauvais n'a rien pour être un classique du groupe. On arrive sur Ain't no fun (waiting round to be a millionaire), qui sans être une merveille, a le mérite d'être original, le riff est unique en son genre dans la carrière d'AC/DC, le groupe utilise rarement des riffs aussi répétitifs et hypnotiques. Ce titre aurait dû être mieux travaillé pour être mortel, je pense.
Enfin, on finit avec deux tueries, Ride on, un blues pur jus, émouvant, qui montre, selon, quel genre d'homme était au fond Bon Scott: fragile, rempli de doutes. Presque émouvant... Et on conclut avec un Squealer assez surprenant, débutant par une basse de Mark Evans répétitive, puis arrive Bon Scott, avec une voix égrillarde et vicelarde, le tout se concluant pour un solo magique d'Angus Young, incroyable de précision. C'est pour moi l'un des meilleurs soli de ce guitariste d'exception.

Non, le réel problème de cet album, c'est qu'il donne l'impression d'avoir été composé et enregistré dans l'urgence, trop à mon goût. Bien sûr, tout est relatif, c'est AC/DC tout de même... Un groupe de cette trempe n'a jamais proposé quoi que ce soit de franchement mauvais. Je pense juste que s'il avait été mieux conçu, plus mûrement réfléchi, il aurait pu cartonner, plutôt que de rester dans l'ombre de High Voltage ou de Let there be rock.

Une bonne dose de hard rock qui donne la pêche et vous donne envie de taper du pied ou de balancer la tête. A redécouvrir.

Kiss - Hotter than hell

Hotter than hell est le deuxième album de Kiss, groupe pittoresque s'il en est, avec son maquillage, ses concerts démesurés et son catalogue de merchandising trop drôle...
Heureusement que la musique suit, sinon, Kiss se serait vu décerner le titre du groupe le risible de la terre. Et ce n'est pas ce deuxième album qui va me contredire...

10 titres, autant d'hymnes comme Kiss savait bien les pondre pendant les 70's. Un album très homogène, sans grand titre fédérateur comme Cold Gin ou Strutter sur l'album précédent, mais sans morceau de remplissage, ce qui est déjà énorme pour un jeune groupe. Même la ballade Goin' blind s'écoute sans problème, sans qu'on se dise:"vivement la suite!"

Kiss avait la dalle, et ça s'entend, l'album est extrêmement varié, la musiciens savent créer des titres simples et efficaces, qui savent attirer l'attention et se retenir facilement. L'air de rien, c'est tout sauf une tâche facile. Et là, je dis : " Mission accomplie!"

Des titres comme le rageur Parasite, le puissant Hotter than hell, un let me go rock'n'roll qui donne envie de furieusement taper du pied, des Watchin' you et Mainline, j'en veux bien tous les jours. Pas de fioritures, on va droit au but, c'est rafraîchissant.
C'est le genre de choses qui nous manquent, à une époque où les groupes à grosses guitares (je ne dis pas hard ou metal, parce qu'on essaie de nous faire gober que ces groupes en jouent, mais il ne faut pas pas prendre des vessies pour des lanternes) ont tendance à être dépressif. Au lieu de miser sur la rentabilité, les groupes et les maisons de disques feraient mieux de trouver le prochain AC/DC ou le prochain Kiss, le genre de groupes qui feraient taper du pied un cul-de-jatte...

Vous aurez bien compris que Kiss était à l'époque un grand groupe, malgré le fait que ses premiers opus ne sont pas vendus autant qu'espéré (Bon, ils se sont rattrapés depuis!). Kiss n'est pas un groupe innovant: c'est deux guitares, une basse, une batterie, du show, de l'entertainment, du fun. Kiss n'a sans doute pas inventé l'eau chaude, mais au moins chaque album apporte la dose minimale de hard sentant la testostérone à plein nez à tous les fans de rock couillu. On ne peut leur reprocher cela, c'est tellement bien fait qu'on peut leur pardonner leurs errements à venir.

Du rock, du vrai, du bon, sans chichis. C'est du tout bon, alors vous pouvez y aller en toute confiance.

Sunn O))) - Flight of the behemoth

Un sacré morceau que de chroniquer ce Flight of the behemoth de Sunn O))),paru en 2002. A vrai dire, tous les albums de ce groupe sont tordus. Le son est extrêmement grave, les instruments sont très largement sous-accordés, pas vraiment de mélodies, pas vraiment de chant, pas de rythmes sur lesquels s'appuyer. Rien de rien.
Les guitaristes Stephen O'Malley et Greg Anderson ont eu avec ce groupe une véritable démarche artistique. D'autres diront que cet album est un sacré foutage de gueule. Un point de vue qui se défend...

Les 5 morceaux se tiennent entre 6 et 13 minutes, le tout pour une cinquantaine de minutes de drone doom metal, un genre pour le moins minimaliste. Pour info, drone signifie Bourdon en anglais, ce qui veut dire, que les instruments joués sur cet l'album utilisent les fréquences les plus basses possibles. C'est un style à part entière, et les deux compères en sont les géniteurs et les principaux fers de lance. C'est déjà pas mal d'être à l'origine d'un courant musical, aussi marginal soit-il...

Je suis malheureusement dans l'incapacité totale de vous décrire ces titres, il faut l'entendre pour le croire, et essayer de l'écouter plusieurs fois pour essayer de voir où ils veulent en venir. Le dernier titre FWTBT, provient de For whom the bell tolls, célèbre titre de Metallica. On y retrouve vaguement le riff principal, mais à la sauce Sunn O))), c'est à dire complètement décalée, c'est le moins que l'on puisse dire.

C'est le genre de musique (?) très difficile d'approche et personnellement, j'ai réussi à l'écouter plusieurs fois, mais jamais d'une traite. C'est sombre, déprimant, tout transpire le malaise et si l'enfer existe, on doit ne pas en être loin.

J'imagine ce que doivent donner les concerts du groupe. D'après ce que j'ai pu en lire, O'Malley et Anderson sont en robe de bure, et improvisent. Le son est toujours aussi grave et pendant une bonne heure, vous avez l'estomac vrillé aux talons par les basses fréquences...

Un album à écouter impérativement avant d'acheter afin d'éviter toute déception, tant pénétrer l'univers de Sunn O))) relève du parcours du combattant. Ou à conseiller à la rigueur pour faire chier les voisins, à condition d'avoir du matériel hi-fi de haute qualité. Vous pouvez vous faire une idée en regardant sur Youtube ce que ça donne. Je ne sais pas pour vous, mais moi je reste perplexe...

Bon, je crois que je vais me faire une cure d'AC/DC. Ça, au moins, ce n'est pas bien difficile à assimiler!