mercredi 30 mai 2012

Mike Oldfield - Tubular bells

Tubular bells est le premier album de Mike Oldfield. Ou plutôt devrais-je dire premier chef-d'œuvre. Pas mal pour un jeune homme qui avait à peine 20 ans lorsque cet opus est sorti en 1973. Il faut bien reconnaître qu'il a eu un peu de chance: trouver un label qui veuille bien sortir cette œuvre sans pareille (Virgin), voir un producteur de cinéma réputé (William Friedkin) qui utilise votre musique dans un film à succès (l'Exorciste). Tous ces éléments combinés vont faire de cet album un classique.

Pourtant, quand on y réfléchit bien, qu'est-ce qu'il a de particulier, ce Tubular bells? Déjà, en ce qui me concerne, je suis impressionné par la polyvalence de Mike Oldfield. Il fait quasiment tout sur cet album. Très fort! Oldfield est à la base un guitariste hors-pair, et on ne tarde pas à le comprendre. Bien qu'aux claviers, on ne pas dire non plus que ce soit un manche, loin de là.

Les deux titres de cet album, qui correspondaient à l'époque à une face de vinyle chacun, sont des monolithes qu'il est assez difficile de disséquer, car l'ensemble est plutôt homogène.

Prenons la première partie: on commence par le fameux thème de l'Exorciste, rien qu'à l'écouter vous avez des frissons dans le dos. Puis on enchaîne sur plusieurs plans de guitare bien sentis. Ce mec est vraiment un génie de la six-cordes, malheureusement sous-estimé. Enfin vient la partie finale de ce premier titre, démarrant tout en douceur à la guitare folk, puis suit un rythme régulier sur lequel vient se greffer le thème principal, interprété au piano, à la guitare, à la basse, à l'orgue, à la mandoline et enfin au carillon tubulaire (traduit en anglais par... Tubular bells). A noter que c'est l'auteur/compositeur/poète Vivian Stanshall qui présente à cette occasion les instruments qui interviennent au cours de ce final grandiose. La répétition des mélodies permet vraiment de créer une atmosphère effrayante, c'est une des ficelles des films d'épouvante. On peut dire qu'Oldfield a créé ici le disque d'épouvante.

La seconde partie se veut plus calme, bucolique, un tantinet mélancolique. Les variations de rythme se font nettement plus rares. A vrai dire, ce n'est pas un mal, étant donné la gifle magistrale infligée au cours de la première partie. En milieu de morceau, on s'étonne de l'apparition de la batterie et d'une grosse voix gutturale, qu'un chanteur de death metal lambda n'aurait pas reniée. Mais somme toute, ce deuxième morceau se veut nettement plus reposant. Il préfigure ce que sera l'album suivant, Hergest Ridge, que j'ai déjà chroniqué en ces lignes.

Tubular bells dispose d'une aura sans doute exagérée: le succès de l'Exorciste a forcé beaucoup de gens à s'y intéresser. La première partie est magnifique, la seconde est déjà plus quelconque, avec de nombreuses longueurs. Entendons-nous bien, il s'agit là d'erreurs de jeunesse plus qu'autre chose, et cela ne se reproduira pas par la suite. Mais rien que pour se replonger dans une atmosphère glauque, ce disque mérité véritablement qu'on s'y attarde. Dans un registre différent, ce disque a été réenregistré en version orchestrale: cette réadaptation, qui rend l'ensemble beaucoup plus doux, n'est pas mal du tout. A vous de voir... En tous cas, ce serait vraiment dommage d'ignorer ce premier album, sans doute pas parfait, mais qui offre de bons moments et qui a très bien vieilli.

mercredi 23 mai 2012

Blue Oyster Cult - Agents of fortune

Blue Oyster Cult a toujours été considéré comme le Black Sabbath du pauvre. Dommage, parce qu'il a sorti plusieurs pépites comme Secret Treaties ou le fabuleux live On your feet or on your knees. Peut-être leur manquait-il une personnalité plus affirmée ou un hit planétaire... Ce hit va arriver avec ce Agents of fortune paru en 1976.

On commence avec This ain't the summer of love, de facture classique, mais particulièrement efficace comme morceau d'ouverture. J'aime particulièrement le refrain, plus d'un rocker à cette époque a dû le chanter sous la douche! True confessions est nettement plus calme, on sent comme une influence Supertramp. A vrai dire, le groupe de Rodger Hodgson est à son apogée à ce moment là, donc pas anormal que cela ait inspiré le Culte de l'Huître bleue.
Le tube dont je parlais à l'instant, le voici: (Don't fear) the Reaper. Un riff en arpèges reconnaissable entre mille, des chœurs juste ce qu'il faut, bref tout pour séduire un très large public sans tomber dans la guimauve. Même aujourd'hui, ce titre est encore réclamé par tous les fans lors des concerts du groupe.
E.T.I. (extra terrestrial intelligence) est un bon mélange de Black Sabbath et d'Aerosmith, l'un des tous meilleurs morceaux de cette galette. The vengeance of Vera Gemini, légèrement plus calme, est dans la même veine et voit l'apparition de Patti Smith, égérie punk connue pour sa carrière solo.
Sinful love, Morning Final Tenderloin ou Debbie Denise nous montrent un groupe de rock qui connait son affaire mais qui - il faut bien le reconnaitre - manque de personnalité. Nous sommes un groupe de rock, mais on ne monte pas trop fort le son... Heureusement que Tattoo Vampire permet au groupe de s'affirmer un peu plus.

Le groupe avait proposé des titres foncièrement plus rock, plus couillus par le passé. Il semble que Blue Oyster Cult ait muté pour pouvoir atteindre un plus large public, ce que lui permet Don't fear the reaper. Par contre, pour le manque de personnalité, on reviendra plus tard, les huîtres ne pas encore totalement affirmées. Dommage, je pense que c'est cela le problème majeur de ce groupe. Cela leur fera louper le coche, à l'instar d'Uriah Heep qui n'arrivait pas à se défaire de l'image de suiveurs de Deep Purple, Blue Oyster Cult n'arrivera pas totalement à se démarquer de Black Sabbath.

On ne refera pas l'histoire, par contre ce qui est possible de faire, c'est de vous conseiller de vous pencher sur toute la discographie de Blue Oyster Cult, sur ce Agents of fortune ainsi que sur les deux albums pré-cités en particulier, car ils en valent vraiment la peine.

samedi 19 mai 2012

Queen - Hot space

Il est des albums dont la pochette laisse subodorer le contenu. Ce Hot Space, paru en 1982, laisse présager un grand changement dans la voie musicale que son géniteur va suivre. Cette voie, ce sera le disco. Un crime de lèse-majesté pour de nombreux fans, une bonne surprise en ce qui me concerne.

Beaucoup pensent que Queen s'est vendu au Dieu Argent, privilégiant jouer une musique dans l'air du temps pour obtenir une rentabilité immédiate. Raté, ce disque fait partie de ceux qui se sont le moins vendus. (c'est relatif, d'autres groupes se seraient largement satisfaits des chiffres de vente de cet album)

Disséquons la bête pour analyser ce qui est, selon les détracteurs de l'album, mauvais. Oui, dès les premières, on entend que Queen fait du disco. So what? Ce ne sont pas les seuls, et certains s'y sont véritablement cassés les dents. Pas Queen. Ecoutez-moi ce Staying Power. Cette ligne de basse vous incite à vous ruer sur une piste de danse. On imagine très bien Freddie Mercury dans une fête débridée et endiablée, comme il en avait le secret, en écoutant Body Language ou Action this day.
Dancer est aussi un grand moment où les guitares sont ressorties, le solo au milieu du morceau, bien que bref, est franchement sympathique. Les guitares sont définitivement plus présentes avec des morceaux comme Put out the fire ou Life is real, la dernière étant un hommage à John Lennon, assassiné deux ans plus tôt. Là on retrouve le Queen plus traditionnel. Pourquoi les détracteurs acharnés ne soulignent pas la présence de ces deux bons morceaux de facture classique sur cet album? Sûrement parce que la plupart d'entre eux sont obtus, tout simplement. Ou alors durs de la feuille!

Hot space se conclut comme il a commencé, par une chanson puissante et énorme, voyant la collaboration entre le groupe et David Bowie (qui au passage prenait une voie nettement plus commerciale que ce qu'il avait pu faire jusqu'alors). Cette chanson, nommée Under pressure, est la dernière preuve que Queen n'avait pas abandonné le rock, il l'a juste adapté à sa manière, pour en faire quelque chose de différent. Ce duo sera, on s'en doute, un tube qui passe encore régulièrement à la radio.

Cet album de Queen, dixième du nom, peut, je le concède, dérouter tous ceux qui adorent tout ce que le groupe a pu faire dans les années 70. Mais il faudrait mettre de la mauvaise volonté pour dire que cette album est nul, les compositions sont empreintes certes de disco, mais ce ne sont pas de mauvais titres. C'est juste différent et passé l'effet de surprise, on entend clairement que Queen est l'instigateur de tout ceci.
Dans un sens, j'aurais bien vu à cette époque Brian May, guitariste du groupe, jouer à la place d'Eddie Van Halen sur Beat it, ou le groupe en entier collaborer avec Michael Jackson à la place de David Bowie. Cela aurait n'aurait pas manqué d'intérêt.

C'est donc un nouveau visage de Queen qui se profile. La suite sera moins disco, mais attirera irrésistiblement le grand public: avec des morceaux comme Radio Gaga, I want to break free ou Friends will be friends, difficile qu'il en soit autrement...
En attendant, replongez-vous dans cet Espace chaud. Vu le climat peu favorable en ce mois de mai, cela ne peut que vous faire du bien et vous remonter le moral.

mercredi 9 mai 2012

Sodom - Mortal way of live


Sodom avait emprunté une voie black puis thrash et ses premiers méfaits n'étaient pas passés inaperçus. Et c'était amplement mérité, les EPs In the sign of evil et Expurse of sodomy, ainsi que les LPs Obsessed by cruelty et Persecution mania contenaient de véritables pépites qui ne pouvaient qu'attirer le soutien des fans de metal du monde entier. Maintenant que le monde savait de quoi les Allemands étaient capables en studio, il fallait montrer ce que Sodom pouvait faire sur une scène. Et ce Mortal way of live, publié en 1988, allait prouver que le phénomène Sodom était tout sauf épéhémère.

Ce live fait une part belle aux titres du petit dernier, Persecution mania, paru l'année précédente. A juste titre, tant ces morceaux savent toucher le cœur du public en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Persecution mania, la reprise de Motorhead Iron fist, Electrocution (où le guitariste Frank Blackfire nous propose un solo du feu de dieu), le simplissime et tubesque Bombenhagel ou encore le final Conjuration sont des hymnes thrash.
Le son est brut de décoffrage, cru, tout comme l'était Sodom à l'époque. C'est bon et on se dit qu'on aurait bien aimé être à ces concerts de 1988 enregistrés principalement, et c'est bien normal, en Allemagne. Cet album a su parfaitement restituer l'ambiance qui régnait dans ces concerts, et c'est avant tout le but premier de ce genre d'albums.

Même les titres les plus anciens et plus orientés black sont impeccablement interprétés: Outbreak of evil confirme qu'il est un titre génial et Obsessed by cruelty et son introduction lourde arrive autant à nous coller la chair de poule que sur la version studio. La première formation du groupe, à savoir Tom Angelripper au chant et à la basse, Frank Blackfire (Guitares) et Chris Witchhunter (batterie) était une véritable machine de guerre, un rouleau compresseur qui ne faisait pas de quartiers. Que du bon, je vous dis!

Je suis bien d'accord avec ceux qui affirment que ce disque n'apporte pas grand chose et qu'il peut être considéré comme un best-of des premières années. Mais quand un groupe est aussi bon, pourquoi s'en priver. Je pense que pour le groupe, ce live était un moyen de mettre un point final à ces premières années black-thrash, sans concessions, et de commencer à se tourner vers l'avenir, avec une musique somme toute plus élaborée. Ce n'est pas les albums suivants, Agent orange, Better off dead ou Tapping the vein qui me feront changer d'avis.

mardi 1 mai 2012

Black Sabbath - Technical ecstasy

La première moitié des années 70's a été glorieuse pour Black Sabbath, c'est le moins que l'on puisse dire. Des albums acclamés par le public malgré des critiques pas toujours sympathiques. Des classiques du hard rock dont personne aujourd'hui n'oserait contester la portée. Mais malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin. Les dissensions au sein du groupe vont commencer à se ressentir et ce Technical ecstasy, publié en 1977, en est la preuve flagrante.

Les tensions entre le guitariste Tony Iommi et le chanteur Ozzy Osbourne se sont accrues au cours de la précédente tournée. Osbourne était un farouche défenseur des premiers opus du groupe et voulait revenir vers ce son qui a fait leur succès, alors que Iommi voulait expérimenter, encore et encore. Il vrai que l'album précédent, Sabotage, incluait de nouvelles sonorités qui pouvaient parfois dérouter le fan le plus intransigeant. Iommi étant le leader de Sabbath, la voie choisie est celle de l'innovation, ce qui ne peut que déplaire à Ozzy. Ce dernière s'implique de moins en moins dans la conception du disque et cela s'entend.

Pour autant, contrairement à ce que l'on entend très souvent, Technical ecstasy est tout sauf un mauvais album. Vous pouvez y entendre du gros rock bien lourd, avec des titres comme Back street kids, Rock'n'roll doctor ou encore le fabuleux Dirty women, où Iommi nous fournit un de ses meilleurs soli. Le groupe est très inspiré et à l'écoute de ces morceaux, difficile de ne pas être convaincu.
De même, les plus calmes You won't change me, Gypsy ou All moving parts (stand still) font mouche à chaque fois. Aucune faiblesse à relever, les membres du groupe de Birmingham sont des professionnels et ils arrivent encore à composer des titres imparables. Tout juste peut-on noter une certaine amertume dans You won't change me de la part d'Osbourne. Un titre autobiographique? Cela ne serait pas impossible.
Après, il y a deux titres qui ont pu poser problème au public. It's alright est une ballade chantée une fois n'est pas coutume par Bill Ward (qui se débrouille plutôt pas mal dans cet exercice). Le titre, que je trouve correct, sans plus, a influencé pourtant influencé de nombreux artistes et non des moindres: je pense notamment à Guns'n'roses qui reprenait ce titre lors de ses premiers concerts. Mais le pire, selon moi, reste le larmoyant She's gone, où on a envie de chialer avec Ozzy. Tous ces violons dégoulinant de bons sentiments, c'est tout bonnement infâme. Un titre qui vous ferait pousser au suicide un Mormon dépressif, pour tout vous dire...

Dans l'ensemble, ce Technical ecstasy comprend de très bons moments et ne mérite absolument pas la réputation d'album maudit qu'il se trimballe depuis plus de trois décennies. C'est l'album d'un groupe qui a voulu expérimenter au lieu de rester enfermé dans un carcan hard rock. Le résultat passe de l'extraordinaire (Dirty Women, All moving parts (stand still)) au très bof (She's gone). Personnellement, je préfère de très loin cet opus à des albums comme Master of reality ou Volume 4. Pas que ces derniers soient de mauvais albums, mais je trouve leur réputation surfaite par rapport à ce Technical ecstasy sous-estimé que je défendrai toujours bec et ongles.

Procurez-vous d'urgence cet album, cela vous permettra de réparer une injustice...