mercredi 13 juin 2012

Rainbow - Straight between the eyes

Du temps où Ronnie James Dio faisait partie de Rainbow, ce groupe mythique fondé par le guitariste Ritchie Blackmore était synonyme de hard rock aux accents néoclassiques, avec des soli du feu de dieu, des hymnes monumentaux figuraient sur chaque album. Puis un jour sa Majesté Blackmore a décidé de prendre une orientation plus commerciale (ne voyez rien de péjoratif dans ce mot, les artistes ont le droit de gagner leur vie, tant qu'il demeure une intégrité artistique). Orientation qui n'a pas plu, on s'en doute, à l'elfe Dio. Graham Bonnet, puis Joe Lynn Turner lui ont succédé, avec plus ou moins de réussite. Les puristes considèrent que l'âge d'or du groupe se fit avec Dio. Ce serait réducteur, car les albums post-Dio valent leur pesant de cacahuètes, comme le prouve ce Straight between the eyes publié en 1982.

Joe Lynn Turner possède un organe nettement plus orienté que ses prédécesseurs vers le rock FM. J'en vois déjà qui frémissent rien qu'à l'évocation de ce style. Je peux comprendre, j'ai eu la même réaction, surtout quand j'ai vu la jaquette du disque. Blackmore et compagnie maquillés, faisant attention à leur look, coiffés comme des caniches... ça fait froid dans le dos.
Mais fondamentalement, rien n'a changé. Blackmore possède toujours son mordant, et les morceaux se veulent foncièrement rock dans l'esprit. Ce n'est pas des titres comme Death Alley Driver, Power ou Bring on the night qui vont me faire dire le contraire. C'est rageur, bien construit, les soli d'influence néoclassique sont encore là, bref le groupe est encore particulièrement compétent et a encore de la ressource.
Au niveau du chant, là aussi un important travail a été réalisé par Turner, la voix de ce dernier est extrêmement puissante et les paroles sont plus élaborées que la plupart des groupes en vogue à l'époque. Je pense notamment à un titre comme Tite Squeeze Pas de minauderies, pas de niaiseries. C'est du rock, du vrai, joué par des musiciens expérimentés qui n'ont plus rien à prouver.
Même les titres plus calmes comme le single Stone cold, Tearin' out my heart ou Miss mistreated
tirent facilement leur épingle du jeu et ne tombent pas dans la facilité de la sensiblerie à deux balles.

Quand on y pense, le titre de cet album et l'artwork sont plutôt révélateurs du contenu. Droit dans les yeux, ça signifie du rock, direct, sans fioritures. L'ensemble est particulièrement bien ficelé et a de plus bien vieilli. Pas étonnant lorsqu'on sait qui a produit le disque: il ne s'agit rien de moins que du bassiste du groupe, qui est devenu avec le temps un producteur respecté, Roger Glover. Un ex-Deep Purple, comme Blackmore. 28 ans plus tard, les neuf titres qui composent Straight between the eyes sont toujours aussi bons. Cela aussi, ce n'est pas un mince exploit.

Un grand disque à réécouter encore et encore. Un disque qui prouve que l'on peut emprunter une voie plus commerciale tout en maintenant un niveau de qualité élevé. Le genre de disque qui n'a pas fait passer la décennies des 80's pour une décennie ringarde, contrairement à certains groupes de glam de cette période. A redécouvrir.

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