mardi 30 mars 2010

Nirvana - In utero

Après des débuts timides, Nirvana avait surpris son monde avec Nevermind, l'un des meilleurs albums que les 90's ont engendré. Mais pour les fans hardcore du groupe, ceux qui suivent les pérégrinations de la bande à Kurt Cobain, Cet album sonnait trop propre. C'était également l'avis du groupe qui a décidé du tout au tout avec ce nouvel album, paru en 1993.

Le moins que l'on puisse dire de cet album, c'est que c'est crade, sauvage, brut de décoffrage. Et il paraît que la maison de disques du groupe a demandé à avoir recours à un producteur pour revoir l'ensemble tant celui-ci était brouillon. Ça devait donner! Scott Albini sera l'heureux élu: ce dernier, tout en polissant les titres écrits par le groupe, va donner une âme à ce disque.

A l'instar de Nevermind, cet album regorge de titres mémorables. Heart-shaped box a été matraqué à sa sortie sur les ondes, à juste titre. La souffrance de Kurt Cobain, artiste déchiré (dans tous les sens du terme), est à son paroxysme. Non moins célèbre, Rape me enfonce le clou avec brio et simplicité. Dumb permet à l'auditeur de s'accorder une pause (enfin, tout est relatif, ce n'est pas non plus une ballade!).
Pennyroyal tea laisse éclater toute la détresse de Cobain, son chant et la mélodie de ce titre font comprendre que le chanteur/guitariste était particulièrement mal en point. Cela rend ce titre d'autant plus indispensable. All apologies est teinté d'une rare tristesse: c'est presque le message d'adieu de Cobain à son public et à ses proches. Beaucoup d'émotions, mais rien d'exagéré: nous n'avons pas non plus affaire ici à de la sensiblerie digne d'une émission de télé-réalité qui cherche à faire pleurnicher la ménagère de moins de 50 ans.

Mais en dehors de ces classiques intemporels, de nombreuses pépites sont cachées tout au long de cet In utero. Serve the servants, comme morceau d'introduction est une boucherie. On comprend très vite que l'état d'esprit de Cobain n'est pas au beau fixe: Teenage angst has paid off well, now I'm bored and old. Traduction: les colères adolescentes m'ont bien nourri, maintenant je suis vieux et fatigué. Autre moment de sauvagerie: Scentless apprentice laisse éclater la colère de l'emblématique leader de Nirvana au cours du refrain hurlé comme un dément. Very ape et son riff simpliste ont eu tôt fait de conquérir les foules, des titres comme tourette's ou Radio friendly unit shifter sont aussi des titres où la sauvagerie grunge s'exprime pleinement. Dommage que des titres un peu moins bons comme Frances farmer will have her revenge on Seattle ou Milk it s'intercalent entre deux tueries. Rien de bien grave, reconnaissons-le, mais pas de quoi s'en réveiller la nuit non plus.

In utero n'est certainement pas le disque consensuel que Geffen, la maison de disques attendait. Cela n'empêchera pas cet album de connaître un succès monumental, d'autant plus que cet album est le dernier album studio du groupe. Le suicide de Cobain l'année suivante renforcera la légende Nirvana: un phénomène qui, à l'instar de Jimi Hendrix, sera bref, mais marquera durablement l'histoire du rock. Inutile de dire que tous les produits (plus le temps passe et plus j'ai du mal à les qualifier d'albums) qui seront distillés au fil du temps seront des succès commerciaux retentissants malgré une qualité parfois sommaire (je pense au live From the muddy banks of wishkah).
Reste ce magnifique In utero qui, plus de quinze ans après sa sortie, n'a pas pris une ride. Un concentré de colère, le disque idéal pour faire ch*** ses parents!!!

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