vendredi 19 mars 2010

Deep Purple - Fireball

En ce début d'année 1971, les membres de Deep Purple se disent qu'il va falloir préparer un nouvel album pour succéder à l'impérial In rock paru un an auparavant. Ce ne sera pas une sinécure d'écrire des morceaux aussi bien troussés que Speed King, Child in time ou autres Black night. Inutile de dire que la pression et surtout l'attente sont énormes. Pour ce nouvel opus dénommé Fireball, le groupe a décidé de renouveler sa recette et d'expérimenter avec plus ou moins de bonheur.

On commence par un Fireball qui est sans doute le dernier héritier de la période In rock. On reste en territoire connu: le groupe est en parfaite symbiose: la batterie de Ian Paice claque plus que jamais, le chant de Ian Gillan est extrêmement puissant, Jon Lord à l'orgue et Ritchie Blackmore à la guitare se livrent à des duels d'anthologie. Bref, tout va bien dans le meilleur des mondes.
Sur les deux morceaux suivants, les classiques No, no, no et Demon's eye font preuve de moins de folie mais restent malgré tout redoutables. Le groupe est plus posé, preuve d'une certaine maturité dans le processus de composition. Des titres de facture classique qui ne surprendront pas grand-monde et qui ne seront pas joués tant que cela pendant les concerts dans les 70's, la faute à un Ritchie Blackmore insatisfait par le résultat final. Ces titres sortiront des archives après le départ du lunatique guitariste au début des années 90 et seront régulièrement joués devant un public à partir de cette période.
On arrive aux moments les plus expérimentaux. Anyone's daughter est une surprise complète. Ecrit par Blackmore, ce titre est le plus calme de l'album. Une ambiance country/western se dégage de ce morceau qui, au final, est loin d'être désagréable même s'il nécessite un temps d'adaptation.
The mule est un chef d'œuvre où les musiciens sont mis à rude épreuve. Hormis Gillan, qui n'intervient qu'en début de titre, les quatre autres membres du groupe ont accouché d'un monument de technicité. Lord impose une atmosphère pesante, aidé en cela par le bassiste Roger Glover. Blackmore nous balance des soli bien sentis comme lui seul en a le secret. Mais le plus impressionnant reste pour le coup Ian Paice qui tape sur ses fûts comme si sa vie en dépendait avec une technique incroyable. Franchement, les 70's ont vu l'éclosion de batteurs d'exception tels John Bonham ou Keith Moon, mais Ian Paice est largement à leur niveau. D'ailleurs The mule est régulièrement interprété en concert (on le retrouve sur le célébrissime Made in Japan) et c'est l'occasion pour Paice de se livrer à l'exercice périlleux du solo de batterie avec une maestria qui n'est plus à démontrer.
Fools est aussi ce qu'on appelle un morceau hors du commun. Le tout commence très doucement, le clavier, la batterie et la guitare ne sont là que pour distiller une ambiance particulière: celle du calme avant la tempête. Ian Gillan ne fait que susurrer quelques paroles. Puis lorsque le grand moment arrive, ce dernier est intenable: son chant est celui d'un fou furieux. Les paroles, qui traitent d'un certain dégoût pour l'espèce humaine, sont parfaitement crédibles dans la bouche de ce chanteur qui assène ces mots tels des coups de marteau. Le riff principal de guitare, bien que pas foncièrement original, renforce l'efficacité du morceau. Un grand moment, sans doute mon titre préféré de ce Fireball.
On conclut avec un No one came sensiblement plus classique que les trois morceaux précédents. Pas mauvais, mais dispensable. Un titre qui a connu la même destinée que Demon's eye et No, no, no.
A noter que le groupe avait écrit d'autres morceaux pendant les sessions d'enregistrement, comme Prostitute, que l'on retrouve dans la version remastérisée en CD de l'album. Un single a suivi la sorti de Fireball, Strange kind of woman, un titre essentiel dans l'histoire du groupe. Un classique que Deep Purple se doit de jouer chaque soir de concert.

D'approche moins conventionnelle, Fireball n'en reste pas moins un bon moment de hard rock que seuls ces pionniers pouvaient engendrer. Son principal défaut reste d'être coincé entre In rock et Machine head, album légendaire s'il en est. Sans doute moins percutant que son prédécesseur, ce disque nous offre plusieurs compositions qui ont le mérite de s'avérer originales. Fireball reste sans doute l'un des meilleurs album que l'association Blackmore-Gillan-Glover-Lord-Paice ait créé, un monument intemporel qui doit être écouté au moins une fois dans sa vie par tout fan de rock.

1 commentaire:

  1. Bel album en effet, le morceau d'ouverture est monstrueux. Je reste pour ma part un inconditionnel d'In Rock ;-)

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