jeudi 4 mars 2010

Kraftwerk - Trans-Europe Express

1977: une année cruciale pour la musique. Alors qu'en Angleterre, des fous furieux qui se prétendent punks veulent tout exploser sur leur passage, en Allemagne, un petit groupe de Düsseldorf s'apprête à établir les standards de la musique électronique, inspirant au passage tous les plus grands groupes de la décennie suivante. Ce groupe, que j'avais évoqué il y a quelques temps sur ce blog, c'est Kraftwerk. Autobahn, paru en 1974, était certes novateur mais quelque peu répétitif. Ce Trans-Europe Express, sorti en 1977, va proposer une musique bien plus innovante et efficace, un travail qui est considéré encore par beaucoup comme leur meilleur opus.

Les membres de Kraftwerk se sont toujours sentis très éloignés du mouvement punk: c'est entre autres pourquoi ils ont décidé s'afficher sur la pochette en costard cravate et propres sur eux. Ah, cette rigueur allemande! Mais ce travail permanent va leur permettre d'accoucher de leur meilleur album.
On commence avec un Europe Endless qui donne tout de suite le ton: l'originalité est de rigueur. Les claviers se veulent plus inventifs que jamais. Bien sûr, le tout peut sembler daté, mais c'est ce côté suranné qui donne du charme à cet album. Certaines des sonorités se retrouvent quelques années plus tard sur des albums comme Speak and spell de Depeche Mode. Les paroles désenchantées de Florian Schneider laissent deviner un sérieux scepticisme quant à l'avenir de l'Europe en tant qu'institution. Là aussi, Kraftwerk serait-il un groupe visionnaire? A méditer...
On continue avec un Hall of mirrors, lent, lourd, sentencieux, à la froideur et à la rigueur toute germanique. Encore une réflexion sur l'Homme et son image. Showroom dummies aurait pu facilement passer à la radio, ces quelques notes de synthétiseur avaient largement de quoi attirer l'attention du grand public. Des idiots en vitrine? Certaines personnes sont superficielles à un point que cela en devient ridicule. En tous cas, la mélodie et la sonorité de ce titre ne seront pas oubliés par les groupes de new wave des 80's.
Nous arrivons sur la partie la plus intéressante de l'album: Trans-Europe Express couplé à Metal on metal. Le thème du train qui traverse l'Europe (Paris, Düsseldorf et Vienne sont cités). Düsseldorf seraient d'après l'étape idéale pour rencontrer Iggy Pop et David Bowie. Ce dernier avait sorti en 1976 Station to station (de gares en gares) qui a amplement influencé Ralf Hütter et Florian Schneider et leur a donné l'idée du thème de l'album. Ce Trans-Europe Express va influencer à son tour Bowie qui rendra hommage à Schneider sur son album Heroes. On passe directement de TEE à Metal on metal sans coupure nette; Metal on metal reprend le thème principal de TEE et on y entend Karl Bartos imposer ses percussions qui donnent véritablement l'impression d'être sur une voie de chemin de fer.
Les deux derniers titres, Franz Schubert et Endless endless reprennent le premier thème employé dans Europe endless et y rajoutent quelques variations supplémentaires. Sympathiques, mais pas en mesure de concurrencer Showroom Dummies, Trans Europe-Express et Metal on metal.

Kraftwerk laisse en 1977 exploser son talent à la face du monde. Inutile de dire que cet album est considéré comme une référence ultime par tous ceux qui se prétendent fans de musique électronique. Tous ceux qui ont fait de la musique électronique pendant les deux décennies suivantes ont été influencés par cet album: ceux qui prétendent le contraire sont des fieffés menteurs. Après Autobahn, Trans-Europe Express est le deuxième coup de maître de Kraftwerk. Histoire de mettre tout le monde à genoux, les Allemands vont sortir d'autres pépites, tels The man machine et Computer world. La musique électronique en tant que style vient de trouver ses premières références et il sera difficile par la suite de faire aussi bien que ces précurseurs.

2 commentaires:

  1. "Après Autobahn, Trans-Europe Express est le deuxième coup de maître de Kraftwerk."

    Et Radioactivity, il pue ?

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  2. Non, mais il a le tort d'être coincé entre deux monuments du genre. Mais je te rassure, je l'aime bien ce Radioactivity. Il est bien ficelé, très sombre, à l'image de sa pochette.

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