mercredi 11 avril 2012

Uriah Heep - Very 'eavy, very 'umble

La fin des sixties a démontré, avec des groupes comme Led Zeppelin, qu'une révolution était en marche et qu'un son plus dur allait régner sur la décennie suivante. Et c'est effectivement ce qui est arrivé dès 1970, avec la publication d'albums tels que l'album éponyme de Black Sabbath ou In rock, de Deep Purple. Pour son premier album, Uriah Heep s'est quelque peu inspiré du Pourpre profond.

La légende veut en effet que les salles de répétition des deux groupes étaient attenantes, et le moins que l'on puisse dire, c'est que les murs ne devaient pas être bien épais! On y retrouve, au niveau du son, un orgue omniprésent et des guitares tranchantes savamment distillées au long de cet album, paru lui auss en 1970.

Malgré tout, ce groupe a une personnalité propre. Les influences sont plutôt évidentes, mais pour un premier album, ce n'est pas trop anormal. Après tout, le premier album de Deep Purple n'était-il pas largement influencé par Vanilla Fudge et ne comportait-il pas trois reprises? Alors, oui, Uriah heep a peut-être piqué des idées de riffs ou de mélodies à Blackmore, Lord et Cie, mais emprunter des idées, ça ne suffit pas pour faire un bon album. Faut aussi du talent...

Et les musiciens de Uriah Heep n'en manquent pas. David Byron, le chanteur, possède un organe aussi puissant que Ian Gillan, le côté théâtral en plus. L'orgue est manipulé par Ken Hensley, musicien talentueux malheureusement sous-estimé, qui n'a rien à envier à Jon Lord ou Don Airey (respectivement ex et actuels organistes de Deep Purple), par exemple. Hensley contribue également aux guitares, mais c'est surtout au génial Mick Box que l'on doit de nombreux moments de bravoure.

Et on ne peut pas dire que les musiciens du Heep soient radins en bons moments, car ce disque est truffé de pépites rock. On commence par un Gypsy, avec l'orgue de Hensley, saturé au maximum, qui occupe une place prépondérante (quel solo!) et qui sert parfaitement David Byron, avec des paroles plutôt simplistes mais efficaces.
Un autre morceau que j'aime beaucoup, c'est Dreammare, malgré le fait qu'il n'ait pas attiré l'attention des critiques. Une intro à l'orgue, un riff repris par la guitare acérée de Mick Box, le tout est formidablement bien exécuté et nous donne un grand morceau.
Walking in your shadow, Real Turned on, I'll keep on trying et Wake up (set your sights) persévèrent dans cette voie et l'on peut constater que la dextérité des musiciens a contribué à créer une pierre angulaire du rock progressif. Bien sûr, ce n'est pas Yes ou Genesis, ou encore King Crimson, mais on s'en rapproche et le dernier morceau cité ne me fera pas mentir.
Le seul faux pas, je trouve, se situe au niveau de la reprise d'une chanson d'Harry Belafonte datant de 1957, Come away Melinda. Je ne supporte pas cette chanson trop mièvre, avec ses textes qui feraient pleurer un pitbull affamé et la flûte digne de Bonne nuit les petits... Drôle d'idée d'avoir repris ce qui était à l'origine une berceuse...

Ce premier essai n'a pas eu la promotion qu'il fallait et nombreux étaient les détracteurs du groupe au moment de sa sortie. Bouillie sonore disaient certains, vilains copieurs affirmaient d'autres... Pour ce qui est du plagiat, en écoutant sérieusement le disque, le groupe a tout de même su insuffler suffisamment de personnalité pour comprendre qu'il s'agit là de plus que de chutes studio du Purple.

Uriah Heep a toujours été vu comme la dernière roue du carrosse, et c'est bien dommage. Des quatre groupes fondateurs, Uriah Heep n'a pas été celui qui a proposé le plus mauvais premier album. Ce Very 'eavy, very 'umble le démontre aisément. Et pour ce léger manque de personnalité, les albums qui sont sortis dans les deux ans qui ont suivi ont largement prouvé que ce n'était là qu'une erreur de jeunesse. Ecoutez Salisbury ou Look at yourself et vous comprendrez.

Si vous voulez retrouver les racines du rock dur, ainsi qu'un album qui a influencé nombre de groupes de progressif, ce premier opus est fait pour vous. Et pour les autres, c'est bien dommage, vous passez à côté d'un album très intéressant...

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