mercredi 2 février 2011

Uriah Heep - Head first


On ne donnait pas cher de la peau d'Uriah Heep au début des années 80. En 1980, Uriah Heep sortait un album décrié (Conquest) que personne ou presque n'a compris en son temps, avec un chanteur considéré avec le recul comme étant le moins approprié au Heep (John Sloman). Après cette erreur de parcours, le combo s'est délité en quelques mois, à tel point que seul membre restant était le guitariste débonnaire Mick Box.
Courageusement, ce dernier allait recruter des membres valables pour son groupe, en premier lieu le bassiste Bob Daisley et le batteur Lee Kerslake, tout juste partis du groupe d'Ozzy Osbourne. Aux claviers on retrouvait l'efficace John Sinclair et au chant Peter Goalby, ex Trapeze. Excusez du peu! Autant dire que cette nouvelle incarnation du groupe avait toutes les cartes en main pour pouvoir faire de la bonne musique. Le premier résultat de cette collaboration, c'est Abominog (déjà chroniqué en ces lignes), un bon compromis entre hard rock et rock FM typé 80's. Le succès retrouvé, il s'agissait de confirmer que le retour de ces légendes du rock n'était pas qu'un feu de paille. Ce fut donc la difficile mission de Head first, paru en 1983.

Le disque commence avec l'efficace The other side of midnight, impeccable pour débuter en trombe un album. On comprend d'emblée que le Heep est de retour et qu'il n'a pas envie de plaisanter. Puis vient Stay on top, une reprise de Tommy Jackson (obscur compositeur américain), teinté de funk, un titre qui me fait penser à ce que l'on peut entendre sur l'album de Queen, Hot space. On aime ou on n'aime pas. Pour ma part, je trouve cette reprise bien ficelée.

La suite est nettement plus ancrée dans les années 80, je pense notamment à Lonely nights, un titre coécrit par Bryan Adams, d'où son côté mainstream bien prononcé. Pas un mauvais morceau, mais personnellement un de ceux qui m'a le plus vite lassé. Sweet talk, Love is blind et Straight through the heart sonnent années 80, il n'y a aucun doute à cela. La raison à cela? La présence accrue des claviers de John Sinclair et le chant de Goalby très influencé par ce qui se fait à cette époque. Oh, il y a bien pire dans le genre, mais il évident que plus de 25 ans plus tard, les titres ont un peu plus mal vieilli que les autres.

Je passe volontiers sur l'interlude Roll overture, tout à fait dispensable, pour me concentrer sur les titres qui me font véritablement tripper, à savoir les remuants Red lights (on n'avait pas entendu le Heep aussi énervé depuis un moment), Rollin' the rock (le début est un peu long, mais le refrain est imparable et la guitare de Box fait des merveilles, surtout quand il s'amuse à tâter de la wah-wah) et le final Weekend warriors est impérial, de quoi terminer un album sur une excellente note.

Vous l'aurez compris, Head first est un album inégal, tout au moins plus que son prédécesseur Abominog. Rien de franchement mauvais, surtout quand on compare avec ce que le groupe a pu sortir avant et même après, mais un poil décevant tout de même. Encore heureux que la moitié du disque est de bonne facture, sinon la facture aurait pu être autrement plus salée.

Uriah Heep pouvait être rassuré: musicalement le groupe n'était pas encore devenu un dinosaure et avait des choses à dire. Head first aurait cependant mérité un peu plus de succès. Il faut bien dire que le groupe a joué de malchance, son label ayant fait faillite peu de temps après la sortie du disque! Mais avec un tel potentiel, aucune crainte à avoir, l'aventure allait pouvoir continuer. Un disque qui mérite indubitablement votre attention.

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