mercredi 9 février 2011

Nirvana - Unplugged in New York


Nirvana nous avait habitué jusqu'à présent à une musique électrique, rythmée et simpliste. En live, le groupe de Seattle n'avait pas la réputation d'être "carré", les problèmes de drogue de Kurt Cobain n'aidant pas à corriger le tir. C'est pourquoi j'ai crains le pire, je le reconnais, lorsque j'ai vu ce disque dans les bacs. Il était difficile d'imaginer Nirvana dans une ambiance cosy reprendre ses titres en acoustique et jouer des reprises de combos plus ou moins obscurs. Mal m'en a pris, car ce disque est devenu en quelques jours un incontournable.

L'idée, cependant, est loin d'être idiote, avec des années de recul. Après tout, Cobain, à défaut d'être un instrumentiste hors-pair, n'était-il pas un compositeur génial, capable d'écrire des titres rock qui savaient se loger dans votre crâne sans que vous puissiez vous en débarrasser?
En plus, Cobain a eu le courage de ne pas se vautrer dans la facilité: on ne retrouve pas sur ce disque de classiques archi-rabachés tels Smells like teen spirit. Au contraire, les titres figurant sur cet album sont ceux qui s'adaptaient le mieux à l'exercice de l'Unplugged.

About a girl ainsi revisité est une tuerie, Come as you are, sans être original, est efficace, tout comme Polly, Dumb ou On a plain, Pennyroyal tea, Something in the way laissent imaginer que Cobain était plus mal dans sa peau que jamais: l'émotion qui transpire de ces titres fichent la chair de poule à chaque fois. Je n'aurais jamais pensé que ce groupe pouvait faire preuve d'autant de subtilité.

Mais les meilleurs titres de ce live sont pour moi les reprises. Jesus doesn't want me for a sunbeam des Vaselines, m'a surpris au premier abord. Entendre Kris Novoselic, le bassiste du trio troquer son instrument de prédilection pour un accordéon, il faut bien reconnaître que cela pouvait laisser perplexe. Mais c'est très bien interprété et cela s'intègre parfaitement parmi les autres titres. The man who sold the world est à l'origine une composition du génial David Bowie (issue de l'album du même nom) est également un titre riche en émotions. Je n'aurais jamais cru que Cobain aurait pu être intéressé par la musique de Bowie, lui qui détestait le star-system et les paillettes.Seul titre où on entend de la guitare électrique, The man who sold the world est l'une des réussites majeures de ce disque.

Puis Cobain a décidé de s'attaquer à trois morceaux d'un des groupes favoris, les Meat Puppets (dont les deux membres fondateurs assistent Cobain et sa bande), avec rien de moins que trois titres: Plateau, Oh me et Lake of fire. Si les deux premiers sont sympas sans être transcendants, Lake of fire est un grand moment de guitare acoustique, le solo final est de toute beauté et le chant de Cobain est irréprochable.

La dernière reprise, Where did you sleep last night, est un classique de la folk, écrit par Leadbelly, un artiste folk décédé en 1964 qui est une véritable référence dans son domaine. A juste titre, car là aussi, ce morceau vous fiche la chair de poule. C'est du grand art, cet Unplugged n'aurait pas pu mieux se conclure.

Nirvana m'a littéralement bluffé avec cet album. J'avais des a-priori sur les capacités d'instrumentistes du trio de Seattle ainsi que sur le principe même de l'Unplugged. De nombreux artistes s'y sont frotté avec plus (comme Eric Clapton) ou moins (comme Kiss) de réussite. Mais pour moi, ce Unplugged in New York est, et de très loin, ce que l'émission de MTV a pu proposer de mieux. Un nouveau classique dans la carrière de Nirvana et un surtout un des rares témoignages intéressants de ce que pouvait donner le groupe sur une scène.

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