mercredi 12 janvier 2011

Deep Purple - The book of Taliesyn


Mine de rien, pas évident d'appréhender la toute première mouture de Deep Purple. Pour faire simple, imaginez ceci: prenez un groupe débutant et maladroit de la fin des 60's,pressé par des citrons, cherchant l'inspiration, doté d'un chanteur à la voix consensuelle (traduisez: qui plait à la ménagère de plus de 40 ans), un groupe qui joue une musique fortement influencée par Vanilla Fudge et qui mélange avec plus ou moins de bonheur rock et classique. Cela ne donne pas trop envie, je le concède bien volontiers.
Certes, le tout premier opus, Shades of Deep Purple, s'en était tiré avec les honneurs notamment grâce à l'une des quatre (je sais, ça fait beaucoup) reprises qui constituaient cet album. Ce titre providentiel était bien évidemment Hush, un hit qui a fait cartonner Blackmore Lord and Co aux States (alors qu'ils sont passés inaperçus en Europe).
Trois mois après la sortie de ce premier opus, la maison de disques du groupe renvoie ce dernier en studio afin d'enregistrer ce qui allait devenir The book of Taliesyn, publié en 1968. Le groupe ne débordant pas particulièrement d'idées pour le premier album, on pouvait légitimement douter de ses capacités à faire mieux.

Etant donné que la formule avait plutôt bien marché pour le premier album, du moins commercialement parlant, autant la réutiliser... Le groupe jouera plusieurs reprises cette fois: on en comptera encore trois cette fois-ci. Après Help (dans une version plus lente qui fleure bon la cigarette qui fait rire), on retrouve cette fois-ci We can work it out. Précédée d'une introduction signée Jon Lord, cette version est plutôt intéressante, la voix de Rod Evans se prêtant bien à l'exercice. Toujours parmi ses contemporains, Deep Purple reprend cette fois-ci du Neil Diamond. Un titre sympathique qui voulait réitérer l'exploit de Hush, sans succès. Pour conclure l'album, une reprise de Ike et Tina Turner, River Deep Mountain High (précédée encore une fois par une introduction pompée sur Ainsi parlait Zarathoustra (de Richard Strauss) voit Rod Evans se prendre dramatiquement au sérieux. Ce titre ne me convainc pas du tout. Dommage de finir un album sur un tel naufrage...

Vous l'avez compris, ce n'est pas avec les reprises que l'on relève le niveau. Au niveau de compositions originales, on retrouve Listen, Learn, Read on, de bonne tenue, dynamique, qui laisse à penser que tout espoir n'est pas perdu. Un morceau efficace qui reste pour moi l'un des meilleurs du Deep Purple Mk1. On continue avec l'instrumental Wring that neck, un grand classique du répertoire de cette période. Ritchie Blackmore et Jon Lord rivalisent de technique et d'inventivité sur ce qui reste le moment de bravoure de cet album. Shield se veut plus classique dans sa structure et ses paroles (celles-ci sont d'une banalité affligeante, mais elles ont au moins le mérite d'être correctement chantées par Rod Evans). Anthem est également un morceau calme, qui l'intervention d'une section de cordes au milieu du titre, avant d'être rejoint par Blackmore pour un solo de grande qualité.

Voici donc le bilan dans ce Book of Taliesyn. Etant donné les circonstances, il est clair que cela aurait pu être bien pire. En trois mois, il ne fallait pas s'attendre à des miracles. On évite la catastrophe totale grâce à Jon Lord et à Ritchie Blackmore, dont les qualités d'instrumentistes sont désormais évidentes. Le seul qui n'avait véritablement rien à faire dans ce groupe et qui était un anachronisme à lui tout seul, c'est clairement le vocaliste Rod Evans. Comme émule de Tom Jones, il était à sa place, mais pas comme chanteur de Deep Purple.
On trouve sur ce Book of Taliesyn à boire et à manger, on ne peut pas dire que c'est nul, mais il est bien évident que In rock et Machine Head sont encore loin, très loin.
A conseiller pour les curieux et les inconditionnels du Pourpre profond. Quant aux autres, le groupe a fait bien mieux après...

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