mercredi 4 mai 2011

Kraftwerk - Radio-Activity


Après un Autobahn de haute volée, il était entendu pour Kraftwerk qu'il fallait réitérer la performance, à savoir être innovant et original. Pour cet OVNI musical (du moins à l'époque c'était un OVNI),le pari était loin d'être gagné. Difficile de susciter un intérêt auprès du public avec une musique qui à l'époque était considérée comme des plus expérimentales. Mais c'est avec ce genre d'artistes que le monde de la musique progresse et explore de nouveaux horizons.
Pour Radio-Activity, publié en 1975, Kraftwerk décide d'aborder les thèmes de la radioactivité, des ondes radio et de l'électricité. Des thèmes en rapport avec le nom du groupe: Kraftwerk signifiant pour les moins germanophones d'entre vous "centrale électrique." Des thèmes abordés avec un peu d'humour, comme en témoignent les jeux de mots sur plusieurs titres, mais avec beaucoup de noirceur, à l'image de la pochette du disque.

Franchement, je n'aurais pas aimé être chargé la promotion de ce disque. Pas évident à défendre. Par rapport à Autobahn, qui avait un thème somme toute accrocheur même si répété jusqu'à l'écœurement, Radio-activity est un album particulièrement difficile d'accès. Kraftwerk va pousser le concept jusqu'au bout en incluant une introduction et des intermèdes aux noms parfaitement évocateurs (Geiger counter, Intermission, News, Uranium ou Transistor). C'est la noirceur qui prédomine, mais on ne peut nier que le duo Ralf Hütter/Florian Schneider a peaufiné jusqu'au plus petit détail pour illustrer en musique les thèmes qu'il a décidé d'aborder.

Heureusement que les titres chantés arrivent à faire oublier ce côté sombre. Je pense à des titres comme Radioactivity, Radioland, Ohm sweet ohm (oh, le beau jeu de mots) et surtout à Airwaves. Grâce à quelques notes de claviers et quelques mots en anglais et en allemand, on arrive à créer une chanson très inspirée et extrêmement accrocheuse. Comme quoi, le sage n'a pas besoin de déblatérer pendant des heures,
quelques mots seulement suffisent! Airwaves est une bouffée d'oxygène très appréciable car, il faut bien le reconnaître, cette noirceur devient oppressante, presque malsaine. Je ne sais pas si des groupes gothiques se sont déjà inspirés de cet album, mais si ce n'est pas le cas, ils devraient s'y intéresser fortement!

Le défaut de cet album, en dehors du fait qu'il est particulièrement sombre, c'est qu'il est coincé entre deux pavés du genre, Autobahn et Trans-Europe Express. Ce n'est pas que Radio-Activity soit mauvais, très loin de là, mais il lui est très difficile de rivaliser avec ces deux monuments de la musique électronique. La recherche sonore y bat son plein et, étant les moyens mis à leur disposition à l'époque, Ralf Hütter et Florian Schneider ont su encore une fois innover, quitte à sortir une fois de plus des sentiers battus. Et rien que cela mérite d'être salué tant ce genre de démarche est trop rare de nos jours.

Le duo de Düsseldorf est indubitablement un pionnier de la musique électronique et il est évident qu'un nombre incalculable de groupes de la décennie suivante leur doit beaucoup. Alors même si ce Radio-activity est tout sauf facile d'accès, il mérite incontestablement son statut de classique et il convient de le respecter comme tel.

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