mercredi 22 août 2012

Can - Can


Can, c'est le groupe de Krautrock qui a proliféré dans les années 70, innovant avec des albums majeurs tels que Ege Bamyasi ou Tago Mago. Krautrock, car ce groupe est allemand et qu'il fait partie d'un mouvement musical jamais vu en Allemagne depuis 1945. Innovant, car il apporte des sonorités jamais entendues jusqu'alors, avec des rythmes répétitifs, le tout étant considéré comme fondateur de la musique électronique, à l'instar de leurs compatriotes Tangerine Dream ou Kraftwerk.

Je vous l'accorde, il faut être dans un état d'esprit particulier pour aimer ce groupe. Passez n'importe lequel de leurs disques à un auditeur lambda et je suis sûr à 99% qu'il ne comprendra pas où ils veulent en venir. L'originalité et l'ouverture d'esprit sont ici de rigueur, bien que ce soit ici le disque le plus simple d'accès, à mon avis. 8 titres, un peu moins de 40 minutes de musique, c'est amplement suffisant, plus de titres auraient rendu l'album difficile à écouter d'une traite.

On commence par un All Gates Open, de toute beauté, avec une basse de Rosko Gee qui donne plus que jamais le rythme, presque reggae, des soli et des vocaux de Michael Karoli très inventifs, des claviers très majestueux, limite planants d'Irmin Schmidt. Un grand moment de musique.
Safe est le deuxième bon moment de la galette, on est toujours dans les cieux, la batterie de Jaki Liebezeit martèle un tempo efficace, les paroles de Karoli sont chantées, limite parlées ou murmurées, les guitares permettent de s'imaginer dans les airs, les claviers s'y font plus discrets mais renforcent un côté oppressant.
Le titre suivant, Sunday jam, aurait pu passer en discothèque à l'époque. A la limite du disco, ce titre, bien construit, n'est pas un morceau majeur de l'album. De même que Sodom, qui est sombre et toujours planant, que j'aurais bien vu pour la bande originale d'un obscur film noir allemand des années 70.
On retourne à une musique plus enlevée et dansante avec Aspectacle, qui s'inscrit bien dans son époque, marquée par le disco. Ce titre est bien plus inspiré que Sunday Jam et donne vraiment envie de taper du pied.
EFS No. 99 Can Can est une reprise sauce Can d'Orphée aux enfers de Jacques Offenbach, titre plus connu sous le nom de French Cancan. Ça surprend de prime abord, mais franchement, ça le fait grave, et on s'y croit vraiment. Michel Karoli est une fois de plus impérial à la guitare, et Schmidt apporte quelques bidouillages avec ses synthétiseurs qui rendent le tout plus moderne.
Ping Pong, ce sont des bruitages du jeu Pong, paru dans les années 70, un bon interlude avec ce qui suit, mais pas de quoi deviser là-dessus toute une journée. Can be, reprend le thème du French Cancan, du moins en partie, sur le même rythme, et le groupe innove une fois de plus à coups de guitares dératées et de synthétiseurs vengeurs.

Un bon album du groupe, qui n'atteint peut-être pas les sommets des albums nommés ci-dessus, mais qui vaut son pesant de cacahuètes. Dommage que le bassiste originel du groupe, Holger Czukay, n'ait pas joué dessus et qu'il se soit limité à un petite rôle dans la production de l'album. Il aurait pu rajouter le petit grain de folie qui aurait transformé ce bon album en grand album. Mais on ne peut réécrire l'histoire et il n'y a pas trop de regrets à avoir, car Can est un excellent album.

Dommage aussi que cet album, paru en 1979, soit le dernier avant une reformation 10 ans plus tard, et qu'il ait moins les faveurs des fans, principalement en raison de l'absence de Czukay.

Vous pouvez vous jeter dessus, c'est de la bonne musique, et avec un peu de chance et dans les bonnes circonstances, vous passerez peut-être pour un intellectuel! C'est l'album qu'il vous faut pour débuter doucement avec Can, avant de poursuivre avec les chefs-d'œuvres du calibre de Tago Mago.

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